L'ÎLE
À Stéphane Mallarmé
Avec son chant calmeur qui soulage les âmes
Par l'assoupissement des moroses pensers,
La mer s'en vient mourir en rythmes cadencés,
Berçant de vieux espoirs dont longtemps nous rêvâmes.
Et le désir nous prend de voguer sur les lames
Au roulis vagabond des vaisseaux balancés,
Par des pays brûlants et des climats glacés,
En de frigides nuits et des midis de flammes,
Pour voir (ô rêve inné soudainement éclos)
Sur celte immensité frissonnante des flots.
Aux confins de la mer brumeuse et matinale,
Surgir à l'horizon s'ouvrant comme un décor
Dans le magique éclat d'une aube virginale
L'Île des fleurs de pourpre et des feuillages d'or.
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