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3.43/5 (sur 74 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Honfleur , le 15 Avril 1965
Biographie :

Même s'il vit à Paris, Gérard Morel a longtemps habité en Normandie, au cœur du pays d'Ouche, sur les terres qui formaient l'ancienne baronnie de Contrecœur. Il y demeurait dans un ancien moulin à eau, qu'il rénovait pierre après pierre.
Depuis 1994, il fait paraître une nouvelle historique ou policière par semaine dans la presse féminine : Nous Deux, Côté Femme, France Dimanche, Maxi, Hitchcock Magazine, etc.
Il a publié deux études sur Maurice Leblanc, écrivain normand, créateur du personnage d'Arsène Lupin, et dix neuf romans, historiques ou policiers, aux éditions du NOUVEAU MONDE, PAYOT, J'AI LU, MONDADORI, CHRISTIAN PIROT, etc...

Source : Amazon
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
fait de ta vie un rêve et
d'un rêve une réalité
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Autant l'avouer tout de suite, je ne suis pas l'un des meilleurs élèves du collège Robert-Mellin. Loin de là...
C'est sûrement de ma faute, mais c'est aussi parce que je n'ai pas de chance : car je suis excellent en dessin, malheureusement les professeurs du conseil de classe, tout comme ma mère, se moquent de mes résultats dans cette matière qui ne nous occupe que deux heures par semaine. Us préféreraient tous que je fasse des devoirs de français plus longs...
-... Et avec moins de fautes d'orthographe, ajoute M. Brémond, mon professeur principal.
Ce qui ne me semble guère logique, car si mes devoirs étaient plus longs, il y aurait certainement plus de fautes encore, non ?
Ils sont persuadés que je m'en fiche, et ils seraient surpris de savoir combien j'ai peur avant une interrogation écrite.
Mais je n'ai jamais été terrorisé comme ce matin, où notre classe doit subir un contrôle de français, et où je suis terriblement en retard.
Avant-hier, M. Brémond m'a fixé de son air le plus méprisant en me rappelant ironiquement :
- J'espère que monsieur Santander ne se trouvera pas une nouvelle excuse fantaisiste pour arriver en retard ?
J'avoue qu'à deux ou trois reprises, j'ai inventé des histoires (légèrement) invraisemblables pour justifier un retard (nettement) exagéré, qui m'évitait d'être interrogé oralement ou de rendre un devoir. Oui. Mais ce matin, pour une fois, j'étais bien décidé à arriver à l'heure et à subir dans des conditions normales le contrôle du trimestre, quand ma petite soeur, cette idiote, a renversé son bol de chocolat au lait sur mon pantalon clair !
Si j'avais fait mon entrée au collège avec un pantalon au chocolat, vous auriez tous entendu de chez vous les éclats de rire et les commentaires stupides de mes copains. D a donc bien fallu que je me cherche un autre pantalon, car ma mère était déjà partie pour faire le ménage dans les bureaux de la préfecture avant l'arrivée des fonctionnaires.
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Il fallait bien qu'on ose un jour parler des gigolos...

Si vous ne vous êtes jamais aperçu que les femmes richissimes, sérénissimes et illustrissimes étaient également rarissimes...

Si vous avez entendu dire que ces dames trompent leur solitude à la terrasse du Fouquet's, qu'elles ont hâte de pouvoir vous inviter à dîner à la Tour d'Argent, ou guettent votre arrivée sur les planches de Deauville... Si vous croyez qu'il suffit d'être beau garçon pour qu'elles vous épousent et, surtout, paient vos factures... Si vous espérez profiter de votre succès en trompant vos conquêtes avec leurs plus belles amies... Bref : si vous êtes persuadé que la profession de gigolo consiste à jouer au tennis sous le regard énamouré de sa compagne du moment, à changer de maîtresse comme de lunettes de soleil, à voyager de Trouville à Saint-Tropez en passant par la route du Rhum, après une courte escale aux Seychelles...... Alors, mieux vaut que vous refermiez ce livre tout de suite ! Selon vos compétences, vous deviendrez médecin, pianiste, menuisier ou fonctionnaire, et vous vous consolerez en allant écumer les boîtes de nuit le samedi soir ou les plages pendant vos congés payés ! Vous garderez vos illusions, du moins jusqu'à ce que vous lisiez un autre ouvrage sur le même thème, ce qui a peu de risque de se produire : en France, on publie davantage d'études sur la vie et les moeurs des extraterrestres, des fantômes ou des anges gardiens, que sur celles, pourtant plus concrètes, des gigolos. C'est même cette raison qui m'a décidé à écrire ce livre. Il m'est apparu utile d'évoquer, sans idées reçues, la carrière et le statut de ces messieurs, sur qui règne une véritable conspiration du silence, inconsciemment entretenue par ceux qui les envient comme par celles qui préfèrent les oublier.
Aucune femme ne reconnaît s'assurer les services d'un gigolo. Pas même les plus snobs : celles-ci sont pourtant très fières de se montrer sur les hippodromes de Vincennes ou Deauville et de préciser à leur entourage qu'elles y sont propriétaires d'un cheval acquis et soigné à prix d'or, mais elles n'avoueront jamais entretenir un gigolo. Ce qui est, au demeurant injuste, car les mieux entraînés de ces messieurs reviennent aussi cher qu'un cheval de course et me paraissent tout à fait dignes de figurer parmi les signes extérieurs de richesses ! Seules quelques actrices (parmi les plus despotiques), une grande couturière et une cantatrice mythique ont osé se faire photographier aux côtés des hommes qui leur servaient de prince consort. Peut-être parce que ces dames avaient acquis une aura qui leur permettait... de tout se permettre, sauf la banalité ! Les autres femmes dissimulent leur «homme de main» (l'expression est courante et n'a rien de grivois !) sous une apparence hypocrite et fiscale, de jardinier, garde du corps, secrétaire particulier, voire d'«ami de la famille», ce dernier terme étant attribué aux hommes qui ne savent vraiment rien faire !
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Le 18 mars dernier, mon père était au volant d'une voiture décapotable, quand il s'est brusquement relevé et a continué à la conduire debout. De plus en plus vite.
Moi, au début, j'ai failli hurler. Pourtant, je n'avais pas peur, parce que j'étais sûr que mon père maîtrisait la situation, mais je devais retenir mes cris d'excitation pour ne pas le perturber. Mon père a conduit ainsi debout sur deux cents mètres, puis il est arrivé à proximité d'une aire de jeux pour les tout-petits, et sa voiture est passée juste entre un toboggan et un manège, très vite...
La plupart des adultes qui se trouvaient autour des jeux se sont mis à crier, moi je ne disais toujours rien, j'aurais pu m'époumoner comme les autres mais à ce moment j'avais la gorge nouée.
Pourtant, je refusais encore d'avoir peur, j'ai toujours eu confiance en mon père.
Lui il a poursuivi sa trajectoire folle, il baissait la tête sur le tableau de bord pour qu'on ne distingue pas ses traits, que personne ne risque de le reconnaître, et il a contourné le manège des gamins, juste avant d'effectuer un vol plané avec sa voiture et de se récupérer sur la route... Là, il s'est garé, très calmement, il a coupé le moteur et il a ouvert la portière.
- Coupez, a crié aux machinistes le réalisateur du film.
Mon père avait encore l'énergie de sourire pour saluer toute l'équipe du tournage qui l'attendait.
Plusieurs accessoiristes se sont approchés pour le féliciter. Et Guillaume Gardet, l'acteur vedette, lui a souri d'un air complice, avant de lui taper sur l'épaule de manière faussement admirative :
- Bravo, a consenti à dire ce comédien. Surtout connu dans le milieu du cinéma pour son mauvais caractère et sa prétention, il reste aimé du public pour le sourire généreux qu'il présente sur toutes les photos.
- Bravo, a-t-il répété à mon père. C'est du bon travail ! Je ne crois pas que j'aurais fait mieux.
Moi je me tenais tout près, j'ai tout entendu et j'aurais aimé que mon père proteste, qu'il propose à Guillaume Gardet de montrer justement qu'il était capable de se mettre en danger, de tourner lui-même les scènes d'action, mais mon père s'est contenté de le remercier par un clin d'oeil, et il a adressé un sourire au réalisateur du film pour lui montrer que, même aux moments où il conduisait le plus vite, il avait toujours gardé la maîtrise de sa voiture.
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NOUS AVONS TOUS CONSTATÉ, à diverses reprises, que les maisons vieillissent comme les visages. Elles s'imprègnent des moments d'émotion au point d'en conserver la trace, plus ou moins floue, plus ou moins visible, même après un changement de propriétaire.
Il existe ainsi des maisons joviales, qui restituent encore l'accueil souriant d'un ancien occupant optimiste et bienveillant. D'autres replient leurs fenêtres sur des drames qu'il vaudrait mieux faire semblant d'ignorer. Et je mentionne à peine les maisons conformistes, encombrées de meubles de famille et décorées seulement de bibelots offerts à l'occasion de mariages ou de baptêmes, car dans ces maisons-là, rien de spontané ni de sincère n'a vraiment été vécu.
Évidemment, les maisons d'écrivains sont dif­férentes. L'hôtel particulier qu'occupait Victor Hugo à Paris, sur la place des Vosges, semble encore traversé par le puissant paraphe du poète : sa signature reste omniprésente sur ses manuscrits originaux, comme sur ses dessins et sur certaines de ses photographies. La demeure de Balzac, embusquée au creux du seizième arrondissement de Paris, pourrait paraître confortable, douillettement repliée derrière le lierre de son jardin, si l'on ne remarquait pas qu'elle comporte deux issues, ce qui permettait à l'écrivain de fuir ses créanciers. Quant au pavillon de Medan, que Zola surnommait sa «cabane à lapins», il s'enorgueillit encore des deux tours que l'auteur a fait édifier de part et d'autre, après le succès financier de deux de ses livres, Nana et Germinal. Et surtout, la fenêtre du bureau du romancier permet d'apercevoir l'endroit où vivait celle qui avait été sa lingère avant de devenir sa maîtresse et de lui donner deux enfants. Il arrivait que, dans la solitude de son bureau, Zola délaisse momentanément ses personnages pour s'évader de sa page blanche jusqu'à son balcon et observer avec des jumelles sa seconde famille...
Chaque écrivain a son secret. Mais sa maison le trahit.
On aurait donc tendance à imaginer que la demeure d'un auteur de romans d'énigme, comme Maurice Leblanc (1864-1941), est empreinte d'une atmosphère mystérieuse, avec d'étroites fenêtres, ouvertes moins sur la lumière du jour que sur les ombres du salon.
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Pourtant, n’importe quel observateur superficiel aurait affirmé de bonne foi que ce mariage se nouait sous les meilleurs auspices. Le jeune époux napolitain, le duc Corrado di Ferragosto, appartenait au plus proche entourage de la reine Jeanne de Naples, comtesse de Provence et de Forcalquier. À la suite de méticuleuses tractations financières, il avait été accepté comme gendre par le capitaine de la Montezane, qui devinait en lui un excellent parti, bien en cour, et aussi noble que fortuné.

Au mois de février 1348, comme la reine Jeanne avait quitté Naples pour venir visiter les terres provençales dont elle venait d’hériter, Corrado di Ferragosto avait suivi sa souveraine et était venu se présenter au mas du Butin. Peu après, il avait été convenu qu’il épouserait Azalaïs de la Montezane à la fin de l’été, selon la coutume camarguaise qui veut que les mariages soient de préférence célébrés en cette période aussi chaleureuse que paresseuse, qui suit les récoltes et précède les semailles.

Le duc Corrado était donc resté quelques jours au mas du Butin, le temps de rencontrer et d’apprivoiser sa douce promise. Il en avait aussi profité pour découvrir les terres de Camargue, sur lesquelles il régnerait un jour, si le Capitaine l’y autorisait.

Mais déjà, l’on pouvait lire dans le regard d’Azalaïs tout l’amour qu’elle éprouvait pour ce fiancé lointain et inespéré. Lorsqu’elle l’accompagnait à cheval le long des chemins de Saint-Trophime, elle interrompait fréquemment leur trot pour prendre le temps d’expliquer au duc Corrado les souvenirs qu’elle gardait de cette venelle-ci ou de cette fontaine-là. Certains matins, elle lui laissait admirer les reflets bleutés d’un martin-pêcheur posé sur la branche basse d’un arbuste, le bec en arrêt, prêt à traverser le Rhône. Souvent, Azalaïs descendait de sa monture pour cueillir à son fiancé les herbes les plus parfumées de la région, comme si elle tenait à partager avec lui son amour pour Saint-Trophime. Ou bien, elle l’obligeait à s’embusquer un moment, le temps de guetter l’envol bruyant et enfiévré des flamants roses, à l’heure où ils égaient subitement le ciel camarguais de toute la vigueur flamboyante de leur plumage…
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Logiquement, ces villageois auraient dû être comblés de joie par l’annonce de ce mariage, tant il est vrai qu’ils s’étaient attachés à la jeune Azalaïs, la fille d’Aurore et du capitaine de la Montezane. Cette enfant-là avait beau être l’héritière d’une délicate sauvageonne et du plus orgueilleux des navigateurs, elle était toujours demeurée modeste. Toute gamine déjà, elle adressait le même sourire lumineux aux riches éleveurs de chevaux comme aux plus modestes des planteurs de riz.

De plus, comme elle avait eu le malheur de perdre sa mère alors qu’elle était âgée d’à peine trois semaines, les dames de Saint-Trophime avaient pris l’habitude de l’accueillir chez elles, lorsque son capitaine de père la laissait seule pour se rendre à Marseille guetter le retour de ses navires ou surveiller la vente de ses cargaisons. Azalaïs avait ainsi grandi à la chaleur de tous les foyers, elle était allée ramasser avec les enfants des coquillages sur la grève, entre mer et marais, et à leur table elle avait dégusté le catigot d’anguille comme le cuisinaient les pauvres gens de la région. Elle avait retenu avec vivacité tout ce qu’on avait jugé bon de lui apprendre, de sorte que tous à Saint-Trophime la considéraient à peu près comme leur fille ou leur sœur.

Pourtant, aucun d’entre eux ne se serait risqué à oublier qu’elle était l’héritière du capitaine de la Montezane et qu’à ce titre, ils lui devaient le respect. Les mères de famille le rappelaient parfois aux aînés de leurs garçons, pour qu’ils ne s’entretiennent pas d’illusions et qu’ils ne rêvent pas trop de la jolie demoiselle qu’elle devenait. Azalaïs avait toujours eu de magnifiques yeux verts, qui semblaient s’être imprégnés de la couleur des marais camarguais, lorsqu’ils étincellent sous le soleil. Et, en grandissant, elle était devenue une jeune Provençale pétillante, au regard aussi doux que malicieux.

Elle était trop digne, trop discrète pour que les jeunes gens osent aller chanter la sérénade sous ses fenêtres, d’autant que son père effrayait même les plus courageux de Saint-Trophime. Néanmoins, tous les gardiens de chevaux se retournaient sur son passage.
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Visiblement, lui non plus n'a rien compris. Car, si je pleure, ce n'est pas à cause des jérémiades de ma mère, non. C'est parce que, à aucun moment, ni ma mère ni mon professeur de français n'ont envisagé que je puisse être innocent du meurtre de Margriet.
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J’étais venu assister aux noces de la jeune fille que j’aimais avec le duc Corrado di Ferragosto et, malgré ma douleur, que chacun ici connaît, je me serais tu pour respecter le bonheur d’Azalaïs. Mais je crois qu’il m’incombe de parler et de m’étonner, afin d’obtenir quelques éclaircissements sur l’identité du futur marié. On nous l’a présenté comme se nommant Corrado di Ferragosto et étant l’un des favoris de la reine Jeanne. Or, j’ai appris, par un Napolitain qui m’a acheté trois chevaux, que cette souveraine, qui a quitté le royaume de Naples à la suite du décès de son premier époux et de son remariage avec Louis de Tarente, est actuellement retenue prisonnière par les notables d’Aix-en-Provence. Ceux-ci la séquestrent pour tenter de lui faire avouer qu’elle a elle-même assassiné son premier mari, Andréasso de Hongrie, ou bien qu’elle a poussé à ce meurtre l’homme qui était son amant, Louis de Tarente, en s’engageant en contrepartie à l’épouser par la suite. Auprès d’elle sont restés seulement sa dame de compagnie, la naine Lucchina, et l’homme qui prétend la protéger, c’est-à-dire Corrado di Ferragosto lui-même ! Aussi je souhaite savoir qui est cet homme qui prétend au titre de duc di Ferragosto et qui ne peut être qu’un usurpateur…
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Cette enfant-là ne ressemblait en rien aux jeunes filles révoltées qui frémissent de colère face aux ordres qu’on leur donne et qui ne songent qu’à s’insurger pour outrepasser les volontés de leurs parents. Non, au contraire, Azalaïs de la Montezane brillait d’une force paisible et saine, comme si elle s’était imprégnée de toute la puissance de la terre camarguaise, âpre de sel et de soleil. Tous ceux qui la connaissaient bien savaient que jamais elle ne s’opposerait à la volonté de son père et ils s’inquiétaient de savoir si un jour, le Capitaine trouverait parmi les prétendants de sa fille un garçon susceptible de lui paraître digne d’elle. Et digne, surtout, des ambitions féroces qu’il persistait à nourrir…
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