Mello quitte l’immeuble de Timo. Il est cinq heures du soir. Les rues sont déjà sombres et inquiétantes. Il prend la direction de la Grand-Place. De gros nuages noirs obscurcissent le ciel : il reçoit quelques gouttes d’eau sur la tête. Une averse s’annonce. Il presse le pas.
En chemin, il songe aux révélations de Timo.
Parfois, j’ai tendance à dire que ma vie est pourrie, mais quand je vois la sienne, je me sens plutôt chanceux, se dit-il.
Mello est décidé à aider Timo à retrouver sa sœur. C’est son ami, son meilleur ami.
On vit dans un monde de merde, pense-t-il, en passant devant un groupe de jeunes filles visiblement droguées, étalées sur le trottoir.
Une luxueuse voiture noire s’arrête près d’elles. Deux hommes en costume noir en sortent pour les y faire monter de force. Mello continue son chemin sans s’attarder plus longtemps sur ces simples détails de la vie quotidienne de Darktown.
Les parapluies gris se sont déversés sur la Grand-Place. Le sien se joint à eux : il est noir. Il se faufile parmi eux, se fraie un passage et prend les escaliers qui mènent à la voie aérienne.
Le Créateur s’approche de la maquette. Sur chaque planche est gravé un labyrinthe en trois dimensions. Il plisse les yeux pour ajuster sa vue sur celle du milieu. Un dédale de couloirs et de chambres, en continuelle transformation, se meut sans jamais vouloir se figer. Le Créateur s’en approche un peu plus et le scrute avec attention. Il constate que le labyrinthe est désert, ce qui est plutôt rassurant. Une chambre attire tout particulièrement son attention par son absolue immobilité. Elle est là, plantée au milieu de l’agitation sans qu’aucun couloir ne la desserve. Il s’agit de la chambre 3000. Et elle est vide.