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3.76/5 (sur 83 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Lyon , le 21/09/1885
Mort(e) à : Saint-Clément-des-Baleines (Ile de Ré) , le 24/10/1958
Biographie :

Henri Béraud est un romancier et journaliste français. En tant que polémiste, il signait également du pseudonyme de Tristan Audebert.

Né d'un père boulanger, élevé par les Frères, il emploie sa juvénile énergie à de nombreuses activités : poète débutant, fondateur de revues éphémères (dont "La Houle" et L'Ours, à Lyon), représentant en vins et spiritueux, collecteur de beurre, négociant en charbon, antiquaire. Il est lieutenant d'artillerie pendant la Première Guerre mondiale.
Il rejoint Le Canard enchaîné en février 1917, recommandé par Paul Vaillant-Couturier, avec qui il se lie d'amitié, ainsi qu'avec Roland Dorgelès. Son amitié ancienne avec Albert Londres, dont le talent avait été révélé au début de la guerre, a pu lui servir aussi de carte de visite. Il collabore également à la fin de la guerre au Crapouillot de Jean Galtier-Boissière.
Au Canard Enchaîné, il publie des contes, un court feuilleton (L'angoisse du mercanti ou le compte du tonneau en 1918), une étude sur l'humour lyonnais, et surtout des articles polémiques contre le Parlement, l'Académie française, le gouvernement, les officiers antirépublicains et l'Action française. Il est également reporter international au Petit Parisien et à Paris-Soir.
Le Canard rompt avec Henri Béraud lorsqu'il prend parti pour les manifestants du 6 février 1934. Pour Jean Galtier-Boissière, ami de Béraud, celui-ci évolua de l'extrême gauche à l'extrême droite sans nettement s'en rendre compte, en suivant la pente de ses intérêts : il en vint à s'identifier au grand monde dont son talent avait su forcer les portes.
Il participe aussi à la revue Le Merle blanc, d'Eugène Merle, à L'Œuvre et il est grand reporter et observateur politique au Journal. Il est le directeur politique officieux et éditorialiste de Gringoire de 1928 à 1943. Il écrit des articles violemment anglophobes, sans éprouver de sympathie particulière pour l'Allemagne nazie.Dans Gringoire, il fait profession d'antisémitisme.
Il est condamné à mort en 1944 pour intelligence avec l’ennemi. Plusieurs écrivains dont François Mauriac interviennent en sa faveur. Il est finalement gracié par le général de Gaulle.
Frappé d'hémiplégie, Béraud est libéré en 1950 et meurt en 1958 dans sa propriété de l'île de Ré.
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Source : Wikipédia
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Il entendit la messe étendu sur la dalle, entre deux tréteaux, les pieds tournés vers l'autel. Après le dernier amen, on lui donna ses habits de ladre. C'étaient des braies de tricot, une tunique de gros drap et, pour tout recouvrir, une housse noire à capuchon. Servais s'en revêtît, et le cortège se remit en marche par un frayé désert, qui, contournant le perron des Communiers, gagnait les cailloutis de l'Étang Rompu.

Là se trouvait un groupe de cabanes abandonnées. L'une, la plus proche de la forêt, allait recevoir ce vivant dont le nom, désormais, figurait aux registres abbatiaux parmi les morts de la paroisse. Servais Lubin entra. La masure, lavée à la chaux par les soins des clercs, contenait une table, un lit, un pot, un escabeau, un barillet. Sur la table, il y avait une baguette, un couteau, une lampe. Une ceinture de cuir pendait au mur. Soudain, le reclus frémit ; il venait d'apercevoir sur le lit une crécelle. Une cliquette de bois semblable à celles dont les Bouâmes accompagnaient leurs danses et leurs chansons.

Accablé, Servais Lubin s’assit.
⁃ Debout, lépreux ! ordonna le moine.

Et, criant ainsi, il lui jetait une pelletée de terre sur les pieds :

⁃ Lubin Servais, ajouta-t-il, d'une voix forte et qui couvrait les murmures de la foule et la rumeur du feuillage, au nom de Dieu, je te retranche et te défends de paraître dépouillé de ton brun chaperon. Cette maison est léproserie. Tu n'en sortiras pieds nu, ni sans que retentisse aux oreilles du passant et du voyageur cette crécelle. Aux fontaines et aux ruisseaux, tu ne lavera ni ton corps ni ton écuel!e. Tu n'entreras plus à l'église. Ton baril, que tu poseras aux portes, recevra aumônes de vin et nourriture. A ceux qui, dans le pays, t'interrogeront, tu ne répondras que sous le vent. Tu ne marcheras ni dans les chemins bordiers, ni dans les ruelles ; tu ne t’approcheras pas des enfants. Ta maison sera brûlée et tout ce que touchèrent tes mains. Cependant, Servais, frappé de Dieu, tu nous est sacré ! Que les anges te conduisent au paradis, que les martyrs t’accueillent, avec le pauvre Lazare, aux portes du ciel. Bats ta coulpe. Servais, afin que ton corps mortel ne souille point la terre chrétienne !... Requîem aeternam dona eîs. Domine... Requiescat in pace !

Les paysans, les clercs, le lépreux, répondirent d'une seule voix :
⁃ Amen !
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Aux derniers jours de l'an 1562, les bandes huguenotes, armées d'une artillerie prise à Grenoble, et venant de saccager la Grande-Chartreuse, s'avancèrent, à lentes étapes, vers les collines de Lieu-Dieu. Elles menaient si grand vacarme qu’une avant-garde de sauterelles, fuyant leur approche les devançait de deux heures en tous pays.

Chargé du butin des églises, le baron des Adrets errait dans la campagne dauphinoise. II semblait n'obéir qu'à son caprice. En réalité, il cherchait les compagnies de Moncelar, et il enrageait de ne saisir qu'ombre et que vent. Sa troupe, qu'il n'épargnait point, puait la haine, le sang et le fauve. Entre toutes les soldatesques, on la reconnaissait à ce qu'elle cheminait en silence, sans chansons, au seul bruit des peaux d’âne et des coups de mousquet.
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Tout Paris veut en être.
La semaine anglaise amène aux audiences du samedi, à Versailles, une affluence multipliée.
Rien au monde, pas même les wagons du métro, ne nous donnera pareillement la mesure de la compressibilité humaine.
On ne se fait aucune idée de ce qu'un simple mètre cube de Cour d'Assises peut contenir de dames, de fourrures et de chapeaux de velours.
Il fallait le procès de Landru pour nous en instruire ...
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A parler franc, je m'aime pas l'amour à l' impromptu. Je suis comme le ténor Duprez , auquel les bravos de confiance ôtaient ses moyens.
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Henri Béraud
Le nouveau riche qui pullule partout en France, grouille à Lyon d'une manière surprenante. Le culte des affaires y a. pris un caractère de fureur sacrée. Et nulle part, on ne voit aussi clair dans les manœuvres des mercantis qu'en ce pays de brumes et d'ombre. Tout se passe au vu et au su de tout le monde ; les fortunes scandaleuses » n'ont l'air de scandaliser personne. On entend d'austères bourgeois lyonnais vanter, d'un ton presque cynique, l'astuce de tel négociant notoire et honoré, qui fournissait l'Allemagne de soies destinées à la confection des gargousses à poudre, tandis que ses fils mouraient sur les champs de carnage ! Le rigorisme local a disparu ; les gains fusent tout. Les enrichis parlent avec jovialité de leurs condamnations, qu'ils considèrent comme des encouragements à persévérer et que, d'ailleurs, ils ont raison de juger telles. Certains petits fonctionnaires « facilitent » les transactions et j'en sais qui, à ce petit jeu, gagnent cent mille francs par mois. Un scandale récent a provoqué l'arrestation d'un spéculateur qui, achetant des salaisons en stocks aux intendants militaires, a gagné trente millions en quelques mois. On rit de sa mésaventure et l'on, ne cache point qu'on admire son savoir-faire. Une presse locale soucieuse de ne point s'aliéner les puissances du jour se tait ; et il fallut l'intervention récente d'un journal parisien, pour obtenir l'arrestation et la condamnation d'un fripon convaincu d'avoir, en 1918, introduit des obus défectueux dans un lot de munitions destiné aux armées.

Floréal, n° 12, 24 avril 1920, p. 273.
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L'âge d'aimer n'existe pas. Ce qui existe et qui passe c'est l'âge d'être aimé.
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"Grosses gens, bonnes gens", dit un proverbe de ma province. S'il dit vrai, la terre porte quantité de braves bougres, car les bons ventrus, Dieu merci, ne sont pas aussi rares que les bons ministres. Là-dessus, j'ai une petite chose à dire, c'est qu'on aurait bénéfice à choisir les politiciens parmi les gens gras: ce serait le plus sûr moyen de ne point avoir à les engraisser.
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Mais, hors de l’église, autour des bornes et des marches, les serfs étaient couchés côté à côte, rang sur rang, dans la terre, tous pareils, tous entre eux, comme des poignées de terre prise aux labours. Là, toute ces têtes dures et toutes ces pauvres mains étaient tombées en poussière. Dix noms effacés par les pluies, et c’était toute la force éteinte et renouvelée de Sabolas, depuis le temps où l’évêque Isarn chassa les Sarrasins… Ces trépassés n’avaient en leur vie guère parlé plus que les bœufs du sillon et les moutons du pâtis -- et pourtant ils laissaient à leurs descendants maintes leçons. Nul grimoire ne conservait aux coffres de Mortut le souvenir de mille manants défunts. Qu’est-ce que l’on savait d’eux ? Rien que ces noms qu’ils avaient transmis avec la peur de l’enfer, et le respect du seigneur, et l’appel confus de l’humaine fatigue vers l’avenir menteur. ...

321 - [Le Livre de Poche n° 1439, p. 27]
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Pas un portrait de Trotsky.
Pas un seul.
L'homme qui, en 1919, sauva la Russie rouge assaillie par Denikine, Koltchak, les Ukrainiens de Petlioura, les Polonais en marche vers Minsk, les Allemands de Von Bermondt, les Lituaniens, les Lettons, les Estoniens et les Alliés à Mourmansk, le meneur de la révolution de 1905, l'évadé de Sibérie, le "Gourdin de Lénine", le soutien de la "Révolution permanente", Trotsky, enfin, est comme effacé de la vie moscovite.
Lorsque je partis pour la Russie, je ne croyais pas que les adversaires de Trotsky eussent osé le diminuer à ce point. La vérité est qu'en plusieurs semaines je ne pus obtenir qu'on lui transmît une demande d'entretien. Les obéissants sectateurs de la Troïka y apportèrent cette inertie déterminée, ce méticuleux désordre, ces oublis bien réglés que, de tout temps, la bureaucratie russe sut opposer à l'importune curiosité des reporters. Finalement, la veille de mon départ, les bureaux me firent remettre tout ensemble mon passeport et un rendez-vous avec M. Trotsky...pour la semaine suivante.

(Trotsky, trotskysme et Troïka - 1/10/1925).
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Alain Champartel, fils de Florent le forgeron, était né le même jour que le baron Jean de la Mortut. Une douce coutume du pays dauphinois voulait, en ce temps-là, que les deux enfants fussent baptisés ensemble. L'usage était, par surcroît, que la châtelaine portât sur les fonts le fils de la serve, tandis que celle-ci tenait en ses bras le petit gentilhomme. Cela exactement accompli au matin du 20 mars 1333.

Après le baptême, les deux mères, ayant remis les petits aux servantes, prirent place côte à côte au banc de la seigneurie. La messe dite, cependant que dans la cour du château éclataient des fanfares, Mahaut de la Mortut embrassait bonnement la modeste Clémence Champartel, qui était fille de Benoit Pastourel, valet de meunerie.

Le fils du forgeron et le fils du noble, tous deux orphelins fort jeunes, grandirent sans se voir jamais, séparés par une muraille aussi haute que le ciel.

(...) les rustiques assuraient, en baissant la voix, qu'après le baptême, l'échange s'était mal fait.

- Un valet se trompave, disaient-ils dans leur patois, et lous éfants bian mêlés restavant toudios ainsi...

- L'éfant du ferron mize les rôtis du château, tandis que l'éfant du noble est bien eso de remplir son ventre de pan fouache.

Un jour, un colporteur malotru, crut flatter Alain en lui rapportant, devant sa mère, les propos des alentours. Clément Champartel, qui ne savait rien de ces croyances, entendit et, toute saisie, se prit à pleurer. Alain empoigna une trique, et le colporteur fut si bien pelaudé qu'il en demeura boiteux.

375 - [Le Livre de Poche n° 1439, p. 57]
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