AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Grazia Deledda (60)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le pays sous le vent

Les avis sur ce roman me laissaient perplexe. J'étais tombée sous le charme de l'écriture de Grazia Deledda dans Elias Portolu et Dans l'ombre, la mère. Je ne pouvais pas concevoir que son style dans Le pays sous le vent puisse être si différent. Et pourtant, ce fut une déception.



L'histoire en elle-même m'a semblé un peu superficielle tout comme le traitement des personnages. Le pays sous le vent commence par un voyage de noces. Nina ne semble pas particulièrement ravie. Elle se remémore sa vie de jeune fille dans la maison familiale. Il y a quelques années, ses parents ont logé le fils d'un notaire de leur connaissance. Cette furtive rencontre avec cet étudiant en médecine a laissé à Nina une forte impression. Elle se souvient d'un Gabriele charmant et extravagant. Désormais mariée, alors qu'elle passe son voyage de noces dans une maison de campagne, la jeune femme aperçoit un homme chétif et malade. Celui-ci n'est autre que Gabriele.



La coïncidence m'a semblé énorme. Quant aux personnages, je les ai trouvés plutôt insipides. J'ai eu la sensation que leurs tempéraments étaient juste survolés. Je n'ai pas réussi à cerner Nina, trouvant souvent ses réactions excessives voire agaçantes. Concernant l'écriture, je rejoins l'avis d'autres lecteurs qui se sont exprimés avant moi : un ton un peu mièvre et des descriptions redondantes. Le roman est assez court.



Malgré cette déception, j'espère retrouver dans d'autres romans de Grazia Deledda ce qui m'avait tant plu lors de mes précédentes lectures.

Commenter  J’apprécie          150
Âmes honnêtes

Un petit chef-d'oeuvre de charme et d'émotion !

Anna l'orpheline est accueillie dans la famille Velena dont elle va partager les plaisirs, les jeux et les chagrins, tout en restant la petite cousine sans fortune.

De là, et de sa piété, va se développer son "désir intense de sacrifice" ; car chez les riches Velena, il est primordial de se marier à la hauteur de sa condition.

À chaque lecture de Deledda, je suis toujours sous le charme de son style, pas le moins du monde désuet.

C'est avec ce charme qu'elle nous plonge dans l'atmosphère familiale, dans les personnalités de chacun de ses membres et des liens qui les unissent, par de menus détails pleins de vie.

Mais ce que j'aime par dessus tout, c'est comment elle utilise son observation de la Nature et du passage des saisons pour incarner les émotions, et comme le reflet de l'humeur de ses personnages : ciels orageux et aubes candides, formes des nuages et chants des oiseaux, tout vous parle dans son écriture.

Alors oui je l'admets, par certains côtés ça date un petit peu tout de même.

Anna "se jeta sur son lit en pleurant et cherchant à étouffer ses sanglots avec son petit mouchoir brodé".

Le cousin Sebastiano s'énerve ? "Les instincts sauvages du Sarde jaloux s'éveillèrent en lui."

Il pourrait aussi y avoir un peu trop de religiosité dans le récit, mais Deledda évite cet écueil en abordant une réflexion somme toute universelle : "Pourquoi donc les hommes ne pouvaient-ils s'accorder ? Pourquoi se créer tant de maux, sachant bien que tout finit ?"

S'ajoutent à l'intrigue des détails sur les "coutumes bizarres" de la Sardaigne profonde, et puis surtout, j'ai été dévorée du désir de trouver un livre de recettes sardes, en lisant les menus détaillés dont ces "deux magnifiques tourtes d'amandes et de miel".

Pas vous ?



Traduction de Fanny Rivière.



Challenge ABC

Challenge Nobel
Commenter  J’apprécie          3015
Elias Portolu

Après avoir été conquise par l'écriture de Grazia Deledda dans Dans l'ombre, la mère, je n'ai pu résister longtemps avant de me procurer un autre roman de l'auteure. Écrit dans un style similaire, le récit m'a tout autant plu, peut-être même davantage.



Nous sommes à Nuoro en Sardaigne. À vingt-trois ans, Elias Portolu sort de prison. De retour sur son île natale, il est chaleureusement accueilli par ses proches, ses parents et ses deux frères Pietro et Mattia. Son frère aîné Pietro, s'apprête à se marier avec Maddalena. Mais Elias et Maddalena sont attirés l'un par l'autre.



Tout au long du roman, on suit l'introspection d'Elias. Le jeune berger, tiraillé entre la passion et la raison, s'adonne à la rêverie, s'interroge et se torture. Il se laisse souvent dominer par ses peurs. Pour échapper à ses sentiments et aux conséquences que ceux-ci pourraient avoir sur sa famille, il envisage de devenir prêtre.



Dans l'ensemble, j'ai apprécié la sensibilité de ce personnage masculin. Les personnages secondaires m'ont également plu : le côté attachant du père malgré un caractère bien trempé, la piété de la mère, la jovialité de l'abbé Porcheddu ou encore la sagesse des conseils de Zio Martinu.



Grazia Deledda parvient à plonger le lecteur dans une ambiance particulière et dépeint habilement les traditions sardes. Personnellement j'ai été séduite par cette histoire d'amour impossible.
Commenter  J’apprécie          150
Elias Portolu

Dans ce récit romantique, Grazia Deledda nous propose un voyage immersif et sentimental en Sardaigne. Cette écrivaine italienne, prix nobel de littérature, a publié une oeuvre vaste que je vous recommande de découvrir.



Elias Portolu a été emprisonné de nombreuses années. Quand il sort de prison, il retrouve ses proches. Entouré de ses parents et de ses frères, il renoue avec une famille aimante. Son père vante les mérites de ses trois enfants et se réjouit du retour de l’un de ses fils. Pietro, son frère est fiancé avec Maddalena. Cette union, reliant deux familles, égaye la région de Nuoro.



Quand Elias croise le regard de Maddalena son coeur vacille. Ebloui par la jeune femme, il tombe immédiatement amoureux. Partagé entre son désir et la terrible trahison qu’il ferait à son frère, il se mure dans le silence. Pourtant ses sentiments pour la jeune femme semblent incontrôlables, arrivera-t-il à enfouir cette passion interdite ?



Si l’intrigue reste classique et le personnage tourmenté d’Elias n’a pas suscité pour ma part un vrai charme, la beauté de ce roman est ailleurs. En effet, j’ai trouvé la fluidité du style et la description des paysages remarquables. Ce roman propose une plongée poétique dans une Sardaigne rurale et traditionnelle !
Commenter  J’apprécie          60
Dans l'ombre, la mère

Le résumé de ce roman me tentait et je dois dire que je n'ai pas été déçue. D'emblée, j'ai été séduite par l'écriture de Grazia Deledda, première italienne à recevoir le prix Nobel de littérature en 1926. Dans l'ombre la mère, paru d'abord sous forme de feuilleton en 1919, a été publié roman en 1920. L'histoire se déroule en Sardaigne dans un petit « village perdu » du nom de Aar où une sorte de malédiction semble s'abattre depuis longtemps sur les curés de la paroisse.



Maria Maddalena était autrefois servante. Il y a sept ans, cette veuve aux mœurs irréprochables s'est installée dans ce village avec son fils Paulo. Ce dernier, âgé de vingt-huit ans, est devenu prêtre. La Mère est fière de cet unique fils : « Sept années s'étaient passées ainsi, et la Mère ne l'incitait pas à bouger parce qu'ils étaient si heureux là-haut, dans le petit village qui, pour elle, était le plus beau de la terre parce que son Paulo en était le Christ et le roi.»



Mais depuis quelques temps, la Mère perçoit des changements dans l'attitude de son fils, lui qui jusqu'alors vivait « comme un enfant innocent : il étudiait, priait et vivait pour le bien de ses paroissiens ». Paulo s'est en effet épris de la riche et solitaire Agnese.



Dans ce roman, on entre véritablement dans la tête des personnages, partageant leurs tourments, leurs souvenirs et leurs doutes. Paulo est tiraillé entre son amour pour Agnese et le serment qu'il a fait à Dieu, tandis que la Mère se sent impuissante face à la perdition de son fils. Je me suis attachée à ces personnages. J'aurais aimé connaître davantage les sentiments d'Agnese, du moins sous le même traitement que les deux autres personnages. En tout cas, le suspense m'a tenue jusqu'à la dernière ligne.



La manière d'écrire est très agréable et poétique dans ce roman assez court d'environ 150 pages qui plonge le lecteur dans une ambiance rurale du début du XXème siècle où les traditions dominent encore.

La couverture de cette collection des éditions Cambourakis est très jolie avec des couleurs attrayantes.

Commenter  J’apprécie          160
Le pays sous le vent

Le style de l’écriture est soigné. La narratrice est passionnée et tourmentée. Et l’histoire est belle. Mais le formalisme m’a encouragée à continuer jusqu’au bout malgré une intrigue amoureuse un peu classique. Car Grazzia Deleda a une écriture à laquelle Jules suis personnellement sensible.
Commenter  J’apprécie          00
Braises

Troisième incursion dans l'oeuvre de Grazia Deledda et le charme agit toujours, incandescent cette fois.

Il brûle d'un feu inextinguible, le coeur d'Anania abandonné par sa mère dont il n'aura de cesse que de vouloir la retrouver pour qu'elle expie sa faute. C'est pourtant elle, la fille mère abandonnée à une vie de cendres, qui donnera son enfant à son père pour qu'il ait une vie meilleure. Mais nous sommes en Sardaigne, au tournant du siècle, et au fond des villages de montagne la vie ne fait pas de cadeaux aux jeunes filles qui n'ont su résister aux braises de la passion.

Drame pastoral, sacrifices croisés d'une mère au destin brisé et d'un fils dont le poids de son histoire familiale anéantira l'ascension sociale vers la lointaine Rome, évocation vibrante d'une île dont la nature forge le coeur des hommes : Grazia Deledda, la plus incandescente des auteures nobellisées, nous offre encore un roman somptueux et tragique, saisissant de passion et de modernité.
Commenter  J’apprécie          284
Elias Portolu

En 1926, Grazia Deledda recevait le prix Nobel de littérature. Première femme à l'obtenir, si je ne m'abuse... Et cela n'a pourtant pas empêché son nom de rentrer dans un certain oubli...



Je dois à une de mes librairies favorites, la Librairie Point Virgule, cette magnifique découverte! C'est là où l'on se rend compte si nous l'avions oublié, combien le travail de nos libraires et librairies est précieux. En plus de mettre en lumière, de défendre, de promouvoir, ils permettent à des textes et des auteurs de sortir de l'oubli où le temps les y avait placés! Merci à eux 🙏♥!



Ici je leur dois la découverte d'une autrice à la plume sublime et pourtant au style âpre sans tomber dans une dureté, mais au contraire en donnant vie aux éléments, aux êtres comme les haïku's savent nous procurer des émotions et des sensations! En effet, Grazia Deledda en peu de mots, arrive à nous faire vivre son île, sa Sardaigne et Nuoro en particulier! J'ai vu les paysages qu'elles nous décrit. J'ai senti le vent dans les cheveux, le soleil sur ma peau, cette atmosphère qui vous enveloppe au point de vous faire vibrer tout entière! J'ai entendu la nature dans ses champs, ses bruissements... J'oserai même dire dans ses respirations !



Cette écrin sert de décor à la famille Portolu. On y fait connaissance avec Zia Annedda et Zio Nette, les parents et leurs trois fils, Pietro, Mattia et Elias. On les prend au moment où Elias, le fils bien-aimé et cadet de la famille, rentre enfin de ses années de prison et où Pietro l'aîné va bientôt se marier avec la sublime Maddalena... Le bonheur de chacun des membres est à son comble et pourtant, il suffira d'un regard pour que le destin d'Elias et Maddalena en soit à jamais bouleversé...



J'ai trouvé cette histoire très moderne pour l'époque. En effet, c'est la psyché et les tourments d'Elias que nous allons vivre, suivre... Et non ceux de Maddalena qui ici, s'écarte du rôle de femme fragile qu'on attribue généralement aux femmes à l'époque. En effet, bien que dépendante du statut que son genre lui confère, elle aura la force d'une femme libre pour oser demander ce que son cœur lui réclame... Elias, tout homme qui l'est, aura plus de mal à assumer ce qui enflamme son cœur. Le plongeant dans des abîmes tout en lui conférant une humanité bien plus complexe que les stéréotypes qu'on avait tendance à défendre pour les hommes à l'époque.



Face à une telle modernité de propos, le prix Nobel prend pour moi encore plus d'importance, ici, dans sa symbolique! On l'a décerné à une autrice qui a osé casser des stéréotypes à une époque où le droit de vote pour les femmes n'était pas encore acquis partout!
Commenter  J’apprécie          74
Cosima

"Cosima" est le dernier roman de l'écrivaine sarde Grazia Deledda dont j'avais déjà lu deux romans. Celui-ci est le plus clairement autobiographique puisqu'il met en scène l'enfance et l'adolescence d'une jeune fille qui se découvre une vocation d'écrivain. Cette activité est perçue comme une tare dans l'environnement rural et pauvre de la Sardaigne du 19ème siècle où les coutumes et les modes de vie obéissent à des règles anciennes. Comme dans ses précédents romans, Grazia Deledda donne une idée réaliste de l'apreté de la vie de l'époque mais montre aussi beaucoup de poésie dans ses descriptions en particulier dans le lien qui unit l'être humain à la nature. C'est aussi une vision féminine unique de ce temps.
Commenter  J’apprécie          00
Elias Portolu

Un petit monde entouré par la mer, un monde sûr, contrairement à un mauvais continent, plein de dangers. On respire une atmosphère lointaine dans Elias Portolou, faite de montagnes insidieuses, d'une nature qui peut devenir maléfique, aussi de sentiments profonds et dévastateurs.

Deledda décrit les personnages de manière à les rendre presque vivants sous nos yeux.



Ce qui frappe au-delà du style apparement sec, c'est la capacité à suggérer, à travers des actions et non des descriptions, les ambiances, l'histoire et les bouleversements intérieurs à la fois d'Elias, mais aussi des autres personnages, réussissant ainsi une intrigue complexe composée de nombreux fils conducteurs pour définir parfaitement le microcosme dans lequel se déroule l'histoire.



La nature est l'arrière-plan de ce théâtre, dans lequel les acteurs jouent leur travail et si Elias est la représentation de la véhémence et de la culpabilité, de la volonté vaincue par la passion, Maddalena, la femme de son frère, devient tantôt la victime et tantôt la tentatrice, la pure colombe et le pécheur.

Deledda ne s'érige jamais en juge, elle se borne à décrire, dans les moindres détails, les réalités possibles – à propos d' Elias elle nous mène à la pitié, à la colère, ou à la compassion.



Elias devient la Sardaigne puis le monde entier ; Deledda devient la porte-parole d'un malaise universel, elle raconte une époque, décrit ce qui existe réellement, mais ne se limite pas à cela, elle réussit d'une manière presque magique à laisser respirer les émotions, générant une empathie chez le lecteur qui conduit à la souffrance avec les personnages, non seulement pendant la lecture, mais aussi après.



Le style, je me répète, est moderne et minimaliste, il ne faut pas commettre l'erreur de séparer les éléments qui composent le roman, car s'ils sont analysés singulièrement, ils apparaissent redondants et excessifs, la maîtrise de Deledda réside entièrement dans la création d'une alchimie telle qu'elle fasse de l'ensemble un produit d'une intensité évocatrice rare.



Ne passez pas à côté de Grazia Deledda, chaque fois que je la lis, je me pose la question suivante: Geoges Bernanos l'avait-il lue ?
Lien : http://holophernes.over-blog..
Commenter  J’apprécie          80
Canne al vento

Romanzo terroir eccezionale dove miti, leggende e superstizione si sciorinano di pagina in pagina, dandoci la possibilità di scoprire la Sardegna di inizio secolo scorso. Una semplicità  un po' distaccata, regionalismi, e tutta la piccolezza dell'essere umano, che fluttua fra gli eventi della vita come una canna al vento appunto.



La trama è tipica dei romanzi di fine Ottocento: famiglia nobiliare in declino, amori mai voluti eppur cercati, o al contrario sempre provati e guardati da lontano, il peso del Destino onnipotente, il dibattersi inutilmente dell'uomo...storie su generazioni, esistenze decise da una parola, uno sguardo, un digrignar di denti. Resta un senso vago a fine lettura, una certa inquietudine, vicina all'angoscia e al tempo stesso prevaricato dalla serenità dell'immutabilità del destino umano.



Commenter  J’apprécie          10
Elias Portolu

Un livre trouvé totalement par hasard en flânant en bibliothèque, en lisant le quatrième de couverture je découvre alors que l'auteure a reçu le prix Nobel.



L'écriture est agréable, fluide. On suit l'histoire d'Elias, fils de berger qui sort de prison et qui retrouve sa famille. A cela s'ajoute une histoire d'amour impossible, les sentiments contraires d'Elias sont exprimés tout au long du roman.



Bien que j'ai trouvé la lecture plaisante, je n'ai pas réussi à m'attacher à Elias, j'avais l'impression d'être dans une certaine langueur dès que je lisais le livre.



Quelques passages m'ont fait pensé à L'art de la joie.
Commenter  J’apprécie          80
Le pays sous le vent

Je découvre Grazia Deledda avec ce roman, et bien qu'un peu mitigé au départ, c'est finalement une lecture positive. On suit dans ce court récit les souvenirs d'une jeune italienne qui lors de son voyage de noces retrouve par hasard l'homme dont elle s'était follement éprise des années auparavant. Ce pitch rapide peut donner l'impression d'avoir affaire à une banal romance à l'eau de rose, mais il n'en est rien. Après donc un début (disons environ le premier quart) qui m'a beaucoup fait penser à la plume d'Alice Munro (autrice que j'ai lu il y a environ un an et qui n'avait pas réussi à m'accrocher en dépit d'une écriture et d'une psychologie parfaitement maitrisées), le roman gagne en profondeur et en complexité. Le déroulement n'est pas forcément celui auquel on peut s'attendre, les personnages sont en fait très réalistes dans leur perplexité et dans leur âpreté. J'ai particulièrement aimé le personnage de Gabriele, l'amour de jeunesse, qui m'a beaucoup plus de par sa déchéance et par le fait à la fois absurde et pourtant très réaliste de rester bloqué sur un évènement du passé. Donc en dépit d'un début long et dans lequel il m'a semblé que Deledda devait prendre plaisir à se relire, l'histoire gagne en intérêt de par un rythme plus soutenu et un récit de plus en plus abrupte et tranchant.
Commenter  J’apprécie          31
Il vecchio della montagna

«Melchiorre Carta monta sur la montagne, retournant à sa bergerie. C'était un jeune berger blond, de petite taille ; une ride apparut entre ses épais sourcils noirs, qui se détachaient sur le jaune terne de son visage, entouré d'une clairsemée barbe rousse. Même la veste de cuir de son costume était jaunâtre, et le petit poney qu'il montait était rougeâtre, trapu, anguleux et pensif comme son maître. Melchiorre était un jeune homme de bonnes mœurs et d'une excellente renommée ; il n'avait jamais été très insouciant et gai, mais depuis quelque temps il était plus taciturne que d'habitude, et il se sentait presque méchant, parce que sa cousine Paska l'avait abandonné la veille de leur mariage. Et sans raison ! Uniquement parce qu'elle s'était soudain rendu compte qu'elle était jolie et aussi courtisée par de jeunes messieurs.»

Je vous laisse poursuivre la lecture de cette auteure que vous ne connaissez pas nécessairement,

et pourtant...

Je vais peut-être aller jusqu'à risquer l'excommunication (pour hérésie littéraire),

Grazia Deledda (1871 – 1936) fut la deuxième femme à recevoir le Nobel (en 1926), ce prix nobel récompensait une vraie auteure, rien à voir avec ce que l'on nous propose depuis quelques années comme lauréates (à l'exception de Szymborska, Togarcuk et Louise Glück)



Pour le lire, il faut connaître l'italien, il y a peu de traduction des romans de Grazia.
Lien : http://holophernes.over-blog..
Commenter  J’apprécie          60
Elias Portolu

Ca coulisse comme l'eau d'un torrent sur les rochers, limpide comme de l'eau de roche. Quelle merveilleuse prose que celle de Grazia Deledda ! Je l'ai découverte sur le tard mais elle est définitivement dans le panthéon des auteurs et autrices de ma bibliothèque. Fort comme du théâtre shakespearien, doux comme une poésie romantique, acéré comme un roman Dostoïevski en, unique comme grâce de Grazia.
Commenter  J’apprécie          30
Le pays sous le vent

Grazia Deledda à eu le prix Nobel de Littérature en 1926. Elle est la deuxième femme à l'obtenir, où plutôt à l'arracher à cette caste masculine d'auteurs.

Dans ce roman, Deledda parle de femmes, d'amours, de contraintes de classe et de genre. Un vent de fantastique plane sur ce court récit. Il reste impalpable mais distille un goût aigre-doux à la semi-independance qu'accorde le mariage à notre héroïne. Disons que son sort s'améliore, contrairement à sa vie dans sa famille, alors elle fait ce qu'on exige des femmes depuis la nuit des temps : elle se résigne. Nous assistons, presque distant, aux relations qui se tissent entre les différents personnages. La Nature est l'une d'eux, tant l'autrice la décrit avec soin et brio. Il ne se passe pas grand-chose en terme d'action et cette pointe de fantastique apporte un relief qui réhausse le récit.

.

Nina, notre personnage principale, a ce fantasme de l'amour et du mariage qu'ont les héroïnes brontéiennes, avec leurs robes prises par le vent qui bat les landes anglaises (d'ailleurs, ce bout de Sardaigne est une terre de vent). Donc si vous aimez ce style d'ambiance, cette contemplation lointaine et les écritures travaillées, foncez !
Commenter  J’apprécie          00
Le lierre sur l'arbre mort

L’arbre mort est ce qui reste de cette très ancienne famille de notables sardes, dont la grande maison trône au milieu du village, mais dont le garde-manger est vide. Le dernier membre masculin de la dynastie, Paulu, est sans cesse par monts et par vaux, à tenter de trouver de l’argent, un plan pour en gagner, une bonne âme (bonne ou naïve, c’est selon) pour en emprunter. L’ambiance "fin de race" (quelle expression horrible, m’enfin vous voyez ce que je veux dire) est excellemment rendue dans ce roman très, très sombre, notamment par la présence de cette dernière branche de l’arbre, la petite fille lourdement handicapée qui va clore la dynastie. Sauf si…

Il y a aussi le lierre, attaché à cet arbre agonisant : Annesa, femme forte, pleine de vie, qui a été adoptée enfant par cette famille et s’y dévoue toute entière. Convoitée pour sa beauté et sa personnalité, elle n’a d’yeux que pour Paulu : sera-t-il son avenir, ou bien sa perte ? À quoi Annesa est-elle prête pour sauver sa famille d’adoption ?

Extraordinaire roman, d’une très grande subtilité, qui dépeint la fin d’une époque, l’agonie d’une sorte d’aristocratie rurale et patriarcale, et y oppose la vitalité, la rage d’Annesa : un portrait de femme assez inoubliable.

Traduction fluide de Fabienne Andrea Costa.

Challenge ABC 2022/2023

Challenge Nobel
Commenter  J’apprécie          199
Roseaux au vent

Efix  est un agriculteur qui travaille depuis plusieurs années dans une ferme en Sardaigne appartenant aux dames Pintor.

À la fin d'une dure journée de travail il reçoit, en fin de soirée, la visite d'un jeune homme qui demande quelques éclaircissements concernant une lettre qui vient d'arriver. 

Efix retrace l'histoire de la famille Pintor ; 

les trois demoiselles Pintor , Ruth, Noemi et Ester ,

la mère Donna Cristina , décédée prématurément,

le père Don Zame, despotique et arrogant, de plus en plus tyrannique envers ses filles jusqu'à sa mort, survenue dans la rue pour des raisons inconnues, peut-être une syncope ou une agression par des inconnus,

sa sœur Lia, qui s'est enfuie suite à des mésententes familiales.

Des roseaux sous le vent (Canne al vento) est une simple histoire d'hommes simples. 

Le talent de l'auteur – je dois dire auteure...

a été de représenter avec succès la société de l'époque avec ses traditions, ses fêtes et ses superstitions. 

Elle décrit une société dans laquelle la journée était consacrée aux tâches les plus simples de la vie et la nuit au repos. 

La nuit qui est un moment de magie, animée par toutes sortes de créatures fantastiques.



Les romans de Grazia présentent, dans une langue qui colle au sujet, les vies de ceux que l'on appelle maintenant les gens de peu.


Lien : http://holophernes.over-blog..
Commenter  J’apprécie          90
Braises

Encore un magnifique ouvrage signé Grazia Deledda, bien trop méconnue eu égard à son immense talent. Une plume à la fois chaleureuse et acérée comme des flammes,des histoires antiques et modernes, traditionnelles et novatrices à la fois. Toute la force du roman, la passion du théâtre avec ces personnages dramatiques et profonds et la délicatesse de la poésie par ce langage imager et émouvant, voilà comment on pourrait résumer la prose de Grazia. On a envie de s'enivrer des senteurs et paysages sardes aux premières phrases évocatrices de son île natale. Une Autrice à découvrir et redécouvrir !
Commenter  J’apprécie          30
Elias Portolu

Dès les premières pages de cette histoire, l’écriture m’a transportée dans le maquis sarde à la fin du XIXème siècle. On retrouve tous les codes que l’on peut imaginer pour ce lieu et cette époque : importance de la famille, de l’honneur, de la religion.

Le jeune Elias Portolu vient tout juste de sortir de prison et il retrouve les siens : sa mère, la mamma italienne très croyante, son père l’homme fier d’être un homme ainsi que ses deux frères. Mais les choses ont changé pendant son absence et l’un de ses frère doit se marier avec Maddalena. Or, dès les premiers instants, Elias et Maddalena tombent amoureux l’un de l’autre. A partir de ce moment, il y a peu de surprises dans la suite du roman. Tout est très attendu dans ce trio amoureux classique de la littérature.

C’est le traitement qu’en fait l’auteur qui fait tout l’intérêt du roman. En effet, elle s’attache particulièrement à détailler les pensées, émotions et sentiments variés qui habitent le héros tout au long de l’histoire. Malgré la brièveté du roman, Grazia Deledda prend le temps de décrire minutieusement tout ce qui se passe dans la tête d’Elias. Parfois un peu trop à mon goût. J’ai trouvé que le rythme du roman s'essoufflait et qu’il souffrait de nombreuses répétitions.

Même si j’ai passé un bon moment de lecture, je regrette les choix (ou plutôt les non-choix) d’Elias. Je n’ai pas totalement adhéré au chemin de vie qu’il a suivi malgré les conseils donnés par son ami. Ce n’est bien sûr qu’un avis personnel et cela n’enlève rien aux qualités psychologiques du roman. Je salue d’ailleurs le traitement novateur du sujet pour l'époque.

Je suis maintenant curieuse de découvrir d’autres œuvres de l’auteure pour avoir un point de comparaison.
Commenter  J’apprécie          81




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Grazia Deledda (188)Voir plus

Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
816 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur cet auteur

{* *}