Gabrielle a pour habitude de prendre le train matinal de 5h50 pour Paris. Elle aime le cocon endormi de la voiture 13 où elle a ses habitudes. Un matin, en face du siège 41 qui a sa préférence, un homme. Elle le connaît de vue. Il est un de ces voyageurs habituels qu’elle croise régulièrement. Agacée, elle se met à l’observer avant d’être troublée bientôt par le charme de l’inconnu. Elle ignore encore que c’est le début d’un jeu sensuel entre eux, fait de regards et de gestes voluptueux.
Qui n’a jamais fantasmé sur le(a) bel(le) inconnu(e) croisé(e) au cœur d’un train ou d’un métro emprunté à heures régulières ? Gabrielle Ciam nous offre en mots ce que certains ont pu imaginer dans leurs rêves secrets.
Soit une femme et un homme qui, chaque matin ou presque, empruntent le même train. Alors que les autres passagers somnolent, ils se livrent à des échanges de regard, à des frôlements sensuels qui, dans l’alcôve de leur wagon, vont glisser doucement vers un érotisme subtil où la parole est exclue. Cela débute avec l’observation discrète de son voisin, la simple sensation que l’autre ne dort pas, des effleurements de jambes qui éveillent le désir, un regard échangé enfin qui scelle une complicité silencieuse et sensuelle. Les semaines passent, le rendez-vous entre les deux inconnus est tacite. Aucune parole ne trouble leurs rencontres. Les mains, les pieds se font plus entreprenants et attisent l’attente de leurs retrouvailles.
C’est avec beaucoup de naturel que l’auteur nous fait pénétrer dans l’intimité de ce wagon où se déroule un habile jeu de séduction. Elle décrit avec beaucoup d’intelligence la montée du désir entre deux inconnus qui, libérés de toute contingence sociale peuvent laisser libre cours à leur désir. La narratrice est une femme moderne, libérée qui assume ses désirs mais cache en fait une grande solitude. Son homologue masculin est, de son côté, un homme épanoui dans son mariage d’une vingtaine d’années. Chacun ignore ce qu’est l’autre. Seul compte ce moment d’intense communion où seul l’attirance des corps comptent.
L’auteur réussit avec beaucoup d’habileté à mettre en scène ses personnages dans une joute érotique toute en suggestion. La langue est simple mais fait passer beaucoup d’émotions à travers les non-dits qui ponctue le texte et érotise le récit. Si les gestes érotiques peuvent être francs, aucune trace de crudité dans ce roman qui préfère s’épanouir dans une sensualité suave qui émoustille les sens. La narration alternée entre les deux inconnus permet de se fondre tour à tour dans chacun des personnages et de percevoir le trouble qu’entraîne ces rencontres au goût d’interdit. L’atmosphère se fait à la fois douce, mystérieuse, trouble, impatiente ou langoureuse. On vibre à l’unisson des personnages et on se plaît à se laisser emporter par cette parenthèse osée.
Roman à la fois pudique et extrêmement sensuel, Le train de 5h50 réussit en peu de pages à instaurer un climat où érotisme et désir ont une place d’exception. Gabrielle Ciam livre une rencontre intense qui, par bien des manières, dépasse les récits ouvertement pornographiques en privilégiant une sensualité audacieuse et suggestive qui, comme chacun le sait, éveille plus ouvertement les sens qu’un réalisme plus crû.
Vous ne pourrez pas y résister !
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