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3.36/5 (sur 11 notes)

Nationalité : Italie
Né(e) à : Polizzi Generosa , le 12/11/1882
Mort(e) à : Florence , le 04/12/1952
Biographie :

Giuseppe Antonio Borgese (Polizzi Generosa, 12 novembre 1882 - Florence, 4 décembre 1952) était un critique et écrivain italien. Il fut un antifasciste virulent, d'inspiration libérale-risorgimentale, proche des positions de Carlo Sforza et Gaetano Salvemini. Germaniste passionné, il fut aussi, par son mariage avec Elisabeth Mann, le gendre de l'écrivain Thomas Mann.

Source : Wikipedia
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Bibliographie de Giuseppe Antonio Borgese   (6)Voir plus

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Citations et extraits (6) Ajouter une citation
Septembre est déjà avancé. Hier soir, de ma fenêtre, j'ai vu de bonne heure la poussière de diamant des Pléiades ; et même de jour, le ciel a je ne sais quelle moiteur, quelle morbidesse de ciel étoilé...
Les herbes ,à peine coupées, pâlissent. Elles gisent, revêtues de nuances exsangues, sur le vert dense qui dure encore ; crêtes pâles d'une mer intense. Et elles exhalent dans l'air un encens, auquel, déjà débordant de félicité, je résiste à grand peine.
Particulièrement incroyables à voir sont les colchiques, les vieillottes ; chacune pour soi, et elles sortent de terre sans leur vêtement de feuilles, fleurs nues ; mais, dans certaines clairières, innombrables ; mauves constellations dans un ciel d'autres mondes. Tantôt elles semblent des églantines ainsi tombées des haies ; tantôt ce sont des améthystes. Si l'on cligne des yeux, on dirait parfois qu'elles courent, courent sur des pieds mignons de Cendrillons. Quand la faux les atteint, elle tombent en avant : onze mille vierges massacrées.
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Elle était florissante et saine, d'une beauté qu'on eût dite pétrie par le Créateur dans un moment de hâtive gaieté. Il n'était pas une ligne de son visage qu'on pût considérer comme achevée et parfaite ; ses cheveux sombres, foisonnants, et gonflés au sommet, lui donnaient une allure peuple qu'elle exagérait avec une écharpe jetée sur les épaules ; et son corps lui aussi, haut et plein, quoique bien cambré sur des chevilles nerveuses, était trop prometteur. Ses joues étaient trop amples, son menton trop énergique, sauf quand venait les parfaire un sourire ; et son teint mat de brune besoin de passion ou d'alacrité pour briller. Je ne l'ai pas vue souvent sourire ; mais, si elle ne souriait pas, elle avait fréquemment une expression de curieuse taquinerie, de puéril caprice, d'une grâce égale au sourire. Et ses dents, ses yeux resplendissaient ; son regard était si électrique et si fort, qu'il semblait captiver les yeux même dont il émanait !
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Une imagination inquiète, ce soir-là sur l'Alcione, avait gravé un roman dans son esprit, comme une ombre monstrueuse sur un mur. Cette même imagination freinée par la prudence, guidée par l'espoir, pouvait le conduire à une vérité insignifiante. Le regard de Vittorio, la fixité de sa femme étaient indubitables...
Lorsque l'âme se trouve prise dans de tels lacs on voudrait que toute chose fût traduite en paroles ; en paroles qui peuvent être brutales, meurtrières, mais qui ont du moins un sens précis. Les regards des yeux sont au contraire comme la musique, qui émeut les coeurs, mais qu'on ne peut traduire en mots précis.
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Vers la tombée du jour, au milieu de la grand'rue l'odeur putride de la marée se heurte au parfum de fleur d'oranger, ténu, acidulé, semblable presque à celui du muguet ; la brise marine se dissout dans la poussière du sirocco arrivant des Terres Rouges - rouges exactement comme la toison du lion - où les vignes donnent un vin de feu.
Alors les femmes du peuple se montrent aux portes des bassi, au niveau de la rue ; elles ouvrent les yeux comme si elles s'éveillaient. Elles soulèvent les rideaux de leurs paupières sur leurs yeux dolents et indolents, emplis d'une obscurité où tremble une flamme jaune, de rêves aussi indéchiffrables que ceux des animaux ; si quelqu'un les appelle de l'intérieur elles répondent, en ployant le cou, d'une voix qui se souvient des complaintes funèbres. Plus haut les balcons éclosent ; les dames font leur apparition ; elles se saluent et discutent d'un balcon à l'autre, monotones, intarissables. Mais lorsqu'elles s'accoudent à la balustrade elles tiennent leur corps en retrait ; si elles s'assoient, avant toute chose elles ordonnent leur robe sur leurs bottines par crainte de ceux qui, passant dans la rue, pourraient lever les yeux. Celles qui se trouvent aux balcons pourvus de balustrades arrondies doivent y veiller particulièrement ; on ne voit jamais l'une d'elles poser par distraction un pied sur les ferronneries.
C'est à cette heure que vivent les femmes de Megara, entre le déclin du jour et le soir, comme les liserons qui s'épanouissent au crépuscule.
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"A Mégara onmet encore des oeillets au balcon, et les femmes portent des robes longues ; c'est pour cette raison que la simple vision d'une cheville fait littéralement trembler les jeunes gens. Mais ceci arrive rarement, car elles sont prudentes et surveillées ; et elles se surveillent elles-mêmes; et s'il pleut, elles préfèrent rentrer à la maison avec l'ourlet de leur robe maculé de boue que d'avoir les bas mordus par des regards chauds comme des baisers."

"Je ne crois pas avoir jamais vu femme aussi belle. On ne voyait rien d'elle, que son visage. Les femmes d'alors n'étaient pas comme celles d'aujourd'hui, qui ressemblent à des fruits nus au milieu du feuillage."

"Et son visage était incomparable : nez droit, lèvres pures, des yeux dont je ne saurais plus dire s'ils étaient d'un bleu paisible, ou gris comme la cendre couvrant un feu caché."
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Les Calumi, après avoir vendu la villa qu’ils avaient dans les Préalpes, migrèrent vers la mer, en quête d’un soleil plus généreux. Cependant la transplantation fut sans grand profit, comme pour des plants qui n’ont pas envie de reprendre racine. Même à la mer, les suivait, exsangue, le sentiment de vivre inutilement ; à moins que le but de la vie ne fût de contempler la vie, et de s’aimer, dans la solitude. Mais le monde d’aujourd’hui (nous l’entendons dire tous les jours) n’appartient pas aux contemplatifs ; et cela même, s’aimer, sans changement, toujours pareil, comme la respiration, ressemblait au beau fixe et au calme plat qui, sur notre mer, peuvent durer des mois, et font parfois désirer la tempête.
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