J’ai envie de croire au pouvoir des histoires. J’abandonne un instant encore le voyageur errant au seuil de la librairie, un pied l’intérieur, l’autre sur le trottoir de la calle Corrientes. Il est possible que les histoires puissent quelque chose contre les zones de turbulences. Si j’étais le héros d’un conte, ce serait bien sûr plus facile. La parole peut tenir le meurtrier à sa merci et suspendre son geste mille et une nuits durant. La mienne ne pourra rien contre le cyclone qui s’acharne sur le Boeing d’Aerolineas. Qu’importe, tant que je raconterai quelque chose, la mort sera éloignée. Elle aura le dernier mot. Mais ce n’est pas une raison pour se taire.