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Critiques de Henry de Monfreid (117)
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Hymne à la mer

Parti il y a quelques semaines d’Abyssinie une traversée dessinée de Joel Alessandra, avec l’évocation d’Henry de Monfreid, rebondissant du coté de Corto Maltese et les Ethiopiques, parcourant avec délice les billets de Gill sur les livres de de Monfreid, je ne pouvais qu’arriver sur les cotes de cet Hymne à la mer (Les inédits qu’ils disent sur le joli bandeau rouge…).

Ah la mer, ma maitresse depuis toujours. J’ai un secret à vous confier, un secret de dune. Enfin presque parce que je ne répète jamais les secrets mais j’ai mon petit hymne aussi.



Le vent léger m'a murmuré

Le grand secret de dame dune

Par la douceur d'un soir d'été

Le vent léger m'a murmuré

Que l'océan vient caresser

Le grain de peau de belle brune

Le vent léger m'a murmuré

Le grand secret de dame dune



Leur souffle chaud m'a envoûté

Par une nuit de pleine lune

J'ai croisé leur ciel étoilé

Leur souffle chaud m'a envoûté

En partageant l'intimité

Du sable fin et de Neptune

Leur souffle chaud m'a envoûté

Par une nuit de pleine lune



Mais chut ici car j'ai juré

Ne m'en tenez pas de rancune

Témoin de leur complicité

Mais chut ici car j'ai juré

La terre et l'eau m'ont chuchoté

La pudeur fait notre fortune

Mais chut ici car j'ai juré

Ne m'en tenez pas de rancune.



Le moins que je puisse dire c’est que dans le cas de ce bouquin, ce n’est ni un secret ni la pudeur, bien au contraire, qui vont contribuer à gonfler le compte en banque de l’héritier et le chiffre d’affaire de l’éditeur mais le foutage de gueule qui aura couté 25 euros à chaque « victime »

En effet, Hymne à la mer associé à Henry de Monfreid ça ratisse large et ça peut rapporter gros.

C’est ce qu’on du se dire Guillaume de Monfreid et les éditions Arthaud qui ont « commis » cette imposture.

Henry de Monfreid n’est pour rien dans ce Coup monté. Son petit fils et son éditeur se sont juste servis de son nom pour pêcher le neuneu dans mon genre.



Qu’y-a-t-il dans cet Hymne?

151 pages (d’inédits, lol MDR PTDR etc etc…) découpées en six chapitres avec en tout et pour tout, quatre poèmes écrits par HdM à l’âge de quinze ans dans un chapitre nommé « La mer en poésie », quelques feuillets d’un journal de bord, deux lettres à sa femme, des photos colorisées par l’écrivain (misent sur fond noir pour faire illusion tant la mise en couleurs dessert la photo) , quelques dessins et des aquarelles qui si elles sont bien sympathiques au premier abord, ont le désavantage de laisser une impression de déjà vu au bout de trois pages tant elles sont semblables. C’est plus que léger. Je sais bien que la qualité vaut mieux que la quantité mais là… je vois pas.

Quant à la mer, oui elle est présente et s’il ne fait aucun doute que l’aventurier était un homme de mer, elle n’est ici qu’un alibi, qu’une tête de gondole affriolante, qu’une jolie fille sur papier glacé ventant la nouvelle formule de canard wc, le genre qui a une belle couleur bleue mais qui reste un truc de chiottes.

Bon le bouquin est un beau livre c’est vrai. La qualité du papier, la présentation et tout ce qui peut attirer le pigeon sont au rendez vous mais ça s’arrête là. Circulez ya rien à voir.



Une fois de plus un éditeur et un… pas auteur, un opportuniste ou un je ne sais quoi, font «parler» les morts. Dans une future réédition j’espère qu’ils rajouteront une liste de courses inédite et deux trois vieux post it retrouvés au fond d’un tiroir. Remarquez que si ya post it, y aura assez de matière pour un nouveau bouquin. J’ai déjà le titre m’sieur de chez Arthaud, Ode à l’amer!!!!

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Le Récif maudit

La littérature maritime française certainement de toutes est la plus captivante.

Pour chaque île au trésor qui ne lui appartient pas, elle peut s'enorgueillir de posséder une ancre de miséricorde.

On n'en finirait pas d'égrener les noms qui en ont fait la richesse.

Claude Farrère, bien sûr.

Mais aussi Edouard Peisson, Roger Vercel, Jean Merrien, Paul Chack, Maurice Larrouy, Jules Verne, Louis Guichard, Maurice Guierre, Jean Randier, Jean-Jacques Antier, Louis Lacroix, Armand Hayet, Gilbert Dupé, Robert Merle et tant d'autres tout aussi prestigieux.

Henry de Monfreid, ou devrais-je dire "Abd el Haï", est l'un des plus grands.

"Le récif maudit" est une course haletante, une tragédie palpitante.

Las de notre monde devenu trop vieux, Monfreid fait ici une déclaration d'amour à la mer, à l'aventure et à la liberté.

Le récit prend sa source dans la rade de la ville de Moka, célèbre pour ses minarets et ses palais à quatre étages.

Mais la cité n'est plus qu'un fantôme, l'ombre d'elle même.

Kassim est un jeune Zaranig qui, d'un regard, s'est pris à aimer Amina, la fille adoptive de Saïd Ali, le seigneur et maître.

Cet amour va le le porter vers bien des rivages et lui faire braver bien des dangers ...

L'écriture de Monfreid est évocatrice et fluide.

Par le mot juste, elle idéalise les paysages et enfièvre les personnages.

Pourtant, au tournant de ce mot, le récit parfois semble être un peu embrouillé et a, pour le fidèle lecteur de Monfreid, des accents de déjà lu.

Mais qu'importe, le récit est splendide.

Il est traversé par le souffle brulant de l'aventure et de l'amour.

Je remercie les éditions Arthaud de m'avoir offert ce livre.

Mais aussi pour "Le journal de bord" d'henri de Monfreid, acheté il y a maintenant quelques années dans la petite librairie de Djibouti, et qui durant la traversée du retour sur un bateau gris avait pris l'eau quelque part au large de l'Arabie.

Et Je remercie les amis de la "Masse critique" qui m'ont fait une faveur bien particulière avec ce livre et le plaisir de sa lecture ...

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Les secrets de la mer Rouge

Ces temps-ci, Henri de Monfreid semble quelque peu exhumé du royaume des écrivains oubliés. On voit ses livres republiés, plus besoin de faire de l’archéologie chez les bouquinistes pour le lire ! Et tant mieux, car il le mérite. Ce qu’il raconte, c’est là, c’est sa propre vie. Celle d’un aventurier de la mer Rouge dans l’entre-deux guerre.



Avec son petit boutre léger et son équipage, il sillonne la mer Rouge. Djibouti, Yémen, Érythrée italienne, Somalie britannique, Éthiopie, Comores... Grands ports, hameaux de pêcheurs, déserts, côtes sauvages. Il fait un peu de tout : espionnage, transport de nourriture, pêche aux perles, contrebande d’armes… D’après ma grand-mère, qui l’a connu à l’époque, il lui arrivait aussi de temps en temps de faire passer quelques esclaves… Mais un parfait gentleman, aux bonnes manières et sympathique !



Du reste, la zone grouille d’aventuriers comme lui. Commerçant grec, cheikh arabe, marin Somalis… Chacun vaque à ses affaires le long de la route des moussons, dans cette zone de tension entre puissances colonisatrices, et où l’Ethiopie immense et toujours libre suscite bien des convoitises. Et puis il y a les innombrables tribus : Danakils, Issas, Gallas… Toujours en guerre les unes contre les autres, et prêtes à payer à bon prix armes et munitions européennes !



Un petit monde où Monfreid sait admirablement bien se repérer. Il connait le jeu des tribus, les différents peuples. A la compagnie des européens il préfère celle de ses matelots africains et des chefs locaux. Il admire leur science de navigateur, leur courage physique et leur médecine traditionnelle – nettement plus avancé que ce qu’on croit. Un monde brutal du reste, où les guerres sont sanglantes, et où certains peuples sont considérés comme nés pour servir d’esclaves aux autres… Il en connaît les règles, et les dangers.



Henry de Monfreid servit de modèle à Kessel pour ‘Fortune carrée’. Coureur des mers et excellente plume, il nous entraîne dans un monde plus dur et plus libre que tout ce que nous ne connaitrons jamais.
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Le Récif maudit

Henry de Monfreid est un aventurier, mais il ne vit pas pour ses aventures mais pour ne pas être prisonnier des lois, des règles des administrations. Son refus est épidermique. C'est quand même un être sociable, et il accepte d'autres règles : les principes des habitants de la mer Rouge.

Ses récits sont autobiographiques,et il veut que ses lecteurs le suivent dans ses récits, et donc il est pédagogique, il assure pour ses lecteurs, le lien entre les deux mondes. Les personnages centraux sont bien définis, peut être trop simplifiés,ou peut être il les définit comme ses lecteurs peuvent les comprendre.

Ses récits sont des prouesses car ils sont autobiographiques ,il est donc au centre de l'action , mais il veut prendre de recul pour faire de la pédagogie, il n'hésite pas d'ajouter des digressions pour des conseils de toutes sortes.

Ces mélanges rendent ses histoires intéressantes à mon goût.

Dans ces récits , j'aime aussi son humanisme envers ses marins, et bien qu'il soit fier de ses succès, il arrive à s'émerveiller de la nature et humble devant les éléments.

De plus, le niveau d’écriture et le vocabulaire me semblent soutenus, peut-être ne sont-ils que vieillots.

L'histoire d'amour "Le récit de maudit", est pleine de rebondissements dus aux personnages très volontaires mais aussi dus au caprices du vents et la mer, la mer reste le centre de l'histoire.

Je ne crois pas qu'Henry de Montfreid a révélé tous les secrets de cette histoire d'amour, j'ai l'impression qu'il s'est mis volontairement au centre de quelques actions afin de protéger des tierces personnes... Mais ceci fait parti des secrets d'Henry de Monfreid qu'a gardé pour lui.



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Sir Henry Middleton

Des quais luisant sous la pluie, une enseigne grinçante arrachée dans la feuille de cuivre d'un vaisseau, le vent salé d'une brise marine, deux ou trois fenêtres aux lueurs voilées qui laissent entendre des éclats de voix ... Londres, 1587.

Henry de Monfreid, le temps d'un ouvrage, semble avoir délaissé les secrets de la mer rouge.

Et pourtant ...

"Sir Henry Middleton" a été écrit d'après "Histoire générale des voyages", un vieux livre imprimé au début du XVIIIème siècle et d'après un vieil écrit arabe rédigé vers le milieu du XVIIème siècle par Admeh Walli.

Henry de Monfreid prétend ici ne pas faire oeuvre d'historien mais affirme avoir traduit, mot à mot, certains passages du vieux livre.

Mais avec Monfreid, peut-on jamais être sûr que la fiction n'ait pas pris le pas sur l'Histoire, que l'envie du conteur n'ait pas un peu rogné la vérité ?

Il a donc paru assez raisonnable au lecteur empressé que je suis d'aborder l'ouvrage comme un passionnant roman de littérature maritime.

En 1600, pour devancer la Hollande et la France, une charte royale de la reine Élisabeth d'Angleterre conféra pour 20 ans à la Compagnie des Indes Orientales le monopole du commerce dans l'océan Indien.

Sir Henry Middleton eût le commandement d'un navire ...

Le livre, qui retrace un destin hors norme, est captivant.

Mais il manque un peu de souffle pour être vraiment passionnant.

De plus, il est gâté, abimé devrais-je dire, par quelques-unes des digressions dont Monfreid d'habitude nous régale.

Il y a là quelques dérapages colonialistes, paternalistes et même racistes qui renvoient le livre dans la liste de ceux que peut-être il n'aurait pas fallu lire.

A la 70ème page, le maître Monfreid, appelant, comme preuve à sa démonstration, trois siècles de colonisation et d'asservissement politique, social et économique, délivre un accessit aux français qui, contrairement aux espagnols et aux anglais, "ne montrent rien de vulgaire, ni de blessant dans la façon de s'approcher des hommes de race inférieure".

Et, comme celle-ci, quelques autres pages sont tâchées.

Monfreid a certainement manqué ici l'occasion d'accrocher à la façade de son oeuvre l'immortel ouvrage qui lui fait défaut, le grand roman maritime dont jamais l'encre ne pâlit ...



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La Poursuite du Kaïpan

Ç'aurait pu être « Ma vie de dealer, entretiens avec Riri de la cité X... ». On aurait vu Riri organiser son réseau, acheter son herbe par tonnes en Inde, par des moyens légaux. Il aurait payé les taxes, enfin presque toutes les taxes, en graissant quelques pattes, il serait passé ente les mailles de la douane. Il se serait peut-être fait doubler, il aurait pété un plomb, serait parti à la poursuite du Go-fast.

Mais Henry de Monfreid sait écrire lui-même, et est héritier d'une certaine idée de la France. Aventurier, oui, sachant échapper aux autorités, certes, prêt à mentir, à combiner, à trafiquer. Mais avec un mélange de classe et de ruse, tour à tour indifférent au sort des autres et sincèrement admiratif des africains qu'il emploie. Mais sachant télégraphier aux douanes et alerter les agents consulaires quand on le vole.

Il en résulte un récit d'aventure intéressant, avec des temps morts pour décrire les paysages et les hommes, narrer des anecdotes qui font frémir (voire vomir), et des phases de surexcitation avec des coups de poker. Est-ce totalement invraisemblable ou complètement autobiographique ? La deuxième hypothèse semble être la bonne, mais qu'a-t-il embelli ?

Surtout, Monfreid est un marin, de ceux qui en 1934 construisent encore leur voilier eux-mêmes, savent y monter et y entretenir leur Diesel. Et pour les amoureux de la mer, sa description de la lutte contre vents et tempêtes doit faire rêver. Pour un ignare comme moi, ça reste tout de même épatant, les récifs qu'on devine, le jeu de la marée et des courants...

Au vu des citations que j'ai postées, vous aurez compris que Monfreid non seulement est de son époque, mais qu'il en absorbe et défend aussi abominablement et volontiers les pires préjugés. Cela ne m’empêche pas pourtant de conseiller cette lecture, avec un peu de distance bien sûr.
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Le naufrageur

Mon pauvre Henry, mon vieil Alfred

Mon pauvre Henry, mon Fred

Où sont tes secrets de la mer Rouge ?

"Le naufrageur" est la deuxième partie d'un roman dont la première a pour titre "La Triolette".

Changement d'ambiance et de décor pour ce nouveau roman, la plume d'Henry de Monfreid est venu se fixer en Normandie, à Fécamp.

Ce roman est une sorte de saga familiale à tiroirs surchargés de vieux principes et rabâchés de vieilles sentences surannées.

C'est interminable, ennuyeux et agaçant.

Alors que le fond du récit s'avère être assez prenant, quoiqu'un peu caricatural, mais bien trop dilué dans un galimatias de considérations morales et philosophiques toutes personnelles à Henry de Monfreid.

Victorine aime Robert.

Julot aime Sylvie.

Mais Sylvie aime Robert à qui, toute petite, elle semble avoir été promise.

De plus, Sylvie est la demi-soeur de Julot, qui, lui, ne le sait pas.

Enfin, quoique soupçonné d'avoir tué sa femme, Aline la mère de Sylvie, Mr Gérard n'est pas vraiment le père de cette dernière donc il semblerait qu'elle ne soit pas vraiment la demi-soeur de Julot qu'elle n'aime pas mais dont elle se sert pour rendre jaloux Robert qui fait les yeux doux à Victorine ...

Les pions sont sur l'échiquier.

Accrochez-vous au bastingage, ça va tanguer !

"Chaque famille a ses secrets, écrit ici Henry de Monfreid, dans la bourgeoisie, quand les convenances sont sauves, bien des crimes restent impunis".

Ça fout les chocottes !

Mais le titre même de ce roman est une imposture.

Le "naufrageur", ici, est Mr Gérard, le gestionnaire de biens qui va tenter de s'accaparer l'héritage de Sylvie, qui va ruiner Francis Rouvel, qui va propulser malgré lui Robert dans une baraterie, qui a peut-être empoisonné sa femme à l'aide d'un flacon de strychnine retrouvé dans une armoire de nombreuses années plus tard ...

"La conscience, poursuit Monfreid, est un précipice dangereux, dissimulé par la broussaille".

Ce récit est donc entremêlé d'images toutes faites, et de réflexions morales à l'emporte-pièce.

Henry de Monfreid a un avis sur tout et surtout un avis !

Il se fait critique de la morale et de l'honnêteté de ses contemporains, lui qui, à Fécamp même, n'a pas pas été forcément un modèle de probité et de rigueur.

Il ne fait pas non plus forcément ici acte d'un grand féminisme, l'on peut même dire qu'il frise la goujaterie lorsqu'il en vient à comparer le maquillage d'une vieille coque de bateau à celui d'une femme à qui le traitement aurait moins réussi.

Par ailleurs , ce roman n'épatera personne par son style d'écriture.

Le récit reste tiède et sans grand intérêt.

Les personnages sont fades, et comme lointains.

Ce livre, un peu oublié d'Henry de Monfreid, est comme un vieux film à la distribution épatante dont pourtant personne ne parle jamais.

C'est en entrant dedans que l'on découvre pourquoi il est tombé dans cet oubli, où il aurait dû certainement rester ...





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L'envers de l'aventure : Le cap des trois f..

C'est peut-être lorsque, par trop présomptueux, l'on pense bien connaître l'oeuvre d'Henry de Monfreid, en avoir lu l'intérêt et le capital, que ce livre vient à point nommé.

"Le cap des trois frères" s'ouvre sur une vieille photo de famille.

Henry de Monfreid entame, ici, le récit des souvenirs de ses premières années passées à la Franqui, près de Leucate dans l'Aude.

La mer déjà borde son enfance.

Déjà l'aventurier montre son nez derrière l'enfant qu'il est encore.

Le récit est captivant, sensible et souple.

Henry de Monfreid relate et analyse avec des mots d'adulte.

Comme il sait le faire, Il esquisse les paysages, il raconte quelques anecdotes mais surtout il peint une splendide galerie de portraits.

Ce livre, mal connu, est saillant dans l'oeuvre de Monfreid.

Car ayant montré l'enfant, il fait voir d'un autre oeil l'homme qu'il deviendra, l'écrivain qui s'imposera.

C'est de plus un livre riche, foisonnant, tendre et sensible.

Il est empli de scènes fortes comme l'arrivée à la propriété d'un trimardeur en pleine nuit, le naufrage de la "Marietta" ou comme la mort du vieux jardinier normand.

Le livre est écrit de main de maître.

Il est une magnifique clé pour entrer dans l'oeuvre de Monfreid autrement qu'en découvrant "les secrets de la mer rouge".

Car loin du rivage de Djibouti, il parle du temps aujourd'hui disparu, celui des petits garçons en robe, celui des photos en noir et blanc, celui d'antan où le bien-être n'était pas fait en série et où l'on pétrissait le pain à la ferme tous les dix jours.

L'univers de son enfance est féminin.

Et Henry de Monfreid sait se faire émouvant lorsqu'il évoque le souvenir de sa mère, de sa tante Hortense, de sa grand-mère.

Mais il est sans indulgence lorsqu'il parle de son père, Georges.

Le récit est intelligent et lucide.

Bien sûr, il sera question de navigation, un peu ... et de la mer, beaucoup.

Dans "Le cap des trois frères", Henry de Monfreid, finalement, écrit peu sur lui.

Sa plume va là où porte son regard, vers qui se tourne son attention d'enfant et s'émeut pareillement de ce qui a pu l'émouvoir.

Le détenteur des secrets de la mer rouge en possédait un de plus qui était celui de son coeur d'enfant.

Il nous l'offre avec ce livre superbe ...





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Abdi, l'homme à la main coupée

Rebondissements, rebondissements, rebondissements...



Ça virevolte de mésaventures aventureuses et de péripéties péripétiques. Comme en plus tout cela ne fait que contrarier les amours d'un couple idéal, la midinette qui est en chacun de nous tourne et re-tourne les pages avec frénésie pour enfin connaître le fin mot de toutes ces circonvolutions.



On ne s'ennuie pas un instant en suivant les pérégrinations de beau chasseur mi-Issa mi-arabe et de sa dulcinée Somalie. D'autant qu'il y a un méchant fort retors qui leur cause chagrins et séparation.



Ils croisent des personnages tous plus intéressants les uns que les autres, qu'ils soient des bons, des méchants ou des qui oscillent de l'un à l'autre. Et toujours ce fichu destin qui leur impose contretemps, contrariétés et même quiproquos amoureux.



Mon premier Monfreid, et dire que je le pensais mollement contemplatif. Alors que c'est le roi du roman feuilleton, et tout ça en deux cent cinquante pages découpées en très courts chapitres. Dans des paysages durs mais superbement décrits, au milieu de scènes d'une cruauté parfois terrible (c'est couleur locale) ou de considérations sidérantes (cf citation, c'est couleur locale).



Bref, je l'avais tenté sans trop y croire, j'en ressors conquis. Il y en aura d'autres.
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Le naufrage de ''La Marietta''

Navigateur inlassable, écrivain, aventurier, romancier, homme de lettres, affabulateur, explorateur, scénariste, trafiquant, chanteur, amoureux de la mer, peintre et journaliste, Henry de Monfreid est tout cela mais il est surtout un formidable conteur.

Depuis "les secrets de la mer rouge", il a laissé une oeuvre abondante et riche qui évoque souvent ses aventures sur les bords de la mer Rouge dans la région de Djibouti.

"Le naufrage de la Marietta" est atypique dans celle-ci.

Par son format d'abord, Henry de Monfreid n'est pas habituellement un novelliste.

Puis par l'inspiration, elle ne souffle pas, cette fois, venue tout droit du détroit de Bab el Mandeb, ni d'Obock.

L'auteur, dans un note préalable, insiste sur le fait d'avoir hésité à livrer ce recueil à l'imprimerie et que ce dernier n'est destiné qu'à faire patienter ses lecteurs jusqu'à la parution de "la poursuite du Kaïpan".

"Le naufrage de la Marietta", "histoire de chiens", "histoire de l'homme maigre", "les trabucaïres" et "la croix de fer forgée", un dernier texte, plus long que les précédents, qui raconte l'amour magnifique et tragique entre Beppo, le contrebandier espagnol et Rosine la fille d'un riche paysan de la vallée de Corneilla.

Dans ces cinq nouvelles, le style d' Henry de Monfreid fait merveille.

Qu'importe le type d'aventures, histoires d'amour ou de mer, l'humanité des personnages y est toujours finement décrite.

Joseph Kessel ne s'y était pas trompé, lui qui conseilla à Monfreid d'écrire.

Ce petit recueil est idéal pour faire connaissance avec son oeuvre, avant de s'embarquer, plus avant, pour l'aventure vers les rivages de la mer Rouge .



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Les secrets de la mer Rouge

Ce roman d'Henry de Monfreid est inspiré par sa vie d'aventurier.

Nous voila partis sur la mer rouge au début du 20eme siècle.

C'est certes un peu daté et nous n’échappons pas à la suprématie de l'Homme blanc dans ce récit.

Avec ironie, l'auteur nous conte sans regret ses voyages, ses trafics d'armes et son négoce de perles.

Il n’hésite pas à braver l’administration un brin tatillonne.

Avec ses marins, il passe souvent très près de la mort. On retient son souffle lors des voyages en mer.

Les paysages sont magnifiquement contés.

Malgré quelques petites longueurs, l’écriture est élégante et nous sommes transportés un siècle en arrière.
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Vivre libre

On trouve dans ce livre un recueil d'articles, d'interviews, de lettres et de récits réunis par son petit-fils Guillaume de Monfreid. Vivre libre nous rappelle qu'Henry de Monfreid fut un aventurier mais aussi un écrivain.

C'est Joseph Kessel qui l'incita à écrire, le « révéla à lui-même ». Il refusera de s'inspirer de ses aventures après avoir lu quelques-uns de ses textes sur l'esclavage, alors qu'ils naviguaient ensemble vers Djibouti, en disant : « Ce serait du plagiat ! ». (Toute non-ressemblance avec des médiocres comiques d'aujourd'hui est purement factuelle).

Marcel Pagnol lui-même lui confia qu'il voyait en lui « l'un des plus grands écrivains de ce siècle »

Il est vrai que ce personnage hors norme raconte ses aventures avec une plume légère comme la brise et précise comme une carte marine. Henry de Monfreid est un poète de la géographie, un peintre des éléments.

La mer, chez Monfreid, est bien sûr au coeur de tout : méditerranée, mer rouge, océan Indien.

Le récit de la destruction par les éléments déchaînés de Massawa, au nord de l'Ethiopie, est superbe. de quoi faire frémir de jalousie les présentateurs météo actuels, malgré l'avantage du réchauffement climatique.

Ce n'est pourtant pas par prédisposition au voyage qu'Henry de Monfreid a gagné l'Afrique, mais pour fuir la vie qu'on lui proposait : « Je suis arrivé là-bas, non pas pour y chercher l'aventure, c'est là un grand mot qui ne représente qu'un accident pour moi… mais simplement pour gagner ma vie, loin du tumulte de la vie européenne et de sa monotonie surtout »

Il choisit donc de quitter son pays et les circonstances firent le reste. Mis en relation avec un négociant français des plateaux abyssins, Monfreid plongea dans le commerce des grains de café, des perles et des peaux. Puis, comme un hommage à son prédécesseur poète, il passa à des marchandises plus lucratives et plus dangereuses : les armes et le hachisch.

Il redoutait le poids des habitudes, des convenances, du monde. « Je préfère la jungle africaine à la jungle parisienne… » Ce qui frappe dans cet amoncellement de textes, c'est la vitalité qui s'en dégage. Cette belle langue française qu'il utilise résonne aujourd'hui encore magnifiquement à qui sait l'apprécier et accentue cette évidence qu'elle nous parle déjà de nos questionnements contemporains .

Proust publiait dans la revue Livres de France en 1952, un questionnaire avec les réponses de 21 autres auteurs illustres (Louis Aragon, Blaise Cendrars, Eugène Ionesco, Joseph Kessel, Marcel Pagnol, Raymond Queneau...). Henry de Monfreid est âgé de 72 ans au moment où il répond aux questions et j'en ai choisi deux parmi la quarantaine :

-Vos héroïnes favorites dans la vie réelle ? « Toutes les mères, pour leurs fils. »

- La réforme que j'admire le plus ? « Je n'admire pas la réforme, je la subis, car elle détruit toujours un équilibre, bon ou mauvais, auquel je me suis adapté. »

La liberté, dans ce livre comme dans cette vie, est le maître-mot. Celui de la fin de ce billet sera laissé à Arnaud de Lagrange : « Henry de Monfreid était un homme complexe. Un homme, donc. »

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La croisière du hachich

Après le négoce de pierres précieuses et de trafic d'armes, notre personnage se met en tête de transporter et vendre du hachich.

Nous voila partis dans un voyage singulier fait de mers déchainées, de voleurs, de corruption et de magouille.

Encore une fois les paysages sont magnifiques, on ressent la chaleur, on respire la poussière, on sent les fleurs et on goute les fruits.

La plume est toujours aussi élégante et le récit détaillé.

Un voyage du dèbut du 20ème siècle, farfelu et dépaysant.

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Les deux frères

Fara et Doalé sont les deux fils d'Osman, le vieux tomal*.

Ils se ressemblent mais l'aîné, Fara, a le regard direct et réfléchi tandis que le cadet, Doalé, a des yeux rieurs sans lesquels son regard fuyant serait inquiétant.

La Touffla, une vieille migdame, que l'on dit un peu sorcière, a deux filles.

La première, Kadidja, est établie, depuis plus d'un an, à Djibouti où elle a magnifiquement réussi dans l'industrie du culte de Vénus.

Sa jeune soeur est promise au même destin mais en attendant d'aller prendre la succession de son aînée, tous les prétextes sont bons pour passer devant la forge où Fara, sous une attitude faussement indifférente, cache le désarroi d'un profond amour ...

Lorsque Henry de Monfreid se pique de raconter une aventure, c'est souvent après y avoir été mêlé.

Et c'est en ramassant une plaque d'identité militaire perdue dans le sable et en recueillant Youssouf, le paisible pêcheur de tortues abandonné sur une île, qu'il va va être amené à dénouer un à un les fils de l'écheveau de cette tragédie.

Il va participer, malgré la réputation sulfureuse que lui prêtaient les autorités coloniales françaises, à l'enquête sur l'assassinat du lieutenant Voiron ...

Henry de Monfreid est une plume efficace, un conteur redoutable.

Il nous emporte, au coeur de cette Afrique orientale sauvage où règnent encore les lions mangeurs d'hommes, où l'esclavage n'est pas qu'un mot, où souffle le kamsin, ce terrible vent chargé du sable du désert.

Le récit est rapide, prenant.

Les digressions que, comme à son accoutumée, l'auteur se permet, sont passionnantes et ne viennent pas entraver le développement de l'histoire mais bien plutôt, en lui conférant plus d'épaisseur encore, lui ajouter de la crédibilité et de l'authenticité.

Les personnages sont peints avec talent et force.

Cette tragédie est une triste et sordide histoire dont l'enjeu est la belle Aléma qui, lorsqu'elle a ôté son moklama, attise bien des convoitises.

Mais c'est aussi une magnifique histoire d'amour ...



* forgeron
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Les secrets de la mer Rouge

La découverte du “Dormeur du val” en cours moyen m’a tout particulièrement affecté moralement. Découvrir que l’accumulation des idées sur la tranquillité exacerbe l’idée de l’horreur de la guerre me montrait que la littérature n’était pas simple, et que toutes les idées n’étaient pas explicites. Pour l'élève que j’étais, Arthur Rimbaud était à surveiller ! J’ai retrouvé Arthur Rimbaud, plus tard , pour l’étude de Voyelles, mais avec une grosse déception. En effet, le poète qui m’avait sensibilisé aux horreurs de la guerre, était devenu un vendeur d’armes. Décidément, je prenais conscience que rien n’était évident en littérature !

Henry de Monfreid n’est pas un “Génial Poète”. C’est à 53 ans qu’il publie ce premier livre d’aventures. La pression administrative l’a poussé à une vie aventureuse. Pensant s’affranchir de l’administration, il se lance dans la culture des perles à Djibouti, mais les récoltes n’étant pas immédiates, pour pérenniser son entreprise , il vend des armes ce qui engendre les foudres de l’administration. Ceci constitue le lien avec Arthur Rimbaud et le seul à ma connaissance.

Henry de Monfreid conte ses souvenirs d’aventures, des rencontres avec les détails choisis qui permettent au lecteur de ressentir les situations , et les récits deviennent captivants.

Un simple cabotage, même bien préparé, est une aventure.

Le monde des perles le passionne et il partage ses découvertes , alors que pour les armes, il n’évoque que ses rencontres, mais jamais les armes, elles-mêmes ( en tant que telles).

Voilà comment , je me suis imaginé Arthur Rimbaud devenant un marchand d’armes pour être plus libre, il n’était pas un “seigneur de guerre”. Grâce aux secrets de la mer Rouge, je me suis “rabiboché” avec Rimbaud !

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Iles et Côtes de France

A la manière de "l'Histoire de France racontée à Juliette" par Jean Duché, Henri de Monfreid, dans cet album destiné aux plus jeunes, s'improvise guide des îles et des côtes de France.

Mais la Géographie étant pour lui la base de l'Histoire, il va pour cela, sans hésitation aucune, traverser les brumes du temps afin de faire revivre, sous sa plume talentueuse, nombre de grands événements du passé.

L'oncle Tatillon et les deux mêmes enfants, qui firent l'année précédente une visite des châteaux de France, s'envolent donc de bon matin dans un bel hélicoptère piloté par Marius.

Comme le voyage semble long. Les deux enfants somnolent, n'écoutant qu'à peine les premières explications de l'oncle Tatillon.

Et Marius, soudain, fait sursauter son monde en criant tout à coup :

"La voilà, la mer ! la mer !"

Dunkerque apparaît dans le miroitement de ses bassins et la mer du Nord, qui va devenir la Manche, resplendit d'un vert de Jade où semble persister la transparence des icebergs....

De Dunkerque à St Jean-de-Luz, Henri de Monfreid nous convie donc à une passionnante ballade contée.

Que l'on ne s'y trompe pas. Si l'album était destiné aux plus jeunes, la leçon d'histoire est pourtant magistrale mais donnée avec vie et chaleur.

Une collection de cartes contre-collées dans l'ouvrage et dessinées à la manière des planches pédagogiques d'autrefois vient illustrer le propos.

Malheureusement, elles ne sont collées qu'imparfaitement et plusieurs manquent dans mon exemplaire. Quel dommage !

D'autres illustrations, dessinées elles en noir et blanc, émaillent le récit.

Mon deuxième regret est qu'Henri de Monfreid ait manqué son rendez-vous avec la presqu'île de Cotentin.

Quelques lignes sur le port de Cherbourg, à peine une évocation de la pointe de Barfleur et déjà les côtes de la Bretagne apparaissent où il va s'attarder plus longuement.

Rien sur le naufrage de la Blanche Nef, rien sur la terrible bataille de St Vaast-la Hougue..Quel dommage !

Mais il n'en reste pas moins que le texte de cet album est soigné, érudit et élégant.

Les illustrations sont magnifiques et appropriées.

Cet album est un joli cadeau que nous fait l'écrivain/navigateur Henri de Monfreid.

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Les secrets de la mer Rouge

Henri de Monfreid arrive à Djibouti à 32 ans, il y devient commerçant mais très vite il s'ennuie, il achète alors un boutre arabe, engage deux matelots somalis, un mousse et se lance dans l'aventure.

D'abord la pêche aux perles, puis le commerce des armes pour finir par le trafic du "hachich".

Ce ne sont plus que poursuites, bagarres, chassés-croisés entre policiers et trafiquants au travers de nombreuses navigations et de tempêtes sur cette mer rouge qui sut retenir et inspirer Henri de Monfreid sa vie durant.

Il nous en fait le récit dans ce livre, premier ouvrage d'une œuvre passionnante.
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Les secrets de la mer Rouge

Henry de Monfreid est un vrai coureur des mers, un aventurier épris de liberté, amoureux de la mer et habile navigateur.

Excusez du peu : mais sa 1° de couverture est illustrée par le grand Hugo Prat !

Henry sillonne la Mer Rouge ( 450 000 km2 ), il cabote au Yémen, en Erythrée italienne, en Somali britannique, à Aden, aux Comores, en Ethiopie et il est basé à Djibouti.

Il commence par s'acheter un boutre et recruter 3 somalis Ahmed, Abdi et le jeune mousse Fara pour commencer par le trafic de denrées alimentaires , mais ce sont les perles qui l'intéressent dans un premier temps pour plus tard s'occuper du trafic des armes !

Au cours de cette épopée marine : il va fréquenter des hameaux de pêcheurs, , des grands ports, des côtes sauvages, , des îles bordées de récifs dangereux, des déserts, des bancs d'algues supporter le Kassim ( vent chaud et poussiéreux ) , les vents forts du large, les marées, les bancs de sable et, il va aussi rencontrer des populations attachantes aux coutumes ancestrales parfois bizarres mais, il communique facilement avec eux car il s'est converti à l'Islam, s'habille comme eux..bref il les préfére à ses compatriotes de Djibouti et, il va être initié à l'estimation, à la sélection des perles par un juif tunisien qui vit à Paris : Schouchana et Zanni un grec qui s'avérera être un traitre ! Il se liera d'amitié avec le Cheick Saïd Ali que Zanni a mis sous morphine pour lui voler sa superbe collection de perles !

Finalement, il décide de se lancer dans le trafic d'armes qui est plus lucratif, mais c'est sans compter sur Ato Joseh qui, avec l'aide du gouvernement à la main mise sur ce trafic et fait payer un tribut à tous ceux qui pratiquent .... le bateau d'Henry sera détruit et, plus tard après une poursuite en mer il subira l'abordage d'un daouéri ! En bref, il est espionné, et il gène car il est indépendant, rebelle et fait du profit !

Il ruse pour cacher ses cargaisons, mais en 1911 les turcs commencent à faire cause commune avec les allemands et sa chance est en train de tourner : il sera dénoncé, emprisonné , déssaisi de ses cargaisons, de son bateau et, il sera obligé de partir à la guerre.

Une épopée bien écrite, avec des descriptions de paysages magnifiques, enchanteurs sous la plume d'Henry de Monfreid qui est aussi un bon écrivain !

L.C thématique de juillet 2021 : les voyages.
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Le mystère de la tortue

L'étonnement m'a saisi, au début de cette lecture, de sentir comment Henry de Monfreid s'enfonçait dans son récit à grands pas, forçant la marche et ne s'autorisant aucune digression, aucun des vagabondages qui font habituellement le charme de sa littérature.

Il faudra parvenir aux premières lignes du sixième chapitre pour, heureusement, retrouver le conteur que l'on connaît, que l'on apprécie.

Au XVIIème siècle, à la mort de son frère, Don Carlos Moliner y San Miquel y Courtalonnes, le gouverneur de Tossa-de-Mar en Catalogne, fut obligé de partir aux Philippines reprendre d'importants comptoirs et gérer de vastes plantations.

Il laissa derrière lui, Carmen, sa jeune fille de seize ans.

Et surtout celle par qui le malheur arrive, Conchita, la gitane avec laquelle il s'était remarié.

Voulant rejoindre son père, Carmen fut enlevée par des barbaresques.

Et devint, au terme de tragiques aventures, la favorite légitime du puissant Abdulkader à qui elle donna bientôt une petite fille que l'on nomma Carmina ...

"Le mystère de la tortue" est tiré du "Trésor du pèlerin".

Il est articulé en trois parties :

La première est un récit ancien du XVIIème siècle ...

La seconde, nous ramenant quelques siècles plus tard, raconte les aventures de Kassim Abdou, un jeune marin soudanais ...

La troisième replonge en plein coeur des mystères de la mer rouge ...

Henry de Monfreid, dans cette belle histoire tragique, mêle fiction et souvenirs.

Parfois, souvent, au détour d'une phrase, à proximité d'un paragraphe, il prend le vent et quitte le récit pour quelque vagabondage, quelque flânerie ou méditation.

Henry de Monfreid est un marin avisé, un fin conteur.

Son style est élégant mais efficace.

Ses livres se dévorent presque même s'en apercevoir.

Celui-ci ne fait pas exception.

Cette course au trésor, tissée de passion, de haine et de vengeance, est tout simplement passionnante ...







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Le Masque d'or ou Le dernier Négus

Ce livre, véritable cri de colère de son auteur, est étouffant. Il suinte de ce réquisitoire, de cet acte d'accusation, toute l'amertume d'un homme blessé, meurtri dans son affection.

Lorsque Henry de Monfreid s'éloigne des rives de l'aventure pour s'égarer sur les sols mouvants de la diplomatie et de la politique internationale, son propos est moins clair, moins évident et plus discutable qu'à l'accoutumée.

"Le masque d'or", paru en 1936, appartient à une série d'ouvrages entamée, en 1933, avec "vers les terres hostiles de l’Éthiopie" et poursuivie, en 1935, avec "le drame éthiopien" et "les derniers jours de l'Arabie heureuse".

"Le masque d'or" est écrit sous forme d'articles que l'auteur a transformé en petits chapitres.

Il a été rédigé, au jour le jour, durant le deuxième conflit italo-éthiopien.

Le propos d'Henry de Monfreid est d'y montrer le vrai visage de l'empereur Hailé Sélassié.

L'ouvrage s'ouvre sur une accusation : le dernier négus serait devenu un pantin aux mains du Foreign-Office afin de pouvoir conserver tous les milliards qu'il a entassés dans les banques de Londres.

Le monde doit savoir ce qu'il y a sous ce masque de bonté, de générosité et de loyauté derrière lequel se cache le négus à l'assemblée de la Société Des Nations ...

Henry de Monfreid est à son affaire mais il est de parti-pris.

Pour lui, en 1936, la France est "un pays voué aux abominables intrigues des francs-maçons et des bolchevistes".

De plus il se contredit, parfois.

S'acharnant par exemple durant de nombreux paragraphes à souligner la cruauté du Négus, il clôt un chapitre en affirmant "qu'il ne l'est ni plus, ni moins que n'importe lequel que ses compatriotes et qu'il a simplement l'âme éthiopienne".

Enfin, la colère n'étant décidément pas bonne conseillère, Henry de Monfreid s'affirme comme un colonialiste convaincu lorsqu'il soutient l'Italie fasciste de Mussolini dans sa lutte contre un peuple qu'il qualifie "d'ignorant et aveuglé de vanité".

Pourtant un chapitre, intitulé "la mort d'Abdi", échappe au naufrage.

L'affection pour le "vieux" somali fait retrouver, durant quelques lignes, à la plume de l'écrivain aventurier toute l'élégance et toute la force d'émotion qu'elle déploie habituellement lorsqu'elle s'envole au vent du Bab-el-Mandeb ...



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