J'arrive quelquefois à ne penser à rien, et même pas comme l'ami Pierrot, à la mort de Louis XVI : d'un coup, je me rends compte que je suis là, que le métro vient de s'arrêter et qu'ayant quitté Dugommier quelques quatre-vingt-dix secondes auparavant, je suis maintenant bel et bien à Daumesnil. Mais, en l'occurrence, je ne suis pas arrivé à penser le rien. Comment penser le rien ? Comment penser le rien sans automatiquement mettre quelque chose autour de ce rien, ce qui en fait un trou, dans lequel on va s'empresser de mettre quelque chose, une pratique, une fonction, un destin, un regard, un besoin, un manque, un surplus...?