Au demeurant, la dictature se heurtait aussi, dans ces années trente et quarante, à des limites techniques. Les possibilités de surveillance qui font aujourd'hui partie de la vie quotidienne dans les sociétés les plus démocratiques étaient encore inimaginables à l'époque. Cela explique peut-être l'impression étonnante de franchise et d'imprudence que nous donnent beaucoup de journaux intimes et de lettres de ces années-là, et l'impunité relative de la "rouspétance" générale. La principale source qu'exploitait la Gestapo, ce n'était pas un système omniprésent d'écoutes et de surveillance, c'était le phénomène épidémique de la dénonciation.