H. Ziyun

Voyez comme le coeur d'une maquerelle est impitoyable ! Ma mère était servante, et elle nous a achetées avec son salaire... Comme capital, ça ne pouvait pas aller bien loin! Et moi seule, en cinq ans, j'ai bien dû lui rapporter plus de vingt mille piastres, qu'elle a gardées ! Sans parler des vêtements, des parures, des meubles, qui doivent bien valoir dix mille piastres, que je ne vais pas emporter. Et elle a le culot de me demander trois mille piastres ?

Lorsque Maître Wang a commencé à fréquenter notre demoiselle, elle avait encore plusieurs autres clients réguliers. Par la suite, elle est devenue la bonne amie de Maître Wang, les autres clients se sont fâchés et ne viennent plus. Lorsque nous voulions aller les chercher, Maître Wang disait à notre demoiselle : "s'ils ne veulent pas venir, qu'ils restent chez eux, j'assurerai à moi seul ton train de vie."
Maître Wang, n'avez-vous pas dit cela ici même ? Notre demoiselle avait Maître Wang, elle était rassurée, et nous n'allions plus chercher les clients. C'est ainsi qu'ils sont partis un à un. Et maintenant, il n'y a plus personne d'autre que Maître Wang. Maître Hong, avouez donc, notre demoiselle n'a-t-elle pas raison de désespérer en apprenant que Maître Wang s'est mis en ménage avec Jasmin ?

Fréquenter une courtisane dans une maison n'implique d'autres obligations que de payer les billets de convocation aux banquets. C'est tout. Les dettes des courtisanes ne regardent pas le client, pourquoi celui-ci devrait-il les régler ? En vérité, une courtisane ne vit pas des faveurs d'un seul client, pas plus qu'un client ne fréquente qu'une seule courtisane ; si ça lui plaît, il vient plus souvent, si ça ne lui plaît pas, il vient moins souvent, il n'y a pas de quoi faire des histoires !

Lorsque des clients me convoquaient, je n'y allais pas. Il me disait aussi : "combien de dettes as-tu encore, je vais les rembourser pour toi. " J'étais trop heureuse, je n'avais plus d'yeux que pour lui, espérant vivre des jours tranquilles après qu'il aurait réglé mes dettes. Mais qui aurait pu penser qu'il me mentait, jusqu'à aujourd'hui, au point de me jeter, pour fréquenter une Jasmin !

Il ordonne alors aux servantes de dresser la table, et demande à Tang Xiaoyen d'écrire les billets invitant les courtisanes à se joindre à eux. Comme chacun fait appel à sa courtisane favorite, Xiaoyen n'a pas besoin de se faire préciser qui convier et rédige rapidement les billets.

Les personnes comme vous toutes ne respectent pas la raison. Réfléchis donc : tu es courtisane, tu as on ne sait combien de clients, et tu ne veux pas que les clients aillent chez d'autres courtisanes ! Est-ce bien logique ? Et vous avez le culot de le revendiquez !

Nous ouvrons une maison de passe, nous achetons une fille de sept ou huit ans, il faut l'élever jusqu'à seize ans avant qu'elle puisse avoir des clients. Sans compter les frais de nourriture et d'habillement, il faut tout lui apprendre.