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Critiques de François Mauriac (774)
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Le Baiser au lépreux

François Mauriac - Le Baiser au lépreux - 1922 : Il y a du Maupassant dans ce roman terrible qui dissèque de belle façon la psychologie de deux personnages mariés que tout sépare. Lui est laid, petit, presque infirme mais riche. Elle est belle, jeune, simple mais sans fortune. La marier à cet homme c’est une façon pour son entourage de sortir de la misère et des ennuis. On ne refuse pas un tel parti dans la France rural du début du vingtième siècle. Peu importe que leur vie de couple se transforme en un véritable combat contre la peur, le dégoût et la pitié. Ne supportant plus le regard de sa femme et ses gestes d’épouvante quand il l’approche, l’homme s’exile loin de sa maison la laissant en proie à des tentations qu’elle n’assouvira pas à cause de la morale bourgeoise et par peur de la damnation éternelle. Quand il reviendra ce sera pour mourir de tuberculose et de chagrin. Mais les épreuves ne sont pas finies pour autant, le vieux père est encore vivant et il consent à la mettre sur son testament uniquement si elle ne se remarie pas. Les années passant, elle renoncera au bonheur amoureux et charnel pour s’enfermer dans un conformisme de femme aigrie et vertueuse. C’est le premier succès de ce grand écrivain parut en 1922. On a souvent dit que François Mauriac peu gracieux lui-même s’était servi de ces frustrations de jeune homme pour imprimer à ces lignes un désespoir latent qui sera par la suite un des éléments principaux de son œuvre. L’écriture était sans fioriture, sèche comme le vent d’hiver qui déshabillent les arbres de leurs dernières feuilles mais riche en même temps de sentiments contrits par la vie et de pensées amoureuses blasphématoires. François Mauriac mettait en scène son Emma Bovary, mais loin d’être aussi libérée que l’originale Noémi d'Artailh ne passait jamais à l’acte préférant s’étouffer dans ses envies pour conserver une fortune qui ne la rendra finalement pas heureuse. La description d’un monde paysan ayant abdiqué depuis longtemps toute considération humaine était assez proche de celui relaté trente ans plus tôt par Zola dans «la terre». Alors que tous ces gens se précipitaient en masse à l’église leur seul dieu véritable ou plutôt leur seul diable était cet argent qui corrompait dans les campagnes mais aussi dans les villes tant de vie et de bonheur. «Le Baiser au lépreux» évoquait la misère de vivre qui nourrit tant de romans français à l’époque au point d’en faire un genre prépondérant. En effet avant l’avènement de la France dite moderne il était difficile de trouver des recueils qui donnaient le sourire, le roman ne pouvant être aux yeux du lecteur qu’un vecteur dédié à nourrir son vague à l’âme. «Le Baiser au lépreux» agit encore comme un pôle négatif qui pourtant impressionne par sa noirceur et son implacable réalisme… effrayant
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Thérèse Desqueyroux

Thérèse Desqueyroux, femme immorale incontestablement, on a du mal à vouloir la défendre et pourtant on voudrait pouvoir la comprendre. L'hypocrisie sociale et familiale du milieu qu'elle occupe lui refusant la liberté de mouvements et surtout le droit d'aimer l'aura menée à l'irréparable, voulant fuir la cage dorée qui s'est dressée autour d'elle, un des barreaux devait inexorablement céder pour qu'elle accède à sa propre existence.

Aurait elle dû rentrer dans le rang comme la plupart de ses congénères et sacrifier ses espérances ou choisir l'acte suicidaire, tout comme Anna Karénine ? Il est des êtres qui préfèrent atteindre à l'anéantissement de l'autre, celui qui érige les frontières infranchissables de leur vie. Heureusement pour la société, les monstres tout comme les héros ne sont pas légion, la société peut régner.



Ce livre m'intriguait par sa renommée et son sujet. J'ai découvert l'écriture de François Mauriac atypique et rythmée entre les pensées et les dialogues qui viennent à se chevaucher donnant du rythme au texte. L'utilisation du style métaphorique permet un vocabulaire poétique et romanesque. A relire pour le plaisir du genre assurément.

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Le Désert de l'amour

Le Désert de l’Amour, de François Mauriac, n’a rien de révolutionnaire. Roman de bonne facture certes, bien écrit, bien construit, mais dans son thème comme dans son style, il assez en phase avec la moraline de son époque : enflé dans ses transports et chaste dans ce qui cause ces emportements. Ou pour le dire autrement, plus que le désert, c’est la “sécheresse de l’amour”. Ce roman est donc plutôt sec, drame sérieux - et uniquement sérieux, loin des Machado de Assis ou Italo Svevo qui savent que le tragique a besoin du comique - Mauriac utilise une palette bien plus restreinte et son mélo est, peut-être, un chouïa excessif.



Alors sans doute faut-il chercher du côté de la vie du Prix Nobel français de Littérature, afin de mieux comprendre en quoi la douleur de la relation père-fils dans le roman, comme l’impression d’être passé à coté l’un de l’autre, sans s’être véritablement jamais connu, est aussi biographique chez cet orphelin de père que fut l’écrivain et académicien bordelais.



Du côté de la biographie à nouveau chez celui qui écrit à propos de son jeune protagoniste : “au seuil de notre jeunesse, les jeux sont faits rien ne va plus ; peut-être sont ils fait depuis l’enfance : telle inclination, enfouie dans notre chair avant qu’elle fût née, a grandi comme nous, s’est combinée dans la pureté de notre adolescence, et, lorsque nous avons atteint l’âge d’homme, a fleuri brusquement sa monstrueuse fleur.” Cela parait ma foi quelque peu ténébreux rapporté au personnage, mais pour Mauriac, dont l’homosexualité resta toujours sinon coupable du moins discrète (malgré son désir toujours contenu, comme Julien Green, André Gide ou Marcel Proust, de l’écrire enfin) cela fait davantage sens, de même que de parler des têtes féminines que Raymond Courrèges aurait fait tourner et d’ajouter à la liste, en tapinois, “ce camarade entré au séminaire”…



“A quoi sert-il d’être encore jeune ? On peut être encore aimé certes, mais on ne choisit plus.” Roman catholique, portrait critique de la bourgeoisie girondine, Mauriac dépeint un chassé croisé amoureux tout en retenue. Certes, l’auteur semble prendre parti contre la rumeur sotte, la médisance crasse mais in fine, surement comme un avertissement contre ses propres tendances, tous ses personnages semblent puni d’avoir tenté de s’extraire de ce même conformisme que pourtant il dénonce. Ainsi François préfère les regrets aux remords… “j’ai rêvé mes débauches moi…cela vaut-il mieux que de les vivre ?”



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Le Sagouin

Très occupé de journalisme politique pendant et après la seconde guerre mondiale, l’académicien girondin François Mauriac ne renoue avec le roman qu’au tournant des années cinquante, peu de temps avant son obtention du prix Nobel de littérature. Poursuivant sa peinture des turpitudes cachées des familles bourgeoises, il signe avec Le Sagouin, entre nouvelle et court roman, un récit glaçant et désespérément noir.





Le Sagouin est un garçon d’une dizaine d’années, enfant chétif et craintif dont la furie de mère, la main lourde et le verbe injurieux, ne supporte pas le physique ingrat et l’esprit attardé hérités de son père, ce « dégénéré » qu’elle s’emploie de toutes ses forces à exécrer depuis qu’elle l'a épousé pour devenir baronne. Renvoyé par les Jésuites après deux tentatives d’intégration en pensionnat, interdit de précepteur depuis de troubles commérages qui ont provoqué la mutation du curé, de trop bonne famille enfin pour fréquenter les bancs de l’école communale, il ne lui reste qu’une dernière chance pour espérer sortir un tant soit peu du cloaque familial : que ce « rouge » d’instituteur accepte de le recevoir pour des leçons particulières. C’est sans compter les convictions idéologiques, qu’après un premier contact pourtant prometteur avec l’enfant, le maître d’école décide de faire passer avant sa vocation éducative. Pour le garçon et son père, le contre-coup s’avèrera terrible…





Quelques traits suffisent à l’écrivain pour nouer le drame autour du pauvre Guillou, innocent sacrifié sur l’autel des ambitions égoïstes et jalouses des adultes qui l’entourent. Dans cette France de 1920 qui voit les conflits sociaux saper l’ordre ancien et la stratification bien établie des classes, chacun des personnages rumine ses frustrations jusqu’à la haine et, barricadé dans ses principes, s’enferme dans une rigidité propice aux antagonismes aveugles. Issue de la bourgeoisie bordelaise, la mère qui rêvait tant de noblesse vit dans un dépit haineux le mépris de sa belle-mère, méchamment obstinée à lui faire payer la mésalliance de son fils et à défendre le prestige vacillant d’une famille habituée à dominer le village des hauteurs de son château et de ses privilèges. A l’opposé, l’instituteur, fier de ses idées socialistes et laïques, se refuse à pactiser avec un quelconque représentant de la noblesse, en fut-il le malheureux et impuissant rejeton, stigmatisé comme idiot par les siens et par tous les enfants du village, en réalité un enfant sensible, capable de lire et de comprendre, mais miné par la peur et par un profond sentiment d’insécurité.





Dans ce jeu de frictions entre adultes, mise à part la bonne qui, sans voix au chapitre, est la seule à témoigner quelque affection au garçon, ce sont les femmes qui mènent le bal avec un acharnement à la mesure de leur méchanceté. Fermement rappelé à ses intérêts par son épouse, même l’instituteur achève dans cette histoire d’enterrer ses idéaux pédagogiques, tandis que, simples pions méprisés et bafoués dans le combat pour l’autorité qui oppose la mère et la grand-mère, enfant et mari se retrouvent niés jusque dans leur droit à exister. Le dénouement tragique menant à l’ultime sacrifice du père et du fils, le récit s’achève alors par une sorte de châtiment divin rappelant la ferveur catholique de l’auteur. Aucun des personnages ne l’emportera au paradis.





Tout l’univers de Mauriac est contenu dans ce récit fulgurant, intense et poignant, caractéristique de son tourment de se trouver si attaché à l’étouffant milieu bourgeois qu’il ne cessa de peindre avec une lucidité sombre et critique. Coup de coeur.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Thérèse Desqueyroux

Chère Thérèse Desqueyroux, je ne sais pas si je vous aime, je ne le sais pas encore, mais vous m'avez troublé.

Rappelez-vous, j'étais dans ce train qui s'arrêtait de gare en gare, qui vous ramenait... j'allais dire bêtement chez vous, qui vous ramenait à votre époux comme on ramène un enfant égaré dans la rue à ses parents, comme on ramène au troupeau la brebis qui s'en est éloignée... Vous vous apprêtiez à passer derrière les barreaux d'une famille...

Suite à ce non-lieu prononcé quelques heures auparavant, vous étiez libre et déjà enfermée presque à jamais dans l'univers qui vous attendait. Vers l'homme, votre mari, dont on vous avait accusé de l'avoir empoisonné quelques temps plus tôt, mais voilà ! La politique de Papa, la réputation de votre milieu, celle de votre époux, de deux familles, il fallait sauver les apparences, cela valait bien pour vous un non-lieu judiciaire, une soi-disant liberté, une réclusion à perpétuité sur le plan social...

Et dire que ce type, cet époux rustre et chasseur, aimant les chiens qui courent dans la boue comme des idiots après les palombes une fois abattues, celui que vous alliez rejoindre, vous qui cherchiez la compassion, le pardon auprès de lui, dire que celui-là s'appelait... Bernard !

J'ai aimé deux de vos alliées, complices dans la fraternité et la douleur, soyez sans crainte, elles ne sont pas rivales en mon coeur, l'une s'appelle Emma Bovary et l'autre Anna Karénine. Je sais qu'il est particulièrement indélicat, très indélicat même, d'évoquer le nom d'une femme,- encore pire celui de deux femmes -, lorsqu'on s'adresse à une autre femme au plus près du coeur, celle à qui vont ces mots. Ces mots sont pour vous, chère Thérèse Desqueyroux, n'ayez crainte, et je ne sais même pas si ce mot de crainte peut vous faire peur ou vous fondre dans un grand rire devant mes mots stupides, tant vous m'échappez vertigineusement, fuyante à jamais ; je ne saurai jamais qui vous êtes et dans cette énigme à jamais, j'ai l'impression ce soir que mon amour grandit pour vous.

Simplement, et j'en finirai pour ne pas être opportun, les deux femmes dont j'évoquais le nom à l'instant me paraissaient s'être trompées d'histoire au bout du chemin, après le désir, l'attente et les désillusions, fuyantes au travers des pages, cherchant le bonheur ailleurs, mais vous à leur différence, je n'ai pas vu cette fuite éperdue, cette cavalcade dans un train ou une calèche infernale, sauf à imaginer qu'un feu insoupçonné vous brûlait de l'intérieur et que peut-être c'est dans cet espace abyssal plus grand qu'un canyon que vous vous être sans doute égarée...

Plus tard, je vous ai attendue, perché en haut d'une palombière dominant les pinèdes. Oui, je sais, vous auriez tant voulu mettre le feu dans ces pins que vous aimiez tant cependant... Peut-être tout simplement pour que tout s'embrase, ce monde que vous détestiez, que tout s'embrase, les familles, les salons meurtris d'ennui dans cette ambiance étouffante, les chiens de chasse, ainsi que vous.

C'est grâce à l'écriture de François Mauriac que je suis venu à vous par le miracle de ses mots, de l'imaginaire, même si, paraît-il, vous avez existé réellement, ou plutôt le personnage qui vous a inspiré. Tant de femmes ont existé qui vous ressemblent, une seule ne suffirait pas à vous dépeindre, elles étaient multiples, ces femmes projetées dans des mariages imposées. On croirait ce monde révolu, hélas d'autres religions entretiennent le feu pour dire que ce monde n'appartient ni au Moyen-Âge, ni au XIXème siècle, ni dans les Landes engoncées de ce conformisme poussiéreux de début du XXème siècle.

Souvent, dans ces pages, je vous ai effleurée, cherchant un regard, un coin de peau, un coeur qui bat, un endroit où chavirer vers votre rivage. Dans cette atmosphère oppressante, j'ai étouffé près de vous. Pourquoi tant de distances à mon égard ? Je n'étais qu'un simple lecteur finalement... J'ai cru vous effleurer, mais je n'effleurais que des pages, que des mots...

Un récit de cent quatre-vingt-quatre pages... Comme il est inouï de découvrir tout ce qu'on peut dire en si peu d'espace finalement ! Est-ce pour cela que vous n'avez pas eu le temps, chère Thérèse Desqueyroux, de me livrer votre coeur, de me tendre les clefs de cette citadelle imprenable, au moment où vous descendiez du train, vers cette gare presque oubliée dans ce paysage de campagne. Je ne sais même pas si vous m'avez regardé un seul instant lorsque vous vous êtes retournée au dernier moment avant de cheminer vers l'enfer de cette vie qui vous attendait.

J'aime la femme que vous êtes, meurtrière, immorale, louve, ce soir par compassion ou par amour, je ne sais pas, je veux être immoral pour sauver de l'abîme ou de la boue vos pas, vos trébuchements, tendre mes bras vers ce qui reste encore de mystère en vous, inavouable, comme un secret, scellé sur votre visage immuable... C'est presque jusqu'à Paris, sur ce trottoir solitaire, que je vous aurai mal compris...

Maintenant, je sais que ce n'était pas moi qui était dans ce train d'Aquitaine, mais un certain François Mauriac, orfèvre des mots et du coeur, capable d'une écriture aussi intelligente que poétique, capable de cerner l'émoi d'un coeur. Avant cela, avant dimanche où j'ai lu ce livre, coïncidence étrange, j'ai entendu la veille sur France Culture la voix de cet écrivain, la rediffusion d'une très ancienne émission de radio, il avait la voix d'un vieil homme, la voix chevrotante, usée, presque aphone, alors que le lendemain, à travers ses mots, je me disais, ô que cet homme devait être plein de sang, de passion, dans la force de la vie, pour vouloir chercher à embraser le coeur de cette femme devenu endormi, résigné par les conventions et les arrangements d'un autre temps...

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Le Noeud de vipères

Louis , avocat bordelais est devenu un vieil homme affaibli par des crises d'angine de poitrine qui le destinent à une mort prochaine. Il s'adresse à sa femme dans une longue lettre où il s'apprête à déshériter ses proches au profit de son fils illégitime, Robert.

Louis est un homme déçu par la vie, par son mariage, par ses enfants.

Venu d'un milieu modeste, il a marié Isa qui en aimait un autre et s'est mariée avec lui par intérêt.

Il est devenu amer quand il s'en est rendu compte.

Louis a eu peu de relations avec ses enfants et a perdu Marie, sa fille, suite à une maladie à l'âge de dix ans.

Son neveu Louis à qui il était attaché est mort à la guerre.

Il s'imagine que tous ses proches complotent pour posséder ses biens et c'est dans son esprit, que s'installe ce fameux "nœud de vipères".

Un évènement inattendu et dramatique va le transformer et il va comprendre que ses impressions reposaient sur des malentendus.

J'ai lu le roman pour les cours à dix-huit ans. Je l'avais fort apprécié et en ai lu d'autres de l'auteur ensuite.

Celui-ci, en relecture, me fait entrevoir d'autres aspects de l'auteur.

François Mauriac rentre à fond et très habilement dans cette âme tourmentée, rongée par la haine pour finalement nous en faire voir l'humanité qui subsiste à l'intérieur de ce vieux monsieur désillusionné.

Le rapport à l'argent, à Dieu, à la bourgeoisie constituent les axes du roman et reflètent l'esprit étriqué de l'époque où le roman a été écrit, en 1932.

J'ai trouvé la lecture très intense et l'analyse du personnage exceptionnelle.

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Thérèse Desqueyroux

Relire des années plus tard une oeuvre qui a laissé une trace fugace mais tangible est une expérience parfois déroutante , toujours fascinante. Y retrouver des fiches de lectures rédigées pour la circonstance et pour préparer le bac de français est encore plus saisissant. C’est ce qui s’est produit pour Thérèse Desqueyroux de François Mauriac.



Salué par la critique littéraire à l’époque de sa sortie, ce roman est une exploration de l’univers mental sombre et tourmenté d’une jeune femme, éprouvant une telle haine pour son mari et tout ce qu’il représente,, si loin de ses rêves de jeune fille, qu’elle va tenter de l’empoisonner. Les relations sociales de la famille et le souhait d’éviter à tout prix le scandale lui épargnent le châtiment qu’elle aurait mérité, si la justice avait suivi son cours habituel. Après le non lieu, sur le chemin du retour Thérèse revient en un long monologue sur son parcours, dans une tentative désespérée de construire une défense et obtenir le pardon de son mari. C’est l’occasion pour le lecteur de comprendre l’état d’esprit de la jeune femme. Arrivée à destination , le dialogue s’avère impossible et la punition tombe : la séquestration et le maintien paradoxal d’une image de couple uni, une fois par semaine, à l’église. L’histoire se complique d’une autre idylle amoureuse, celle de la belle-soeur Anne, qui est aussi l’amie d’enfance de Thérèse. Anne est elle aussi contrainte à accepter un mariage de raison, alors qu’elle a jeté son dévolu sur un homme infréquentable. Thérèse sert d’intermédiaire au risque de perdre son amie.



L’histoire, inspirée d’un fait divers authentique est évoquée du seul point de vue de Thérèse et l’auteur s’est glissé dans la peau du personnage pour construire le récit. Il en résulte une galerie de personnages sans nuances, analysés uniquement par le prisme du regard négatif de la jeune femme. L’auteur n’en est pas pour autant indulgent : Thérèse est très centrée sur elle-même, dénuée d’instinct maternel, et prête à trahir son amie. Pourtant l’on ressent sa profonde détresse dans une société rigide, au sein d’une famille qui cultive le secret depuis des générations.



C’est le portrait d’une jeune femme égarée, désorientée par la perte de ses illusions. Chaque tentative d’évasion plante autour d’elle des barreaux plus serrés. A moins que l’épilogue soit une fenêtre enfin ouverte, mais lourd est le bagage....Victime ou coupable?



Faut-il prendre le risque de voir la version cinématographique récente?....
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Thérèse Desqueyroux

J'ai eu envie de relire un des rares romans qui m'ont passionnée durant mes années lycée, tout en me disant que ce livre était sans doute maintenant un peu démodé compte tenu de l'évolution des moeurs et de la société. Eh bien non, en effet ce texte n'a pas pris une ride. Dénonçant les tares de la bourgeoisie de province (ici bordelaise) et ses enfermements délétères avec une virulence tourmentée que n'aurait pas désavouée Bernanos, Mauriac analyse les méandres du coeur humain avec une lucidité qui rappelle également Balzac, en plus noir. (Pour le côté obscur, voir qui vous savez...). Thérèse Desqueyroux est une maudite, une empoisonneuse ratée dont la bonne société bien-pensante -jusqu'au mari rescapé- se dépêche d'étouffer l’affaire . Mais qui, de cette société ou de Thérèse, est la plus criminelle ? Qui tue à petit feu et pratique la mort lente des âmes les plus vivantes et les plus rebelles ? Qui de l'empoisonné ou de l'empoisonneuse est le plus empoisonnant ? Le poison n'est-il pas du reste un superbe symbole de ce qui détruit à petites doses ? (On en vient d'ailleurs presque à regretter que le mari s'en soit sorti, le roman eût été moins sombre...) Nulle rédemption apparente ne vient sauver Thérèse mais un abandon qui la renvoie à une irrémédiable solitude, thème cher à Mauriac. Solitude dans laquelle se trouve à la fois nos pires démons et nos possibilités de les combattre.

Il n'y aura pas de rédemption pour Thérèse, parce que la rédemption passe par le pardon accordé et que son mari et la société le lui dénient, sans même être capables de comprendre ce qu'elle leur demande, la plongeant dans une nuit dont elle ne sortira que par la mort (cf "La fin de la nuit"), dans l'espérance d'un hypothétique et autre Pardon.

Bourreau DU coeur, Mauriac l'est bel et bien. Ecrivain complexe, pris par ses propres ambiguïtés, tantôt les fuyant, tantôt les affrontant, il reste celui qui renvoie chacun d'entre nous à sa propre image avec la lucidité impitoyable d'un être exigeant face à la vérité, face à Sa vérité. Vraiment j'ai aimé cette redécouverte vécue avec plus d'expérience et de maturité, d'autant qu'une petite balade à Malagar ce week-end a largement contribué à enchanter cette expérience.





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Le Sagouin

Deuxième claque que je me prends de la part de François Mauriac et... j'adore ça ! Vais-je virer sado-maso ? Après le troublant "Thérèse Desqueyroux", l'auteur nobelisé en 1952 propose avec "Le Sagouin" une nouvelle descente dans l'enfer du drame familial.



Par la plume nette et concise, tranchante, qui caractérise son style, Mauriac ouvre son récit sur une paire de gifles, appliquée à la fois à Guillou et à son lecteur. Que de violence vous direz-vous ? Et oui, ce court roman est lourd d'une violence psychologique et physique qui laisse sa trace en nous, comme sur la joue de ce petit garçon de douze ans détesté par sa mère, Paule.



"Le Sagouin", c'est un conte mal aiguillé qui avait tous les ingrédients pour être "de fée" mais qui vire au cauchemar : une roturière épouse un prince aux allures de crapaud mais qui habite un château avec l'espoir qu'une fois devenue princesse, elle saura par son amour changer le crapaud en prince pour vivre ensemble heureux entourés de nombreux enfants beaux comme le jour. Hélas pour Paule... son mari reste attardé mental, sa belle-mère est une sorcière, son unique étreinte matrimoniale a fécondé un garçon maigrelet et attardé, la bonne du château est toute puissante et ledit château n'est guère reluisant... Et pour couronner le tout, elle-même se change en ogre : barbue, négligée et fantasque, elle perd le peu de beauté qu'elle possédait ; dans son cœur, le regret nourrit une rage et une haine terribles dont son fils est le catalyseur.



Noir, glaçant, dramatique, le récit se déroule avec une cruelle lucidité et un réalisme dénué d'humanité. En quelques dizaines de pages, Mauriac réalise l'exploit de donner du relief à tous ses personnages mais aussi et surtout à toutes leurs émotions, à tous leurs rêves brisés. Il bouleverse nos certitudes, change notre regard, attise notre compassion et nous bouleverse durablement. Du grand art.





Challenge MULTI-DEFIS 2021

Challenge RIQUIQUI 2021

Challenge XXème siècle 2021

Challenge SOLIDAIRE 2021

Challenge NOBEL

Challenge ATOUT PRIX 2021
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Thérèse Desqueyroux

Persuadé de ne pas avoir lu « Thérèse Desqueyroux », découvert au format poche dans un des nombreux vide-grenier de l'été, je me lance. Très vite des images me reviennent… Non pas de Thérèse, mais du « décor » : ces évocations de la lande, des pins après la pluie, me parlent…

Sans doute une lecture recommandée en classe, trop tôt, de ce grand bouquin, d'un auteur important…



Thérèse, sur le chemin du retour du tribunal de Bordeaux où vient d'être prononcé un non-lieu dans l'affaire qui l'accusait de tentative d'empoisonnement sur la personne de Bernard, son mari, suite au témoignage à décharge de celui-ci ; les intérêts politiques et/ou familiaux des uns et des autres n'étant pas compatibles avec une condamnation.

Nous voilà plongés dans une histoire de riche famille provinciale comme il a dû y en avoir des quantités à l'époque où François Mauriac situe l'action… Enfin, l'action… Ou l'inaction plutôt, dans la mesure où la première partie du livre se situe sur le retour du tribunal et nous plonge dans les pensées de Thérèse : comment présenter à Bernard, son mari, ce qui ne pourra être qu'une confession ; tout le monde la sait coupable… Inaction toujours alors que son mari la séquestre, par vengeance.

Vient se greffer dans cette histoire une sombre histoire de mariage arrangé concernant la propre soeur de Bernard ; une histoire édifiante sur les pratiques de l'entre-deux guerres en province : la terre, la terre…



Au final, c'est toujours pour moi une grande joie de me plonger dans cette prose classique et tellement évocatrice d'images, de sons et d'odeurs de la pinède après (ou pendant) la pluie. Ajoutons à cela l'étude minutieuse d'une personnalité peu commune comme celle de Thérèse, ou trop commune comme celle de Bernard… Un petit livre qui ne se lit pas aussi vite qu'on pourrait le croire tant il est dense…

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Le Noeud de vipères

Le vieux Louis aime l'argent,en veut à la terre entière,déteste sa femme et ses enfants et surtout il ne veut pas se voir dépouiller de sa fortune par cette famille qu'il exècre.Malade du coeur,sentant la mort arriver,il va noircir les pages d'un cahier d'une étonnante confession.Il va inventer tout les stratagèmes pour déshériter ses proches afin de leur rendre la monnaie de leur pièce...



Sublime! Ce roman psychologique est un pur bijou.Le caractère de l'avare et son mode de fonctionnement montent crescendo à tel point qu'il a fini par me faire sourire.En plus d'être radin,le vieux Louis est un expert en la matière pour se monter la tête et déjouer les complots,tout est bon à prendre pour manipuler et tenir en laisse cette famille "qui attend qu'il soit dans la tombe pour toucher l'héritage".Manque de bol pour lui,ses plans vont se retrouver contrariés en deuxième partie de livre ,quand un évènement majeur viendra troubler la machine bien huilée de ses calculs...



Le Noeud de vipères c'est aussi un nid de surprises,le suspense dans la lutte du pot de fer contre le pot de terre.Qui va remporter la bataille,qui va déclarer forfait?

Ce livre est étonnant,l'analyse psychologique est poussée à l'extrême.C'est le cheminement d'un homme qui comprendra les choses quand il sera trop tard.Ce Noeud de vipères fait tomber les préjugés comme des mouches,l'exemple parfait qui démontre que même le pire des hommes est capable d'enlever ses oeillères pour s'ouvrir au monde.

Pour une première lecture de François Mauriac je ne suis pas déçue,j'ai même été comblée,je vais donc continuer avec d'autres ouvrages de cet auteur.

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Le Sagouin

Le Sagouin est un récit poignant et tragique, un récit où il n'y a ni amour, ni bienveillance, où les egos surdimensionnés des adultes mènent la danse, un univers où haine, ambition, frustrations et intérêts sont de mise. Alors qu'importe le bien-être de ce gamin malingre, laid, la morve au nez, la lèvre pendante et le souffle court. Alors qu'importe le silence de Galéas et la solitude d'un père taiseux par nature et par obligation. Laissez passer Paule de Cernès mariée au Baron Galéas de Cernès par arrivisme et désir de noblesse devenue une femme, une mère haineuse .Laissez passer sa belle-mère la Baronne, la seule , l'unique aussi venimeuse que courtoise. Laissez passer Robert Bordas, l'instituteur ,le rouge , aigri de ne pas avoir pu monter à Paris pour être à la place qui lui était destinée, englué dans une lutte des classes idéologique qui lui fera tourner le dos à Guillou.

Nous sommes en 1920, la Grande Guerre a laissé des cicatrices béantes, nous sommes en Aquitaine dans une France profonde où les rumeurs ont force de loi.

François Mauriac signe un roman magistral, un roman noir , désespéré et désespérant. François Mauriac signe un immense roman.
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Thérèse Desqueyroux

« N’éprouves-tu jamais, comme moi, le sentiment profond de ton inutilité ? Non ? Ne penses-tu pas que la vie des gens de notre espèce ressemble déjà terriblement à la mort ? »



Je suis une femme qui se cogne la tête. Depuis si longtemps. Je suis un être. Une branche morte. Quelques frissons parcourent mon corps à de rares moments (Anna, un vent frais, une pluie tourbillonnante ou une simple photo en noir et blanc, des couleurs de deuils, de mariages, c’est selon) mais qui ne suffisent pas à me faire sentir vivante. Ou bien, est-ce dans le regard des autres que je vois la mort, cette mort qu’ils me renvoient et qui se colle sur ma peau. Qui devient mon masque. Qui m’étouffe. Jusqu’à ce que je la vomisse et la rende à celui qui m’est le plus proche. Malaise pendant cette lecture. Je ne trouve pas de réponses, je reste comme Bernard, en suspens. Thérèse ne donne pas de réponse, Thérèse n’en a pas. Elle cherche, se cherche. Se perd dans le brouillard. Et pourtant il y a bien une flammèche qui veut reprendre, qui ne tient qu’à peu mais qui suffit à maintenir un souffle de vie dans ce corps, cette chair qui ne veut pas mourir. Esprit déjà mort depuis longtemps, depuis toujours ? Rien ne pouvait lui convenir dans ce patelin, dans cette famille, aucune ligne de fuite. Juste la possibilité d’inventer, de s’inventer dans des songes. Une vie de cauchemar dont seul les rêves deviennent réalité. Responsable mais pas coupable. Non-lieu. La réponse à une non-existence

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Thérèse Desqueyroux

Coup de coeur frôlé de près pour ma première rencontre avec l'Académicien français François Mauriac. Son célébrissime roman noir "Thérèse Desqueyroux" a beau n'être guère plus épais qu'un cale-porte, son récit est d'une intensité rare.



J'ai été happée, comme fascinée, par cette figure de femme au comportement schizophrénique mais qui échappe à la folie par sa grande humanité et sa quête de sens. Les pulsions meurtrières qui la font attenter aux jours de son mari, un être qu'elle comprend détester le jour même de leur union, ne trouvent pas leur justification sous la plume de l'auteur mais bien dans le regard du lecteur qui devient juge à son corps défendant et doit se fier à ses propres sentiments et à ses opinions pour absoudre ou condamner Thérèse.



La force du récit vient également du style impeccable de François Mauriac. Impactant et sobre, il sert à merveille la narration ; cette dernière nous entraîne en peu de descriptions à travers les Landes, dans les pinèdes surchauffées où menace l'incendie. L'atmosphère oppressante est parfaitement rendue par le peu de personnages mis en scène ; on étouffe aux côtés de Thérèse, on étouffe à sa place, on étouffe de sa vie imposée.



Il y a quelque chose de "Madame Bovary" dans "Thérèse Desqueyroux" et aussi quelque chose de "Thérèse Raquin", deux autres monuments littéraires. On ressent très vivement les émotions, les attentes et les désillusions de chaque protagoniste. Et si l'on ne peut dire que ce roman est haletant, du moins est-il marquant.





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Thérèse Desqueyroux



Thérèse a accepté sans rechigner d'épouser l'héritier de la propriété qui jouxte la sienne lors d'un mariage arrangé par les deux familles. Bernard est rougeaud, apprécie la bonne chère et se passionne pour la chasse à la palombe. Soit, mais peut-être se comporte-t-il normalement, comme tous les hommes de ce milieu. Elle le découvre soudain sous un jour nouveau lors de son voyage de noces. Ils vont peu à peu vivre étrangers l'un à l'autre.



François Mauriac nous introduit dans la société terrienne bordelaise des années 1920 vue par Thérèse. Thérèse se retrouve rapidement prisonnière de ce milieu qui règle ses comptes en famille et redoute le qu'en dira-t-on. Solitaire, elle est également prisonnière des rêves d'une vie qu'elle imagine. L'auteur peint admirablement le décor qui l'isole du monde, ces pinèdes dans lesquelles Thérèse aime se promener. Il nous raconte, par la voix de Thérèse, des faits parfois anodins qui ajoutés les uns aux autres nous mènent irrémédiablement vers une fin tragique.



Criminelle, Mauriac nous la rend presque sympathique dans ce drame psychologique. Car qui de Thérèse ou de cette famille aurait les comportements les plus coupables ?







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Le Noeud de vipères

Comment un être humain peut-il se détester à ce point ? Au point de haïr tous ceux qui lui ressemblent et de passer à côté de sa vie ? Seul un immense écrivain peut arriver à rendre crédible une sombre histoire où le nœud de vipères n’est autre que le cœur de Louis, un vieillard malade.

Louis commence une lettre à sa femme, Isa. Il y explique qu’après sa mort, elle pourra se précipiter vers le coffre et vérifier la présence des titres, et oui, ils y seront. Il continue en exprimant toutes ses rancœurs envers elle et leurs enfants.

Louis décrit sa femme, ses enfants et d’autres personnages. Ceux qui trouvent grâce à ses yeux ne lui ressemblent en rien.

L’écriture de François Mauriac va droit au but, sans longues phrases interminables, mais chaque phrase est précise, tellement précise que le lecteur croit à l’histoire, comprend le malade (à défaut de l’approuver), ainsi que sa femme et ses enfants (sans toutefois les approuver non plus).

Un chef-d’œuvre.






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Le Sagouin

Plus je découvre François Mauriac, plus j'admire et apprécie son oeuvre, et pourtant ce sont chaque fois des textes qui mettent mal à l'aise.

Encore une fois, c'est dans une atmosphère de malaise pesant, de violence sourde et de bourgeoisie fin de race et délétère que se déroule la tragédie du petit Guillou, gamin attardé mal aimé d'une mère qui déverse sur lui et sur toute sa belle-famille son aigreur de femme mal mariée, faisant de son fils l'enjeu de ce conflit social entre le curé et l'instituteur encore en vogue dans les années 50 et que le petit sagouin est bien en peine de comprendre.

Le texte est d'autant plus percutant qu'il est ramassé (150 pages peu fournies dans l'édition de 1951 que j'avais en main), et que la plume de l'auteur est à la fois d'une précision clinique et porteuse d'une forte charge émotionnelle.

Un drame terrible qui donne à voir la province française d'après-guerre sous son jour le plus glauque.
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Le Baiser au lépreux

En ces terres bordelaises, Jean Péloueyre qui se sait laid préfère éviter la compagnie de ses congénères et chasser seul les pies. Grâce à la complicité de M. le curé, son vieux père hypocondriaque et tyrannique arrange cependant son mariage avec Noémi, une fille du village issue d'une famille désargentée. Un mariage avec un Péloueyre, cela ne se refuse pas.



Ce premier roman de Mauriac est terrible, à tel point que la ressemblance avec son personnage peut sembler troublante. Les faits sont minutieusement consignés, pas un mot de trop pour nous raconter la lente descente aux enfers d'un couple mal assorti dans ce roman de la dévastation.



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Le Baiser au lépreux

J'ai hésité à faire ce billet pensant ne pas être la personne la plus objective pour entreprendre une critique d'un livre de François Mauriac, surtout quand celui-ci m'entraîne en terre Bazadaise pour me perdre dans la lande sous les grands pins qui saignent une résine entêtante.

Je retrouve mes racines qui troublent ma raison m'empêchant de faire, comme il se devrait, une critique sereine.

N'empêche, on ne peut qu'être admiratif devant la construction de ce roman qui aspire le lecteur avec un incipit tentateur.

Nulle phrase inutile, tout est à sa place comme chaque pièce d'un puzzle que l'auteur imbrique une à une avec patience nous conduisant inexorablement vers la vacuité de la condition humaine.

D'aucuns trouveront parfois le style daté (1922), que ce roman ressemble davantage à une longue nouvelle, seule réserve empêchant d'attribuer cinq étoiles à ce livre qui révélait enfin un auteur accompli alors qu'il n'était qu'à l'aube de son triomphe.
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Le Sagouin

Que peut-il y avoir de pire que de ne pas être aimé par sa mère ? Un livre dur et magnifique. J'ai beaucoup apprécié la plume de François Mauriac. J'ai suivi cette famille dans laquelle les rejetés s'unissent mais hélas pour se diriger vers le malheur. La toute fin du roman m'a fait penser que l'auteur voulait une revanche sur le destin cruel en indiquant le devenir de ceux qui n'avaient pas aimé, pas vu, pas voulu voir, pas entendu, pas compris.

« Ah ! S'écria Cyrus Smith, te voilà donc redevenu homme, puisque tu pleures ! »
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