5728
Champigny-sur-Marne (Annie-Claude)
- Tous, ce soir ici, je vous ai réunis, en cette première veillée de la Pâque où nous allons réciter la Haggadah. La Haggadah signifie en hébreu «le récit», «raconter», c'est ce que nous allons faire ce soir et nous allons raconter comment nos frères, sous la conduite de Moïse, se sont sauvés d'Égypte et ont fondé le royaume d'Israël. C'est la fête de la liberté, de l'émancipation, de la joie, parce que c'est la fête de la fin de l'esclavage.
- Attendez, attendez, Joseph. 5728, ça veut dire quoi ? Je vois que sur ce petit fascicule en hébreu on peut lire 5728 ? !
- Nous sommes en 5728.
- Dans le calendrier hébraïque alors ?
- Exactement.
- 5728.
- Ça veut dire que l'histoire des juifs commence trois mille ans avant celle des autres ?
- Exactement, notamment celle des chrétiens, et en fait l'Histoire tout court - tous les récits, toutes les histoires, les contes, les narrations -, tout ce qu'on veut, a cet âge !
- Ah, il y a quelque chose à comprendre, là.
- Comment, mais c'est très profond, mon fils, et ce n'est pas en médecine ni en psychiatrie que vous allez apprendre tout ça ! Alors, mon fils, figure-toi que tu avais trois ans.
- Quoi ?
- Oui, trois ans, mon fils, souviens-toi bien de cette histoire que je vais te raconter maintenant, souviens-toi !
- Oui.
- Tu lui racontes pour son premier Pessah ?
- Ça veut dire que l'histoire dont parle Jeannette a eu lieu en 5711, il y a dix-sept ans...
- Et nous sommes ? Je veux dire pour les juifs ?
- Comptez, c'est facile, en 1968 pour les chrétiens, en 5728 pour les Hébreux ou les juifs, voilà.
- Eh oui, alors on était à Tlemcen, et comme tous les ans on était rue des Écoles, chez ma mère.
- Chez Maman Chérie, quoi !
- Et on arrive et tu sais, mon fils, comment ça se passe le premier soir de la Pâque, surtout que cette année-là tous mes frères étaient présents, on était donc... quoi ? au moins trente attablés chez ma mère, hein, Jo ?
- Et c'est le moment, tu crois, de me déranger pour ça que je commence la prière ? Oui, tous tes frères étaient présents et on était, c'est vrai, au moins trente facilement.
- De toute façon, mon fils, c'est simple, quand je dis qu'il y avait mes frères, il y avait aussi mes soeurs, bien sûr, toutes les fêtes de Pâque à Tlemcen, c'était toujours chez ma mère.
- Ah bon.
- Jamais ailleurs, c'est une trop belle fête de famille, tu plaisantes ou quoi ?
- Bon alors, cette histoire ?
C'est l'enfer !... ma parole, c'est l'enfer qu'ils ont inventé ces Français avec ce diable de métro
Et maintenant voilà,pourquoi tu regardes la télé?...ce Sabbagh qu'est ce qui m'énerve avec sa pipe et ses collections...y zont rien d'autre à faire ceux là..rien que des collections...eux même y sont devenus des collections.
... il est grand et fort !... voilà regarde ! tout l'monde y passe et personne il s'arrête ou même il fait attention à lui !... personne même pour lui dire bonjour !... c'est pas possible il en a pas des parents !... tout le monde il a des parents !... il a un père et une mère comme tout le monde !... c'est pas possible !... un chien !... a kelb !... un chien et il dort chez lui !... alors un homme !... tu vas pas me dire qu'il dort tous les jours dans la rue quand même !... pas possible !... je veux pas croire !... et comment il se change ?... et comment il se lave ?... qu'est-ce qu'il est sale !... les poux sur lui !... la crasse !... c'est honteux !... et personne il lui dit rien !... il a pas des amis ou des voisins !... ou quelqu'un qui peut l'aider ! C'est honteux !... un chien, ici en France, il est mieux traité !... qu'est-ce que c'est que cette France où on fait même pas attention à un homme qui dort dans la rue !... quehsta ?... comment ça peut se faire ça !... personne y lui parle et personne y lui demande c'qu'y veut !... viens on va le voir !... au moins on lui demande si il est pas malade !... ou peut-être il a du chagrin ou quelque chose !...
Voilà,Jaures lui même l'a dit: "le capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l'orage".
Le Voyage de Mémé de Gil Ben Aych raconte l'histoire d'une grand-mère, surnommée Mémé.
Mémé, c'est la grand-mère chérie de Simon. Elle rejoint la famille de son fils en France dans les années soixante. Mémé femme drole et speciale adore marcher des kilomètres malgré son âge. Elle refuse de prendre tout moyen de transport qui peut exister à Paris : ni voiture, ni métro, ni bus…
Lors de leur balade, ils rencontrent des gens de toutes sortes. Mémé transmet à son petit-fils des valeurs importantes telles que la tolérance, la patience et la bienveillance envers autrui.
La grand-mère est un personnage tendre et très sensible ainsi que le montrent plusieurs passages du récit (comme vouloir aider le clochard…). Elle compare le mode français et algérien.
Ce livre est plein de poésie et chargé d'histoire, une rencontre entre deux univers.
Le roman est rythmé par les aventures de Mémé et Sémon , leur complicité touchante et leurs moments de découverte. Le Voyage de Mémé est une belle histoire sur la transmission des valeurs et la découverte de soi .
Un goût souvent en cache un autre. Le parfum de la glace à la vanille n'était pas l'unique senteur de son enfance. Derrière la boule glacée, Franc, langue apprise, impression forcée, Simon maintenait secrètement le sein natal, soleil éclatant, globe veiné, fruit rond, boule en chaleur, Algérie : l'orange-lime.
On dirait qu'elle s'enfuit, c'est pas moi je m'en vais, que dans ma tête, en fait je reste toujours là-bas sans quitter ma ville, mais c'est elle, ma ville, qui me quitte, c'est la ville qu'elle fuit elle-même derrière la vitre du train, insensible, c'est ma ville, je la vois plus.