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Critiques de Henri Troyat (880)
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Baudelaire

Dans la dernière partie des " Fleurs du mal", Baudelaire parle de la mort, comme ultime dénouement de son recueil de poèmes...





Dans son testament, Baudelaire léguait ses biens à Jeanne Lemer, puis il se donna un coup de couteau...

Une blessure superficielle!





Comme un albatros, "qui tente de marcher malgré ses longues ailes traînantes", le poète est un inadapté sur la terre ferme.



Sur " le paquebot des mers ", les marins tourmentaient le bel oiseau. " L'un d'eux cherche à lui agacer le bec, avec sa pipe allumée", Charles se rue sur l'homme, ivre de rage, jusqu'à ce que le capitaine Salle les sépare...

L'Albatros fut achevé et transformé en pâté, pour fêter le passage de l'équateur, selon la tradition.:-(





Inadapté! C'est une descente aux enfers, pour le poète. Il dépense, sans compter et le conseil familial le met sous tutelle...

Charles refuse de se réconcilier avec son beau-père et se drape dans sa dignité de fils incompris et outragé.





Il invoque l'argent qu'il touchera dès qu'il aura écrit "un ou deux romans". Il écrit à Caroline, sa mère, en se plaignant...

Caroline qu'il adore, " il n'y avait pour lui qu'une femme au monde".

Est-ce pour ne pas la trahir, qu'il choisit comme partenaires, des créatures si éloignées de l'idéal qu'elle représente, pour le petit garçon qu'il était et qu'il est encore ?





Cette Sarah, dite "Louchette", une petite prostituée juive, qui l'honora d'une blennorragie.

Cette Jeanne Duval ou Mlle Lemer, ou Jeanne Prosper: une mulâtresse de haute taille, au teint sombre, à l'œil effronté, aux lèvres épaisses et à la chevelure crépue...





Quelle différence entre sa mère, la bourgeoise et cette galante ! Charles troque le parfum subtil de Caroline contre l'odeur musquée de Jeanne.

En Caroline, il aime un ange, en Jeanne un démon...





Après l'amour, Baudelaire se saoule au vin blanc, puis avec la drogue.

" Se détruire pour mieux exister, c'est la devise des forts, selon Baudelaire."





" Les fleurs du mal", une vraie descente aux enfers... Le recueil sera censuré, après sa parution!

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Le Poisson pilote et autres nouvelles

Henri Troyat - Le Poisson pilote et autres nouvelles.

Lev Tarassov de son vrai nom, Henri Troyat nous livre ici

quelques jolies nouvelles sous forme de contes qui nous plongent dans le monde de l'enfance.

Le Poisson pilote, L'Âme de Mélitone, la Diablesse.

Une très longue préface extrêmement intéressante de Béatrice Kazmierczyk,

nous décrivant la vie d'Henri Troyat.

Un petit livre de seulement 59 pages, mais ô combien grand de par son contenu. De jolies illustrations agrémentent les textes. Très agréable à lire.
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La neige en deuil

Inspiré d’un fait réel, le crash d’un avion, le « Malabar Princess » dans les Alpes en 1950, « La neige en deuil » reste un de mes souvenirs de lecture d’adolescent les plus poignants, avec « Vipère au poing » de Bazin.



Un cadre, grandiose… La MONTAGNE…



Un personnage principal : Isaïe Vaudagne, un ancien guide de haute montagne qu’un grave accident a rendu simplet… Simplet, mais pas sans dignité.



Son frère cadet : Marcellin, prêt à tout pour arriver et particulièrement pour se transporter à la ville dont le mode de vie lui conviendrait certes mieux , pense-t-il, que cette vie miséreuse dans un hameau isolé de haute montagne.



Problème : l’argent lui manque pour mener à bien son projet.



La providence : un avion se crashe, là haut dans la montagne…



Mon premier Troyat, et il y en aura bien d’autres, dans des domaines aussi variés que le roman, la nouvelle et bien sûr dans le domaine où, à mon avis il excelle : la biographie romancée ; voir « Catherine la grande », « Le prisonnier N°1 » et d’autres…



« La neige en deuil », 1952, un court roman, une grosse nouvelle… peu importe. Henri Troyat sait parfaitement , dans un cadre aussi somptueux que gigantesque, monter en épingle l’antagonisme entre les deux frères, l’un, Isaïe, issu de la « vieille école » respectueux de la Nature et des anciens, et son cadet Marcellin, plus prompt à la cupidité qu’au respect des traditions.



Poignant… Mais je crois l’avoir déjà dit…

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Aliocha

Neuilly, 1924…

Thierry, un adolescent contrefait, issu d’une famille bourgeoise, a la santé fragile. Sa passion : la littérature. Son meilleur ami : Aléxis, Aliocha, en fait ; un fils d’émigré Russe que ses origines et l’organisation très Russe de ses parents qui ont fuit la révolution bolchévique encombrent un peu, voire beaucoup…

Il faudra l’insistance de Thierry à lui répéter la chance qu’il a de pouvoir lire les grands auteurs russes dans le texte et sa disparition tragique pour convaincre Aliocha « d’attaquer » Tolstoï dans sa langue d’origine ; une grande joie pour ses parents qui ne désespèrent pas de rentrer un jour en Russie en même temps qu’une découverte pour Aliocha…



L’amitié entre deux adolescents est un thème récurrent dans la littérature : « Silbermann » de Jacques de Lacretelle et « l’ami retrouvé » de Fred Uhlman… Troyat ajoute ici, en plus de la démarche initiatique conduite par Thierry envers Aliocha, une dimension supplémentaire : celle de l’acceptation de ses origines. On imagine aisément un coté plus ou moins autobiographique de la part de Troyat, lui-même d’origine Russe…



Un grand roman de la part d’un grand auteur, souvent décrié, mais que pour ma part, je lis et relis toujours avec le même plaisir.

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La neige en deuil

Isaïe, âgé de cinquante ans vit reclus dans la maison familiale où seule la présence de quelques brebis et de son frère Marcellin, trop souvent absent hélas, le relie encore au monde des vivants. Depuis que le mauvais sort s'est abattu sur lui par trois graves accidents, cet ancien guide de haute montagne, l'un des meilleurs de la région, est devenu quelque peu simplet...



Suite : Cliquez sur le lien suivant !!!
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La neige en deuil

Depuis quelques mois, je vais régulièrement piocher dans la bibliothèque qui me vient de mes parents. Et, vu mon âge, les livres qui s'y trouvent sont là depuis une cinquantaine d'années, voire plus. Ce qui permet de dénicher des pépites qui, sans les avoir lues, nous sont familières bien qu'elles soient tombées dans l'oubli enfouies sous les décennies de productions littéraires qui leur ont succédé.

Et, en terme de pépite, celle-ci en est, bel et bien, une. L'écriture est parfaite ; aucune pesanteur, chaque phrase a une raison d'être. Les personnages, le décor, l'atmosphère, tout prenait forme dans mon esprit au fur et à mesure que je lisais et les images se juxtaposaient aux mots.

Comme toujours, je ne vous résumerais pas l'histoire ; la 4ème de couverture est faite pour ça. Je vous dirais seulement que c'est une très jolie, réaliste et non moins émouvante histoire humaine.
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Aliocha

Une très belle histoire d amitié entre deux adolescents, leur point commun le handicap. Thierry enfant bourgeois handicapé par une bosse dans le dos et à la santé fragile, passionné de littérature. Alexis (Aliocha) enfant d immigré Russe trouve ses origines un peu encombrantes voir handicapantes et préfère se sentir français en se consacrant exclusivement à la littérature et la culture française. Ses parents vivent dans le folklore russe avec l espoir de retourner un jour en Russie . Thierry très érudit initie Aliocha à la littérature française non sans insister sur le fait qu Aliocha à une chance extraordinaire de pouvoir lire les plus grands auteurs russe dans sa langue d origine, ce qui a tendance à agacer Aliocha. Mais un jour Aliocha perds son ami des suites d une pneumonie, ce qui va le réconcilier avec ses origines, en mémoire de son ami il lira Tolstoi, ce qui fera le bonheur de ses parents. Je me suis retrouvée dans ce récit, enfant d immigrés j ai eu moi même beaucoup de mal à concilier ma culture d origine et la culture française en rejetant ma culture d origine dans un premier temps et de la découvrir bien plus tard avec beaucoup de bonheur.
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La neige en deuil

Dégotté dans une boîte à livres, qui a le mérite de remettre à l’honneur des livres oubliés, « la neige en deuil » raconte l’affrontement de deux idéaux. Celui d’Isaïe, d’abord : ancien guide de montagne, il aime sincèrement la vie en ce lieu et ses brebis, qu’il s’est mis à élever après un grave accident l’ayant laissé pour simplet ; Celui de son frère Marcellin, ensuite : de 20 ans son cadet, méprisant l’humanité d’Isaïe et prêt à tout pour partir vivre en ville loin de lui, y compris à vendre leur maison de famille.

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Tout bascule le jour où, dans les sommets alpins en 1938, un avion venant d’Inde s’écrase, sur des pics difficilement accessibles. Les repérages aériens semblent montrer qu’il n’y aurait pas de survivant. Mais dans le village des deux frères, plus bas, une équipe de guides volontaires et aguerris décide de braver les éléments, afin de récupérer les lettres et courriers transportés par l’avion - ce qui semble être un bien noble sacrifice au vu des conditions climatiques…

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A sa suite, ouvertement guidé par d’autres considérations, loin d’être humanitaires, Marcellin contraint Isaïe par les sentiments à les mener tous deux jusqu’à la carcasse de l’avion. Confiant en ses talents d’ancien guide, il tentera d’atteindre son but au mépris de toute vie humaine, celle de son frère comme des passagers.

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Mais la montagne est sans pitié pour les âmes impures. Dans un décor digne de Tintin au Tibet, les fantômes et les consciences s’affrontent. Ce qui se passe à la montagne reste dans la montagne, pourrait-on dire. Mais c’est avec brio qu’Henri Troyat, en moins de 200 pages, nous en ouvre les portes et l’ambiance, soufflant le chaud et le froid dans cette atmosphère de bruit blanc : aussi chaude que l’étable emplie de lainage sur pattes, et aussi glaciale que les tombes de neige sur lesquelles il faudra bien se recueillir. A la fois simple, désuet et plus complexe qu’il n’y paraît, ce roman est, à l’exacte image de son personnage principal, très attachant.

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« il n’avait jamais vu un avion de près. Celui-ci était de dimensions énormes. Trop grand pour les hommes. Trop lourd pour le ciel. Déchiqueté, rompu, il gisait sur le ventre dans la neige, tel une bête blessée à mort. Le nez de l’appareil s’était aplati contre un butoir rocheux, l’une des ailes, arrachée, avait dû glisser le long de la pente. L’autre n’était plus qu’un moignon absurde, dressé, sans force, vers le ciel. La queue c’était détachée du corps, comme celle d’un poisson pourri. De larges trous béants, ouverts dans le fuselage, livraient à l’air des entrailles de tôle disloquée, de cuir lacéré et de fers tordus. une housse de poudre blanche coiffait les parties supérieures de l’épave. Par contraste, des flans nus et gris, labourés, souillés de traînées d’huile, paraissaient encore plus sales. La neige avait bu l’essence des réservoirs crevés. Des traces d’hémorragie entouraient la carcasse. Le gel tirait la peau des flaques noires. Même mort, l’avion n’était pas chez lui dans la montagne. Tombé du ciel dans une contrée de solitude vierge, il choquait la pensée comme une erreur de calcul des siècles. »
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Le mort saisit le vif



Lu et relu avec chaque fois le même émerveillement.



Jacques Sorbier est rédacteur en chef dans un journal pour garçonnets "Le Rataplan". C'est un être plutôt médiocre et qui s'en satisfait.

Un jour, il reçoit un faire-part du décès d'un ancien condisciple lycéen : Georges Galard qui était lui, au contraire de Jacques, un être doué d'une magnifique intelligence. Parti présenter ses condoléances à sa veuve, Suzanne, Jacques ne tarde pas à en tomber amoureux et réciproquement : Ils se marient 2 ans après la mort de Georges.



Assez rapidement, Suzanne confie à Jacques un manuscrit écrit par Georges et lui suggère de le publier sous son nom Jacques Sorbier.

Assez faible de caractère, Jacques accepte et envoie le livre à un éditeur parisien. Les choses s'enchaînent alors assez vite, non seulement l'éditeur publie son livre, lequel se retrouve vite un best-seller avant de gagner, en prime, le prix Maupassant.



Des photos de Jacques et son manuscrit se retrouvent partout. Le succès monte vite à la tête des deux époux, elle comme épouse d'écrivain célèbre dépense un argent fou en toilettes et lui se rengorge comme un paon devant les marques de respect des journalistes et du monde littéraire.



Mais où Suzanne n'éprouve nul remords, Jacques lui en est envahi, d'autant plus qu'une jeune femme se présente à son domicile et lui demande pourquoi il a raconté l'histoire de sa vie. Ebaudi, Jacques prend la tangente et Nicole ne lui cherche pas d'ennuis.



L'éditeur, qui a compris qu'il avait mis la main sur une pépite, attend avec impatience le second roman de Jacques Sorbier. Celui-ci se met à la tâche sans conviction et à juste titre puisque son roman est déclaré impubliable.



Rongé par l'humiliation, la honte, la peur, la rage, Jacques, qui est à la fois parcouru de remords quant à son plagiat et le désir insatiable de continuer à paraître et à être reconnu de tous, sombre peu à peu dans la dépression et sent vaciller sa raison. Il invoque alors le mort afin qu'il écrive sous sa dictée, allant jusqu'à se recueillir sur la tombe de Georges, à revêtir ses vêtements, il prie le mort de l'investir de son talent mais à ce petit jeu, tel est pris qui croyait prendre car Jacques se sent de plus en plus se flétrir et disparaître car progressivement "le mort saisit le vif". Son couple bat sérieusement de l'aile car Suzanne le méprise de n'être qu'un plagiaire alors que c'est elle qui l'y avait instigué. Ils en viennent à se haïr, ce qui n'est pas fait pour arranger le moral de Jacques.



Ce livre est un joyau car comme très souvent, Henri Troyat sonde la psychologie de son personnage principal comme un véritable lecteur de l'âme humaine. Il sait faire apparaître chez la même personne différentes facettes de personnalité et nous rendre attachants des personnages qui au début n'étaient pas sympathiques. Il y a récurrence d'hommes veules chez Henri Troyat mais aussi d'hésitations, de doutes qui font qu'en fait on a affaire à des êtres humains plus vrais que nature. De plus, son écriture est remarquable.



Je ne saurais trop vous le recommander : lisez ce livre, lisez du Troyat, c'est un des meilleurs auteurs de la littérature française.

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La neige en deuil

Un condensé de pleins de choses dans cette petite merveille qui démarre en montagne au milieu des moutons et des agneaux ! Deux frères vivent dans la maison de leurs parents décédés. Le cadet veut la vendre et profite des faiblesses de son frère, ancien guide de montagne traumatisé par plusieurs accidents. Le cours des choses va changer avec le crash d’un avion hindou sur le glacier. Fait inspiré par le Malabar Princess d’Air India en 1950. J’ajoute que des journalistes ont enquêté, sans succès, pour comprendre comment des gens de la vallée s’étaient enrichis si brusquement à cette époque. La relève, quant à cette prose de Troyat, est assurée par Bouysse, Vann, Fermine, en autre.

Petit bilan des fermetures des bibliothèques : je suis trop conditionnée par les nouveautés, alors que j’avais sous le coude certaines pépites de livres de garde qui ne demandaient qu’à s’aérer et à se faire déguster.
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Les semailles et les moissons, tome 1

Je remercie infiniment les organisateurs du challenge solidaire d’avoir proposé dans sa liste de romans, une œuvre d’Henri Troyat. Je ne pense pas que j’aurais lu de moi-même les semailles et les moissons étant donné la hauteur de ma PAL !



Je suis ravie d’avoir découvert ce premier tome avec ses personnages auxquels on ne peut que s’attacher, personnages aux destins prometteurs ou non, qui vivent dans une bourgade où l’on se sent aussi bien qu’eux, partageant les joies et les peines des protagonistes.



Je n’ai pu m’empêcher de faire un lien entre Amélie, l’héroïne, et madame Bovary bien que les deux personnages soient très différents, car j’y ai vu



l’analyse psychologique d’une jeune femme qui reproduit le comportement de sa mère et qui, très anxieuse, lutte contre ses démons, contre une imagination débordante qui la précipite dans le gouffre de ses angoisses. Il est également très intéressant d’observer l’effet de la réaction de son mari bien différent de celle de Jérôme, son père, lorsque Maria, sa mère, adoptait un comportement similaire, et les réactions toutes différentes des deux femmes.



Passionnant également l’évolution de notre Amélie bien installée dans sa boutique provinciale et que le destin amènera à quitter ce havre de paix, ce nid douillet dans lequel elle vivait, pour partir vers l’inconnu et s’adapter à une nouvelle vie.



Je me suis dit que j’allais lire le premier tome et m’arrêter, mais finalement, j’ai bien envie de connaître le devenir de notre héroïne et de ses descendants. Je reste donc sur ma faim si j’interromps après ce premier volet, la lecture de cette passionnante saga.



Heureuse d’avoir commencé ce classique que je recommande vivement.
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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Le mort saisit le vif

Pour moi, Henri Troyat était un académicien avec des grosses lunettes qui parlait de la Russie. Mais pas l'ombre d'un slave dans ce roman noir au titre digne d'une étude notariale, Le mort saisit le vif (« par son hoir le plus proche » ), expression désuète, pour une oeuvre exhumée des étagères grâce au film Un homme idéal dont il a inspiré la trame.



Jacques Sorbier est un homme d'extraction modeste qui gagne sa vie comme rédacteur à Rataplan, un journal pour enfants . Son père le presse de s'élever dans la société, mais son caractère est peu liant. Contacté par la veuve de Galard, un ancien camarade de lycée qui vient de trépasser, Jacques s'en éprend, l'épouse, et cède à ses caprices. Le plus incongru? Faire publier sous son nom un roman écrit par le défunt. Les anciens beaux-parents réclameraient leur part d'héritage si l'ouvrage était signé de leur fils. Et le couple a besoin d'argent. Sait-on jamais, s'il avait du succès…

Sorbier devient du jour au lendemain le nouvel espoir des lettres françaises, sa femme prend goût à la célébrité et à l'argent, jusqu'à ce qu'un petit grain de sable vienne gripper la machine bien huilée du mensonge. Et voilà Sorbier acculé, plongé dans l'angoisse, écrasé par le poids grandissant de cette mascarade. Surtout quand l'éditeur, et les lecteurs lui réclament un second roman qu'il est incapable d'écrire.



Avec ce thriller psychologique au charme suranné, comme un verre de Byrrh ou une veste en tweed, Troyat nous plonge dans la psyché d'un faussaire malgré lui hanté par le remord, et poursuivi par le fantôme de Galard, un Galard protéiforme. Plus les jours passent, et plus les signes cliniques se développent. En proie à d'irrépressibles angoisses , Sorbier n'a plus d'identité propre. C'est là tout le talent de Troyat de montrer comment un homme assez falot ne peut plus compter sur sa raison, désormais impuissante, et subit l'insidieuse intrusion d'un autre « lui ». Car en s'appropriant le roman , Sorbier s'approprie tout son héritage. le mort saisit le vif, au sens littéral.
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La neige en deuil

Je crois que je me faisais une idée erronée sur le compte d'Henri Troyat. Je le voyais comme un auteur guindé et vieillot. Je m'étais trompée. "La neige en deuil" a balayé mes préjugés. Ce roman, à la fois drame terrible et récit d'aventure, est une belle réussite.



Le drame raconté par Troyat est dur, la confrontation tragique entre les 2 frères suscite beaucoup d'émotions : colère envers la dureté, le manque de tendresse de Marcellin envers son frère, compassion envers Isaïe, si fragile, si innocent...

L'aspect psychologique du roman est très intéressant. Le personnage de Marcellin est peut-être un peu manichéen mais le personnage d'Isaïe est très bien dépeint. Mais outre, ces deux personnages, il y a un 3ème personnage tout aussi important dans le roman : la montagne. Elle est constamment présente dans le récit. Elle domine de sa présence le village, sublime et dangereuse. Elle est la vie et la mort. Elle est l'origine et la conséquence des rapports de force entre les 2 frères et sera inéluctablement le théâtre de leur confrontation finale.



Toute la partie du roman qui raconte l'ascension des 2 frères pour retrouver l'avion écrasé au sommet est palpitante. Très bien menée, cette partie, j'ose le dire, est digne des meilleurs récits d'action. Le lecteur est clairement sous tension, suivant prise après prise le parcours des alpinistes. L'auteur transmet bien les sensations, les douleurs liées à un tel périple. L'écriture est très visuelle, c'est un film qui se déroule sous nos yeux.



Je remercie Allantvers qui m'a permis de dépasser mes préjugés sur un auteur que je ne connaissais que de nom et surtout de m'avoir permis de passer un très bon moment de lecture.







Challenge Multi-défis 2017- 48 (item 49 un livre dont l'action se déroule en haute montagne)

Challenge 14-68 entre 2 points de bascule 2017

Challenge ABC 2017-2018 - 10/26

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Zola

Romancier, biographe, historien, Lev Aslanovitch Tarassov, baptisé Henri Troyat à l’âge de 24 ans par les éditions Plon, vous avez l’art de rédiger de passionnantes biographies qui emportent votre lecteur dans un tout autre univers que celui dans lequel il évolue.



Vous parvenez à vous immiscer dans la peau de vos personnages, tantôt femme, tantôt homme, qui prennent vie sous les yeux du lecteur. Nombre de biographes ne parviennent pas, hélas, à insuffler un tel souffle de vie aux personnalités évoquées. Serait-ce vos origines russes qui impriment cette bouffée romanesque, empreinte d’une grande rigueur narrative, à votre plume ? Votre passion se glisse à chaque chapitre, elle contamine, capture votre lecteur qui se laisse enlever avec jubilation.



L’ Académie Française a su vous rendre hommage en vous recevant, le 21 mars 1959, en son honorable assemblée. Vous étiez alors âgé de 48 ans. La valeur n’attend pas le nombre des années – Pierre Corneille.





J’ai été subjuguée par le style de cet auteur. L’écriture est fluide, très agréable à lire. Un collégien peut lire Henri Troyat mais attention, c’est un français choisi, de qualité et c’est ce que j’admire chez un auteur, il peut captiver un grand nombre de lecteurs avec une plume aussi sensible et puissante.



Auteur prolifique de biographies, Henri Troyat ne cède jamais à la facilité, c’est un travail de documentation extrèmement précis qu’il entreprend à chaque histoire.



Il expliquait après avoir rédigé une fiction : « Après m’être coltiné pendant des mois avec des personnages imaginaires, après avoir essayé de rendre la fiction plausible et le mensonge émouvant, après avoir sué d’angoisse sur les orientations arbitraires d’une intrigue et maudit cent fois l’excès de liberté qui fait que tout est permis au créateur de mythes, j’éprouve soudain l’envie de reprendre contact avec la réalité, d’obéir à des documents authentiques, de passer du rêve à la vie. Alors j’entre dans une ère paisible et studieuse. Je sens le sol sous mes pieds ».



Emile Zola et Léon Tolstoï sont les grands auteurs de mon adolescence. Sous la plume d’Henri Troyat, je suis entrée de plein pied dans le monde du « naturalisme » et je comprends mieux mon engouement de l’époque et ma passion pour cet auteur. Son premier succès Thérèse Raquin a été pour moi fascinant, c’est le mot, et en même temps source d’angoisses. La description au scalpel de cette période, l’étude sociologique et psychologique de ces protagonistes m’hypnotisait. Je me souviens avoir été déçu par « Au bonheur des Dames » et avoir trouvé le récit fade. A la lecture de cette biographie, je comprends mieux aujourd’hui le sens de ce roman. Henri Troyat raconte très bien tout le travail d’enquête auquel se livrait Emile Zola, sur le terrain, avant d’entamer la rédaction de chacun de ses romans. De ce bourreau de travail, naîtra un monument de la littérature française du 19ème siècle, les «Rougon Macquart » auquel, il consacrera 22 années.



Journaliste polémique, engagé, passionné, il attaque, se révolte, dénonce la politique du second empire, n’hésite pas à se mettre en danger. Il donne des coups mais il en reçoit beaucoup. C’est un homme qui dérange : la société n’apprécie pas trop d’être obligée de regarder la vérité en face. Henri Troyat sait très bien nous faire partager l’hostilité dont ce combattant est l’objet ainsi que la rivalité qui existe entre auteurs. Ce cher Edmond de Goncourt n’aura de cesse de balancer son fiel à l’encontre d’Emile.



Mais Zola est un homme de conviction, il sait aussi s’entourer d’amis qui seront présents dans les grands moments de solitude. Il veut faire passer ses messages et rompre avec le romantisme d’Hugo, attirer les regards sur la misère qui s’étale sous ses yeux. Sans compter qu’il sent une conspiration haineuse qui rassemble les partis cléricaux, conservateurs, militaristes et légitimistes contre les juifs chargés de tous les crimes. Au début, il se contentera de s’opposer et de critiquer Edouard Drumont, il ne verra pas de suite l'odieux traquenard dans lequel est tombé le capitaine Dreyfus.



Tout le récit s’appuie sur l’étude d’une correspondance prolifique échangée avec les écrivains du groupe des « Soirées de Médan ». Nous pénétrons ainsi dans son intimité partagée entre Alexandrine et Jeanne. A l’heure des courriels, comment procèderont nos futurs auteurs.



Mais le point culminant historiquement, émotionnellement, c’est sa révolte lorsqu’il prend conscience de la terrible injustice que vit le capitaine Dreyfus. Au péril de sa liberté voire de sa vie, il va accuser le système politico-militaire, il est évident que ses détracteurs vont se frotter les mains, redoubler de malveillance à son égard. La machine judiciaire l’obligera à l’exil.



Page 396 :



« Le 12 juillet 1906, le jugement du conseil de guerre de Rennes « prononcé par erreur » est annulé. Lavé de toute accusation, Dreyfus est réintégré dans l’armée avec le grade de commandant et quelques jours plus tard, au milieu de la Grance Cour de l’Ecole Militaire où a eu lieu sa dégradation, décoré de la Légion d’Honneur devant le front des troupes. De son côté le valeureux Picquart est nommé général de brigade. C’est le triomphe des idées de Zola. Mais il ne l’aura pas vu. Mort quatre ans trop tôt, il laisse cette joie et cette fierté à ses amis, à sa femme, à Jeanne ».





« Il y a un siècle, le 4 juin 1908, Emile Zola rentrait au Panthéon. Armand Fallières, Président de la République et Georges Clémenceau, chef du gouvernement, vinrent s’incliner devant la dépuille du grand écrivain dreyfusard tandis qu’à l’extérieur retentissaient les clameurs des militants nationalistes, hostiles à la cérémonie voulue par les députés » - Bernard Accoyer préface de Zola au Panthéon 1908 – 2008.





J’ai vibré avec Emile Zola, j’ai même été émue aux larmes à la lecture du J’ACCUSE qui lut dans le contexte parfaitement maitrisé par Monsieur TROYAT n’en a que plus de valeur. J’admire Zola du fait qu’il n’a jamais renié ses convictions, c’est un jusqu’au-boutiste devant l’injustice.



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Raspoutine

♫ Ra ra Rasputin

Lover of the Russian queen ♫



Ah ah Raspoutine... Mais qui était-il donc ?



Charlatan, saint pécheur, vrai ou faux prophète, imposteur, débauché, guérisseur, moujik ambitieux, magnétiseur, bête immonde ou doté de Dieu d'un pouvoir surnaturel ...

Les dénominations sont nombreuses et contradictoires selon les points de vue.



Toujours est-il que Grégori Rapoustine natif d'un petit village de Sibérie, moujik illettré, est devenu en peu de temps "l'Ami" du couple impérial, Nicolas II et Alexandra Feodorovna.

Comment cet homme porté sur la boisson et sur les femmes a-t-il pu entrer si facilement dans l'intimité du palais impérial ? Comment cet homme peu recommandable a t-il pu avoir une telle ascendance sur le tsar et plus particulièrement sur la tsarine ?



C'est la question que je me posais avant de lire ce livre. Si le mystère reste entier, il n'en demeure pas moins quelques explications rationnelles.



En ce début de vingtième siècle, la Russie a par certains côtés des allures fort médiévales où le mysticisme et la croyance sont de mise. C'est ainsi que Raspoutine parvint à envoûter ces dames de la noblesse. Le moine, souvent en proie à des crises mystiques, est aussi capable de mentalisme et d'hypnose. Ainsi, il parvient habilement à pénétrer leur esprit et tant qu'à joindre l'utile à l'agréable ... leur corps !



Lorsque Raspoutine parvient à apaiser le tsarévitch atteint d'hémophilie et même, selon les apparences, à le sauver d'une mort certaine, il passe définitivement pour le "Sauveur" aux yeux de la tsarine. Pour elle, il est envoyé de Dieu pour sauver sa famille et la Russie, la mère patrie, aux prises avec des révolutionnaires qui rejettent l'autocratie impériale.

Les dénonciations du comportement lubrique et scandaleux de Raspoutine par les journalistes, les représentants politiques et même la famille proche du couple impérial n'y feront rien. La tsarine, névrosée et tellement inquiète pour l'avenir de son fils malade, croit dur comme fer au pouvoir du "saint homme" et lui pardonne ses écarts. L'influence de Raspoutine sur la tsarine et son époux impérial est évidemment néfaste et lourde de conséquences. Le peuple russe reproche à Nicolas II ses erreurs et voit d'un très mauvais œil l'amitié qu'il entretient avec ce moine défroqué.

Qui perd la confiance du peuple, perd son trône...





Je ne vais pas tout vous raconter mais si vous voulez en savoir plus, vous pouvez toujours lire cette biographie d' Henri Troyat. Elle est vraiment très intéressante et permet d'y voir plus clair sur ce mystérieux personnage et également sur l'une des causes de la chute des tsars en Russie.
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Viou

Viou, c’est Sophie Lesoyeux, huit ans. Nous sommes dans l’immédiat après guerre et Viou vit chez ses grands-parents au Puy. Son père , dont elle n’a que peu de souvenirs est mort dans les combats de la Libération, et sa mère adorée tente de refaire sa vie à Paris.



« Viou », paru en 1980 est en fait le premier volume d’une trilogie qui comprendra « A demain, Sylvie » en 1986 et « Le troisième bonheur » en 1987. Une trilogie comme sait les construire Henri Troyat, voir « Le moscovite » et « Les Eygletière », entre autres… portée par le style inimitable de l’auteur. Académique diront ses détracteurs… Et pour cause…Mais quel bonheur de redécouvrir de temps à autre cette plume précise, léchée… élégante, en un mot.

Même si l’intrigue est quelque peu banale, Troyat, et ce n’est pas le moindre de ses talents, nous embarque…



« Viou », un beau roman … Celui d’une petite fille « née trop jeune dans un monde trop vieux » dans lequel elle devra s’adapter et apprendre à vivre. Un beau texte…Vraiment !



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La lumière des justes, Tome 1 : Les compagnon..

Les compagnons du coquelicot - 1959 : S'attaquer à l'oeuvre d'Henri Troyat, c'est comme se retrouver au pied de l'Himalaya avec un sifflet et un couteau Suisse comme tout équipement. Comment dire ? C'est impressionnant ! Et pourtant son oeuvre bien que foisonnante est très abordable. Son style, son écriture et sa virtuosité pourrait lui permettent d'être comparés à Balzac dont il partageait l'expertise pointue de la bourgeoisie du dix-neuvième siècle. Quand l'un explorait les travers de la société française, l'autre décortiquait ceux de la Russie des tsars. Ce roman était le premier d'une saga intitulée "La lumière des justes", c'était un chef-d’œuvre tout simplement. Nicolas Ozaref est un jeune lieutenant russe qui suite à la bataille de Waterloo participe à l'occupation de Paris avec son régiment. Tandis que les troupes à la grande curiosité des parisiens plantent leurs tentes dans les bois de Boulogne et de Vincennes, les officiers reçoivent des billets de logement pour habiter dans des maisons aisées. Nicolas est bien accueilli par une famille aristocratique favorable à ce Louis XVIII qui a pris la place de l'ogre Napoléon Bonaparte. Pourtant sous ce vernis de bienveillance, il va découvrir que la paix au sein du foyer est loin d'être assurée. S'opposent comme dans la France entière les partisans du nouveau roi, ceux de l'empereur déchu et les nostalgiques de la république. Bien plus que la situation géopolitique de la France en 1816, c'est une magnifique histoire d'amour qui emporte le lecteur. Car Ozaref séduit la fille de la maison, jeune femme veuve d'un libre penseur qui passe elle-même comme une dangereuse agitatrice pour ses idées progressistes. Bien qu'opposé dans leurs convictions ils décideront d'unir leur destin par le mariage, mais pour cela le jeune homme devra demander la permission de s'engager à son père. "Les compagnons du coquelicot" est le roman d'un des plus grands auteurs français qu'il faudra à tout prix redécouvrir pour conjurer la médiocrité des parutions actuelles...
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L'Araigne

Goncourt ’38. Tendrement désuet, parfois pathétique, souvent machiste, toujours stylé.



L’Araigne tisse sa toile de maître en camaïeu de bleus à l’âme.



L’écriture fine, fluide et savoureuse d’Henri Troyat est inlassablement ensorcelante.



Gérard Fonsèque règne en maître sur les quatre femmes de la maison et de sa vie.

Trois sont ses sœurs, la quatrième, sa mère. Tout son univers.

« Toute son existence s’était écoulée dans l’appréhension que ses sœurs dussent lui être ravies. »

Gérard est un abominable manipulateur, un odieux misogyne doublé d’un exécrable donneur de leçons. Sa mauvaise foi n’a pas de limite. Pour arriver à ses fins le mensonge n’est en aucun cas une frontière afin d’éviter le départ, le mariage de ses sœurs.

Dès qu’elles font une rencontre, il distille à leur encontre des phrases aigres-douces agencées en petites touches de mots acides qui les déstabilisent et les contraignent. Malingre et souffreteux, sa chambre est son repère où il ourdit ses complots mâtinés de chantages affectifs.

Désintéressé de la gente féminine jusqu’au dégoût, égoïste à l’état pur, il ira au bout de sa logique déprimante.

« Il n’avait pas de mal à vaincre le désir de la créature. Mais un autre désir le hantait, la possession des âmes. »



Henri Troyat ne possède pas mon âme quoiqu’il ait le talent de la toucher.

Il faut s’imaginer qu’il n’a que 27 ans quand il écrit ce roman qui fouille au scalpel le comportement de cet homme meurtri, frustré.

Il a déjà une connaissance approfondie de la psychologie tant féminine que masculine pour disséquer les sentiments, les émotions, leurs abus et leurs carences.



Ce roman est à lire pour mesurer l’importance de l’émancipation de la femme face à ce monde tellement macho des années trente. Que l’on pourrait traduire par :

« Le bonheur de l’homme est je veux, le bonheur de la femme est il veut. » Nietzsche.

Sympa, non ?

A découvrir également pour jauger de l’évolution de la famille avec ce décalage de quatre-vingt ans qui a vu l’explosion de cette gangue guindée qui masquait les ressentiments, les impressions.

Et finalement, pour profiter de cette écriture qui coule comme de l’eau claire et qui enchante.

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La Tête sur les épaules

" Tout condamné à mort aura la tête tranchée . "

J'aurai aimé vous apporter le sourire grâce à cette phrase mythique du " Schpountz " de Marcel Pagnol que Fernandel module sous diverses mimiques .

Mais le destin d'Etienne , qui sort à peine de l'adolescence , est trop précieux pour que l'on prenne à la légère son atroce découverte .



Habiter à Paris ne suffit pas à la belle couturière pour ne pas être rattrapée par un passé maudit .

Et pourtant , elle galère dans son atelier , entourée de ses ouvrières Marthe et Suzanne , tout en élevant avec amour et dignité son fils bien-aimé : Etienne .

Car elle l'adore , son gamin . Une véritable osmose s'est créée entre eux , peut-être un peu trop pour moi .



" Depuis qu'il vivait seul avec sa mère , Etienne avait pris l'habitude de l'appeler par son prénom .

(... )

Il la dominait de la tête . Elle était , sous son regard , si menue , si jolie , qu'il fut troublé .

(... )

Et soudain , d'une manière inattendue , ils éclatèrent de rire , debout l'un devant l'autre , unis par la conscience d'une heureuse complicité . " P. 14



Marion va s'absenter deux jours pour affaires .

Deux jours qui vont marquer son fils à tout jamais , à la réception d'une lettre et d'objets divers appartenant à son père , envoyés par la deuxième épouse avec de nombreuses doléances .

Celui-ci s'était remarié et puis est décédé dans un accident depuis des années , selon sa mère .



Intrigué , il questionne Marion , à son retour .



" _ Un sale individu , reprit-elle d'une voix sifflante .

(... )

_ Tu as tort de t'exprimer ainsi , maman . Il est mort ...

_ Oui , mort mais pas dans un accident , Etienne .

Ton père ... ton père a été exécuté ... P. 47



Comment accepter d'être le fils d'un assassin ?

Après quelques recherches dans de vieux journaux relatant " les exploits " de ce père guillotiné , il se sent pénétré des mêmes vices et défauts .



Comment va-t-il s'en sortir ?

Va-t-il grandir ?

La rage et la colère l'isolent de ses amis , de sa maman chérie qui se permet d'aimer un autre , au lieu de partager avec son fils le souvenir d'un homme exceptionnel ( pour lui ) .



L'auteur nous plonge , avec philosophie , dans le plus profond de notre âme . Il nous oblige à réfléchir à l'hérédité , la stupidité et la crédulité .

Il exhale sa colère par un vocabulaire riche , précis et sombre , spécialement lorsqu'il parle de la vieillesse , alors qu'il mourra très vieux :

" La vue de ces deux êtres ridés , voûtés , collés l'un contre l'autre , comme des naufragés sur un radeau , le combla d'une répulsion tranquille .

La mort était préférable à une pareille déchéance . Tout homme digne de ce nom devrait renoncer , par avance , aux tares hideuses de la sénilité . " P. 101

Par contre , ses mots sont colorés , tendres et rassurants lorsqu'il parle d'amour :

" Il rebouchait les flacons de parfum , revissait le capuchon du tube de dentifrice , rangeait les pots de crème sur la tablette du lavabo .

_ Quelle cuisine !

_ Il faut bien , â mon âge , dit-elle .

_ Veux-tu te taire ? Tu es belle et M. Joubert a bien de la chance ! " P.15



Le titre n'est pas anodin .

Il exprime parfaitement les états d'âme d'Henri Troyat qui prône le contrôle de soi et surtout la lucidité devant tout événement qui nous dépasse .



On a toujours le choix .

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La lumière des justes, tome 2 : La Barynia

C'est le roman qui m'a fait découvrir et aimer la Russie. Depuis tout ce qui se rapporte à ce pays me passionne.

Quant à l'auteur, j'ai lu d'autres livres de lui. J'aime son style, c'est un grand conteur.
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