AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.75/5 (sur 4 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1838
Mort(e) : 1868
Biographie :

Herculine Barbin (1838 - 1868) est un hermaphrodite français qui a été considéré comme une femme à la naissance, mais a plus tard été réassigné comme un homme après une liaison amoureuse et un examen physique.

Herculine Barbin a suivi les cours de l'École normale de filles d'Oléron et obtenu son diplôme d'institutrice.

Source : Wikipedia
Ajouter des informations
Bibliographie de Adelaïde Herculine Barbin   (3)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (9) Ajouter une citation
« Franchement, me dit le bon docteur, votre marraine a eu la
main heureuse en vous appelant Camille. Donnez-moi la main,
mademoiselle; avant peu, je l’espère, nous vous appellerons autre-
ment. En vous laissant, je vais me rendre à l’évêché. Je ne sais ce
que décidera Monseigneur, mais je doute qu’il vous permette de
retourner à L... De ce côté-là, votre position est perdue; elle
n’est pas tolérable. Ce qui me surpasse, c’est que mon confrère
de L... se soit compromis jusqu’à vous y laisser aussi longtemps,
sachant ce que vous êtes. Quant à Madame P..., sa naïveté ne
s’explique pas. » Il adressa ensuite quelques paroles d’encoura-
gement à ma pauvre mère, dont la stupeur était à son comble.
« Vous avez perdu votre fille, c’est vrai, lui dit-il; mais vous
retrouvez un fils que vous n’attendiez pas. »
Commenter  J’apprécie          111
8. Extrait du Rapport du docteur Chesnet suite à l'examen médical d'Herculine Barbin, 1860. « Des faits ci-dessus que concluons-nous ? Alexina est-elle une femme ? Elle a une vulve, des grandes lèvres, un urètre féminin indépendant d'une sorte de pénis imperforé ; ne serait-ce pas un clitoris monstrueusement développé ? Il existe un vagin bien court, à la vérité, bien étroit, mais enfin qu'est-ce, si ce n'est un vagin ? Ce sont là des attributs tout féminins. Oui, mais Alexina n'a pas de mamelles, elle n'a jamais été réglée, tout l'extérieur de son corps est celui d'un homme, mes explorations n'ont pu me faire trouver la matrice. Ses goûts, ses penchants l'attirent vers les femmes. La nuit, des sensations voluptueuses sont suivies d'un écoulement spermatique, son linge en est taché et empesé. Pour tout dire enfin, des corps ovoïdes, un cordon des vaisseaux spermatiques se trouvent, au toucher, dans un scrotum divisé. […] Nous pouvons à présent conclure et dire : Alexina est un homme, hermaphrodite sans doute, mais avec prédominance évidente du sexe masculin. » (p. 127)
Commenter  J’apprécie          20
5. « Heureuse de ce prétexte, qui n'était que trop vrai, je priai un soir mon amie de partager mon lit. Elle accepta avec plaisir. Dire le bonheur que je ressentis de sa présence à mes côtés serait chose impossible ! J'étais folle de joie ! Nous causâmes longuement avant de nous endormir, moi, les deux bras passés autour de sa taille, elle, reposant, le visage près du mien ! Mon Dieu ! Ai-je été coupable ? Et dois-je donc ici m'accuser d'un crime ? Non, non ! Cette faute ne fut pas la mienne, mais celle d'une fatalité sans exemple, à laquelle je ne pouvais résister ! Sara m'appartenait désormais ! Elle était à moi ! Ce qui, dans l'ordre naturel des choses, devait nous séparer dans le monde, nous avait unis ! Qu'on se fasse, s'il est possible, une idée de notre situation à tous deux ! Destinés à vivre dans la perpétuelle intimité de deux sœurs, il nous fallait maintenant dérober à tous le secret foudroyant qui nous liait l'un à l'autre ! C'est là une existence qui ne saurait être comprise ! Le bonheur que nous allions goûter ne pouvait-il pas, par quelque circonstance imprévue, éclater au grand jour, et nous marquer au front de la réprobation publique ! Pauvre Sara ! Quelles terribles angoisses je lui ai causées !
Le lendemain de cette nuit la trouva anéantie ! […] Assurément, j'étais moins troublé, mais je n'avais pas la force de lever les yeux sur madame P., pauvre femme qui ne voyait en moi que l'amie de sa fille, tandis que j'étais son amant ! » (p. 48)
Commenter  J’apprécie          10
2. « À cet âge où se développent toutes les grâces de la femme, je n'avais ni cette allure pleine d'abandon ni cette rondeur de membres qui révèlent la jeunesse dans toute sa fleur. Mon teint, d'une pâleur maladive, dénotait un état de souffrance habituelle. Mes traits avaient une certaine dureté qu'on ne pouvait s'empêcher de remarquer. Un léger duvet qui s'accroissait tous les jours couvrait ma lèvre supérieure et une partie de mes joues. On le comprend, cette particularité m'attirait souvent des plaisanteries que je voulus éviter en faisant un fréquent usage de ciseaux en guise de rasoirs. Je ne réussis, comme cela devait être, qu'à l'épaissir davantage et à le rendre plus visible encore. […]
Tout cela frappait l’œil, je m'en apercevais tous les jours. Je dois le dire pourtant, j'étais généralement aimée de mes maîtresses et de mes compagnes, et cette affection, je la leur rendais bien, mais d'une façon presque craintive. J'étais née pour aimer. Toutes les facultés de mon âme m'y poussaient ; sous une apparence de froideur et presque d'indifférence, j'avais un cœur de feu. » (pp. 27-28)
Commenter  J’apprécie          10
4. « Nous étions seules alors. Je la laçais, je lissais avec un bonheur indicible les boucles gracieuses de ses cheveux naturellement ondulés, appuyant mes lèvres tantôt sur son cou, tantôt sur sa belle poitrine nue !
Pauvre et chère enfant ! Que de fois je fis monter à son front la rougeur de l'étonnement et de la honte ! Tandis que sa main écartait la mienne, son œil clair et limpide s'attachait sur moi comme pour pénétrer la cause d'une conduite qui lui paraissait le comble de l'égarement, et cela devait être. Par moments, elle restait frappée de stupeur. Il était difficile, en effet, qu'il en fût autrement.
[…]
J'étais violemment émue ! Sara s'en aperçut. "De grâce, Camille, me dit-elle, qu'avez-vous ? N'avez-vous donc plus confiance en votre amie ? N'êtes-vous pas ce que j'aime le plus au monde ?" - "Sara, lui criai-je, du fond de l'âme je t'aime comme je n'ai jamais aimé. Mais je ne sais pas ce qui se passe en moi. Je sens que cette affection ne peut pas me suffire désormais ! Il me faudrait toute ta vie ! J'envie parfois le sort de celui qui sera ton époux." » (pp. 46-47)
Commenter  J’apprécie          10
6. « C'en était donc fait. L'état civil m'appelait à faire partie désormais de cette moitié du genre humain appelé le sexe fort. Moi, élevée jusqu'à l'âge de vingt et un ans dans les maisons religieuses, au milieu de compagnes timides, j'allais comme Achille laisser loin derrière moi tout un passé délicieux et entrer dans la lice, armé de ma seule faiblesse et de ma profonde inexpérience des hommes et des choses !
Il ne fallait plus songer à dissimuler. Déjà on en parlait tout bas. La petite ville de S. retentissait de ce singulier événement, bien fait d'ailleurs pour exciter la critique et la calomnie. Comme toujours, on ajoutait considérablement à la chose. Les uns allaient jusqu'à accuser ma mère d'avoir caché mon véritable sexe pour me sauver de la conscription. D'autres me posaient en vrai Don Juan, ayant porté partout la honte et le déshonneur, et profité effrontément de ma situation pour entretenir secrètement des intrigues amoureuses avec des femmes consacrées au Seigneur. » (p. 81)
Commenter  J’apprécie          10
1. Incipit : « J'ai vingt-cinq ans et, quoique jeune encore, j'approche à n'en pas douter du terme fatal de mon existence.
J'ai beaucoup souffert, et j'ai souffert seul ! seul ! abandonné de tous ! Ma place n'était pas marquée dans ce monde qui me fuyait, qui m'avait maudit. Pas un être vivant ne devait s'associer à cette immense douleur qui me prit au sortir de l'enfance, à cet âge où tout est beau parce que tout est jeune et brillant d'avenir.
Cet âge n'a pas existé pour moi. J'avais dès cet âge un éloignement instinctif du monde, comme si j'avais pu comprendre déjà que je devais y vivre étranger. Soucieux et rêveur, mon front semblait s'affaisser sous le poids de sombres mélancolies. J'étais froide, timide et en quelque sorte insensible à toutes les joies bruyantes et ingénues qui font épanouir un visage d'enfant. J'aimais la solitude, cette compagne du malheur et, lorsqu'un sourire bienveillant se levait sur moi, j'en étais heureuse comme d'une faveur inespérée. »
Commenter  J’apprécie          10
7. « Par une exception dont je ne me glorifie pas, il m'a été donné, avec le titre d'homme, la connaissance intime, profonde de toutes les aptitudes, de tous les secrets du caractère de la femme. Je lis dans ce cœur à livre ouvert. Je pourrais en compter toutes les pulsations. J'ai, en un mot, le secret de sa force et la mesure de sa faiblesse ; aussi est-ce pour cela que je ferais un détestable mari ; aussi je le sens, toutes mes joies seraient empoisonnées dans le mariage, et j'abuserais cruellement, peut-être, de l'immense avantage qui serait le mien, avantage qui tournerait contre moi. » (p. 95)
Commenter  J’apprécie          10
3. « Un sentiment de pudeur, auquel j'obéissais presque malgré moi, me contraignait à m'abstenir [de participer à la baignade à la plage], comme si j'eusse craint, en me mêlant à ce divertissement, de blesser les regards de celles qui m'appelaient leur amie, leur sœur !
Certes, elles étaient loin de soupçonner de quels sentiments tumultueux j'étais agitée en présence de ce laisser-aller, si naturel pourtant entre jeunes filles du même âge ! » (p. 38)
Commenter  J’apprécie          10

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Adelaïde Herculine Barbin (10)Voir plus

Quiz Voir plus

Tout ne se résume pas à la longueur ! (le premier de 2014)

"Si tout n'a pas péri avec mon innocence"

Janine Boissard
Emmanuelle Bayamack-Tam
Katherine Pancol

10 questions
58 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , roman , essaiCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}