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Citation de gavarneur


La demoiselle
Il y avait une demoiselle de domaine qui ne s'était pas mariée. Peut-être que, sur ce pied, elle avait laissé de côté beaucoup de soucis. Quand elle s 'éveillait dans la chambre à fleurs roses, du soleil plein ses blancs rideaux, elle écoutait les pigeons se poser sur le toit et ses gens partir pour les terres. Elle n'avait qu'à s'en remettre à Dieu du bon train des saisons, et ce ne lui donnait pas des rides.
Mais quand même quand ses cheveux eurent blanchi, elle mit une coquetterie à bien cacher son âge. Elle aimait à demander combien on lui donnait.
Vinrent les soixante-dix ans. Elle les portait, c'est vrai, elle ne les traînait pas.
Puis vinrent les soixante-quinze, les quatre-vingts... On ne peut pas être et avoir été. Il faut prendre de l'âge, et bien beau quand on sait le bien prendre. Elle aussi elle vieillit. Sa figure se plissa comme une pomme de reinette. Elle n'allait plus qu'à petits pas, pilée en deux, sur son bâton ; elle s'imaginait qu'elle gardait quelque air de jeunesse, et posait toujours sa même question à l'occasion.
Un jour qu'elle venait de parler du temps qui passe au valet d'écurie :
« Mais dis, Toine, lui demanda-t-elle, combien d'années me donnes-tu ?
-Hé, mademoiselle, lui dit-il tout à trac, en continuant de décharger la ^paille, pourquoi voulez-vous que je vous en donne ? Je crois que vous en avez bien assez sur l'échine. »
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