Günther Weisenborn

Le docteur Gertrud Ehrle donna des détails sur le travail social effectué par les femmes :
« On a appris dernièrement, selon des sources chrétiennes, qu’un groupe de personnes a fait, auprès de religieuses, l’apprentissage de l’aide sociale envers des prisonniers, des gens sortis de prison, des étrangers, des non-aryens et autres persécutés et exclus… Cette aide fut pratiquée avec acharnement, grâce à une connaissance du droit utilisée avec intelligence, et ces personnes se sont montrées disposées au sacrifice et à toutes les audaces ; leur constance ne s’est jamais relâchée.
« Voici quelques comptes rendus de leurs actions :

« 9. … j’ai pu apporter aide et consolation à de nombreuses femmes et jeunes filles persécutées pour motifs politiques, et qui furent extraites de leur prison pour accoucher à la maternité.
« … dans cette maternité, je me suis occupée aussi de Françaises, de Luxembourgeoises, de Polonaises et de Russes, et, après leur accouchement, j’ai installé chez moi quelques-unes d’entre elles avec leur bébé. J’ai recopié des prières françaises qu’elles m’ont récitées, et, grâce à un étudiant bulgare, j’ai appris à écrire des phrases dans l’alphabet russe, pour pouvoir saluer à Noël ces pauvres travailleuses forcées qui vivaient dans un abandon total…
« 10. … sur ces fiches figuraient des questions comme : Juif ? Hybride juif ? Autre race ? auxquelles nous nous sommes soigneusement abstenues de répondre…
« 11. … Peu avant son départ d’Allemagne, le rabbin juif m’a demandé de l’aider à héberger quelques enfants qui étaient destinés à l’adoption, et il m’a également sollicitée pour que je m’occupe de personnes âgées. Je me suis alors rendue trois fois chez lui, la dernière fois le jour de son départ. Nous avons pris trois enfants dans notre orphelinat, et nous les avons gardés un an. Mais nous avons dû nous en séparer, car la présence de ces enfants et de malades mentaux nous faisaient courir le risque de voir fermer notre institut. Nous avons pu placer les enfants en lieu sûr ; plus tard, ils ont été transférés en Hollande.
« 12. … De nombreuses fois, nous nous sommes occupées des étrangères ; nous avons fait en sorte qu’elles soient traitées avec dignité sur leur lieu de travail, nous leur avons procuré des postes corrects, du linge et des vêtements, et nous avons trouvé des hébergements convenables pour les enfants. Pour une travailleuse de l’Est qui, par peur des camps de concentration, avait fait deux tentatives de suicide, nous avons réussi, après négociations avec le médecin de l’entreprise, à la transférer dans un institut de soins dont nous connaissions le médecin-chef ; à partir de notre dossier, il a établi une attestation pour notre protégée, et l’entreprise et le centre du travail, à partir de nos données, l’ont libérée, et nous avons pu la ramener chez ses parents (dans le Gouvernement général ¹ ). »
1 La Pologne occupée (N. d. T.).