AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.53/5 (sur 19 notes)

Nationalité : Tunisie
Né(e) à : Tunis , le 01/04/1948
Biographie :

Hélé Béji, née Hélé Ben Ammar en 1948 à Tunis, est une écrivaine tunisienne.

Agrégée de lettres modernes, elle a enseigné la littérature à l'Université de Tunis avant de travailler à l'Unesco en tant que fonctionnaire internationale. En 1998, elle fonde le Collège international de Tunis qu'elle préside actuellement.

Elle a participé à de nombreux ouvrages collectifs. De plus, elle écrit bon nombre d'articles dans les revues Le Débat et Esprit. Elle reçoit en 1983 le prix de l'Afrique méditerranéenne de l'Association des écrivains de langue française. Elle est l’auteur de plusieurs livres dont Le Désenchantement national, essai sur la décolonisation, Maspéro 1982, L’Œil du jour, roman, Nadeau, 1985 et L’Imposture culturelle, essai, Stock, 1997. Elle a également collaboré à de nombreux ouvrages collectifs sur le tiers-monde et sur les questions du monde arabe.

Elle est la fille du ministre Mondher Ben Ammar et la sœur du producteur de cinéma et homme d'affaires Tarak Ben Ammar, et la tante de Yasmine Torjeman-Besson6, épouse du ministre français chargé de l'Industrie, de l'Énergie et de l'Économie numérique, Éric Besson.
+ Voir plus
Source : Wikipedia et Arléa
Ajouter des informations
Bibliographie de Hélé Béji   (8)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

Des/Confinés Entretien avec Hélé Béji.

Podcasts (3) Voir tous


Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
"Moi j'aime la vie. Dieu m'a fait le don de ma chaise longue, de ma maison, de ma bouteille d'eau, de ma bouteille de thé, de mon pain, que demander de plus ? Eux ils font de la réclame, la religion c'est leur commerce, une serviette où ils s'essuient les mains. (...) Je préfère l'ivrogne qui a le coeur bon, comme mon soûlard de neveu, plutôt que l'hypocrite qui n'a qu'un mot à la bouche : 'C'est péché'. Celui qui pèche le fait contre lui-même.
Commenter  J’apprécie          170
« Le plus haut tas de cadavres de l'histoire », dit Aimé Césaire en parlant du colonialisme. Mais on n'a pas institué de tribunal international pour en faire le procès. Le colonialisme n'a pas été jugé « crime contre l'humanité », et cette injustice n'a jamais été réparée ; ces tragédies ont été emportées avec le visage des disparus. Il en est resté chez les décolonisés un profond ressentiment. La paix véritable n'est pas entré dans les cœurs. Anciens maîtres et anciens sujets sont devenus des égaux mais, au fond d'eux-mêmes, les rancunes ne sont pas éteintes. Les uns vivent toujours dans la certitude de leur supériorité, les autres dans l'obsession de leur servitude.
La civilisation, qui exige tant de contraintes sur soi pour atteindre ces mœurs paisibles, nécessaires à la démocratie, les a ignorées contre des peuples avec lesquels elle s'est permise d'agir sans retenue. C'est la scène primitive de l'homme civilisé, qui le protège de lui-même en lui donnant licence absolue contre les autres. Ce qu'il a gagné en vertus s'est payé de crimes à notre égard. La modernité puise son énergie dans ce débordement de violence. Cette face de la modernité, impitoyable et obscure, a toujours accompagné l'autre, en s'octroyant un espace d'impunité hors de ses frontières protégées. Les Lumières ont grandi en s'adossant à une masse d'ombres, dont par contraste elles tirent leurs effets lumineux. Ainsi voit-on de belles architectures, en surplomb des bidonvilles, tirer leur éclat de la proximité de la laideur et du malheur. N'est-ce pas ce que font aujourd'hui les démocraties, quand, cultivant la paix entre elles, elles mènent des guerres de prosélytisme conte les « États voyous » ?
Commenter  J’apprécie          140
Au fond du patio, sur la droite apparaît la soubrette de grand-mère, celle que j'ai envie de surnommer la négresse d'Olympia, car elle semble être la jumelle de la servante d'Olympia peinte par Manet, debout derrière sa maîtresse avec la même éternité que l'autre derrière ma grand-mère, dont la corpulence assez fondue par l'âge se retrouve entière chez la servante, rehaussée par la ferme puissance de la jeunesse, que la couleur noire polit d'un brillant supplémentaire, comme un émail sur les arabesques d'une haute jarre.(p.41)
Commenter  J’apprécie          50
En Europe, la démocratie s'est constituée après la subordination du religieux au politique. La tolérance civile (au sens de non-religieux) est la matrice de toutes les libertés d'opinion. Une société est « civile » quand on y protège la liberté de croire ou de ne pas croire ; quand les croyants n'y sont pas supérieurs aux incroyants ; quand le temps social n'y est plus ordonné par les matines, les vêpres, ou les appels du muezzin ; quand la perte de la foi n'y est plus vécue comme un crime spirituel et un scandale social ; quand on accepte, sans sursaut de honte ni d'horreur, que l'homme puisse vivre, s'il le souhaite, sans l'idée de Dieu ; quand le blasphème n'est plus un délit ; quand l'hérésie n'est plus vilipendée et que la mécréance n'est plus châtiée. On est alors dans une métaphysique civile et démocratique. Autrement non.
Or il semble qu'on ne puisse se passer, chez nous, des symboles et des mélodies de la religion, de ses rites, de ses usages, de ses bienséances, sans être désigné comme un énergumène sans foi ni loi. Notre foi n'est pas individuelle, elle est une évidence collective, conformiste, elle ne peut se passer du regard d'autrui. Quels que soient ses mérites et ses attraits, la liberté humaine est restée au-dessous du service de Dieu ; elle n'a pas atteint ce degré de dévouement extrême qu'elle a connu dans le cœur des grands hommes libres qui l'ont servie.
Non, nous n'avons pas cherché à acquérir un pouvoir réel sur les choses. Si volontariste que l'on soit, la décision finale revient à Dieu, murmure-t-on à chaque occasion. Nous avons gardé cette conviction que la politique n'était pas de notre seul ressort. Peut-être est-ce là le dessein d'un autre idéal de société. Nous n'avons pas encore atteint la distance du sceptique, pour lequel le commerce du néant et la compagnie de l'absurde ont le visage des gardiens inoffensifs que n'assombrit pas la couleur tragique de l'existence. Qui nous dictera nos préceptes de vertu si Dieu nous abandonne ? Comment ne pas sombrer dans la folie s'il n'y a plus de Juge suprême pour nous arrêter dans nos excès ? Comment la charité ne finira-t-elle pas par s'éteindre dans notre cœur ? Qui nous retiendra sur le pente de nos mauvais penchants ? Qui nous enseignera la bonté ? Comment reconnaîtra-t-on le vice ?
Commenter  J’apprécie          20
Peut-être les êtres humains, fatigués d'individualisme, se sont-ils mis à préférer l'obéissance à l'autonomie. L'humanité peut changer d'idéal après tout. Je veux me sentir libre de m'agenouiller, de me prosterner, de porter le cilice, de me flageller, de me construire de nouveaux temples, tout comme je suis libre de m'empoisonner au tabac, de me tuer sur les routes, de me prostituer, de changer de sexe, de haïr l'école. Poussé à l'absurde, la liberté réclame le droit à sa propre servitude. La liberté veut désormais être libre de se détruire. Nouvelles chaînes, nouvelles idoles, nouvelles églises, nouveaux maîtres. Je veux me sentir libre de réclamer un condition d'esclave en ayant l'impression de conquérir une liberté supérieure.
Commenter  J’apprécie          30
Sur un fond de jardin cligne, dans un éblouissement, une paroi entrouverte, puis sous le plafond coulissant d’un ciel encore pâle, montent les parties du décor, l’arbre fruitier comme pivot, la fontaine dans le mur telle la niche d’une fausse fenêtre, la vasque du centre où coule l’impression d’une eau douce, des feuillages larges comme des rideaux, où pendent des bananes immangeables, un banc de pierre où l’on ne s’assoit jamais, une brise légère et ramassée comme pour une péripétie ou un coupe de théâtre, des coins de mur dont semble sortie une seconde vie du jardin
Commenter  J’apprécie          30
Nous manquons d'humilité et, dans cette angoisse de découvrir, en nous mesurant aux autres, nos limites, nous nous livrons à des excès pour ne pas affronter humblement ce que nous sommes : des êtres humains comme les autres, à qui il ne tient que d'en témoigner aussi dignement que possible. Découvrant que nous ne sommes pas des dieux, il n'est pas nécessaire que nous nous transformions en monstres.
La vérité a ceci de précieux que, si elle nous ôte quelques unes de nos illusions, ce n'est pas toujours pour nous infliger de mauvaises surprises. Il y a dans la lucidité, lorsqu'elle pointe son doigt sur le laid ou le mauvais, une vision insolite toujours supérieure, même dans le déplaisir, au mensonge qui la recouvre. La découverte du vrai, quelle que soit la déception qu'elle puisse provoquer, en compense le choc par la force de réalité qu'elle contient. Elle nous hisse à une hauteur morale qui nous rachète de la perte de nos désillusions.
Commenter  J’apprécie          20
De ma chambre à coucher, ce matin, je l’entends trottiner, paisible, ignorante, compter ses prières, les recompter, marcher doucement le temps avec elle, revenir, fouiller un bric-à-brac, le cœur attendri, sans angoisse, ni savoir, dépouillée. Je l’entends vivre de la vie domestique, où le monde comme un lit défait retrouve un ordre matinal sous le lustre qui étincelle lentement, et je respire l’odeur de sa vie dépoussiérée et intacte, j’entends sur ses pas la vie ininterrompue de la maison se perdre en elle, son passé. Mystère de ma grand-mère, et de sa vieillesse éternelle, porteuse d’un temps sans faille, petite et dandinante, silhouette penchée des jours qui passent, contemplative, effacée, modeste grand-mère, s’ignorant elle-même, un peu désorientée quelquefois, me questionnant. Etre très vieille comme elle, analphabète, ne pas savoir.
Commenter  J’apprécie          20
Nous avons grandi avec la conviction que l'humanisme était la protection la plus efficace contre l’oppression ; qu'il rendait les hommes plus intelligents et plus sensibles ; que l'étude et le commerce des œuvres de l'esprit étaient ce qui qui nous délivrait le mieux de nos tensions et de nos peurs. Nous avons cru en la fonction cathartique de la culture, à son effet d'exorcisme sur les démons des hommes, à son perfectionnement sur leur nature. Nous avons considéré les mérites de la raison comme largement supérieurs aux attraits de la foi. Mais cet idéalisme culturel doit être revu au regard des grandes menaces de notre époque.
Au-delà de l'échec de la colonisation, l'humanisme s'est révélé incapable d'assimiler des cultures qui ne sont pas dans le temps de la modernité, mais dans le temps de la croyance. Or le combat de l'humanisme contre l'esprit religieux a réussi en Europe avec le mouvement des Lumières, passant d'un monde ordonnée par la Providence divine à un monde guidé par la liberté humaine. L'Humaniste a cru cette mutation irréversible, alors qu'elle s'annonce incertaine, et qu'elle n'a pas réussi à convertir à la « civilisation de l'homme » des populations encore largement prisonnières de la « cité de Dieu ». Bien que le colonialisme au XIXe siècle ait déjà expérimenté la vanité de la force dans ce type d'entreprises, le XXIe siècle reprend la vieille mission militaire de « pacifier » cruellement des sauvages au nom de la démocratie, avec des chances accrues de favoriser la théocratie.
Commenter  J’apprécie          10
De cette terrible épreuve, c’est le frottement des mules de ma grand-mère qui tôt le matin me réveille. Je l’entends fureter dans la pièce à côté comme une fée aux geste illuminés dans l’ignorance totale de ses pouvoirs et Boutellis s’évanouit alors comme un fantôme inoffensif, renvoyé à son grotesque néant, pas plus effrayant que ces antipathique visiteurs, désagréables et niais, qui s’incrustent lourdement et s’éternisent ».
Commenter  J’apprécie          20

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Hélé Béji (37)Voir plus

Quiz Voir plus

Quel est le bon titre des livres de Virginie Grimaldi ?

Il est grand temps de rallumer les ... ?

Lumières
Etoiles
Feux
Fours

10 questions
158 lecteurs ont répondu
Thème : Virginie GrimaldiCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..