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Citations de Hélène Grimaud (116)


« Si ma vie avait dû s’arrêter à cet instant, je serais mort avec joie », s’exclama Dostoïevski.
Ainsi, ces mots ont fait leur lit dans mon cœur alors que j’avais à peine quinze ans. Ils ont épousé mon âme, ils l’ont entourée de milles attentions. Alors, dans des rendez-vous amoureux et passionnés, j’ai retrouvé Dostoïevski pendant des nuits entières, cachée sous mes draps avec pour seule lumière une lampe de poche. Dans ses romans que j’effeuillais selon l’ordre des pages et le désordre des passages, grâce à ses mots, guidée par son art si particulier de l’ellipse et de la parabole, je vérifiais que la douleur n’est pas le lieu de notre désir mais de notre certitude. Dostoïevski, à force d’exposer les cœurs désespérés d’éternité, me montrait jusqu’où peut aller l’amour de la vie dans les êtres profonds, nés pour la souffrance ; cet amour-là porte à tous les excès, que l’on appelle ailleurs des crimes selon le droit.
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Dans la musique du seul mot Afrique, on entendait le barrissement de l'éléphant, le feulement du guépard et le rugissement du lion, et encore l'immense craquement du sol sous la cuisson du soleil ; même le vide devait y être vivant. L'Afrique, c'était le chant primaire de la planète Terre.
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"Pour un regard, toutes les choses du monde naissent ensemble. Pour la branche, le poids de l’instant, c’est le poids de l’oiseau."
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La musique s'est-elle emparée de moi parce qu'elle est le prolongement du silence, ce silence qui la précède toujours, qui retentit au cœur du morceau ? La musique est l'accès à un ailleurs de la parole, que la parole ne peut pas dire et que le silence dit pourtant, en le taisant. Une musique sans silence, qu'est-ce, sinon le bruit ?
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Hélène Grimaud
Belle profession que celle de critique qui consiste trop souvent à trouver le pire dans le meilleur et le meilleur dans le pire, faute d'un goût personnel ou désintéressé.

(Variations sauvages)
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J’étais tombée, chez un bouquiniste, sur un ouvrage de Hermann Hesse – son roman Narcisse et Goldmund est devenu l’un de mes livres favoris. Sur une page ouverte au hasard, une phrase disait : « La musique repose sur l’harmonie entre le Ciel et la Terre, sur la coïncidence du trouble et du clair. » Ces mots m’ont frappée au cœur, comme s’ils mettaient directement adressés. A cet instant, j’ai introduit dans mon vocabulaire la notion de « trouble ».
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Hélène Grimaud
.... à forcer ses désirs, on en fait des vérités, pire, des réalités.
(Variations sauvages)
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J’avais les loups. J’avais la musique.
J’avais la musique des loups sous la lune, et dans mon jeu toute l’animalité qui sauvegarde l’artiste.
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il m’arrive de rester longtemps sans parler ; alors la parole m’apparaît superflue. Parfois, je pratique des ascèses de silence, longtemps, jusqu’à ce que j’entende dans le silence la musique même du silence : un rien, mais un rien qui parle, qui s’écoute. La musique est un prolongement du silence, elle est aussi ce qui la précède, ce qui retentit au cœur du morceau. Elle est un accès à un ailleurs de la parole, que la parole ne peut pas dire et que le silence dit pourtant, en le taisant. Une musique sans silence ? J’appelle cela du bruit.
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Hélène Grimaud
Une musique sans silence, qu'est-ce, sinon le bruit ?

(Variations sauvages)
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Ce que j’ai aimé profondément dans la musique de Brahms, c’est ce qu’elle raconte, note après note : une vie volontairement retranchée, vouée exclusivement à l’essentiel. Et qu’est-ce donc que cette musique, sinon l’histoire de ce voyageur attendu, toujours le même, toujours un autre, qui a pris passage sur le pont du navire, à l’avant, face au soleil, pour un aller sans retour ?
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En fait, une seule culture a respecté le loup, et encore dans la mythologie seulement car sur ses terres aussi, il était impitoyablement chassé pour sa fourrure. Les pays celtes et les contrées scandinaves aux nuits infinies d’hiver, aux ciels d’une pureté cristalline dans la rhapsodie blanche du Nord lui ont attribué, dans leurs légendes, le symbole de la lumière. Là où d’autres le font hurler sous la lune, le loup y incarne le soleil. Au cœur de ces grands espaces saisis, dans leur aveuglante vérité, par le froid, dans cet autre éden, ce paradis préadamique où ne fleurit aucun mensonge ni imposture, dans ce Grand Nord qui n’admet aucun relâchement, interdit toute langueur sauf en l’amour, le loup est la vie, plus mordante que le gel. La vie, dans une acuité énorme.
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Passé Arles, quand on prenait la route des Salins ou celle de Saintes-Maries, mon attention se tendait comme un arc. Je sentais mon cœur battre plus fort. Je scrutais le paysage de toutes mes forces, dans l’attente du chemin de terre qui nous mènerait dans les replis secrets du delta.
Si, partout, j’avais l’impression d’être une fausse note, là, au contraire, je participais à une vaste harmonie. Dans les étangs et les miroirs d’eau à perte de vue, on sentait la force du Rhône, on devinait qu’il pouvait devenir à son tour taureau, donner du flot comme de la corne. Ce n’était plus le soleil d’abeilles et de mimosa du jardin, mais l’éblouissement impitoyable d’un midi aux quatre points cardinaux. Les flamands roses, les chevaux sauvages brassaient le parfum puissant du sel et de l’humus. La liberté avec laquelle, brusquement, les uns prenaient leur envol et les autres leurs galops en secouant leurs crinières me vitaminait l’âme. La Camargue était plus qu’un paysage : le soupçon brièvement entrevu, l’intuition fulgurante d’une harmonie entre mon âme et un avenir. Là, pour la première fois, j’ai eu la prémonition de grandes choses, d’un destin.
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La force du poème. Transcender sa douleur. Il est là, le grand chant du monde.
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Si quelqu'un, à cause de maladies qui s'en prennent à sa tête, entre en fureur, il faut lui raser le crâne, puis faire cuire un loup dans de l'eau, après avoir enlevé la peau et les viscères ; laver alors la tête du furieux avec l'eau de cuisson, en obstruant les yeux, les oreilles et la bouche avec des linges, pour que l'eau n'y entre pas : car si ce liquide entre dans son corps, sa folie augmente comme si c'était du poison ; répéter cela pendant trois jours - même si la folie est forte, il retrouvera ses esprits. S'il ne supporte pas qu'on obstrue ses yeux, son nez et sa bouche, il faut alors tremper un linge dans un bouillon et envelopper sa tête avec ce linge encore tiède, qu'on laissera une petite heure sur sa tête ; répéter pendant trois jours et l'homme reviendra à son bon sens. Quand il ira mieux, laver la tête avec du vin chaud pour en enlever la graisse.
C'est sainte Hildegarde de Bingen qui écrit ces lignes dans son Livre des subtilités et des créatures divines entre 1105, année où elle est confiée aux Bénédictines (elle a huit ans), et le 17 septembre 1179, où elle meurt dans le monastère de Rupertsberg, qu'elle a fondé en Allemagne.
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Vivre l'instant, c'est apprendre à rester conscient de tout ce qui nous entoure et d'en nourrir notre âme. Les loups m'ont appris cette vigilance de l'esprit et que le temps peut être un territoire que l'on se doit d'occuper avec plénitude. Souvent, la fatigue, la routine, la frivolité font écran à cette faculté. La charge de travail paraît si lourde qu'on lui préfère mille autres distractions, sans vouloir admettre leur caractère dangereusement chronophage. J'avais appris, ces dernières années, à dire non, et compris la liberté que ce refus octroie. [...]. On met toujours très longtemps à comprendre que, dans ce qui constitue notre être, il y a la part des autres, qu'on leur doit, et qui induit une gratitude. La charité et la générosité sont dans cette reconnaissance.
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jouer la musique de Bach ou les messes de Mozart, c’est peindre des icônes avec des sons.
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Nous sommes tous des mystères incarnés.
Je me sens merveilleusement heureuse aujourd'hui parce que j'ai trouvé mon équilibre . j'ai résolu ce problème de symétrie qui m'a poussée enfant à m'abimer J'ai trouvé ce point secret
,personnel et intime, entre les loups et la nature la plus sauvage, et la musique la plus raffinée -entre le ciel et la terre........
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Le premier critique est l'artiste lui-même : il ne vise pas une perfection illusoire, qui serait lettre morte, personne ne pouvant répondre en lieu et place des compositeurs, ni de leurs désirs. Ce que vise tout artiste véritable, c'est à animer de sa vie la vie de l'oeuvre jouée, à lui donner tout son être, dans cet abandon parfait propre à l'amour.
p. 187
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Hélène Grimaud
Dès que je joue, je ne suis plus seule ; une présence me protège.

NDL : elle croit aux esprits ; moi aussi.
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