Ses béguins occasionnels pour des hommes plus jeunes, inévitablement des alpinistes, s’étaient toujours affreusement mal terminés.
Avec des hommes plus mûrs, elle n’avait pas à subir le mépris grossier dont les jeunes hommes faisaient preuve quand elle les défiait en combat singulier. Les hommes plus mûrs avaient tout simplement plus d’assurance et semblaient mieux apprécier ses remarquables aptitudes d’alpiniste. Ainsi, il était inévitable que l’homme qu’elle décida finalement d’épouser soit solidement ancré dans le monde et parfaitement bien dans sa peau. Huit, dix, seize années ? Quelle importance ?
Dans leurs heures de plus grande solitude, les écrivains étaient victimes de leur imaginaire. Tel un acte de foi, ils croyaient fermement que le livre sur lequel ils travaillaient allait changer le monde. Rancunes personnelles, défaites morales, déficiences physiques : tout cela s’évanouissait lorsque le livre rêvé devenait réalité. Quand la vie reprenait son cours avec la même insouciance qu’autrefois, c’était presque un choc. Fait à peine croyable, le livre tombait aux oubliettes, les exemplaires demeuraient invendus, et personne ne parlait de l’œuvre qu’ils avaient mis tant d’années à concevoir. Les auteurs trouvaient alors une forme de réconfort dans l’éloge hasardeux d’un critique et pansaient leurs blessures avec l’espoir que leur livre, bien que méprisé à son époque, serait reconnu par la postérité.
La vérité, c’est que les cathares ont inventé l’amour romantique. On l’appelle l’amour courtois aujourd’hui, pour le distinguer des rendez-vous galants, mais ça n’avait rien des bluettes fades d’une société policée comme le croient les gens d’aujourd’hui. Pour les cathares, une histoire d’amour n’était pas seulement l’adoration, la pureté et les manières courtoises, et sûrement pas la chasteté ! Au contraire, les amoureux brûlaient de désir. En fait, le seul but de l’amour courtois était d’attiser la flamme des amants jusqu’à l’incandescence.
Un voleur est bien placé pour savoir que rien n’est jamais gratuit.
Les raisonnements magiques font partie de l’existence au Moyen-Âge. La pensée rationnelle ne naîtra que trois ou quatre cents ans plus tard. Étant donné le niveau général de naïveté et de superstition de leur culture, Raymond n’a pas dû avoir trop de difficultés à convaincre Pierre que la lance – et non leurs manigances – avait fait de lui un grand homme au sein de l’armée. Une fois convaincu de son aura sacrée, Pierre avait simplement imaginé que la relique le protégerait du feu.
Les hommes comme Judas ne tombent pas aussi discrètement dans l’oubli ; ils se consument brillamment jusqu’à leur heure de gloire avant de décéder d’une mort brutale.
La seule chose qui l’intéressait dans l’art, quel qu’il soit, c’était sa capacité à impressionner les Romains et le reste de l’humanité. Il n’arrivait pas à concevoir que son regard puisse être teinté de subjectivité. Les cheveux et la barbe étaient parfaits. L’esclave s’était contenté de peindre son modèle comme s’il sortait des thermes romains en fin de journée, en imaginant qu’il y ait mis un jour les pieds.
La vie continue, tu sais. Ce que tu ressens aujourd’hui, c’est toujours de la colère. Si tu la laissais partir, la peine finirait par s’apaiser.
Il tomba nez à nez avec un portrait du Christ qui, si la légende disait vrai, avait été peint dans le palais d’Hérode à Jérusalem sur l’ordre de Ponce Pilate. D’après les textes anciens, quiconque posait les yeux sur lui vivrait éternellement sans jamais vieillir. Les Templiers pensaient qu’il inspirait des visions.
Une femme pouvait porter l’enfant de son mari, l’épauler en toutes circonstances, être son alliée politique, sa confidente et son amie tout en entretenant une correspondance avec le véritable amour de sa vie.