Quel instinct a été à la fois assez profond et assez puisant, pour m'amener à abandonner la quiétude de nos villes, le confort de notre civilisation et à leur substituer désormais la vie rude du désert ?
Romantisme...Probablement. Réminiscences ? Antinéa...l'Atlantide... Peut-être. Passion scientifique ? Certainement. mais, par dessus tout cela, soif de l'Action, entrevue sous l'aspect de la "geste" chevaleresque, difficile à réaliser dans nos grandes cités actuelles, car leur réalisme est froid et égoïste.
Besoin comme beaucoup de mes contemporains, de m'arracher à l'étouffement d'une époque sans air, pour aller respirer largement la pureté de la nature non corrompue. Besoin de pouvoir accorder aux vilenies d'hommes peu évolués, la même indulgence qu'on réserve à l'irresponsable enfance. Besoin de contempler de l'Immense, pour pouvoir ne pas croire au mesquin, de vivre rudement dans la Beauté, pour oublier le prélassement, dans un luxe rembourré, de la veulerie morale.
Fuir...mais non dans la Lune. Quitter des réalités meurtrissantes, pour vivre des réalités exaltantes.
Vivre...et au maximum. Non plus dans l'atmosphère délétère des luttes métropolitaines, où l'homme joue trop souvent le personnage de Caïn à l'égard de ses frères, mais en menant le bon combat d'une conquête positive et féconde.