Essayez de saisir ce moment calme et sacré où il n'y a pas d'avant, ni d'après: les secondes historiques où une première empreinte fut apposée sur ce pays, où un pied humain se pressa pour la première fois contre son sable mouillé pour y déclencher l'avalanche de l'Histoire.
Les Néo-Zélandais avaient laissé sur le sable une empreinte que nous avions trouvée et réarrangée pour la faire nôtre.
Ces îles, fameuses pour les séismes qui les agitaient, avaient été appelées Nouvelle Zélande. Elles se débattaient comme un poisson furieux au bout d'une ligne, comme un chien sauvage au bout d'une laisse.
Nos noms étaient des gants dans lesquels nous nous glissions et que nous jetions une fois ceux ci devenus trop usés. Quand nous changions de bateau, nous changions de nom, ....
Si j’étais le premier à parler d’un loup dans cette forêt alors j’étais le premier à en apporter un à ce pays. […] Au cours de notre passage ici, nous créions ce pays à partir d’histoires de créatures qui n’y avaient jamais mis les pieds, qui n’avaient jamais parcouru ses vallées noires. […] Nous étions sur une île, les loups étaient sur une autre. Nous étions des îles nouvelles, des ancres dérivant au bout du monde ; les loups étaient d’anciennes îles, dont les bras se tendaient vers nous, vers ce pays que nous créions à partir de souvenirs d’animaux qui ne s’y étaient jamais trouvés. (p.22)
La guerre vint comme une crue.
Mois implacables
de sang
et de pluie.
La rivière est une tapisserie, une nappe miroitante peinte de vert, mouvante. Des feuilles sont tombées à sa surface et deviennent des radeaux, elles glissent sur le corps frais et lent de l'eau. Marchant aux côtés d'une telle rivière, il [Cowell] a l'impression d'être tiré par un chien en laisse. Un peu plus loin, la rivière se rétrécit et force l'eau à accélérer. Le chien d'eau bondit en avant de lui et éclabousse la laisse. Des deux côtés, les rives rocailleuses deviennent abruptes, maintenant faites de roches et d'arbres denses. Il ne reste plus de place pour poursuivre la marche, alors riant il entre dans la rivière, s'habille d'eau, barbote dans le courant. Il devient la rivière et le chien qui nage en elle. (p.24/25)
Ils voyageaient en des funérailles de feux.
Il est le grand Loup d'une terre qui n'a jamais vu de loup.