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Critiques de François Jost (16)
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Le culte du banal : De Duchamp à la télé-réalité

L'émission « Loft Story » est-elle une œuvre d'art dans la plus pure lignée de Duchamp et Warhol ? Si la question soulevée par l'auteur peut soulever des cris d'indignation, il faut tout de même répondre à quelques objections : si on s'extasie devant un urinoir exposé dans un musée, ou un film de six heures montrant un homme en train de dormir, peut-on reprocher à la télévision de diffuser vingt-quatre heures sur vingt-quatre des images de gens qui dorment, se lavent, préparent une omelette ou dissertent sur le fait que la robe de Cynthia est vraiment trop moche ?



François Jost se lance pour répondre à la question dans un récapitulatif du banal dans l'art des cent dernières années. Les artistes refusent progressivement l'originalité, que ce soit dans les sujets peints, décrits ou filmés, ou dans la technique de l'œuvre. Le statut d' « auteur » est lui aussi remis en cause.



Sous certains aspects, l'émission réalise l'œuvre banale presque parfaite : aucun scénario, des dialogues criant de vérité puisque non-écrits à l'avance, des moments de vie sans relief particulier. Cependant, ces aspects ne concernent que la version « 24h/24 ». Les « prime-time » réalisent exactement l'inverse : créer du sensationnel à partir de morceaux de banal bien choisis.



Un essai court mais assez intéressant, malgré mon manque de connaissance absolu dans ce domaine. Je découvrais les concepts au fur et à mesure que l'auteur en parlait, il m'est donc difficile de porter le moindre jugement sur la justesse de son raisonnement.
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Le culte du banal : De Duchamp à la télé-réalité

Par cet ouvrage, François Jost tente d’explorer et de comprendre ce qu’il appelle le culte du banal. De Duchamp à la télé-réalité. L’art sut intégrer le banal et le promouvoir. L’histoire de la télévision montre également un glissement, dans les années 1980-90, d’une télévision sans point de vue à une réalité habitée et réduite au témoignage. Dès lors, ce glissement explique l’arrivée de la télé-poubelle, la télé-réalité. Mais l’auteur va plus loin et propose une thèse intéressante : l’avènement de la télé-poubelle, plutôt qu’un fait marquant l’entrée du XXIè siècle dans une ère nouvelle, ne serait-il pas le prolongement d’une intégration et même d’un culte du banal démarré dès le début du Xxè siècle avec un artiste comme Marcel Duchamp ?







La Fountain de Marcel Duchamp, en 1917, est un événement marquant de l’histoire du Xxè siècle. En 1917, Duchamp achète un urinoir et le propose comme œuvre d’art à l’exposition des Artistes Indépendants qui le refuse. L’objet disparaît du coup de la circulation et n’existe plus aujourd’hui que par ses copies. Or, en 1993, l’artiste Pinoncelli entreprend un geste artistique de prolongement de l’œuvre en urinant sur une copie dans un musée. En 2006, il s’attaque à une copie de l’œuvre au marteau. Il est bien sûr à chaque fois condamné. Or là où les actes de Pinoncelli constituaient un prolongement de l’acte de Duchamp, restituant à l’objet sa véritable qualification et lui faisant apparaître sa fonction utilitaire (uriner), le geste de Duchamp consistait précisément d’une part à écarter cette fonction utilitaire en introduisant l’objet dans un musée, à lui conférer le caractère d’œuvre d’art par un processus associant l’objet au titre, enfin à ne pas fabriquer l’œuvre mais à utiliser un objet qui n’a en soi rien d’unique.



Cette mise en exergue du banal n’est en réalité pas le fait exclusif du Xxè siècle. Dès avant, l’on trouve des exemples de situations ou d’objets distinguant la curiosité du banal en mettant en avant la banalité. Mais le geste du Duchamp a la particularité de modifier le rapport entre l’œuvre et le musée, de déplacer la frontière entre l’original (l’ancêtre du musée est le cabinet de curiosités qui excipe ce que la nature produit d’extraordinaire) du banal (qui se rencontre au quotidien et n’est donc pas digne d’intérêt).



Dès lors, l’auteur est gêné dans sa progression par la thèse de la transfiguration du banal d’Arthur Danto. L’œuvre d’art, selon Danto, est en soi représentationnelle mais ce qui distingue l’objet ordinaire de la réplique artistique, c’est le fait que l’oeuve est porteuse d’un aboutness, un « à propos de quelque chose » qui transfigure l’objet banal en lui donnant une signification autre que celle d’origine. C’est un peu gênant car on ne pourrait traiter de la même manière l’objet banal exposé dans un musée et la peinture représentant un sujet banal. Or la particularité du Fontain de Duchamp, ce n’est pas le fait qu’il représente le banal mais plutôt qu’il ne le représente guère. Au contraire, il le présente tel quel, l’exhibe. C’est pourquoi l’exposition des indépendants refusa le Fountain de Duchamp (faute d’avoir une oringinalité) mais accepta une toile de Béatrice Wood présentant une femme portant un savon, l’œuvre pouvant être resituée dans une tradition picturale. Au contraire, le geste de Duchamp présente les contours d’une révolution. C’est cette conception, ce culte du banal, qui s’est ensuite instauré auprès d’autres artistes.







Cette instauration du banal a également profité des évolutions techniques de reproduction. L’irruption de la photographie, du cinématographe avec l’apparition d’une vraie narration, la télévision ont facilité l’émergence du banal. Baudelaire s’opposait en son temps l’émergence de la photographie dans l’environnement artistique et opposait l’art par la peinture à la reproduction du banal par la photographie. Aragon pensait la relation entre le cinéma et la peinture, entre la représentation de la réalité quotidienne et le montage, dans un cadre de magnification d’un art par un autre, invitant à avoir un regard de poète ou de peintre sur les objets quotidiens. Andy Warhol va beaucoup plus loin et désacralise l’art en l’entraînant dans le sillage des médias, s’exclamant au passage que les médias sont de l’art. Le Sleep de Warhol en est un bon exemple.







La représentation du sommeil est peut-être porteuse d’une nouvelle attitude esthétique. Le sleep de Warhol posait ainsi une question qu’en 1967, l’homme qui dort de George Perec renouvelle. L’auteur analyse ensuite le cas du Nouveau Roman afin d’expliquer comment, dans les années 1970, il s’agissait d’inventer le quotidien et de refuser d’être original.







Les deux derniers chapitres de cet ouvrage en viennent au monde actuel des médias. D’abord, si l’auteur a expliqué comment le banal s’est imposé dans les représentations artistiques et littéraires puis dans la télévision, peut-on dire que Loft Story est une suite logique de l’esthétique Warholienne ? En partie.



Ensuite, l’auteur montre comment les médias ont conduit à une banalisation du banal au travers de l’histoire du média audiovisuel : les débats télévisés des années 980, l’émission c’est mon choix, le parcours de Jacques Pradel, la télé-réalité.







Cet ouvrage a le grand mérite de la clarté et de proposer une analyse claire qui explique pourquoi le banal a pu émerger, se développer et aujourd’hui prospérer. L’ouvrage propose une approche claire
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De quoi les séries américaines sont-elles le sy..

J’avais repéré ce petit essai il y a quelques temps déjà, constatant durant mes propres études que les séries télévisées étaient de plus en plus considérées comme du « vrai cinéma ». J’ai traîné un peu pour le lire puisqu’il date de 2011. Il ne fait que 60 pages mais attention, c’est un chercheur du CNRS qui a écrit cet essai et là, je peux vous dire qu’il faut s’accrocher. Le vocabulaire est très soutenu, certains arguments sont philosophiques. On s’adresse ici à un public motivé.



Mais alors, pourquoi regarde-t-on des séries ? Parce que la société a évolué et qu’on aime bien connaître l’intimité des gens. Alors à défaut de connaître celle de nos proches, on se raccroche à celle de héros fictifs, humains comme nous avec leurs joies et leurs peines. On s’identifie à eux.

On est aussi dans la société de la transparence donc on met en scène des complots, des mensonges, des secrets que les personnages doivent percer à jour. On se rapproche ainsi du réel, on a l’impression que ce qui se passe dans les séries pourrait arriver dans la vraie vie.

François Jost l’explique bien mieux que moi mais bon... A réserver aux fans du genre.

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De quoi les séries américaines sont-elles le sy..

L'histoire / Le sujet : Il s'agit d'une étude, certes courte (une soixantaine de pages), mais très précise et détaillée, sur le reflet de la société au travers des séries télévisées. L'auteur a choisit un panel de séries populaires, plus que de séries encensées par la critique, pour y chercher ce qui plaît, ce qui "parle" au public. Il analyse en cinq grands thèmes (nos liens avec les héros, la recherche du savoir, de la vérité...) les ressorts narratifs qui poussent le spectateur à rester devant l'écran, à s'indentifier ou à apprendre des séries télé.



Le style : Il s'agit ici d'un essai d'un professeur d'Université, spécialiste du récit, de l'audiovisuel, et beaucoup de choses encore. Bien que très intéressant, je dois avouer que j'ai trouvé ce court texte par moment ardu à lire (un exemple qui m'a particulièrement interpellé : "Celles-ci se fondent sur un enthymème, c'est-à-dire, selon Aristote, un syllogisme rhétorique fondé sur le probable, c'est-à-dire sur ce que le public pense."... Vous avez trois heures pour plancher ;) ) Bref, heureusement que l'essai est très court, car je ne suis pas persuadée que je l'aurai lu en entier sinon. Mais le fond est vraiment intéressant, et permet de comprendre, en changeant le point de vue, l'importance qu'ont pris les séries télé dans notre société.



Et la couverture alors ? Sobre, non ?



En conclusion ? J'avais lu ce court essai il y a 18 mois environ, mais ne l'avais pas chroniqué de suite... Et ne me souvenais plus vraiment du fond après. Une relecture n'a pas été un mal, et m'a permis de mieux comprendre certains passages. Comme je l'ai dit plus haut, il est intéressant de changer de point de vue, de d'avoir une analyse "scientifique" de ce que sont les séries aujourd'hui, et pourquoi les séries américaines parlent plus à la majorité des personnes que les séries françaises par exemple. Mais la forme est vraiment ardue et demande un réel effort de concentration. J'en garde donc un goût mitigé...



Pourquoi ce livre ? Le titre m'avait intrigué, en comme il était très peu cher, je me l'étais commandé...
Lien : http://sofynet2008.canalblog..
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La méchanceté en actes à l'ère numérique

En me procurant ce livre j'étais plus intéressé par une analyse sur le monde numérique et les médias que sa méchanceté en général, j'ai trouvé les deux.



De ce côté là l'auteur a fourni un très bon travail de documentation et quand on lit qu'il a dû se coltiner des émissions télévisées comme TPMP ou les anges pour en tirer des analyses et exemples, ça force le respect et l'admiration.



En revanche il est assez succinct et mérite d'être complété avec d'autres ouvrages pour vraiment comprendre ce thème ultra vaste

Je pense par exemple à "L'hyperconnexion" de Michael Stora ou "Au cœur de la post-vérité"' de Sébastien Dieguez ou encore "la psychologie de la connerie" qui inclut pas mal de chapitres à analyser le monde numérique.



Bref, un excellent ouvrage qui a le mérite d'analyser un monde numérique toujours plus vaste et une surabondance d'informations toujours très difficile à cerner sans les outils et ouvrages adéquats.
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Les nouveaux méchants : Quand les séries américai..

Ce livre étudie les nouveaux méchants des séries américaines, à travers 3 séries, Deadwood, Dexter et Breaking bad, même si l’auteur s’intéresse plutôt aux deux dernières ce qui me va bien puisque je n’ai pas vu Deadwood en entier. D’autres séries sont également évoquées à plusieurs reprises, mais de façon assez superficielle.



Avant de vous parler du livre, je vous conseille, si vous voulez le lire, de vraiment avoir vu Dexter et Breaking Bad EN ENTIER, car il y a des méchants spoil sur toutes les saisons !



L’auteur étudie donc les parcours de ces héros qu’on ne peut plus qualifier totalement comme tel vu leur moralité douteuse et leurs actes répréhensibles par la loi, pour faire simple Dexter est un serial killer et Walter White un trafiquant de drogue. Mais ce qui intéresse l’auteur, c’est leur parcours en tant qu’hommes dans la série, comment Dexter se dévoile au public : d’abord serial killer, puis un homme traumatisé par son passé, un être humain qui a malgré tout des sentiments pour sa sœur, ses compagnes, son enfant; en gros l’humanisation du monstre. Au contraire, Walter White suit la progression inverse, puisque du prof de chimie désespéré qui souhaite mettre sa famille à l’abri du danger, il tend vers le monstre vide d’argent et de pouvoir, ayant plusieurs fois recours au meurtre pour sauver sa propre vie.



Les autres personnages des séries sont aussi étudiés, moins en profondeur, mais également l’univers entier de la série, qui permet de mettre le personnage en valeur et de permettre au spectateur de l’apprécier et s’y attacher.



Ce livre se lit donc très facilement et permet de replonger dans l’univers des séries. J’ai beaucoup aimé tout le décodage (moi qui vais souvent très vite, j’ai apprécié de comprendre certaines significations cachées, comme pour les plaques d’immatriculation des voitures par exemple).



Un livre donc très intéressant pour les fans de série, ceux qui les regardent, mais aussi tous ceux qui veulent écrire, série ou roman et s’intéresse à la psychologie des personnages telle qu’elle est ressentie, abordée et désirée par les spectateurs/lecteurs d’aujourd’hui !
Lien : https://girlkissedbyfire.wor..
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Les nouveaux méchants : Quand les séries américai..

Pour commencer je ne suis pas un lecteur mais j'adore les séries et surtout Breaking Bad donc je me devais d'avoir ce livre. Et franchement j'ai pas était déçu car ce livre est vraiment fait pour les sériephiles car sa apporte beaucoup d'anecdote que j'ai adoré et que moi-même j'avais pas vu comme les plaques d'immatriculations et les vrais significations de la peluche rose puis l'avis de l'auteur que j'ai aussi beaucoup aimé car j'adore voir le point de vue des autres pour m'y comparer. Et me replonger aussi dans Dexter que j'avais pas vu en entier quel plaisir, voir que finalement le Dexter qu'on voyait était beaucoup plus sage que celui dans le livre initial, sa m'a donner envie de lire le livre ( comme de lire le livre Leaves Of Grass ) puis j'ai découvert Deadwood qui franchement j'aimerais dès que je peut le regarder même si j'ai était un peu spoiler mais bon. Franchement Mr Jost raconte vraiment bien son point de vue qui est accessible pour tous. Et pour finir j'ai vraiment adorer me plonger profondément dans le sujet car maintenant j'ai un autre point de vu en plus sur les séries.
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Les nouveaux méchants : Quand les séries américai..

Comment décoder l’évolution de la société américaine au travers du prisme des séries télévisées.
Lien : http://clubdelecture.tubize-..
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Est-ce que tu mèmes ?

Personne n'y échappe. 👀



Parfois méprisée, cette nouvelle culture a peut être un forme et une fonction humoristique, ils en disent beaucoup sur le monde, l'actualité et surtout sur nous-mêmes.

Comment sont-ils utilisés pour dénoncer, ou pour soutenir une cause ?

Et pendant la pandémie ? Quel rôle ont-ils pris ?



L’auteur s’applique à décortiquer leurs usages et ses effets, mais aussi leurs rôles social et politique.
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Le culte du banal : De Duchamp à la télé-réalité

C’est la banane en couverture qui m’a fait ouvrir ce livre, en évocation de l’œuvre de Cattelan.

Les deux premiers chapitres sont intéressants :

Objet banal, objet de culte.

Le banal à l’ère de la reproduction mécanique.

C’est une histoire de l’art revue à partir de Baudelaire, Duchamp et Dada, jusqu’à Warhol.

Ensuite, ça devient plus hermétique pour moi, lecteur lambda.

La mort de l’auteur (Perec, Barthes), la télé réalité (Loft story), sont intéressants mais planent à haut niveau.
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Les nouveaux méchants : Quand les séries américai..

C'est un livre qui se lit assez facilement. J'ai découvert quelques petites choses grâce à l'analyse de certains détails qui jusque là me paraissaient anodins. Honnêtement, je ne vais pas vous mentir, je me sens légèrement frustrée. On est cantonné à ces 3 séries dont 2 que je n'ai pas vu. Du coup, je n'ai lu que ce qui concernait Dexter. Je trouve que c'est dommage car les "méchants" sont omniprésents dans les séries et certains auraient mérité une petite analyse.
Lien : http://chroniquesmerveilleus..
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Télé-réalité

J'ai découvert François Jost par hasard, à la bibliothèque. À côté des DVD il y avait un rayon ciné/télé où j'ai dégoté un petit essai sur les séries américaines. Dans cet autre petit livre, cette fois sur la télé-réalité, j'ai retrouvé tout ce qui m'avait impressionné lors de ma première lecture de cet auteur : des analyses pertinantes et un style très agréable à lire, intello mais pas trop. Ce court texte commence par les deux niveaux classiques d'étude d'un phénomène : le comment et le pourquoi. Comment ce genre télévisuel a-t-il émergé, à la fin du 20e siècle ? (Chap I - L'invention de la télé-réalité). On a d'abord droit à un rapide historique et à quelques définitions mais ça n'est pas toujours très clair. L'auteur définit ce qu'on appelle un "format" de cette manière : "Une liste de contraintes qui définissent un programme et assurent sa « substance » globalisable, au-delà des « accidents » locaux que sont les multiples variantes qu’il peut subir sans perdre son identité. Le format permet de décliner des « concepts » qui fonctionnent et traduisent les aspirations du public". Mieux vaut avoir de la culture en général et de la culture audiovisuelle en particulier. Je disais donc, les "aspiration des Français" (car le focus est sur la France), quelles sont-elles ? Elles consistent "à toucher le réel, auquel la télévision, d’abord fenêtre sur le monde, ferait écran." François Jost insiste beaucoup sur cette fausse promesse, ce mythe de la réalité de la télé-réalité. Ni fenêtre sur le monde, ni miroir de la société, la télé(-réalité) serait le symptôme d'une société malade (Chap II - La télé-réalité comme symptôme). Le sémiologue développe une vision assez pessimiste de la nature humaine. "Ces émissions jouent sur des pulsions [que les téléspectateurs] réprouvent, mais qu’ils éprouvent malgré tout" : voyeurisme et même sadisme, narcissisme ou égoïsme. Tout est fait pour flatter nos bas instincts et notre volonté de puissance. Devant notre poste (et maintenant nos réseaux sociaux), nous sommes omniscients et omnipotents. C'est nous qui décidons qui perd (le paresseux, l'orgueilleux ou le colérique) et qui gagne (celui qui travaille dur ou tombe amoureux). La religion ou la psychanalyse sont ainsi mises à profit pour penser ce phénomène. Personnellement je serais davantage allé du côté de la psychologie sociale et évolutionniste. Et de choses plus terre à terre. Comme le simple plaisir de voir sans être vu, d'observer de nouvelle têtes et de pouvoir les juger tranquillement depuis son canapé.





Mais François Jost poursuit son analyse (Chap III - La télé-réalité, soluble dans le divertissement), et ça devient passionnant quand il évoque la banalisation et la professionnalisation de cet univers. Il est loin le temps des débuts de Loft Story, de la naîveté voire de l'utopie qu'on allait vivre une expérience qui allait stimuler notre curiosité intellectuelle. De Loft Story à Secret story, de l'authenticité promise à la manipulation assumée, il est toujours question d'histoires que l'on veut qu'on nous raconte. Mais on veut y croire à ces histoires, et c'est là que le bât blesse. Nous n'y croyons plus et nous perdons alors notre intérêt. Il faut dire que l'intérêt est avant tout économique : pas de scénariste à embaucher, pas de texte à apprendre ni d'acteurs "bankables" grassement payés. Alors peut-être faudrait-il (mieux) les payer justement. Car "il s’agit d’un travail, entendu ici comme une relation de subordination à un employeur et défini par l’exécution de tâches sous son autorité." Certains ex-candidats ont beau se plaindre, ils ne sont pas dupes : "ceux qui se présentent à ces émissions ont des motivations d’accession aux médias et des songes de peoplelisation." Et ça marche ! Quelques élus sont devenu de vraies stars comme Kim Kardashian ou Nabilla, gagnant beaucoup d'argent grâce à leur image et à la notoriété ainsi acquise. C'est la dernière question que pose le bouquin : "la télé-réalité est-elle l’avenir de la télévision ?" A l'heure où j'écris ces lignes, Koh Lanta est en trending topic sur Twitter et j'ai pu dénombrer près de 150 émissions classées "reality" sur Netflix. Force est de constater que le scepticisme de l'auteur ne s'est pas prophétisé (l'ouvrage a été publié il y a plus de dix ans). J'ai regardé beaucoup de télé-réalité ces derniers temps, et j'ai souvent eu ce gros doute, cet agacement d'être pris pour un imbécile, de ne pas savoir distinguer le vrai du faux. Il y a sans doute plus de fake que d'authentique mais est-ce si grave ? On peut préferer un personnage, certes caricatural à une personne (trop complexe pour la télé). Ce genre a atteint la maturité malgré qu'il soit souvent cheap et hyper formaté. Mais nous aussi nous sommes formatés. La nourriture, la maison, la mode et l'esthétique, les relations, le travail ou la compétition, tout cela constitue un véritable "instinct du consommateur". En ce sens il n'y a pas de raison que ça disparaisse de sitôt.
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De quoi les séries américaines sont-elles le sy..

J'ai un très bon souvenir de ce petit livre que j'avais emprunté à la bibliothèque. Intéressant et bien écrit. En matière de télévision, François Jost est une référence. D'ailleurs il dirige une revue qui s'appelle comme ça : Télévision. Ses analyses sont vraiment pointues et pertinentes.
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Breaking Bad

Un ouvrage très intéressant pour prolonger l'univers de la série à succès Breaking Bad. François Jost nous convie à travers ce petit livre au format atypique à une véritable explication de texte (et d'image) du chef d'oeuvre qui a consacré Bryan Cranston. Les explications sont claires, fluides et le propos souvent illustré à l'aide de photo mais également de tableaux.

Un essai qui convaincra certainement tous les fans de la série.



On pourra néanmoins trouvé un petit bémol à ce travail de qualité : les photos en noir et blanc ne rendent pas vraiment hommage à la réalisation de la série, ni même aux explication si détaillée de l'auteur. Dommage !



Je recommande ce livre aux inconditionnels de la série et aux amoureux du petit écran. Les autres risqueraient de se trouver noyer face à la masse conséquente d'informations précises.
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Breaking Bad

Je remercie Babelio et les éditions Atlande pour l'envoi de cet essai lors de la dernière Masse Critique.



L'essai Breaking Bad "Le diable est dans les détails" de François Jost est un essai très intéressant pour en savoir plus sur l'univers de la série.



En effet, l'essai est une analyse complète de la série, très bien détaillée. L'auteur n'hésite pas à nous renvoyer à des exemples concrets en faisant appel à des plans et/ou des dialogues entre les personnages.



Cependant, François Jost utilise parfois un vocabulaire trop scientifique (ou universitaire) ce qui peut entraîner un ennui pour le grand public. Je pense que cet essai correspond plus à des étudiants en cinéma/audiovisuel car cela reste un ouvrage qui peut devenir une bonne référence universitaire.
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Breaking Bad

Les éditions Atlande ont lancé cette année leur catégorie « A suivre… », où chaque ouvrage décortique une série culte. La série qui inaugure cette nouvelle catégorie n’est autre que Breaking Bad, considérée comme étant la meilleure série de tous les temps (C’est aussi mon avis).



Pour ceux qui ne connaissent pas cette série, on suit Walter White, un professeur de chimie qui va se lancer dans la fabrication de drogues après qu’on lui ait diagnostiqué un cancer. La série comporte 5 saisons et a raflé de nombreuses récompenses. Elle est encensée par la critique et a propulsé Bryan Cranston et Aaron Paul, les deux acteurs principaux, au rang de stars. Une série spin off a même vu le jour: Better call Saul.



Dans cet essai écrit par François Jost, qui n’est autre que le responsable de cette catégorie chez Atlande, Breaking bad est retournée dans tous les sens pour y desseller tous les sens cachés qui nous ont échappé lors de notre visionnage. L’auteur a vu et revu chaque épisodes pour nous offrir au lecteur un avis le plus objectif possible sur la série.



François Jost analyse tout ce qui est imaginable pour transmettre à ses lecteurs tous les petit secrets de fabrication de Breaking Bad. Que ça soit au niveau de la réalisation ou du scénario. Il nous donne aussi des points de vues différents de nous, simples lecteurs. A travers les yeux du scénariste ou de l’éditeur par exemple. Une fois le livre terminé, on a une vision d’ensemble sur Breaking Bad. Bien sûr c’est assez technique et ça s’appuie sur des exemples concrets. Ce livre est fait avant tout pour les fans absolue de la série.



Il est vrai que je ne m’attendais pas à lire un essai d’une telle technicité, c’est pour cela que je n’ai pas pu apprécier entièrement ma lecture. Mais si l’on recherche un texte qui met en place une profonde réflexion sur une série, cela devrait plus convenir.



Ce premier titre paru dans la catégorie A suivre… donne le ton, il nous plonge au plus profond de Breaking bad.
Lien : https://lesinstantsvolesalav..
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