Mince, je viens de me rendre compte : en fait, Tu n'es pas là. Depuis que je suis sorti, je Te cherche. Peut-être que je devrais entrer carrément dans le verger. En fait, je vais aller me mettre dans la hutte. Je vais monter à l'arbre, c'est un mûrier. Je monterai Te demander de faire que ma mère ne meure pas. Tu m'écouteras, dis, vu que Tu as déjà fait que le clou ne me griffe pas le dos et que le serpent ne me morde pas.
J'avais décidé, comme ça, dans la rue, que j'irais tous les jours faire cinq fois le tour du champ. En précisant : sans chapeau. J'en avais le front brûlé, et les oreilles, et la figure, et le cou même. Ma mère avait dit : "Tu as tout l'air d'une betterave cuite, mets-toi au moins quelque chose sur la tête !"
Le problème aussi, c'est que je me suis mis à penser à Hanieh. Sans oublier les yeux de Yalda. Est-ce que c'est péché ? Si oui, je n'y suis pour rien.
Chiche que si toutes les oies s'envolent et qu'elles vont atterrir dans la cour de l'école, m'sieur Mansour ne sera pas exécuté...
Bon, mais si le chien n'est pas un mâle... C'est à moi qu'il s'en prendra alors. La honte si c'est moi qu'elle voit filer. Elle dira : "Quoi, pas peur de la police, de tous ces flics, et peur d'un chien ? Pas peur des balles mais d'une paire de crocs ?" (Raana lui a sûrement dit qu'un homme tout prêt de moi dans la manif s'est pris une balle.)