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Citations de Gustave Flaubert (2959)


TERRE
Dire "les quatre coins de la terre" puisqu'elle est ronde.
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Quelle heure est-il ? demanda-t-elle. La mère Rolet sortit, leva les doigts de sa main droite du côté que le ciel était le plus clair, et rentra lentement en disant : – Trois heures, bientôt.
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Flaubert à Maupassant

Croisset, 15 août 1878

[...]
Maintenant parlons de vous.
Vous vous plaignez du cul des femmes qui est "monotone". Il y a un remède bien simple, c'est de ne pas vous en servir. "Les événements ne sont pas variés." Cela est une plainte réaliste, et d'ailleurs qu'en savez-vous ? Il s'agit de regarder plus près. Avez-vous jamais cru à l'existence des choses ? est-ce que tout n'est pas une illusion ? Il n'y a de vrai que les "rapports", c'est-à-dire la façon dont nous percevons les objets. "Les vices sont mesquins", mais tout est mesquin ! "Il n'y a pas assez de tournures de phrases !" Cherchez et vous trouverez.
Enfin, mon cher ami, vous m'avez l'air bien embêté et votre ennui m'afflige, car vous pourriez employer plus agréablement votre temps. Il faut, entendez-vous jeune homme, il faut travailler plus que ça. J'arrive à vous soupçonner d'être légèrement caleux. Trop de putains ! trop de canotage ! trop d'exercice ! Oui, monsieur ! Le civilisé n'a pas tant besoin de locomotion que prétendent messieurs les médecins. Vous êtes né pour faire des vers. Faites-en ! "Tout le reste est vain", à commencer par vos plaisirs et votre santé ; foutez-vous cela dans la boule. D'ailleurs votre santé se trouvera bien de suivre votre vocation. Cette remarque est d'une philosophie ou plutôt d'une hygiène profonde.
Vous vivez dans un enfer de merde, je le sais, et je vous plains du fond de mon coeur. Mais de cinq heures du soir à dix heures du matin tout votre temps peut être consacré à la muse, laquelle est encore la meilleure garce. Voyons ! mon cher bonhomme, relevez le nez ! A quoi sert de recreuser sa tristesse ? Il faut se poser vis-à-vis de soi-même en homme fort, c'est le moyen de le devenir. Un peu plus d'orgueil, saperlotte ! le "garçon" était plus crâne. Ce qui vous manque ce sont "les principes". On a beau dire, il en faut ; reste à savoir lesquels. Pour un artiste, il n'y en a qu'un : tout sacrifier à l'Art. La vie doit être considérée par lui comme un moyen, rien de plus, et la première personne dont il doit se foutre, c'est de lui-même.
[...]
Je me résume, mon cher Guy : prenez garde à la tristesse. C'est un vice, on prend plaisir à être chagrin et, quand le chagrin est passé, comme on y a usé des forces précieuses, on en reste abruti. Alors on a des regrets, mais il n'est plus temps. Croyez-en l'expérience d'un scheik à qui aucune extravagance n'est étrangère.
Je vous embrasse tendrement.
Votre vieux

[Sans signature]

Aucune nouvelle de nos amis

(p. 84 à 87)
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La fracture était simple, sans complication d’aucune espèce. Charles n’eût osé en souhaiter de plus facile. Alors, se rappelant les allures de ses maîtres auprès du lit des blessés, il réconforta le patient avec toutes sortes de bons mots ; caresses chirurgicales qui sont comme l’huile dont on graisse les bistouris.
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La Révolution est, pour les uns, un événement satanique. D'autres la proclament une exception sublime. Les vaincus de chaque côté, naturellement, sont des martyrs.
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Il faut mettre son coeur dans l'art, son esprit dans le commerce du monde, son corps où il se trouve bien, sa bourse dans sa poche et son espoir nulle part.
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Elle était près du gouvernail, debout. Il lui envoya un regard où il avait tâché de mettre toute son âme ; comme s'il n'eût rien fait, elle demeura immobile.
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On disait qu'une princesse polonaise, l'écoutant un soir chanter sur la plage de Biarritz, où il radoubait des chaloupes, en était devenue amoureuse. Elle s'était ruinée à cause de lui. Il l'avait plantée là pour d'autres femmes, et cette célébrité sentimentale ne laissait pas que de servir à sa réputation artistique. Le cabotin diplomate avait même soin de faire toujours glisser dans les réclames une phrase poétique sur la fascination de sa personne et la sensibilité de son âme. Un bel organe, un imperturbable aplomb, plus de tempérament que d'intelligence et plus d'emphase que de lyrisme, achevaient de rehausser cette admirable nature de charlatan, où il y avait du coiffeur et du toréador.
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"Le monde est cruel, Emma. Partout où nous eussions été, il nous aurait poursuivis. Il vous aurait fallu subir les questions indiscrètes, la calomnie, le dédain, l'outrage peut-être. L'outrage à vous ! Oh !... Et moi qui voudrais vous faire asseoir sur un trône ! Moi qui emporte votre pensée comme un talisman ! Car je me punis par l'exil de tout le mal que je vous ai fait. Je pars. Où ? Je n'en sais rien, je suis fou ! Adieu ! Soyez toujours bonne ! Conservez le souvenir du malheureux qui vous a perdue. Apprenez mon nom à votre enfant, qu'il le redise dans ses prières."
La mèche des deux bougies tremblait. Rodolphe se leva pour aller fermer la fenêtre, et, quand il se fut rassis :
"Il me semble que c'est tout. Ah ! encore ceci, de peur qu'elle vienne à me relancer."
"Je serai loin quand vous lirez ces tristes lignes ; car j'ai voulu m'enfuir au plus vite afin d'éviter la tentation de vous revoir. Pas de faiblesse ! Je reviendrai ; et peut-être que, plus tard, nous causerons ensemble très froidement de nos anciennes amours. Adieu !"
Et il y avait un dernier adieu, séparé en deux mots A Dieu ! ce qu'il jugeait d'un excellent goût.
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Il n'avait plus comme autrefois de ces mots si doux qui la faisaient pleurer, ni de ces véhémentes caresses qui la rendaient folle ; si bien que leur grand amour où elle vivait plongée, parut se diminuer sous elle, comme l'eau d'un fleuve qui s'absorberait dans son lit, et elle aperçut la vase. Elle n'y voulait pas croire ; elle redoubla de tendresse ; et Rodolphe de moins en moins, cacha son indifférence.
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Il se torturait à découvrir par quel moyen lui faire sa déclaration ; et, toujours hésitant entre la crainte de lui déplaire et la honte d’être si pusillanime, il en pleurait de découragement et de désir. Puis il prenait des décisions énergiques; il écrivait des lettres qu’il déchirait, s’ajournait à des époques qu’il reculait. Souvent, il se mettait en marche, dans le projet de tout oser ; mais cette résolution l’abandonnait bien vite en la présence d’Emma, et quand Charles, survenant, l’invitait à monter dans son boc, pour aller voir ensemble quelque malade aux environs, il acceptait aussitôt, saluait madame et s’en allait. Son mari, n’était-ce pas quelque chose d’elle ?
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Charles, à cheval, lui envoyait un baiser ; elle répondait par un signe, elle refermait la fenêtre, il partait. Et alors, sur la grande route qui étendait sans en finir son long ruban de poussière, par les chemins creux où les arbres se courbaient en berceaux, dans les sentiers dont les blés lui montaient jusqu'aux genoux, avec le soleil sur ses épaules et l'air du matin à ses narines, le coeur plein des félicités de la nuit, l'esprit tranquille, la chair contente, il s'en allait ruminant son bonheur comme ceux qui mâchent encore, après dîner, le goût des truffes qu'ils digèrent.
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Gustave Flaubert
Je vous reproche, comme langage, deux ou trois locutions toutes faites, telles que « rompre la glace »
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A la classe de musique, dans les romances qu'elle chantait, il n'était question que de petits anges aux ailes d'or, de madones, de lagunes, de gondoliers, pacifiques compositions qui lui laissaient entrevoir, à travers la niaiserie du style et les imprudences de la note, l'attirante fantasmagorie des réalités sentimentales.
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Alors il était rentré dans sa tente, et, jetant sa cuirasse, avait pris sa peau de lion, plus commode pour la bataille. Le mufle s'adaptait sur la tête en bordant le visage d'un cercle de crocs ; les deux pattes antérieures se croisaient sur la poitrine, et celles de derrière avançaient leurs ongles jusqu'au bas de ses genoux. Il avait gardé son fort ceinturon, où luisait une hache à double tranchant, et avec sa grande épée dans les deux mains s'était précipité par la brèche, impétueusement.
(chap.13)
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Gustave Flaubert
Libre-Echange :Cause des souffrances du commerce.
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À mesure que le terme en approchait, il la chérissait davantage. C’était un autre lien de la chair s’établissant, et comme le sentiment continu d’une union plus complexe. Quand il voyait de loin sa démarche paresseuse et sa taille tourner mollement sur ses hanches sans corset, quand vis-à-vis l’un de l’autre il la contemplait tout à l’aise et qu’elle prenait, assise, des poses fatiguées dans son fauteuil, alors son bonheur ne se tenait plus ; il se levait, il l’embrassait, passait ses mains sur sa figure, l’appelait petite maman, voulait la faire danser, et débitait, moitié riant, moitié pleurant, toutes sortes de plaisanteries caressantes qui lui venaient à l’esprit.
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Comme les ennuis de Frédéric n'avaient point de cause raisonnable et qu'il ne pouvait arguer d'aucun malheur, Martinon ne comprit rien à ses lamentations sur l'existence.
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Gustave Flaubert
L'Amour et Psyché, de Canova, je n'ai rien regardé du reste de la galerie ; j'y suis revenu à plusieurs reprises, et à la dernière j'ai embrassé sous l'aisselle la femme pâmée qui tend vers l'Amour ses deux longs bras de marbre. Et le pied ! et la tête ! le profil ! Qu'on me le pardonne, ç'a été depuis longtemps mon seul baiser sensuel ; il était quelque chose de plus encore, j'embrassais la beauté elle-même, c'était au génie que je vouais mon ardent enthousiasme
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L’amas des pensées tristes qui les assombrissaient parut se retirer de ses yeux bleus ; tout son visage rayonna.
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Fumichon, concernant la propriété, évoque les arguments d'un homme politique dont Flaubert parle en ces terme dans une lettre à George Sand: "Peut-on voir un plus triomphant imbécile, un croûtard plus abject, un plus étroniforme bourgeois! Non! Rien ne peut donner l'idée du vomissement que m'inspire ce vieux melon diplomatique, arrondissant sa bêtise sur le fumier de la Bourgeoisie!". De qui s'agit-il?

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