Citations de Georges Duhamel (197)
Il faut, à certaines heures, que l'homme soucieux, anxieux, tourmenté, se retire dans la solitude et qu'il ouvre un livre pour y chercher un principe d'intérêt, un thème de divertissement, une raison de réconfort et d'oubli.
Le livre est l’ami de la solitude. Il nourrit l’individualisme libérateur. Dans la lecture solitaire, l’homme qui se cherche lui-même a quelque chance de se rencontrer.
Le roman est l’histoire des hommes, tandis que l’histoire est le roman du passé.
Jouer, c'est rêver avec tout son corps.
Si la civilisation n'est pas dans le coeur de l'homme, eh bien ! elle n'est nulle part.
Celui qui n'aime que soi connaîtra, dès ce monde, toutes les douleurs de l'enfer.
En dépit de toute protestation de sympathie, l'être, dans sa chair, souffre toujours solitairement, et c'est aussi pourquoi la guerre est possible...
… Je sais
… Je sais qu’on peut aimer
Dans l’eau courbe et miraculeuse des prunelles
Plus de ciel qu’entre les maisons.
Pitié pour la graine que le vent a jetée sur les pierres calcinées et qui meurt dans les tourments en serrant contre son cœur un message inentendu !
Pitié pour la semence qui vient de tomber sur la terre grasse, et qui n’en a pas fini avec ce monde incohérent !
Les machines reviendront, sans doute. L’homme connaîtra, de nouveau, la joie de faire travailler à sa place les esclaves de cuivre et d’acier. En attendant, il comprend avec tristesse que les victoires de la civilisation sont enivrantes, mais précaires et que les machines nous ont fait perdre en même temps le goût de l’effort servile et les gros muscles qu’il faut pour sortir de ces épreuves avec un certain succès.
" La poésie, c'est quand le silence prend la parole."
Trois jours après notre dernière escale aux Canaries, les voix du vieux monde s'éteignirent.
Pendant cinquante ou soixante heures, ce fut le silence total, tout au moins pour le joujou du capitaine en second, car, là-haut, chez les marconistes, on entendait les navires en route à travers l'Atlantique poursuivre jour et nuit leur crépitante conversation.
Un soir enfin, le capitaine me passa le casque.
"La voici ! dit-il. La voici, votre Amérique !" On percevait des harmonies plaintives, presque funèbres. "Ce sont, dit l'officier, des hymnes religieux chantés par les cœurs nègres. Ça ou le Jazz...". Il ajouta bientôt : "l'Amérique, vous allez maintenant la sentir mieux, d'heure en heure."......
(extrait de "A bord du monde futur", chapitre I de "Scènes de la vie future" paru aux éditions "Mercure de France" en 1930)
Le romancier est l'historien du présent, alors que l'historien est le romancier du passé
- L'énormité du risque, prononça-t-il, n'empêchera sûrement pas la société bourgeoise de faire encore la guerre. Et la guerre nous délivrera de la société bourgeoise. Pas d'autre solution. Il n'y aura de paix que dans l'ordre socialiste.
- Pouvez-vous nous expliquer, demanda posément Joseph, ce que vous appelez un bourgeois ?
- Vous ! Répliqua Schleiter.
Quelle que soit l'issue d'un rêve généreux, il grandit toujours l'homme qui l'a porté.
Les vieilles civilisations se reconnaissent à l'excellence de leur cuisine et au raffinement de leur politesse.
Je ne suis pas ce que je suis. Je suis tout ce qu'il a pensé que j'étais.
Melle Vermenouze avait en outre la passion du beau parler, ce qui la conduisit, un jour, à corriger mon père en notre présence à tous : « Mais non, Monsieur, mais non ! Le verbe aimer suivi d'un infinitif, demande la préposition. » Mon père se mit à sourire de ce sourire féroce qui nous jetait dans l'épouvante. « Avec ou sans préposition, c'est un verbe, Mademoiselle, que vous n'auriez pas été fâchée de conjuguer au moins une fois si on vous y avait aidée. » O terrible papa ! Comme il tapait cruellement quand il était agacé !
La science est comme la maladie , une maladie qui progresse en transformant le monde et en le dévorant aussi .
Dans la lecture solitaire, l'homme qui se cherche lui-même a quelque chance de se rencontrer.