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Parmi les poètes qui ont marqué l'histoire de la Grèce, Cavafy chante l'exil et la nostalgie du pays perdu, Ritsos est le poète militant par excellence qui élève sa voix contre la dictature et Séféris, prix Nobel de littérature en 1963, affirme son appartenance à "l'immense espace spirituel du Grand Hellénisme dans sa continuité ininterrompue".
Le temps d'un spectacle musical, la comédienne Anna Mouglalis lit des poèmes choisis. Comme un écho venu d'ailleurs, le plus grec des journalistes français, Nikos Aliagas, lira les mêmes poèmes en grec. Une lecture sublimée par les chansons de Stavros Siolas, une des stars montantes de la chanson grecque contemporaine. Accompagnement musical par Marios-Ivan Papoulias au violon, Georgios Pappas au luth et à la mandoline et Evangila Mavridou au piano.
Avec le soutien de la Fondation Hellénique pour la Culture, du Centre Culturel Hellénique et de la Fondation Michalski..
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Quand parleras-tu de nouveau ?
Nos paroles sont les enfants de plusieurs personnes.
On les sème et elles naissent comme des enfants
elles s'enracinent et se nourrissent de sang.
Comme les pins
gardent la forme du vent
même lorsque le vent est parti, n'est plus là
de même les paroles
conservent la forme de l'homme
même quand l'homme est parti, n'est plus là.
Peut-être les étoiles, qui ont piétiné
ta nudité une nuit, cherchent-elles à parler,
peut-être celles-là
Mais où seras-tu à l'instant que la lumière
apparaîtra ici dans ce théâtre ?
On nous disait, vous vaincrez quand vous vous soumettrez.
Nous nous sommes soumis et nous avons trouvé la cendre.
On nous disait vous vaincrez quand vous aurez aimé. Nous avons aimé et nous avons trouvé la cendre.
On nous disait vous vaincrez quand vous aurez abandonné votre vie.
Nous avons abandonné notre vie et nous avons trouvé la cendre.
Nous avons trouvé la cendre. Il ne nous reste qu’à retrouver notre vie maintenant que nous n’avons plus rien. J’imagine que celui qui retrouvera la vie, malgré tant de papiers, de luttes, de sentiments, d’enseignements, sera quelqu’un comme vous et moi, avec une mémoire juste un peu plus tenace. Pour nous, c’est difficile, nous nous souvenons encore de ce que nous avons donné. Lui, ne se rappellera que ce qu’il aura gagné par chacun de ses dons. Que peut se rappeler une flamme ? Si elle se rappelle un peu moins qu’il ne faut, elle s’éteint. Si elle se rappelle un peu plus qu’il ne faut, elle s’éteint. Si elle pouvait nous enseigner, tant qu’elle brûle, à nous souvenir avec justesse !
Extrait de Stratis le marin décrit un homme (Londres, 5 juin 1932, Traduction Jacques Lacarrière et Egérie Mavraki)
HAI-KAI
Femme nue
La grenade qui s'est brisée était
Pleine d'étoiles.
Solstice d'été
Le papier blanc, miroir implacable
restitue seulement ce que tu étais.
Le papier blanc parle avec ta voix
ta propre voix
non pas celle qui te plaît ;
ta musique est la vie
celle que tu as gaspillée.
Tu peux la regagner si tu le veux
si tu te fixes cette chose indifférente
qui te jette en arrière
à ton point de départ.
Tu as voyagé, tu as vu
beaucoup de lunes, beaucoup de soleils.
Tu as touché morts et vivants
tu as ressenti la douleur de l'adolescent
et le gémissement de la femme,
l'amertume de la verte enfance -
tout ce que tu as ressenti s'écroule
si tu ne fais pas confiance à l'espace blanc.
Peut-être y trouveras-tu ce que tu croyais perdu,
l'éclosion de la jeunesse
le juste naufrage des ans.
Ta vie est ce que tu as donné
ce vide est ce que tu as donné
le papier blanc.
Encore un peu et le soleil s'arrêtera.
Les lutins de l'aube
ont soufflé dans les coquillages secs ;
l'oiseau a chanté trois fois, trois fois seulement ;
le lézard sur la pierre blanche
reste immobile
regardant l'herbe grillée
là où la couleuvre a glissé.
Une aile noire trace une entaille profonde
haut dans la coupole de l'azur,
regarde elle va s'ouvrir.
Douleur de résurrection.
EPITAPHE
En effeuillant des ombres de cyprès
Tu es partie, ce dernier été.
A l'heure où les songes deviennent vrais
à l'aube tendre du jour
j'ai vu les lèvres qui s'ouvraient
feuille par feuille.
Une faucille grêle brillait dans le ciel.
J'ai craint qu'elle ne les moissonnât.
"les vivants ne me suffisent pas,
d'abord parce qu'ils ne parlent pas, ensuite
j'ai besoin de questionner les morts
pour pouvoir avancer plus loin."
"Nous avions beau nous accrocher à d’autres tailles,
Enlacer d’autres nuques, éperdument
Mêler notre haleine,
A l’haleine de l’autre,
Nous avions beau fermer les yeux, c’était cela notre amour…
Rien que le profond désir
De faire halte dans notre fuite."
JE SUIS PARTI
Je n'ai pas voulu m'attacher. J'ai tout donné de moi, puis je suis parti.
Vers des jouissances qui se sont révélées à demi réelles,
en même temps que les folles chimères de mon cerveau,
je suis parti dans la nuit illuminée.
Et j'ai bu des vins âpres, comme savent
en boire les hommes de plaisir.