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3.5/5 (sur 9 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Dunkerque
Biographie :

Gilles Pétel est né et a grandi à Dunkerque. Après des études de philosophie à l’université de Nice, il est parti enseigner à l’étranger où il a passé de nombreuses années.

En 1996 paraît son premier roman, "Le Métier dans le sang" (Fayard).

Suivront d’autres romans, "Le Mur de Broadway" (Fayard, 1998), "Le Recensement" (Stock, 2000) et "La Déposition" (Stock, 2002), quelques nouvelles, du théâtre avec "Le Monologue de la femme ivre de bonheur" créé à la Résidence d’artiste « Lilas en scène » en décembre 2009.

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À l'occasion du Salon du Livre de Paris 2013, Gilles Pétel vous présente son ouvrage "Sous la Manche", publié aux éditions Stock. http://www.mollat.com/livres/gilles-p...


Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Anaïs regardait de façon distraite un nu aux couleurs vives et chatoyantes. Sa pensée vagabondait. Elle ne parvenait pas à se défaire de la sale impression que lui avait laissée Éric. La veille au soir, alors qu’elle et lui sortaient d’une fête entre amis où ils s’étaient rencontrés, Éric lui avait passé le bras autour de la taille avant de tenter de l’embrasser. Son geste ne l’avait pas surprise. Ils n’avaient pas cessé de se chercher des yeux durant toute la soirée. Éric était son genre. Mince, élancé, charmeur et blond. Anaïs préférait les blonds, sans doute parce qu’elle associait la blondeur à une certaine douceur de caractère. Puis elle aimait la peau soyeuse des blonds, une peau douce au toucher, comme la peau des femmes. Anaïs a examiné le nu d’un peu plus près. Une jeune femme aux cheveux courts montre un dos étincelant de lumière. Occupée à sa toilette, elle se tient devant un miroir où l’on aperçoit dans un reflet un meuble en bois peint. Le modèle n’était pas exceptionnel, les formes du corps étaient loin d’être parfaites. Ce dos pourtant, ainsi que les fesses et les jambes très légèrement fléchies, ce dos nu attirait l’attention. Sans réfléchir Anaïs s’est dit qu’elle aurait bien aimé qu’un peintre la représente de cette manière, c’est-à-dire avec amour. Souvent les nus ne semblaient avoir été peints que pour le désir des hommes, afin de les faire bander en somme, songeait-elle avec agacement. Dans cette toile au contraire le peintre ne cherchait pas à exhiber son modèle au regard de tous mais à montrer aux autres sa passion. Anaïs a compris ce qui l’avait dérangée dans le geste d’Éric. Il lui avait passé le bras autour de la taille pour la ramener vers lui à la façon d’une chose. Quand il avait incliné son visage vers le sien à la recherche de ses lèvres, elle avait instinctivement détourné la tête. Lui n’avait pas caché son dépit. Alors qu’elle cherchait déjà à se dégager de son étreinte, il l’avait retenue contre lui, insistant. Tu cherches quoi ? lui avait-il demandé d’une voix rude qui laissait entendre l’âpreté de son désir. Elle l’avait aguiché toute la soirée, devait-il penser, il fallait maintenant qu’elle s’exécute. Puis il s’était repris, conscient de sa maladresse sans doute. Tu es très belle, lui avait-il dit en changeant de ton et en relâchant son étreinte, à nouveau séducteur. Anaïs s’était aussitôt dégagée de ses bras, rapide et vive : il n’avait eu que le temps de la voir lui échapper. À un bon pas de lui, elle s’était brièvement expliquée. Pas ce soir. Désolée. Je suis crevée. Puis elle l’avait planté là sans attendre sa réponse. Ce matin, au réveil, elle avait décidé qu’il s’agissait d’une affaire classée. Elle avait par bonheur peu de chances de le revoir. Les amis chez qui elle l’avait rencontré n’étaient que de vagues connaissances qu’elle fréquentait de loin en loin. Elle était parvenue à chasser cette histoire de son esprit quand celle-ci s’était rappelée à elle de façon incongrue pendant qu’elle admirait cette toile. Éric n’était au fond qu’un sale type. Elle a noté un détail du tableau qui lui avait échappé. Un petit miroir de table situé sur la gauche réfléchit une lumière vive qui irradie le dos de la jeune femme. Anaïs a cherché la source de cette lumière pour comprendre que celle-ci se trouvait au point exact où elle se tenait elle-même. L’éclairage du tableau présupposait une fenêtre qui ne pouvait être que le regard du spectateur. Anaïs n’a pu s’empêcher de sourire, heureuse d’avoir percé ce qu’elle jugeait être le mystère de cette toile, puis sans raison, comme on passe du coq à l’âne, elle a éprouvé une furieuse envie de vivre qui a auréolé son visage de jeune femme. Elle avait fêté ses vingt-deux ans quelques mois auparavant.
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17 h 25. Le temps pressait. John hésitait encore. Le serveur décidément lui plaisait. Celui-ci était occupé à servir un groupe d’employés de bureau à en juger par leur costume terne, la chemise à carreaux bleus et blancs mal assortie à une cravate de couleur dont le nœud avait dû être desserré dans la rue. Ils étaient cinq amis agglutinés contre le comptoir, parlant haut et fort de football et de femmes. Ils avaient quoi ? 30, 35 ans ? Et déjà chez trois d’entre eux le front se trouvait dégarni, les tempes grisonnaient. Sous la chemise à carreaux on devinait un ventre rebondi qui rappelait la quinzaine de pintes de bière avalées chaque week-end. John, malgré ses 45 ans, paraissait plus jeune que ces cinq-là, pensait-il. Une main passée rapidement sur son abdomen le lui confirmait. Il n’avait presque pas un pli. En jetant un second coup d’œil au groupe des employés dont les rires bon enfant attiraient les regards, il se dit qu’il serait cependant opportun de se rendre au club de gym cinq fois plutôt que trois par semaine. On a vite fait de se négliger.
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On a vite fait de se négliger. Ce n’était pas le cas du serveur que John pouvait observer à loisir pendant que celui-ci remplissait ses chopes de bière. Sa belle gueule d’Apache tropical ne lui suffisait pas. Il possédait encore une musculature précise qui trahissait un entraînement quotidien. Les biceps surtout étaient éloquents. Vraiment parfaits. À croquer. John avait les yeux qui lui sortaient de la tête quand le serveur se retourna dans sa direction pour lui décocher un sourire extatique. Décontenancé, John sentit d’abord une chaleur envahir sa carcasse avant que la machinerie ne se mette en branle. Quel fils de pute ! se dit-il. Le temps qu’il lui renvoie son sourire, l’autre était reparti vers sa clientèle qu’il servait avec une amabilité outrageante.
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Le marché était déprimé, la tendance à la baisse. Certains anticipaient la crise. On prédisait une chute des prix de 30 % dans les semaines à venir. Enfin l’appartement était en vente depuis quatre mois déjà. Mrs Doddle était une vieille Anglaise fortunée et veuve. Son patrimoine lui venait de son défunt mari, George Doddle, héritier lointain d’une famille de planteurs installée naguère aux Indes. En bradant le prix de mon bien, avait-elle confié à John, j’aurais l’impression d’être infidèle à George. Puis ces gens du Golfe avaient les poches pleines de pétrodollars. Ils n’avaient qu’à payer s’ils voulaient s’installer à Londres, avait-elle ajouté avec une fierté toute britannique. John avait vu sa commission partir en fumée.
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Imaginer les alpinistes sur les crêtes de l’Everest ! Le froid, la neige, les avalanches. Toutes proportions gardées, John se dit qu’il venait d’affronter une avalanche. Il s’en tirait vivant et c’était l’essentiel. Sous l’impulsion de cette image des cimes il eut soudain envie de monter l’escalier qui conduit à la plateforme d’où l’on peut admirer les arrivées et les départs des trains. Le moral lui revenait. La grande verrière de Saint-Pancras l’éblouit de la même manière qu’un coucher de soleil sur le flanc du Mont-Blanc. Une impression d’immensité majestueuse se dégageait de la voûte bleutée. La grande arche exprimait la puissance de l’Empire. Fuck ! se dit John. C’est vraiment quelque chose !
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– Une Guinness, hurla John pour se faire entendre du serveur, un Brésilien probablement à en juger par son accent et par ses traits : il portait sur le visage cet air ébahi et éternellement bronzé des Cariocas.
Celui-ci paraissait beau gosse. Il s’affairait du mieux qu’il pouvait, et assez mal, afin de répondre à une clientèle qui ne cessait d’affluer. On le hélait aux deux coins du comptoir. Sa collègue, une jeune Anglaise, essuyait mollement un verre, indifférente à la cohue, l’œil rivé à un vaste écran plat fixé au mur sur lequel une chaîne d’information diffusait en boucle les dernières nouvelles. On ne parlait depuis hier que de la faillite de Lehman Brothers.
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Pour John, le week-end débutait dès l’instant où il refermait derrière lui la belle et large porte en verre de l’agence immobilière de Chelsea où il était employé. La certitude de partir transformait son regard comme son état mental. Il était déjà ailleurs sans avoir encore fait un seul pas. Le pub au coin de la rue où il passait le soir avant de rentrer chez lui retrouvait son attrait. Il regrettait déjà de ne pouvoir s’y rendre ce week-end. Il se sentait disponible pour de nouvelles aventures. Il retombait amoureux de cette capitale orgueilleuse qui en avait tant fait baver au jeune homme qu’il était à son arrivée. Il n’avait pas 20 ans, il débarquait de Glasgow
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Traversant en hâte le boulevard à quatre voies qui longe Saint-Pancras, John faillit se faire renverser par un bus à impériale. Le coup de klaxon puissant du mastodonte le contraignit à achever sa trajectoire par deux grandes enjambées pour atterrir presque dans les bras d’un jeune Indien qui attendait avec patience que le feu passe au vert. Confus, John bredouilla quelques excuses avant de remarquer sa beauté. Il s’apprêtait à engager la conversation mais l’autre avait déjà détalé. John le regarda traverser avec émoi. L’Indien ondulait sous sa tunique blanche. L’instant d’après il avait disparu, avalé par la bouche du métro.
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La riche clientèle avec laquelle il traitait s’en amusait et se laissait séduire autant par le charme des appartements luxueux que John lui montrait que par les sonorités des voyelles écrasées qui s’échappaient des lèvres sensuelles d’un vendeur qu’on jugeait agréable parce que sans prétention et sans prétention parce qu’il n’était qu’un provincial au parler caractéristique. Maintenant que la journée était tout entière entre ses mains, réduite à trois petits quarts d’heure et un billet de train, John regardait Londres avec une envie renouvelée d’y vivre et de la séduire.
Merde ! se dit-il. La pluie.
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Le week-end précédent, alors qu’il sortait du Royal Albert Hall où il était allé écouter la dernière symphonie de Mahler, John avait rencontré un jeune Saoudien. Celui-ci descendait tranquillement High Street Kensington quand John l’avait presque renversé dans sa hâte d’attraper un taxi au milieu de la cohue qui s’échappait de la salle de concert. Le Saoudien lui avait jeté un regard où l’étonnement avait vite laissé place au bonheur de l’imprévu. John s’était aussitôt arrêté, renonçant à héler un taxi, et avait engagé la conversation. La suite s’était déroulée comme dans un rêve.
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