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Citations de Guadalupe Nettel (50)


On a tendance à croire que les liens qui nous attachent aux autres, en particulier l’affection, sont éternels et inamovibles. Pourtant, les gens changent beaucoup au gré des lieux et des circonstances.
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"Êtres imparfaits dans un monde imparfait, nous sommes destinés à ne jamais connaître que des miettes de bonheur ;"
"Quelle alternative avons - nous ?"
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Certaines personnes préfèrent vivre dans l'ignorance afin que l'émerveillement dure le plus longtemps possible.
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Et si notre existence était une sorte de moule, tel celui du sculpteur, ou du forgeron ? me suis-je demandé. Si chaque expérience que nous faisons pendant que nous sommes en vie, chaque émotion, chaque idée était à l’image d’un disque qu’on enregistre une seule fois et qu’on écoute ensuite passivement, en boucle, sans rien pouvoir y changer, perdrions-nous notre temps comme nous le faisons, à nous tourmenter avec des idées et des pensées douloureuses pour qu’elles se répètent à l’infini ?......Mais dans le cas contraire, en supposant que nous soyons informés du caractère limité de notre durée de vie et que nous puissions choisir comment passer l’éternité, que voudrions-nous faire, penser ou dire ? Quel serait notre jugement dernier ? Je n’ai pas trouvé de réponse.
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Une nuit, je me réveillai en sursaut après un cauchemar dont je ne pus me souvenir. La lune presque pleine pénétrait à travers le shôji, baignant la chambre d ‘une lumière bleutée. Le corps de Midori était presque entièrement allongé sur le mien, respirant sereinement dans un sommeil profond. Ses jambes et ses bras en laçaient les miens, imitant les branches d’un lierre ou d’un chèvrefeuille. C’est ainsi que je le découvris : ma femme était une plante grimpante, souple et brillante. « C’est pour cela qu’elle aime tant la pluie, pensai-je, alors que, moi, je ne la supporte pas.
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J’avoue cependant que, souvent, tandis que je déambule dans les rues ou dans les couloirs de quelque édifice, l’envie me saisit soudain de faire une photo, pas de paysages ou de ponts comme le fit naguère mon père, mais de paupières insolites que de temps en temps je repère dans la foule. Cette partie du corps, que j’ai vue toute mon enfance, et sans jamais ressentir le moindre dégoût, a fini par me fasciner. Exhibée et cachée par intermittence, elle oblige à rester en état d’alerte si l’on veut découvrir quoi que ce soit qui en vaille vraiment la peine. Le photographe doit éviter de cligner des yeux en même temps que le sujet étudié pour capturer le moment où l’œil se ferme comme une huître joueuse. J’en suis venu à penser que cela nécessite une intuition particulière, proche de celle d’un chasseur d’insectes, et je crois qu’il y a peu de différence entre un battement d’ailes et un battement de cils.
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Le XXe, (Paris)lui, est bien plus populaire et pauvre.....Tout près, il y avait une boucherie casher et,juste au coin, son équivalent halal. À cette heure, le quartier était si paisible, si familial, qu’on aurait eu bien du mal à imaginer les parents des personnes qui fréquentaient ces lieux se livrer une guerre impitoyable à quelques milliers de kilomètres de là.
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Les deux pigeons étaient revenus. Posés sur le nid, ils roucoulaient plus fort que d’habitude, me semblait-il. Regrettaient-ils la présence de l’autre œuf ? Vivaient-ils sa disparition comme une perte douloureuse ou était-ce une chose à laquelle les pigeons et les autres animaux étaient préparés, quand nous autres êtres humains ne pouvions tout simplement pas le tolérer ?
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Selon tes propres ancêtres, la seule manière d'en finir avec un démon ou avec une émotion infamante, c'est de la regarder en face. Voilà pourquoi j'ai acheté cet animal, voilà pourquoi j'ai décidé de le séparer de sa partenaire, pour observer sa douleur comme le reflet de la mienne.

(dans la nouvelle "Le serpent de Pékin")
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"Il ne faut rien censurer, seulement conserver ce qui est compréhensible;"
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« Pourquoi durer est-il mieux que brûler? » se demandait le sceptique Roland Barthes. L’amour et le bon sens ne sont pas toujours compatibles. Généralement l’on tend à choisir l’intensité le peu qu’elle dure et malgré tout ce qu’elle met en péril.

(Dalva, p.99)
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On dit que le martèlement d’une goutte d’eau tombant sans interruption sur le sol d’une cellule de prison brise en quelques jours les nerfs d’un détenu. Je vous assure, docteur, vivre aux cotés de quelqu’un qui fait craquer ses doigts à tout instant, c’est plus ou moins la même chose.
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Je fais partie de ces gens dont le corps se crispe intégralement quand les pleurs d'un bébé retentissent dans un avion ou la salle d'attente d'un cabinet, et qui deviennent fous si ces cris se prolongent au-delà de dix minutes. Mais ce n'est pas non plus comme si les enfants me repoussaient complètement. Les voir jouer au parc ou s'écarteler pour un jouet dans un bac à sable peut même parvenir à me distraire. Ils sont un exemple vivant de ce que nous serions nous, êtres humains, si le civisme et les règles de savoir-vivre n'existaient pas. (16)
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Le meilleur moment pour entrer dans les restaurants, c'étaient les heures de pointe, personne alors ne remarquait ma présence et je pouvais m'aventurer dans les toilettes du lieu, qui, tout comme la proximité des femmes, étaient une véritable découverte pour mes vingt ans. Il n'était pas rare alors que je préfère me faufiler dans les sanitaires réservés aux dames, et m'immerger dans leur sillage. Les autres, réservés à mon sexe, me semblaient peu prometteurs, dans les taches des urinoirs je décelais de l'arrogance, parfois de la rivalité, mais rien qui vaille la peine que je m'en souvienne en arrivant à mon studio, où je ne survivais aux relents de la solitude et de l'enfermement qu'en me réfugiant dans les odeurs récoltées pendant la journée.
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Quand on est jeune, il est facile d’avoir des idéaux et de vivre en accord avec eux. Ce qui est compliqué, c’est de maintenir une cohérence dans le temps malgré les difficultés que nous impose la vie.
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Toute preuve trouve sa force dans l'élan avec lequel elle se révèle. Les promesses sont des affaires humaines, elles sont le fruit de la volonté et de l'erreur humaine, tandis que les révélations sont celui de notre participation à ce qui nous transcende et nous dépasse. p.139
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Et c’est ainsi, en parcourant ses livres et les papiers insérés entre
les pages de certains d’entre eux, que je tombai sur un volume dont le titre
retint immédiatement mon attention. Il s’agissait du court roman de Gabriel
García Márquez L’Incroyable et Triste Histoire de la candide Eréndira et de
sa grand-mère diabolique. C’était un samedi matin. Ma grand-mère était
partie avec mon frère au centre commercial, pas loin de la maison. J’ouvris
l’exemplaire et me mis à lire avec une voracité primitive. Depuis le départ
de ma mère, j’avais laissé de côté quantité de choses que j’aimais faire. Je
ne descendais même plus l’escalier de service pour me rafraîchir le corps et
les idées par temps chaud. Je lus peu au cours de ces mois et n’écrivis
absolument rien. Les livres n’éveillaient que suspicion chez ma grand-mère.
Elle savait que dans la bibliothèque de sa fille il y avait des exemplaires
bien peu édifiants, comme ceux qui expliquaient les nouvelles façons
d’aborder le sexe. Elle n’aimait pas me voir installée dans le bureau et
chaque fois qu’elle me trouvait en train de rôder autour de la bibliothèque,
elle se plaignait :
— Je ne vois pas pourquoi ta mère a laissé tous ces livres ici, à votre
portée. Elle aurait dû les cacher. Ce ne serait pas une mauvaise idée de les
vendre au poids.
Voilà ce qu’elle disait, elle qui accumulait les journaux de 1930 dans les
chambres de sa maison.
Je ne voulais pas que ma grand-mère vende nos livres à un bouquiniste,
et préférais donc feindre qu’ils ne m’intéressaient pas, même si cela
représentait un sacrifice. Cependant, le matin où je tombai sur ce roman, je
ne pus le lâcher et lus, lus autant que je pus pendant son absence, et
lorsqu’elle revint je continuai à lire dans les toilettes, en cachette, ou sous
les draps dès que la porte de ma chambre était fermée. Ces pages
racontaient l’histoire d’une fille, à peine plus âgée que moi, réduite en
esclavage par sa grand-mère proxénète et qui aurait donné n’importe quoi
pour se débarrasser d’elle. Eréndira essayait tout : tirer un coup de pistolet
dans la tête de la vieille, la tuer lentement avec de la mort-aux-rats, mais la
grand-mère résistait. En plus, le roman parlait d’amour, de politique et
d’érotisme. Bref, c’était exactement le genre de livre que ma grand-mère
craignait de voir entre nos mains et cette transgression le rendait
particulièrement attrayant. La découverte de ce roman fut semblable,
docteur, aussi exagéré que celui puisse vous paraître, à une rencontre avec
un ange gardien ou du moins avec un ami à qui se confier, chose tout aussi
improbable dans ma vie d’alors. Le livre me comprenait comme personne
au monde et en outre il se permettait de parler de choses qu’il est bien
difficile de se confesser à soi-même, comme l’envie irrépressible
d’assassiner un membre de sa famille.
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Incontestablement une grossesse change quantité de choses, entre autres la relation que l’on entretient avec les gens : les amies qui avaient décidé de ne pas avoir d’enfants la regardaient à présent différemment, comme si Alina était atteinte d’une maladie contagieuse. Au contraire, celles qui en voulaient et voyaient le temps passer la contemplaient avec une admiration teinte d’envie. J’ignore si l’une d’elles, autre que moi, était sincèrement heureuse pour elle.
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Je me suis dit que, comme le printemps succède à l'hiver et nous permet, année après année, d'oublier sa rigueur, il y aurait toujours des enfants pour jouer et courir sur les tombes de nos morts. Et que c'étaient eux, les enfants, qui savaient le mieux sinon les condamner à l'oubli, du moins raviver notre envie de vivre, malgré leur douloureuse absence.
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Paris nous a accueillis dans le froid, mais sans cette pluie incessante qui la caractérise. Tandis que nous remontions le boulevard Haussmann dans le taxi que nous avions pris à l'aéroport, j'observais , fasciné, les façades lézardées, les immeubles et le monuments cossus, et j'ai compris qu'à l'image de Ruth, Paris est un quinquagénaire aux humeurs changeantes mais qui a beaucoup de classe.
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