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Critiques de Georges Bernanos (309)
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Sous le soleil de Satan



Editions : Le Livre de Poche - 1er Janvier 1957 - N° 227



ISBN : 978-2253003458



Eh ! bien, je vais vous dire : malgré ses allures parfois un peu brouillonnes (à mon sens personnel mais que l'on doit probablement au fait qu'il s'agit, il me semble, du premier roman de l'auteur), un livre comme ça, on n'est plus capable d'en faire aujourd'hui, alors que, justement, il faudrait en faire. Non pour attirer vers la religion catholique, que Bernanos défend pourtant avec fougue mais pour persuader les gens, peu importe leur religion pourvu qu'ils aient l'esprit ouvert, que le Mal est comme une maladie nosocomiale et qu'il n'est jamais aussi à l'aise que lorsqu'on se croit à l'abri, abusé par l'hôpital aseptisé où nous passons, par l'impalpabilité du phénomène, par cet air simple et humble surtout que sait se donner le Mal (vous rappelez-vous la simplicité merveilleuse du Diable incarné en Garrigou dans "Les Trois Messes Basses" d' Alphonse Daudet qui, justement par sa simplicité, conduit droit le malheureux Dom Balaguère et ses fidèles à leur perte ? Avec un péché capital, peut-être, mais très simple : celui de la gourmandise ... ) et, dans notre Histoire, la simplicité tranquille d'un Hitler ou d'un Staline. "Le Mal est simple," nous met en garde Bernanos. "Notre plus grand tort, à nous, humains, c'est de l'imaginer dressant d'invraisemblables plans de campagne pour s'insinuer dans notre âme et guider notre comportement : une stratégie simple et nette, Satan ne souhaite pas autre chose même s'il est parfois contraint à la complexité."



Ce que Bernanos ne dit pas comme je l'écris ici - bien qu'il souligne que Satan est le Maître de la Matière et donc, de ce monde - c'est qu'il a introduit ce virus en nous, virus qui ne manque jamais de s'éveiller un jour, un peu, beaucoup et, pour certains malheureux, avec une passion dévorante qu'ils ne pourront plus étouffer. Oui, il est prêt à s'éveiller en chacun de nous et peu importe, répétons-le, notre couleur de peau et notre religion, voire notre athéisme ou la franc-maçonnerie bête et méchante (pardon, Cavanna ! ) de certains. Le Mal nous aveugle comme nul autre et Dieu, Lui, qui n'est pas le Seigneur de la Matière, ne peut que regarder et nous prêter la main, parfois et même souvent en trichant un peu mais qu'importe ? C'est pour la bonne cause.



"Sous le Soleil de Satan" se divise à peu près en trois partie : l'Histoire de Mouchette (le personnage de Germaine Malhorty n'ayant rien à voir avec la tendre et fragile Mouchette de "La Nouvelle Histoire de Mouchette", publiée plus tard), l'Entrée en Scène de l'Abbé Donissan, personnage d'une puissance extraordinaire et enfin, le Décès de l'abbé Donissan, surnommé "le saint de Lumbres" bien que, selon le Vatican, un seul miracle puisse lui être imputé en toute justice. Il y a des hauts et des bas dans tout ça, on pourrait reprocher à l'auteur un manque de fluidité mais il ne faut pas oublier que Bernanos se situe, en tant qu'auteur, au carrefour de plusieurs courants littéraires, entre le Naturalisme finissant et le Symbolisme d'une part, et la légèreté libertine de la Belle Epoque ainsi que le désir de casser les moules et d'en créer d'autres du Modernisme qui s'avance d'autre part. De là vient sans doute l'étrangeté d'un style qui oscille entre naturel et excès, qui ose non seulement des scènes (comme la rencontre, digne d'une image d'Epinal, de Satan en maquignon normand et de Donissan, en pleine nuit) que, justement, un autre n'aurait pu ni su oser, mais aussi la mise noir sur blanc d'une théorie spirituelle que l'auteur, malgré tout son talent, ne réussit pas à fixer comme il le devrait. Peut-être par peur de tomber dans le ridicule ? Peut-être parce que le tourbillon de ses idées lui fait peur ? Pour une tout autre raison ? Je ne saurais trancher et ce n'est pas mon rôle.



Lectrice, je lis. Et "Sous le Soleil de Satan", je l'ai lu, à haute voix, partagée entre la surprise, la déception, l'enthousiasme, l'incompréhension, le doute et, bien sûr, comme une fille d'après Vatican II - ce qui signifie que le Dieu dont parle Bernanos et auquel croit Donissan est plus proche de la Bible que le mien. Maintenant, est-ce un grand livre ? Oui. Mal fait peut-être mais oui, c'est un grand livre. Ça semble aller à due et à dia - le Diable, sans doute, qui espère bien nous voir abandonner avant la fin ce qu'il aimerait nous voir considérer comme un fatras sans conséquence - mais une fois à la fin de l'ouvrage, même si l'impression brouillonne demeure, on sait qu'on a eu le privilège de lire l'un de ces "grands" livres qui intriguent, sèment parfois le doute mais pour mieux nous forcer à réfléchir par nous-même.



Le relirai-je ? Peut-être. Je vais d'abord goûter au "Journal d'un Curé de Campagne", nous verrons ensuite. Il y a aussi "Les Grands Cimetières Sous la Lune", qu'il ne faut pas oublier. Bref, nous avons du pain sur la planche ! ...



Mais revenons à ce Soleil de Ténèbres où nous voyons tout d'abord la jeune Germaine - dite Mouchette - Malhorty se déclarer enceinte des œuvres du châtelain du coin, puis se rendre nuitamment chez ce dernier après que la chose ait été découverte par le père Malhorty, ... et assassiner le père de son enfant. Non pas froidement ou même parce qu'elle craindrait une brutalité de sa part mais avec une haine que ni l'attitude du hobereau, ni l'intelligence de Mouchette ne sauraient expliquer. Oh ! Nous ne sommes pas dans un film d'épouvante d'aujourd'hui mais, pour un peu, les phrases cependant normales de Bernarnos, où la sobriété discrète alterne avec une forme de grandiose, nous convaincraient de la possession de Mouchette en cet instant. Elle tue pour tuer plus que par vengeance, pour le plaisir de tuer et peut-être aussi par orgueil, pour être la plus forte, la dominante ...



Avec la seconde partie, nous entrons dans le monde du doyen de Campagne - tel est le nom du village où se situe l'essentiel de l'action - l'abbé Menoux-Segrais, qui s'interroge énormément sur un jeune prêtre qu'on lui a confié : l'abbé Donissan. Comme il l'avoue à un visiteur, prêtre d'un certain âge comme lui et responsable d'une paroisse voisine, Donissan, grand, carré, avec ses grands pieds patatuds, sa soutane toujours plus élimée, son humilité qui confine à la mortification volontaire (de fait, Donissan s'applique bien cilice et fouet pour dompter sa chair robuste) a "quelque chose." Quelque chose qui pourrait faire de lui un saint bien que, Menoux-Segrais l'affirme et le sait, ce ne soit pas là le but conscient qu'il recherche dans sa vie terrestre. L'ambition, Donissan ne sait pas même ce que c'est. Mais attention ! Ce genre de personnes, Satan éprouve un grand plaisir à les torturer et à les mener dans l'impasse. Quelle voie choisira Donissan ? Se laissera-t-il pousser sur la mauvaise par un Lucifer qui veut son âme ou se contentera-t-il, en souffrant mille morts, de continuer sur l'autre chemin, vers le Bien ?



Se placent dans cette partie trois scènes - dont l'une est très longue - qu'il faut un réel génie d'écrivain et une foi tout aussi réelle pour réussir à la fois sans sombrer dans le ridicule et, en même temps, éveiller une inquiétude plus ou moins vague chez celui qui lit. Tout d'abord, la rencontre, sur une route déserte et nocturne, de Donissan avec Satan-Lucifer-Le Mal, appelez-le comme ça vous chante, qui a pris tout d'abord la forme d'un maquignon mais qui, Donissan s'en rendra compte, peut aussi bien prendre la sienne propre. Les cornes, les sabots et la queue piquante, c'est bien joli, tout ça mais un peu encombrant . Dans un sabbat, passe encore mais pas face à un abbé Donissan.



A ce long et très symbolique passage, succède une rencontre avec Mouchette, qui cherche à tenter charnellement Donissan et puis qui, rentrée chez elle, se suicide. Appelant le prêtre à son chevet, elle demande à celui-ci de la déposer devant l'église du village pour qu'elle y expire. Et Donissan accomplit son voeu, provoquant le scandale que l'on devine.



Et puis, bien sûr, il y a l'enfant mort qu'un instant, un instant seulement, Donissan croit avoir ressuscité par la volonté de Dieu alors que ce ne fut qu'une illusion maligne.



Il faut être sacrément fort pour traiter ce genre de choses sans faire rire le lecteur, surtout de nos jours. Vous me direz que l'époque n'était pas la même mais si, aujourd'hui, on peut avoir envie de rire, n'est-ce pas, dans le fond, parce qu'on préfère ne pas réfléchir et pour éloigner la peur qui s'installe dans nos coeurs ?



Sur la troisième partie, je ne m'étendrai guère, n'ayant pas saisi le pourquoi de l'apparition (hum, toute terrestre, en voiture, je vous rassure ) de Saint Morin, un écrivain parisien qui pourrait (?) faire penser à Anatole France, venu, par curiosité, visiter "le saint de Lumbres." Un saint que, tout le monde a beau chercher, on ne trouve nulle part. Finalement, on ouvre la porte du confessionnal : son cadavre s'y trouve, frappé probablement par un AVC ou quelque chose du même type.



Gagnée à Dieu ou au Diable, cette âme à qui ne manquèrent pas les tourments et qui vient de s'évader de sa prison terrestre ? Bernanos nous laisse juge. Personnellement, je penche pour la première solution. Le malheureux Donissan a bien gagné l'indulgence divine.



Maintenant, pourquoi lire ce genre de livres ? Je ne sais pas . Par curiosité, pour comprendre le respect inspiré encore par le nom de Bernanos (enfin, essayer en tous cas), pour attendre peut-être que la Vérité qu'il renferme nous apparaisse pleinement.



Et puis, parce qu'il fallait oser et que Bernanos l'a fait - et très bien fait. Et que l'audace, c'est le grand saut dans le Vide et c'est aussi une manifestation de la Quête qui est la nôtre à toutes et à tous. Peut-être aussi parce que l'époque se prête à ce genre de lectures qui n'est pas, je le souligne, du prêchi-prêcha et met fortement l'accent sur le Doute comme composante de la Foi.



A lire, certes. Mais à lire à son heure. La vôtre n'est peut-être pas encore venue mais ne vous découragez pas : la mienne a tardé cinquante-six ans. ;o)
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Les grands cimetières sous la lune

A lire d'une traite , c'est, un peu (un peu plus même ! ) Indigeste. Mais petit à petit, en faisant des pauses qui permettent de respirer, de s'aérer avec d'autres lectures, c'est faisable ... et je me suis surprise à prendre de plus en plus d' intérêt dans cette lecture que j'avais envisagé, un moment, d'abandonner.



Ce livre publié en 1938, avant que la guerre d'Espagne ne prenne fin est d'abord un violent pamphlet contre le franquisme qui est en passe de vaincre avec la complicité, je dirai même la duplicité, du clergé espagnol et du Vatican. Mais Bernanos a compris que cette guerre civile n'était qu'un prologue à “la tragédie universelle à venir”, celle de la seconde guerre mondiale et les exemples qu'il rapporte sont autant d'arguments qui confortent ses prédictions.

Bien sûr Bernanos n'est pas tout blanc et au fil des pages bien des propos peuvent égratigner, choquer.

Alors je préfère me référer au texte écrit par Albert Camus dans Alger Républicain, le 4 juillet 1939, lui , avec son intelligence , son coeur, son humanisme, avait, une fois de plus tout compris :

« Georges Bernanos est un écrivain deux fois trahi. Si les hommes de droite le répudient pour avoir écrit que les assassinats de Franco lui soulevaient le coeur, les partis de gauche l'acclament quand il ne veut point l'être par eux. Car Bernanos est monarchiste. Il l'est comme Péguy le fut et comme peu d'hommes savent l'être. Il garde à la fois l'amour vrai du peuple et le dégoût des formes démocratiques. Il faut croire que cela peut se concilier. Et dans tous les cas, cet écrivain de race mérite le respect et la gratitude de tous les hommes libres. Respecter un homme, c'est le respecter tout entier. Et la première marque de révérence qu'on puisse montrer à Bernanos consiste à ne point l'annexer et à savoir reconnaître son droit à être monarchiste. Je pense qu'il était nécessaire d'écrire cela dans un journal de gauche ».

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Journal d'un curé de campagne

Roman paru en 1936.



Au travers du sacerdoce d’un jeune prêtre, l’auteur aborde des thèmes capitaux tels que la spiritualité, le rôle de l’église, la mort, le mal et la corruption de l’être, la vérité, le destin… mais aussi le don de soi, l’espoir, le salut et la grâce.



Ce jeune prêtre catholique qui officie dans la paroisse d’Ambricourt dans le nord de la France, connaît des soucis d’argent et d’autorité, commet des maladresses, se fait duper mais n’en reste pas moins dévoué à sa mission, sauver des âmes.



Parfois naïf, parfois lucide, il met un zèle extrême à vouloir faire don de sa personne et de sa santé pour combattre le mal qui est partout : chez les paysans que la pauvreté rend mauvais, chez la petite aristocratie locale arrogante, … combat perdu d’avance mais combat qui le rapproche de Dieu.

Dans un monde qui apparaît très brutal, le seul moment de plaisir et d’amitié que connaîtra notre prêtre sera une balade en moto avec M. Olivier, neveu de Mme la comtesse, considéré comme difficile lorsqu'il était plus jeune et engagé par sa famille dans la Légion dès ses dix-huit ans, prêt à y laisser sa peau comme il dit, une autre forme du don de soi.



Un livre sincère, bouleversant, qu’il faut replacer dans son contexte religieux et historique pour l’apprécier pleinement.
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Sous le soleil de Satan

« Dieu n’est pas là, Sabiroux ! »



Nietzsche nous annonçait la mort de Dieu. Bernanos nous apprend qu’il s’est effacé au profit du Diable.



« - Prince du monde ; voilà le mot décisif. Il est prince de ce monde, il l’a dans ses mains, il en est roi.

… Nous sommes sous les pieds de Satan, reprend-il après un silence. Vous, moi plus que vous, avec une certitude désespérée. Nous sommes débordés, noyés, recouverts. Il ne prend même pas la peine de nous écarter, chétifs, il fait de nous ses instruments ; il se sert de nous, Sabiroux. »



Alors que rien ne laissait augurer de ses capacités à endosser efficacement la charge de prêtre, l’abbé Donissan semble soudainement touché par la grâce divine et se construit peu à peu une réputation de Saint.



Pourtant, Sous le soleil de Satan est loin d’être le récit d’une ascension mais bien plutôt celui d’une chute, celle de l’abbé Donissan qui, après avoir cru en Dieu, se laissera envahir par le désespoir lié à son impuissance dans la lutte contre le péché, contre Satan.



Le roman se découpe en 3 parties.

La première est consacrée à Mouchette, une jeune fille de 16 ans, très jolie. Mouchette plaît beaucoup aux hommes mais comme de nombreuses femmes, elle cherche surtout un homme capable de l’aimer sincèrement et qui ne verra pas en elle qu’une occasion de se donner du plaisir. Malheureusement, elle ne rencontre que des amants peu sérieux. Sa haine et sa rage vont croissants et la poussent à commettre l’irréparable.

Dans la deuxième partie, nous faisons la connaissance de l’abbé Donissan et du prêtre chargé de son instruction. D’abord peu convaincu par les aptitudes de son protégé, il cherchera par la suite à le mettre en garde et le conseiller afin de faire face à sa nouvelle et sainte destinée. En effet, l’abbé Donissan se révèle être touché par la grâce divine. Emporté par de grands élans mystiques, l’abbé pousse sa ferveur à l’extrême jusqu’à mettre sa santé en péril : jeûnes prolongés et répétés, auto-flagellations, port du cilice et autres mortifications destinées à l’expiation de ses fautes. La rencontre entre l’abbé Donissan et l’Ange Déchu en personne convainc le jeune prêtre dans sa détermination à lutter pour le salut des âmes que Dieu lui a confiées.

Dans la troisième partie, il se rend compte de la supériorité écrasante de son adversaire. Il ne va pas jusqu’à renier Dieu mais comme le fera remarquer un de ses visiteurs :

« Quel dommage […] qu’un tel homme puisse croire au Diable ! »



La sainteté de l’abbé Donissan ne repose finalement sur pas grand-chose. De lui semble irradier une sorte d’aura, il a vu le Diable, il a eu quelques visions mais tous ses efforts pour faire le Bien semblent vains. Il s’épuise même à la tâche.



« Son extérieur est d’un saint, et quelque chose en lui, pourtant, repousse, met sur la défensive… Il lui manque la joie… »



L’abbé Donissan m’a fait l’effet d’un prophète en négatif plutôt que celui d’un saint. Sa rencontre nocturne avec Satan alors qu’il est perdu dans la campagne déserte m’a rappelé Moïse et le Buisson Ardent. La façon dont Bernanos évoque ses mortifications invite au parallèle avec Jésus, à de nombreuses reprises d’ailleurs, il mentionne la croix portée par l’abbé. La tentative de résurrection du jeune garçon s’y rattache également. A la différence que chez l’abbé Donissan, tout bascule du mauvais côté.

Son mysticisme, qui est censé le transcender et lui procurer la force et la joie, ne s’accompagne que de désespoir et d’épuisement.



Bergson, dans son ouvrage Les deux sources de la morale et de la religion, définit ainsi le mysticisme :



« C'est, désormais, pour l'âme, une surabondance de vie. C'est un immense élan. C'est une poussée irrésistible qui la jette dans les plus vastes entreprises. Une exaltation calme de toutes ses facultés fait qu'elle voit grand et, si faible soit-elle, réalise puissamment. Surtout elle voit simple, et cette simplicité, qui frappe aussi bien dans ses paroles et dans sa conduite, la guide à travers des complications qu'elle semble ne pas même apercevoir. Une science innée, ou plutôt une innocence acquise, lui suggère ainsi du premier coup la démarche utile, l'acte décisif, le mot sans réplique . L'effort reste pourtant indispensable, et aussi l'endurance et la persévérance. Mais ils viennent tout seuls, ils se déploient d'eux-mêmes dans une âme à la fois agissante et agie , dont la liberté coïncide avec l'activité divine. Ils représentent une énorme dépense d'énergie, mais cette énergie est fournie en même temps que requise, car la surabondance de vitalité qu'elle réclame coule d'une source qui est celle même de la vie. »



Chez Donissan, c’est l’effet complètement inverse. Non pas une surabondance de vie ni un immense élan mais plutôt un lourd fardeau, une croix démesurée à porter. L’exaltation n’est pas calme, elle est furieuse et paniquée. Il aperçoit clairement les complications et plie sous leur poids. Même s’il trouve souvent les mots justes, l’énergie que cet exercice exige de lui le fatigue au point que ses paroles finissent par ne plus atteindre leur but. Ainsi, il ne parvient pas même à sauver l’âme de Mouchette.

C’est un abbé écrasé par la puissance non pas divine mais satanique. Lutter contre Satan est impossible. Pour cela, il faudrait faire preuve de ruse et la ruse n’est-elle pas un des attributs du Diable ? Lutter contre lui, c’est déjà lui faire allégeance. Le défier, comme l’a fait l’abbé, un sursaut d’orgueil et donc aussi un péché. Il semble même être venu à penser que Dieu lui-même est désarmé face à celui qui lui a désobéi. Dieu se serait alors retranché dans une forteresse dont il a fait des hommes les remparts. Ils absorbent tout le Mal dispensé par le Diable en commettant péchés sur péchés pour ensuite les déverser et s’en décharger au confessionnal. Face à ces déferlantes ininterrompues, l’abbé tombe dans un profond désespoir. La lutte est inégale et Satan n’a que faire de troubler le commun des mortels, il s’attaque aux meilleurs d’entre eux :



« Pourquoi disputerait-il tant d’hommes à la terre sur laquelle ils rampent comme des bêtes, en attendant qu’elle les recouvre demain ? Ce troupeau obscur va tout seul à sa destinée … Sa haine s’est réservé les saints. »



« Où l’enfer trouve sa meilleure aubaine, ce n’est pas dans le troupeau des agités qui étonnent le monde de forfaits retentissants. Les plus grands saints ne sont pas toujours les saints à miracles, car le contemplatif vit et meurt le plus souvent ignoré. Or l’enfer aussi a ses cloîtres. »



Voilà ce que j’ai compris de ce roman. Je suis peut-être totalement à côté de la plaque. Je ne vous cache pas que ma lecture a été laborieuse et que moi aussi j’ai du lutter pour en venir à bout. Ce texte de Bernanos a la réputation d’être assez difficile et je comprends maintenant pourquoi. Bernanos parsème son récit de longs passages qui me sont restés complètement abstrus. J’ai eu l’impression qu’il exprimait quelque chose de très intime, peut-être vécu mais en tout cas très personnel et donc impossible à comprendre sans être dans sa tête. En tant que lecteur, on reste totalement à l’écart, en spectateur perplexe. Le style m’a parfois aussi posé problème. Non pas que ce soit mal écrit, il y a des lignes magnifiques, mais j’ai du m’y reprendre à plusieurs fois sur certaines phrases, la construction syntaxique m’échappant totalement.

Pourtant ce roman est magistral par sa thématique et l’intrigue mais j’ai trouvé le traitement terne. On ne ressent absolument pas la tension dramatique à laquelle pourtant le sujet se prête bien volontiers. Ça manque de puissance d’évocation, de force.



Sous le soleil de Satan est un roman très complexe et difficile d’accès selon moi ( je ne suis peut-être pas assez armée pour l’aborder ). J’ai le sentiment qu’il dit beaucoup de choses mais qu’elles m’échappent. Par exemple, il me semble que Bernanos a voulu dire quelque chose au sujet de la vieillesse, il insiste beaucoup là-dessus mais je n’ai pas compris où il voulait en venir.



Cependant je ne suis pas complètement fâchée avec Bernanos bien qu’il n’ait pas su me séduire cette fois-ci. J’ai cru comprendre que Le journal d’un curé de campagne était plus accessible et transcendant. Je lui redonnerai donc sa chance.



Si vous avez lu Sous le soleil de Satan et que vous avez des éclaircissements à m’apporter, n’hésitez surtout pas à m’en faire part.





« - Un Saint ! Vous avez tous ce mot dans la bouche. Des saints ! Savez-vous ce que c’est ? Et vous-même, Sabiroux, retenez ceci ! Le péché entre en nous rarement par force mais par ruse. Il s’insinue comme l’air. Il n’a ni forme, ni couleur, ni saveur qui lui soit propre, mais il les prend toutes. Il nous use par-dedans. Pour quelques misérables qu’il dévore vifs et dont les cris nous épouvantent, que d’autres sont déjà froids, et qui ne sont même plus des morts, mais des sépulcres vides. Notre-Seigneur l’a dit : quelle parole, Sabiroux ! L’Ennemi des hommes vole tout, même la mort, et puis il s’envole en riant. »




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Journal d'un curé de campagne

Bernanos n'était pas homme de compromis. Toute sa vie, il a clamé son mépris de la médiocrité, de la bêtise, de la "colère des imbéciles qui remplit le monde". Il a rompu avec ses amis quand il les a vu soutenir l'indéfendable ; il a violemment attaqué l'Eglise quand il l'a vu faire de même - car il estimait que c'était ce que lui commandait sa foi de chrétien.



Ses personnages sont comme lui. Sans concession. Les doutes, les crises de foi, les souffrances d'un petit prêtre agonisant d'un cancer de l'estomac, quelque part au fin fond d'une campagne misérable... Voila de quoi parle ce livre. Cette misère, ce dépouillement que l'auteur recherchait pour lui même, il les mets ici en scène. Dans un monde englué dans le péché comme dans la boue, transcendé par sa misère et ses souffrances, ce petit prêtre anonyme devient à son tour une figure christique.

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Sous le soleil de Satan

Sous le soleil de Satan et le Journal d’un curé de campagne se confondent sous l’insigne d’un même élan catholique qui anime Georges Bernanos dans les tréfonds de ses propres emportements spirituels. Les deux histoires se confondent en se construisant autour des interrogations spirituelles de personnages. Leurs controverses intérieures nous font comprendre que Bernanos se projette en envisageant des modes d’existence éloignés des conceptions traditionnelles. Le roman devient alors un lieu d’expérimentation et de conversation personnelle. Tant mieux si le dialogue de Georges Bernanos parvient ensuite à rejoindre celui que le lecteur tient avec ses propres contradictions. Les risques que cette connivence ne se produise pas sont faibles car le Soleil de Satan propage des controverses intérieures qui ne sont pas si hermétiques qu’elles ne le semblent de prime abord, une fois que l’on aura ôté aux occultismes de Georges Bernanos tous les mystères essentiellement littéraires qui se chargent d’éloigner le lecteur du sens premier du texte.





Comme dans le Journal d’un curé de campagne, il faudra s’accommoder des fantaisies narratives qui semblent relever davantage du plaisir investi par Georges Bernanos au moment de l’écriture que de la véritable nécessité intellectuelle. On retrouve souvent un manichéisme caricatural entre les personnages ecclésiastiques et les autres, qui ne nous fait aimer ni les premiers, ni les seconds, et l’ensemble des faits est rapporté avec une complaisance dans les images stéréotypées qui contredit l’aspiration sur-morale de Georges Bernanos.





« Certes, il a contemplé la mort aussi souvent que le plus vieux soldat ; un tel spectacle est familier. Faire un pas, étendre la main, clore des doigts la paupière, recouvrir la prunelle qui le guette, que rien ne défend plus, quoi de plus simple ? »





Et Georges Bernanos brandit fièrement, à plusieurs reprises, un personnage qu’il imagine exceptionnel parce qu’identique à lui dans ses quêtes spirituelles, semblant perdre ainsi de vue l’objectif initial de sa démarche. Satan ne cesse jamais d’agir. Chez Georges Bernanos, il prend la forme de la tentation esthétique et se perd dans une déferlante de stéréotypes qui voilent malheureusement quelques-unes de ses puissantes intuitions.


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Les grands cimetières sous la lune

Objectivement, le XXème siècle débute en 1914, de même la seconde guerre mondiale n'a pas commencé à Dantzig en 1939 mais en Espagne au cours de l'été 1936.

Cette oeuvre est par conséquent bien plus qu'un simple livre fut-il écrit par une grande plume. Il s'agit d'un témoignage direct sur cette épouvantable tragédie. Il ne s'agit pas d'une retranscription des événements politiques et militaires ou d'un récit de combattant mais de réflexions appelées par le vécu des événements.

Par un concours de circonstances Georges Bernanos se trouvait en résidence en Espagne au moment des évènements. L'auteur était un homme de droite, proche même de l'ultra droite particulièrement active et violente en ces années là en France. Dans ce livre, Bernanos se livre à une sorte d'examen de conscience et s'adresse à sa famille politique pour lui dire qu'elle fait fausse route. Les croisés présumés défendre la civilsation contre les hordes communistes commettent aussi d'abominables forfaits et ne sauraient servir de modèles à importer en France. Il ne voit aucune supériorité spirituelle dans ces massacres.

Le moins que l'on puisse dire est qu'il ne fut pas entendu en France.

Une oeuvre courageuse et poignante qui prend toute sa place aux côtés des récits de Malraux (L'espoir) et d'Hemingway (Pour qui sonne le glas)
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Un crime

D'un curé torturé à l'autre...

Ne connaissant Bernanos que par Sous le soleil de Satan, je me suis sentie d'emblée dans un univers connu en entrant dans ce roman policier, un registre dans lequel on s'attend pas à trouver cet auteur.

Et pour cause, c'en est un sans en être : l'intrigue, tortueuse; le mobile, complexe; l'enquêteur, perdu; le mort, et même deux; le meurtrier, insaisissable. Tous les ingrédients sont là.

Mais surtout la nuit, la montagne rustre et froide, le silence, le froid, l'oeil halluciné, la voix basse, les non-dits, les mystères de l'âme éparpillés sur les chemins, les coeurs qui saignent. C'est dans ces éléments, dans ces mots murmurés, dans cette langue sophistiquée et coupante, dans ce personnage central dérangeant que j'ai retrouvé Bernanos, plus que dans une intrigue qui dépasse l'entendement, et vous emmène au bord du malaise.
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L'Imposture

Je viens d'arrêter ma lecture à la deuxième partie. Je n'ai pas adhéré à l'intrigue, ou plutôt à la crise existentielle de ce prêtre, qui m'agace un peu. Ce chanoine intellectuellement très brillant, écrivain, reconnu par ses pairs est dans le doute, l'acédie. Il a perdu la foi et le suicide semble la seule alternative. C'est magnifiquement écrit, avec un vocabulaire minutieusement recherché pour rendre compte des affres de la douleur intérieure dans lesquelles est plongé l'Abbé Cénabre. Ce roman, écrit dans les années 20 me semble inscrit dans le contexte de l'époque. Le doute existentiel des prêtres pouvait encore justifier un roman. De nos jours, je n'en suis pas si sûr. En tous cas, pas de cette façon. Depuis avoir vu le film de Pialat « Sous le soleil de Satan » avec Depardieu et Sandrine Bonnaire, j'ai toujours voulu lire Bernanos. Voilà qui est fait. J'aurai essayé.
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La joie

J'aime bien la vieille littérature, celle du XIXe et XXe siècle, j'adore! Mais avec la joie de Bernanos, j'en sors avec un avis très mitigé, les personnages m'ont déroutés un peu, ils étaient presque tous des Georges Bernanos, c'est l'auteur qui s'est plus révélé on dirait dans sa relation avec Dieu, le livre s'apparente plus à un essai plutôt qu'à un roman malgré des longs dialogues...
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La France contre les robots

Ecrire sur ce texte est un vrai défi. On pourrait empiler les adjectifs : pamphlétaire, cogneur, affligé, révolté, ceci pour la forme ; humaniste, écologiste, incroyablement prophétique pour le fond. Bernanos s'érige en critique de la technique comme d'autres avant lui, tout en poussant le bouchon de manière originale et intuitive, à un point véritablement sidérant : la course aux bien matériels, l'abandon de tout esprit critique, l'abandon de la liberté vraie, c'est-à-dire l'asservissement de l'homme aux machines et aux gadgets, la mondialisation de l'économie, l'illusion de la vitesse, la maladie de la gestion, l'abandon des valeurs morales, la déresponsabilisation des individus (désormais éloignés des conséquences de leurs actes, qu'ils ne veulent plus voir de toute façon), et "cette forme abjecte de la Propagande qui s'appelle la Publicité"... Bernanos désigne dès 1945 les maux qui accablent la société occidentale de 2015, celle-là même qui sert à présent de modèle (clinquant) à une humanité qui est en passe de perdre tout repère à sa mesure, la pente étant inexorable, dramatiquement. On pourrait aussi empiler les citations... il faudrait alors recopier un quart de l'ouvrage.



Il faut, pour être juste, souligner également les quelques égarements de l'auteur qui peuvent très facilement être excusés, résultat d'un optimisme viscéral (la confiance dans les jeunes générations qui sauront démystifier les fausses idoles et recouvrer leur liberté d'hommes... chose que l'on attend toujours), ou bien du contrecoup subit au sortir des terribles horreurs de la 2e guerre mondiale. Il reste de ce magistral coup de gueule des imprécations édifiantes qui secouent mille fois plus que certain gentil opuscule nous exhortant à nous indigner avec un point d'exclamation.



Quelques unes, pour la route – rappelez-vous, écrites en 1945 :



* La plus redoutable des machines est la machine à bourrer les crânes, à liquéfier les cerveaux



* Etre informé de tout et condamné ainsi à ne rien comprendre, tel est le sort des imbéciles



* Qui de nous est sûr, non seulement de résister à tous les slogans, mais aussi à la tentation d'opposer un slogan à un autre ?



* L'état technique n'aura demain qu'un seul ennemi : "l'homme qui ne fait pas comme tout le monde" – ou encore : "l'homme qui a du temps à perdre" – ou plus simplement si vous voulez : "l'homme qui croit à autre chose qu'à la technique".



* Il y a 150 ans, tous ces marchands de coton de Manchester – Mecque du capitalisme universel – qui faisaient travailler dans leurs usines seize heures par jour des enfants de douze ans que les contremaitres devaient, la nuit venue, tenir éveillés à coup de baguette, couchaient tout de même avec la Bible sous leur oreiller. Lorsqu'il leur arrivait de penser à ces milliers de misérables que la spéculation sur les salaires condamnait à une mort lente et sure, ils se disaient qu'on ne peut rien contre les lois du déterminisme économique voulu par la Sainte Providence, et ils glorifiaient le bon Dieu qui les faisaient riches... Les marchands de coton de Manchester sont morts depuis longtemps, mais le monde moderne ne peut les renier, car ils l'ont engendré matériellement et spirituellement.



* Un jour on plongera dans la ruine du jour au lendemain des familles entières parce qu'à des milliers de kilomètres pourra être produite la même chose pour deux centimes de moins à la tonne.



* Nous n'assistons pas à la fin naturelle d'une grande civilisation humaine, mais à la naissance d'une civilisation inhumaine qui ne saurait s'établir que grâce à une vaste, à une immense, à une universelle stérilisation des hautes valeurs de la vie.

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Un crime

Il y a quelques mois j’ai lu un roman de Georges Bernanos, je dois avouer que c’était le premier, je n’avais rien lu de cet auteur même au moment de la sortie du film et de la polémique autour du " Soleil de Satan" de Maurice Pialat.

Je n’ai pas encore fait mon billet car si j’ai aimé et admiré l’écriture, le livre est très difficile à résumer. Quand je suis tombée sur celui là, surprise ! Bernanos écrivant un polar ! Georges Bernanos a des projets d’écriture plus importants mais il faut bien vivre et du coup il écrit ce récit qui est considéré dans son oeuvre comme un roman mineur.



Mazette beaucoup d’auteurs devraient être heureux de publier des romans alimentaires de cette qualité ! Direction la montagne dans les environs de Grenoble, un village perdu, un presbytère....

Le village de Mégère attend son nouveau curé, il n’était pas au rendez vous de la patache qui montait de la vallée, le maire et ses adjoints l’ont attendu pour rien, et le voilà qui débarque au petit matin, c’est Mademoiselle Céleste qui est étonnée, mais tout de suite elle sait qu’elle va être heureuse de le servir celui-là, elle ne se fait pas de souci à le voir « si grâcieux, si doux, si honnête » tout le village va lui faire bon accueil.

Quand dans la nuit le curé est réveillé par des cris, des coups de feu, des appels, Céleste est tout d’abord sceptique, un mauvais rêve peut-être, bien vite le maire, le garde-champêtre sont alertés, et il faut se rendre à l’évidence il y a eu crime, un homme gît dans un fossé près du château et Mme Beauchamp la châtelaine est retrouvée morte dans sa chambre, sa gouvernante une ancienne religieuse n’est pas d’un grand secours pour raconter les évènements.

Une enquête longue et difficile commence. Le juge d’instruction et son greffier, le procureur, la gouvernante, Céleste, tout le monde est stupéfait quand le curé de Mégère laisse entendre qu’il est détenteur d’un secret ce que confirme son visage "au masque tragique, au regard pénétrant, au sourire funèbre." et ce secret est la clé du mystère.



Vous avez compris, j’ai aimé ce roman d’un auteur qui d’un bout à l’autre nous manipule nous fait prendre des chemins sans issue, nous trompe, nous perd dans un récit d’une construction extrêmement habile toute en ambiguïté et d’une intelligence que je qualifierai de diabolique (pardonnez-moi Mr Bernanos)



Dans la postface Michel Bernier explique le peu de succès du roman, jugé comme appartenant à un genre mineur dans l’oeuvre de Bernanos, alors que le récit contient tous les thèmes chers à l’écrivain " Si l’on admet que l’art du roman policier est pour une part un art du leurre, Bernanos a réussi dans Un crime un coup de maître "



Régalez-vous de ce crime c'est tout le mal que je vous souhaite.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Journal d'un curé de campagne

Bernanos en 1936 choisit, pour développer ses idées morbides, les discussions d'un jeune curé looser, pauvre et malade du Nord de la France.



Bien qu'écrit en français, je n'ai absolument rien compris aux tirades du désabusé curé de Torcy, du comte et de la possessive Mlle Chantal, du défroqué Louis...



Peut-être des réflexions sur la misère du peuple, l'hypocrisie de l'Eglise?









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Dialogues des Carmélites

Dernière oeuvre de Bernanos et pas des moindres. Le contexte de la révolution française lui sert de cadre pour exprimer l'abnégation et la foi. Dans cette pièce, il y en a pour tous, croyants et incroyants. Les premiers y verront des martyrs, fervents, connaissant la peur, humains finalement, comme le Christ au jardin des oliviers. Les autres verront inévitablement la force et la grandeur de ces filles qui vont à la mort en chantant. Elles n'ont pas choisi ce supplice et finissent par l'accepter. Bernanos veut démontrer que la confiance est salvatrice, comme l'espérance. Elles ne suffisent pas à l'homme mais le grandissent chaque fois qu'il est héroïque et cela quelles que soient ses convictions.
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Journal d'un curé de campagne

L'homme devant les multiples difficultés, surtout inexpliquées, se tourne en dernier lieu vers Dieu, plus précisément les hommes, la-bas au moins toute pourriture est acceptée, la justice de Dieu est miséricordieuse que celle des hommes, les choses dépassent l'entendement humain, le nom de Dieu garantit un peu de tout, on espère trouver la paix auprès des hommes de dieu sans douter un seul instant que l'homme de Dieu traverse lui aussi des moments de doute, se pose autant de questions comme l'homme ordinaire, voici ce que nous découvrons dans le journal d'un curé de compagne, c'est un ensemble des pensées quotidiennes d'un jeune prêtre qui découvre au même moment sa profession, ses services, les hommes, ses collègues dits les plus expérimentés, des revers des situations qui parfois mettent les prêtres dans une position de faiblesse, et surtout les hommes non croyants qui réservent le plus souvent aux hommes de Dieu un langage acariâtre, parce qu'aussi souvent ils trimbalent en eux un souvenir douloureux qui démontre à leurs yeux l'impuissance ou carrément le rejet de Dieu...

Un intéressant journal philosophique, théologique et aussi sociologique car il y a lieu de constater que la part de Dieu dans la vie d'un homme dépend nettement de son appartenance à une couche sociale
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Sous le soleil de Satan

" Sous le soleil de Satan", est le premier roman publié par Georges Bernanos .

le personnage principal, central de cette oeuvre est l' abbé Donissan .Ce dernier, jeune prêtre, est tourmenté par la chair et par l' impiété de sa paroisse, une galerie de personnages brûlés par la souffrance et le mal. Mouchette,jeune fille broyée par le mal est devenue, après une rencontre de l' abbé avec le diable une nuit sur un chemin creux des monts d' Artois, la soeur que Dieu lui

donne, est une des figures les plus troublantes de ce récit .
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Sous le soleil de Satan

Bernanos ... Auteur marquant du 20ème siècle, qui fait partie des élus dont l'oeuvre passera dans le domaine public en 2019.



Sous le soleil de Satan est son premier roman et met en scène les thématiques qui l'obsèdent, principalement religieuses.

Alors, oui, j'avoue voulu essayer de lire cet ouvrage pour ma culture personnelle, mais je ne suis pas sûre d'en avoir retirer grand chose...

J'ai été totalement insensible aux considérations religieuses, philosophico-religieuses et autres quête du Salut ou de Vérité des personnages. L'écriture était bien trop soporifique à mon goût ; et sans cette recherche de style et thématiques alambiquées, on aurait presque pû jeter Bernanos dans l'oubli, le reléguant à un simple écrivain du terroire de début du siècle.



On dit qu'il fait expérimenter pour critiquer : c'est chose faite ! Et une chose est sûre, concernant Bernanos : j'ai vu, j'ai lu et j'y reviendrai plus.
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Sous le soleil de Satan

« J'ai pas compris » me suis-je piteusement dit une fois tournée la dernière page de ce roman. Ni le message de l'auteur, ni le fil conducteur de l'histoire, ni la psychologie des personnages. Pas terrible comme bilan.



L'expérience avait pourtant bien démarré avec l'histoire de Mouchette. Âgée de dix-sept, elle est séduite par le marquis du coin qui lui fait un enfant. Alors qu'elle s'attendait à vivre une aventure qui scandaliserait tout le village, elle trouve son marquis vite soumis au qu'en-dira-t-on et qui redevient soudainement raisonnable, attitude qui ne plaira pas du tout à Mouchette.



Les choses se compliquent quand entre en scène le personnage principal, l'abbé Donissan. Ayant péniblement terminé sa formation, il est bien plus à l'aise dans les travaux manuels que dans les sermons, véritable calvaire pour lui et pour l'assistance, malgré toute sa bonne volonté. Son supérieur voit en ce personnage lourdaud et un peu simplet un saint, déclaration qui impressionnera l'abbé et le plongera dans une spirale de mortification corporelle et mentale. Donissan entamera un combat avec Satan tout au long de sa vie, qui le feront passer de l'exaltation au désespoir à n'en plus finir.



Je suis passé totalement à côté de la psychologie des personnages, qui m'a semblé tortueuse au possible. Elle colle vraisemblablement à la vision catholique du bien, du mal, de la grâce, … N'étant pas du tout instruit dans ce domaine, mon incompréhension doit venir de là. J'ai par contre apprécié l'écriture, qui seule m'a donné le courage d'aller au bout de cette histoire.
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Nouvelle histoire de Mouchette

A l'issue de cette troisième rencontre avec Bernanos, je commence à désespérer de trouver chez cet auteur un soupçon de lumière ou d'espérance...

Si je n'ai pas vraiment saisi le lien que Bernanos établit en préface entre cette Mouchette et celle de Sous le soleil de Satan, je retrouve dans cette Nouvelle histoire de Mouchette cette sensation de lecture éprouvante, lourde, ces personnages écrasés au sol par une force maléfique, avec en plus ici une noirceur sans nom enfermant cette gamine abandonnée des dieux dans une nuit éternelle.

Mouchette est une Cosette à qui aucun Jean Valjean ne tendra jamais la main, affrontant en animal sauvage un environnement dans lequel tout lui est hostile : crevant de misère, son ivrogne de père et sa mère malade n'ont pas d'amour à lui donner, son institutrice lui exprime avec violence le dégoût qu'elle lui inspire, la nature même, froide et hostile, ne lui offre pas de refuge. Rien d'étonnant alors que l'outrage d'une rencontre avec un braconnier ivre ne la conduise au drame libérateur.

Difficile pour moi de discerner si l'intention de l'auteur, seul à chérir tendrement son personnage, est d'ordre social ou spirituel; je penche, vu l'homme, pour le second, et le tragique de sa vision du monde n'en est que plus désespérant.
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Journal d'un curé de campagne

Un jeune prêtre fraîchement sorti du séminaire vient d'être nommé dans une petite paroisse du nord de la France. Ses débuts y sont difficiles : sa simplicité, sa naïveté dans les rapports sociaux et son état maladif empêchent les habitants de le prendre vraiment au sérieux. La foi sincère qui l'habite et qu'il cherche à transmettre ne rencontre que peu d'échos parmi la population, qui préfère que le curé s'en tienne à son rôle social habituel, sans faire de vagues. Aussi décide-t-il de tenir son journal intime et d'y raconter les réflexions trop longues pour faire l'objet de prières.



Les livres de Bernanos me donnent toujours deux sentiments contradictoires : d'abord, je suis sous le charme d'une qualité d'écriture incontestable. D'autre part, les thèmes qu'il aborde (la foi, le doute, le péché, ...) me sont complètement étrangers et je décroche instantanément dès qu'il essaie de développer ses idées. J'imagine sans peine que les lecteurs qui sont sur la même longueur d'onde que l'auteur doivent se régaler, mais pour moi, ses romans me laissent toujours une impression de rendez-vous manqué.
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