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Citation de NMTB


NMTB
19 décembre 2014
Ils se cachent à tous après s’être appelés ; ils roulent dans les ténèbres comme dans des draps ou des linceuls ; ils s’emprisonnent ; ils détestent et fuient le jour ainsi qu’un châtiment d’honnêteté et de paix. « Si on savait ! » ont-ils crié, pleuré et ri ; ils se glorifient de leur solitude, ils s’en flagellent, ils s’en caressent. Ils sont jetés hors la loi, hors la nature, hors la vie normale faite de sacrifice et de néant. Ils tâchent de se joindre ; leurs fronts de marbre s’entrechoquent. Chacun est occupé de son corps, chacun se sent étreindre un corps sans pensée. Oh ! qu’importe le sexe de leurs mains cherchant à tâtons la volupté dormante, de leurs deux bouches qui se saisissent, de leurs deux coeurs si aveugles et si muets.
Tous les amants du monde sont pareils : ils s’éprennent par hasard ; ils se voient et sont attachés l’un à l’autre par les traits de leurs figures ; ils s’illuminent l’un l’autre par l’âpre préférence qui est comparable à la folie ; ils affirment la réalité des illusions ; ils changent pendant un moment le mensonge en vérité.
Et, à ce moment, j’ai entendu quelques mots déchirés de leurs confidences :
– Tu es à moi, tu es à moi. Je te possède, je te prends…
– Oui, je suis à toi !…
Voici l’amour tout entier, le voici près de moi qui m’envoie à la figure, comme un encens, avec son va-et-vient, l’odeur et la chaleur de la vie, et qui accomplit son labeur de démence et de stérilité.
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