Il est vrai que, quand on est jeune, on ne comprend pas grand-chose; mais il tout aussi vrai qu'on ne se donne pas la peine de vous faire comprendre quelque chose.
[...] quand je raconte, je veux être libre de le faire à ma guise. Si le lecteur n'est pas content de la façon dont je m'y prends, si elle ne lui semble pas conforme à la technique du parfait conteur, qu'il cesse de lire, je ne m'en offusquerai pas; mais je veux divaguer, être prolixe, lassant même : faire comme cela me chante.
Des cris et des vivats accueillirent l'emblème tricolore qui flottait au soleil, par une belle journée de printemps. C'était l'emblème de l'unité de l'Italie qui, le 27 avril 1859, dans tout Florence et dans ma maison en premier, se montrait devant les acclamations du peuple.
- Dites-moi, tante, commençai-je, en quoi notre religion est-elle différente de celle des orthodoxes ?
- En ceci : que la nôtre est vraie et la leur est fausse.
- Comment fait-on pour distinguer les religions vraies des religions fausses ?
- Qu'est-ce que tu me chantes là ? De religion vrai, il n'y a que la nôtre, toutes les autres sont fausses.
Je me rendis compte que, par là, je faisais fausse route; ma tante ne connaissait peut-être même pas ces différences et essayait tant bien que mal de s'en sortir