Frédérique Volot, « La Vierge-Folle » - Faits divers & Polars N°3
——« Et moi, tu crois que je n'en ai pas marre?
L’Autrichien, le Rital, le Macaroni, le Spaghetti et compagnie....
J’ai pas demandé à devenir italien en1916.
Heureusement que personne ne connaît mes origines, ça serait le bouquet!
En vérité , où est ta place, notre place aujourd’hui , hein?
Nulle part !
Et moi , en plus, je ne sais même pas qui est mon père ..
——Mais toi, tu as Lucie.
——-Oui, j’ai Lucie. Et mes deux filles .
——-Ça change tout .
——-C’est vrai, ça change tout ! »
Achille avait quitté sans regret la rue Saint-André-des-Arts pour s'installer dans un immense appartement à l'angle du boulevard des Capucines et de la rue de la Paix. Il y bénéficiait d'une vue imprenable sur la future place de l'Opéra dont les travaux de terrassement avaient commencé, sur la frénésie parisienne, les affaires qui s'y négociaient, les passions qui y naissaient, les drames qui s'y tramaient, l'ennui qui s'y traînait.
Les yeux mis-clos, il écoutait le tumulte de la rue : hennissements des chevaux, jappement des chiens, pas de femmes, d'hommes qui arpentaient les trottoirs, se croisaient, s'ignoraient souvent, se frôlaient, se souriaient peu, échangeaient un regard, caressaient parfois un espoir.
"L'adultère, qui dans le code civil est un fait immense, n'est dans le fait qu'une galanterie, une affaire de bal masqué."
apprends !On n'en sait jamais assez ! seule la connaissance acquise patiemment permet de comprendre. Et quand on comprend, on peut tout protéger.
_La connaissance, mon père...c'est elle qui donne l'intelligence du coeur ! Vous me l'avez tant de fois répété !
Les anges aussi peuvent avoir du chagrin, balbutia-t-elle entre deux sanglots. Ils peuvent éprouver des sentiments. Sinon, comment soutiendraient-ils ceux qui sont dans la peine ?
Splendide! s'exclama-t-il en refermant la fenêtre. L'hôtel sera prêt pour la prochaine Exposition universelle. Je suis épaté d'assister à toutes ces transformations. Paris sera d'ici peu la plus belle ville du monde ! [...] La spéculation allait bon train. Certains propriétaires profitaient de la moindre occasion pour augmenter les loyers de façon vertigineuse. Même si les deux tiers de la population étaient représentés par des petites gens et petits-bourgeois, il n'en restait pas moins vrai qu'une partie, chassée de chez elle, se retrouvait à la rue, démunie, obligée d'aller trouver refuge dans les carrières de Montmartre ou de l'autre côté des fortifications. (p. 35)
- Venez vous asseoir ici, mon père, sous ce beau chêne. Vous y serez à votre aise. Pierre, donne ton coussin à l'abbé Voirnot.
Certains regrettaient la destruction d'une suite d'hôtels construits par Ledoux, Cherpitel ou Brongniart. Que de souvenirs disparaissaient avec eux ! Qui se souviendrait que dans cette même rue le baron von Grimm avait recueilli chez lui le jeune Mozart, après la mort de sa mère, en 1778 ? (p.130)
"rien ne ressemble à une âme comme une abeille, elle va de fleur en fleur comme une âme d'étoile en étoile, et elle rapporte le miel comme l'âme rapporte la lumière."
Victor Hugo, Quatrevingt-treize
Achille écarquilla les yeux. Au fur et à mesure que ses pas le guidaient dans le quartier Maubert, il réalisait que jamais il n'y avait mis les pieds. Jamais ! Ni dans son enfance protégée, ni dans sa jeunesse dorée, ni du temps de la création de son agence de détectives avec Félix. Lui trouvait les affaires, recevait les clients, son ami faisait le reste, se salissait les mains, plongeait dans la boue putride. (p.164/165)