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Critiques de Honoré de Balzac (3255)
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Le Chef-d'oeuvre inconnu

Honoré de Balzac a écrit plusieurs versions de ce court roman de la taille d'une nouvelle, le Chef-d'oeuvre inconnu, l'écrivain hésitant entre le conte fantastique et la parabole philosophique, ayant à coeur de le retoucher, le déplier, le remodeler, l'amener à une forme de perfection, remettant sans cesse l'ouvrage sur l'établi, de sorte que le projet de l'écrivain ressemble étrangement à une mise en abyme entre le travail de ce texte et son propos.

Mais que dit ce récit que j'ai beaucoup aimé ?

Balzac nous invite à une magnifique leçon de peinture, qui en dit beaucoup aussi sur l'art, la création, le génie, la folie... Plus qu'une leçon de peinture, n'est-ce pas une leçon sur la vie, tout simplement ?

Suivons Balzac et entrons dans l'atelier d'un peintre...

À la fin de 1612, un jeune peintre encore inconnu, mais qui se révèle être Nicolas Poussin, rend visite dans son atelier au peintre Porbus qu'il admire, celui-ci est célèbre notamment pour avoir réalisé le portrait d'Henri IV. Il est accompagné du vieux maître Frenhofer, personnage imaginé par Balzac et que j'ai cru tout droit sorti de la boutique maléfique de la peau de chagrin. Dans l'atelier, Nicolas Poussin est fasciné par un tableau commandé par Marie de Médicis, Marie L égyptienne, mais maître Frenhofer tout en faisant l'éloge du tableau, ne manque pas d'exprimer son opinion, teintée de reproches et de sarcasmes, le trouvant incomplet :

« Vous colorez ce linéament avec un ton de chair fait d'avance sur votre palette en ayant soin de tenir un côté plus sombre que l'autre, et parce que vous regardez de temps en temps une femme nue qui se tient debout sur une table, vous croyez avoir copié la nature, vous vous imaginez être des peintres et avoir dérobé le secret de Dieu !... Prrr ! Il ne suffit pas pour être un grand poète de savoir à fond la syntaxe et de ne pas faire de fautes de langue ! »

Nous sommes conviés à la première leçon de peinture de Nicolas Poussin.

Puis, ajoutant un peu plus loin comme une sentence irrévocable et humiliante, il s'empare des pinceaux de Porbus :

« La mission de l'art n'est pas de copier la nature, mais de l'exprimer ! »

En quelques coups de pinceau, le vieux peintre insuffle la vie dans l'oeuvre qui se dresse devant lui, métamorphose le tableau de Porbus au point que Marie L Égyptienne semble renaître après son intervention. Toutefois, si Frenhofer domine parfaitement la technique, il lui manque, pour son propre ouvrage, La Belle Noiseuse, toile qui monopolise l'essentiel de son art depuis dix ans, mais sans atteindre à cette perfection absolue qui est son idéal artistique, travail qui doit montrer l'âme du modèle, tout en reflétant celle de l'artiste. Ce futur chef-d'oeuvre, que personne n'a encore jamais vu, serait le portrait d'une certaine Catherine Lescault.

Nicolas Poussin s'accorde alors avec le vieux maître dans une sorte de contrat digne d'un pacte faustien : faire poser la femme qu'il aime, la belle Gillette, dont il a toujours su cacher au monde la beauté, mais en échange elle entrera dans la célébrité d'une oeuvre et Nicolas Poussin en profitera pour parfaire son éducation de jeune peintre en prenant une leçon de peinture décisive ; voilà que les deux hommes s'entendent sans avoir pensé une seule fois demander le consentement à la principale intéressée. Mais la future Belle Noiseuse fait des noises, réagit, s'insurge, c'est pas que Gillette trouve ça rasoir car elle a déjà posé pour celui qu'elle appelle Nic, elle s'indigne tout simplement du procédé, elle a bien raison de comparer cela à une forme de prostitution, c'est d'ailleurs tout à l'honneur de Balzac de l'avoir suggéré ainsi et j'ai rendu grâce à l'écrivain de cette indignation. Gillette finira malgré tout par poser pour Frenhofer ...

La beauté de Gillette inspire Frenhofer à tel point qu'il termine La Belle Noiseuse très rapidement.

Plus tard, nous sommes conviés à voir le résultat. J'ai accompagné dans l'atelier de maître Frenhofer nos deux comparses, Nicolas Poussin et Porbus. J'ai déploré que la belle Gillette ne soit pas présente. Mon coeur a tremblé lorsque Frenhofer s'est avancé pour soulever la toile de serge, son oeil ressemblait à celui qui a fait un mauvais coup s'apprêtant à montrer à d'autres larrons son butin.

Puis, le drap de serge verte fut enfin levé devant nous...

Je vous laisse imaginer la chute finale, terrible !

Permettez-moi cependant de soulever peut-être ce même drap pour vous dévoiler à présent mon ressenti.

C'est un texte court qui porte l'essentiel de ce qu'il faut dire, entendre, deviner sur la beauté du monde et sur l'art qui va y poser son regard...

Ici, les protagonistes sont au service de de la seule question qui vaille peut-être : comment donner à l'art le mouvement de la vie ?

Et s'il fallait retenir qu'une seule idée : le rôle de l'art n'est pas d'imiter, bien entendu, mais d'exprimer. On est tous d'accord, enfin presque j'imagine... Mais cela suffit-il à exprimer l'art ?

Donner à l'oeuvre, à ce qu'on peint la saveur de l'existence, ne pas réduire la peinture à une tentative stérile d'imiter les choses, mais au contraire en faire le message d'une expression, le rôle de l'art n'est pas d'imiter mais d'exprimer la nature, c'est l'une des leçons de Frenhofer à Porbus et à celui dont il ignore encore qu'il s'agit déjà de Nicolas Poussin...

Le chef d'oeuvre inconnu, c'est l'histoire d'un échec sublime et dont survit malgré tout quelque chose après...

C'est le roman de l'imperfection et de l'inaboutissement, de l'inachèvement, de la difficulté dans laquelle se trouve le peintre quand il veut non pas représenter ce qu'il a sous les yeux mais exprimer ce qu'il a dans le coeur. Cette difficulté est vraiment dans le noeud du récit. Je l'ai senti ainsi.

On pourrait rapprocher le propos de l'analogie de l'écrivain qui veut se servir des mots pour représenter quelque chose ou plutôt pour donner à sentir et à voir quelque chose, ou plutôt à sentir plus qu'à voir quelque chose... Sentir plus que voir, sentir plus que comprendre...

Tout le chef d'oeuvre inconnu tourne autour de quelque chose d'ineffable, indicible.

Quelque chose qui dévore aussi.

À travers la démarche de Frenhofer, je me suis alors rappelé le personnages d'Elstir, le peintre d'À la Recherche du temps perdu, qui exprime la nature et la réalité en se donnant comme voie royale d'accéder à la sensation. Il faut passer par les effets et non pas par les causes, c'est le filtre de l'impression qui doit nous révéler la teneur de l'objet que nous avons sous les yeux, peut-être pas forcément sa réalité.

Du moins, j'ai compris cela...

Sentir avant de savoir.

Il y a ici une quête de l'absolu où Frenhofer va se perdre à vouloir créer une peinture plus vivante que nature, mais surtout accomplir à toutes forces la synthèse entre ce qui peut être vu et ce qui peut être senti.

Ce texte nous porte sur une crête, une frontière entre l'expression et la représentation, qui oblige la déprise de l'artiste au profit de l’œuvre et son abandon. Qui oblige aussi à toujours hésiter.

C'est vrai, c'est comme je l'ai dit au début, mais aucun maître ne pourra enseigner à Nicolas Poussin ce qu'il doit sentir en lui-même, ce n'est pas la transmission d'un savoir ici, l'enseignement c'est l'éveil miraculeux de quelque chose d'autre qu'un savoir en un autre lieu que soi-même...

C'est le récit d'une fascination qui devient obsession.

J'ai trouvé qu'à le relire plusieurs fois, ce récit exerce sur moi un réel magnétisme.

Regarder, c'est sombrer. La compréhension de ce qui est vu, aimé, peut-être compris ou pas, posé sur une toile, une page d'écriture ou une partition musicale, ne relève plus de l'intelligence, c'est peut-être ça qui est beau et puissant, malgré toute l'attention qu'on peut porter au monde qui nous entoure.

Il y a sans doute un vertige pour un artiste à entrevoir l'infini et sentir brusquement toute l'impuissance de pouvoir l'atteindre. C'est comme une obsession de l'absolu qui devient une folie. Ce récit dit cela aussi.

C'est le roman d'une oeuvre qui dévore celui qui a voulu la conduire à la perfection.

Il y a plusieurs histoires qui se déplient ici, on pourrait découvrir et raconter plusieurs histoires à partir de ce récit, c'est sans doute aussi une autre de ses richesses.

Balzac nous dit l'altération du trait au profit de l'existence, de la vie, c'est comme une invitation à sortir de soi et pour moi c'est comme une invitation à aimer encore un peu plus Balzac, comprendre son intériorité.

Il y a le trait qui s'imprime dans la matière et le trait qui s'exprime dans le regard.

La question de tout créateur est la suivante : à quel moment l'artiste pose-t-il la touche finale, le coup de pinceau ultime, le dernier mot de la dernière phrase de la dernière page...

À quel moment Marcel Proust décide-t-il de poser le mot fin à sa Recherche, à quel moment Balzac cesse-t-il de recommencer son oeuvre... ? À quel moment certains pseudos écrivains auraient-ils dû conclure dès la première page ? Peut-être dès la première phrase ? Qu'en est-il d'un écrivain, d'un peintre, d'un musicien, celui qui meurt au milieu d'une oeuvre et qui n'avait pas encore tout dit ?

Le monde regardé est un monde pénétré par les désirs et les rêves du regardeur. Entre le peintre et le tableau, lequel regarde l'autre ?

Est-ce qu'un petit pan de pied nu, délicieux, bien vivant pourrait survivre malgré tout à un tsunami de couleurs ?

Derrière le chaos qui emporte la fin de l'histoire, se cache une incroyable sensualité.

Je me souviens d'un formidable professeur de dessin au collège, il avait un côté un peu fou, pantagruélique. Il s'appelait Heurtebise et ce n'était sans doute pas un hasard. En cours de dessin, un élève l'interpela : « Monsieur, j'ai fini mon dessin ! » Il se retourna et entra dans une vive colère à la fois sauvageonne et tendre : « Mais qu'est-ce que j'entends, malheureux ! Un dessin n'est jamais fini ! » Je m'en souviendrai à jamais. J'ai appris qu'il est mort il y a six ans, il peignait la mer d'Iroise, des rochers et des femmes aussi, ce qui n'est pas du tout contradictoire, continuait de peindre, sans doute sans jamais finir ses toiles...

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Le Père Goriot

Eugène Rastignac, un jeune étudiant à la fois naïf, ambitieux et désargenté ; le père Goriot, un commerçant retraité qui s'est ruiné pour ses filles ; le mystérieux Vautrin, qui sait sonder les âmes et semble cacher un passé inavouable. Tous les trois cohabitent à la maison Vauquer, une pension parisienne, entourés d'autres protagonistes.

Rastignac essaie désespérément de franchir les portes des salons qui comptent. Goriot tente de l'aider car c'est pour lui un moyen de se rapprocher de ses filles. Vautrin propose au jeune étudiant un pacte qui l'enrichira au prix de quelques infamies...



Quel plaisir de relire ce roman qui, sans le dire explicitement, est une critique vitriolée d'une époque et de milieux, riches et pauvres, où l'on se jalouse tant qu'on est prêt à tout, ou presque, pour paraître à son avantage.

La première partie fourmille d'intrigues d'alcôve dont le but est de discréditer une rivale ou de se venger d'un ancien amant, et où les maris cocus n'ont pas le beau rôle. Rastignac devient l'instrument des intrigantes, avant d'en devenir lui aussi la victime.

Dans la seconde partie, le duo Goriot-Rastignac tente tout ce qui est possible pour se rapprocher des deux filles Goriot. Le premier parce qu'il est prêt à tout pour assurer le bonheur de ses descendantes, le second pour entrer dans le lit de l'une ou l'autre et se faire ainsi une place au soleil.

On va de bassesses en vilenies avec, toujours au centre, comme le nerf de la guerre, l'argent.

L'écriture n'est pas parfaite. Balzac écrivait vite, très vite, peut-être trop vite, lui-même guidé par ses besoins d'argent. C'est moins léché que du Hugo ou du Zola. Il y a parfois des lourdeurs qui auraient pu être gommées. Mais sur le fond, quelle magnifique satire !
Lien : http://michelgiraud.fr/2023/..
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Gobseck - Une double famille

Impossible à mettre dans une case, Gobseck, je serais bien incapable de vous dire ce que j’en pense, de ce vieil usurier «avare et philosophe, petit et grand», selon le narrateur de ce court roman, M. Derville. Il m’échappe, me laisse perplexe.

C’est un affreux bien sûr, cet «homme-billet» au teint blafard, impitoyable avec ceux qui sont contraints de recourir à lui:

«Quelquefois ses victimes criaient beaucoup, s’emportaient; puis après il se faisait un grand silence, comme dans une cuisine où l’on égorge un canard.»

Mais sa profonde connaissance du monde en impose, le rapproche du romancier: avec tous les désespérés qu’il a vu défiler dans son logement humide et sombre, il a pu pénétrer dans les plus secrets replis du cœur humain, épouser la vie des autres, la voir à nu. Et il offre un point de vue remarquable pour exposer avec force les travers d’une société bourgeoise bien cynique, où l’argent et le faux-semblant règnent en maîtres, où la «justice» n’est là que pour préserver les inégalités:

«Pour se garantir leurs biens, les riches ont inventé des tribunaux, des juges, et cette guillotine, espèce de bougie où viennent se brûler les ignorants.»

Gobseck est mystérieux aussi, il a l’aura d’un tumultueux passé d’aventurier, ayant bourlingué en Inde et en Amérique, fréquenté de célèbres corsaires, acquis la conviction que les principes moraux changent à chaque latitude...

Et puis c’est un personnage d’une stature qui impressionne et frappe l’imaginaire, le narrateur voit en lui «une image fantastique où se personnifiait le pouvoir de l’or», et c’est vrai qu’il a un peu des allures de créature infernale lorsqu’on le voit tenir «les diamants près de sa bouche démeublée, comme s’il eût voulu les dévorer». Il devient même bien frappa-dingue, et c’est assez fascinant de le voir aller à ce point à fond dans son délire.

Bon, c’est vrai qu’ici Balzac ne s’est pas forcément tant que ça foulé sur la complexité de l’intrigue, ce n’est pas son meilleur roman sans doute, c’est un roman-portrait, mais quel portrait! Je ne sais pas trop quoi en penser mais je ne suis pas près de l’oublier, Gobseck.
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Le Lys dans la vallée

Félix, à cinq ans, « s'envolait dans une étoile ». À cette étoile, il pouvait confier ses secrets, ses blessures d'enfant mal aimé, subissant la froideur d'une mère, le manque d'affection de ses frères et sœurs et les privations répétées. Etre aimant et sensible, il se réfugie dans les études.

Jusqu'au jour où cette étoile, il va la rencontrer à un bal. C'est le début de son idylle avec Me de Mortsauf.

Parti se reposer à la campagne, dans une vallée où coule l'Indre, il va revoir cette femme céleste, pénétrant son âme de rêveur, faisant de son rêve une réalité.

Son étoile va devenir « le lys de la vallée ». Femme- eau, amour inaccessible, pur et chaste. Me de Mortsauf est une femme plus âgée que lui, mariée et mère de deux enfants.

Entre son mari tyrannique et ses enfants fragiles, elle ne vit que de souffrance et d'amertume.

À la fois femme forte et fragile, elle ne peut assouvir sa passion pour le jeune Félix. Elle ne peut que lui apporter sa tendresse maternelle et ses conseils pour faire de lui un homme du monde. Elle aspire à une relation sincère, profonde et spirituelle.

Félix est un jeune homme encore naïf, frustré par cette relation qui le dévore. Il a envie de s'élancer vers le monde, de découvrir ses mystères.

Rencontrant alors une femme- feu, il va se brûler les ailes. Aucune femme ne pourra rivaliser avec son lys de la vallée, pour laquelle il composait des « poèmes de fleurs » et avec laquelle son âme s'était tellement emmêlée, que personne ne pourrait défaire ce lien.

Dans un dernier sursaut, la passion va triompher, mais trop tard hélas et de façon si éphémère. Si le jeune Félix avait su cueillir ce lys de la vallée avant qu'il ne se fane, la passion aurait peut –être gagné le combat sur la vertu. La nature est éphémère, il ne faut pas la faire attendre.

Lequel des deux personnages est le plus malheureux ? Celui qui se meure de jalousie et d'abandon en regrettant de ne pas avoir osé vivre, comme si la souffrance était un devoir, une vertu. Ou celui qui portera à jamais le remords de ses maladresses de jeune homme ignorant et impatient, le poids de la culpabilité.

J'ai surtout aimé, dans ce roman les descriptions poétiques de la nature, libre et sublime, et la puissance des métaphores florales. L'opposition entre la nature qui invite à l'amour et la passion, et la société qui y met des barrières, des contraintes, des interdits, tels que le mariage, la vertu, la religion.









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La Messe de l'Athée

Aaah Balzac, l'auteur maudit de ma jeunesse ! Qu'est-ce qu'il a pu me pourrir la vie au collège celui-là. Chaque année, j'y avais droit. Une plaie ! C'est la première fois que j'y reviens depuis cette époque, c'est dire. J'ai choisi cette nouvelle parce qu'elle était très courte (une trentaine de pages). Courageuse mais pas téméraire quand même ! Et ma foi, je ne le regrette pas car c'est récit touchant, tout en nuances, malgré sa brièveté.



Il y est question de religion, de misère, de gratitude, d'ambition, de réussite. Il y est surtout question d'humanisme.



Desplein est un chirurgien renommé qui a toujours affiché et revendiqué haut et fort son athéisme. Mais voilà qu'un jour son élève Bianchon, qui pensait pourtant bien le connaitre, le surprend à assister à une messe. Il ne s'explique pas ce comportement si peu conforme à la personnalité et aux opinions de son mentor.



La mise en place est assez lente et passablement ennuyeuse pour une si courte nouvelle. Je me suis même demandé où voulait en venir l'auteur. Mais ensuite, ensuite, elle monte en puissance et gagne en profondeur à mesure que le jeu croisé des regards, celui de Bianchon sur Desplein, et surtout celui de Desplein sur lui-même et sur Bourgeat (le troisième personnage de cette histoire qu'il vous faudra découvrir en la lisant !) révèlent une autre facette du passé et de la personnalité de Desplein et lèvent le voile sur son attitude paradoxale. En conclusion, une lecture plaisante et tout simplement émouvante.

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Le Bal de Sceaux

Non, Honoré de Balzac n'a pas écrit uniquement des pavés hantés de descriptions interminables. "Le bal de Sceaux" en est une belle preuve.



Ce roman très bien rythmé se structure autour du personnage chatoyant d'Emilie de Fontaine, jeune aristocrate dont l'éducation a été gâtée par les attentions de ses adorateurs, parents ou soupirants. Dotée de bien des grâces, Emilie est également orgueilleuse et vaniteuse, et son ambition égale largement sa fatuité. Repoussant tous les hommes prétendant à sa main sous prétexte qu'ils ne remplissent pas la liste interminable de ses critères draconiens, la belle enfant court même le risque de se voir délaisser. Insensible à toutes les faveurs galantes, elle se cramponne à son idéal, d'autant plus qu'elle en trouve l'incarnation chez le beau Maximilien, rencontré au bal champêtre de Sceaux. Emilie éprise tient-elle enfin sa victoire ?



La plume de Balzac est juste superbe, je n'ai pas la prétention de vous l'apprendre mais simplement celle de vous le rappeler pour vous encourager à découvrir ce roman qui se fait l'écho de la fable de La Fontaine, "Le héron, la fille". Un régal.





Challenge MULTI-DÉFIS 2019

Challenge SOLIDAIRE 2019

Challenge XIXème siècle 2019
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Mémoires de deux jeunes mariées

Balzac a choisi le genre épistolaire pour nous présenter le mariage sous plusieurs formes. Louise et Renée se sont connues au couvent, et une fois rendues à la liberté, elles continuent à correspondre alors que leurs vies ont pris des tournures différentes.



Tout semble les opposer, le physique, le statut social, à tel point qu’on à parfois l’impression d’avoir deux aspects d’une même personnalité, tant le lien qui les unit est particulier…



D’un côté Louise, blonde, fille de la noblesse (un Duc parmi les ancêtres, exilé, mis à mal sous Napoléon, avec un retour en grâce sous Louis XVIII), un héritage que la famille la contraint à abandonner au profit d’un frère. Elle épouse, sans dot donc, un noble espagnol devenu apatride, son frère ayant hérité du titre et de la fiancée, devenant ainsi Louise de Macumer.



L’autre, brune, épouse un homme plus âgé qu’elle, dont la vie a été difficile, sa famille l’a cru mort au combat et part vivre avec lui en Provence, devenant Renée de l’Estorade.



Balzac nous raconte ainsi deux mariages aussi différents que le sont ces deux héroïnes : Louise s’est mariée par amour, Renée a fait un mariage de raison, d’où une réflexion sur l’amour passion par rapport à l’amour raison qui se construit peu à peu.



On se rend compte que Louise est amoureuse de l’amour : son premier mari est fou d’elle, et amoureuse de son propre reflet, tel Narcisse, elle se laisse adorer, vénérée, s’étourdissant dans la vie parisienne et les fêtes, l’insouciance, jalouse de toute femme qui peut lui faire de l’ombre, prenant un peu des distances épistolaires avec son amie tant leurs milieux diffèrent.



« Ton mariage purement social, et mon mariage qui n’est qu’un amour heureux, sont deux mondes qui ne peuvent pas plus se comprendre que le fini ne peut comprendre l’infini. Tu restes sur la terre, je suis dans le ciel ! Tu es dans la sphère humaine, je suis dans la sphère divine ! »



Avec son deuxième mariage, avec un poète qu’elle emmène loin de tout, dans un paradis terrestre (pour vivre heureux, vivons cachés), ce sera l’inverse, c’est elle qui se consume d’amour.



Renée construit sa vie, s’épanouissant dans son rôle de mère, œuvrant pour que son époux arrive à la députation. Pour elle, il s’agit de devoir conjugal où le plaisir est absent, de dévouement envers la famille.



« Tu peux avoir les illusions de l’amour, toi, chère mignonne ; mais moi, je n’ai plus que les réalités du ménage. »



Balzac nous fournit ainsi une étude approfondie du mariage à travers deux conceptions différentes, voire opposées, sans prendre parti. Il nous donne probablement accès à sa part féminine en même temps qu’il évoque la condition des femmes à son époque. Renée représente-t-elle pour lui la mère idéale qu’il n’a pas eue ?



Bien-sûr, les lettres s’espacent au fil du temps et de la vie de chacun, mais l’auteur nous raconte aussi une belle histoire d’amitié entre Louise et Renée, même si leurs idées divergent de plus en plus, il y a une forme d’entraide : Louise se sert de ses relations pour aider la carrière politique du mari de Renée par exemple. Renée qui tente, elle, de faire prendre conscience à Louise de son égoïsme, son auto-centrisme, se fait rabrouer.



Certes, ce n’est pas le roman de Balzac que je préfère, mais son analyse du statut de la femme mariée au XIXe siècle m’a plu et il n’y a pas si longtemps que cela qu’une femme peut choisir librement son mari, sans subir des pressions de sa famille et dans certaines cultures les choses ont guère évolué.
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Les Secrets de la princesse de Cadignan

Si Honoré de Balzac se passe de présentations, je ne pouvais en dire de même des Secrets de la princesse de Cadignan. C'est une petite nouvelle, moins de cent pages, presque une parenthèse dans la grande saga qu'est la Comédie humaine. Elle y est rattachée par quelques uns de ses personnages, incluant ses protagonistes, la princesse de Cadignan, connue autrefois sous le titre de duchesse de Maufrigneuse. Sa fortune perdue, son mari disparu, elle se fait oublier un bref instant pour mieux revenir sous le nom de jeune fille de sa mère. Elle se lie avec la marquise d'Espard qui lui fait rencontrer marquis Daniel d'Arthez, un jeune homme idéaliste, qui commence à connaître le succès en tant qu'écrivain. Lire ici tempérament d'artiste. Pour s'attacher le jeune homme, elle lui assène mensonge par-dessus mensonge, ses supposés secrets, de terribles histoires dont elle aurait été victime. Tout ça pour convaincre le jeune homme qu'elle mérite enfin la paix et surtout l'amour. D'Arthez, un peu naïf, ne peut que tomber dans le piège et dans les bras de la dame. Parce que, on le sait, de compassion à amour, il n'y a qu'un pas…



La princesse de Cadignan, voyant le succès de ses premiers secrets, continue son manège, à un tel point qu'elle a complètement réinventé sa vie. À son bénéfice, bien sûr. C'est à se demander qui est l'artiste entre les deux. Elle met de tels accents de vérité à l'histoire qu'elle réécrit que ses mensonges ont l'air plus crédibles que la réalité. Même un connaisseur de la Comédie humaine se questionne par moment : et si elle disait vrai ?



C'est là le génie d'Honoré de Balzac : réussir à présenter l'expression du sentiment amoureux chez deux individus assez diamétralement opposés et dont on doute de la sincérité par moments. C'est presque un huis-clos. Par moment, je me sentais pris de vertige devant l'avalanche de mensonges avalés goulument par D'Arthez. Mais ils s'aiment, on ne peut le nier. Et c'est une histoire incroyable : une femme un peu âgée, qui semble s'amuser aux dépends d'un jeune homme au coeur pur. En tant que lecteur, nous sommes plus habitués à l'inverse, à voir un don Juan profiter de la naïveté d'une candide et innocente demoiselle. Et pourtant, on ne déteste pas la princesse. On ne peut lui en vouloir vraiment de préférer présenter une version améliorée de sa vie. Elle désire hameçonner un jeune homme amoureux, elle n'agit pas par méchanteté. Elle est intrigante et manipulatrice, oui, mais on est bien loin de la cruelle marquise de Mertreuil et des Liaisons dangereuses… En fait, on peut presque prendre en pitié la dame. Veuve à 37 ans au début du XIXe siècle, elle vit peut-être sa dernière aventure, qu'a-t-elle à perdre ?



Honoré de Balzac n'a pas peur de présenter des femmes fortes, qui sortent des sentiers battues, qui diffèrent de ces ingénues qu'on représentait encore trop souvent à l'époque. Déjà, Splendeurs et misères des courtisanes nous montraient qu'elles étaient capables d'être aussi déterminées et qu'il leur était possible d'en arriver à leur fin. À leur manière, bien sûr, car leur rôle officiel dans la société était encore restraint. Les secrets de la princesse de Cadignan s'inscrit dans cette lignée. Vers la fin, les amis de la princesse invitent le jeune D'Arthez à une réception, sans doute pour lui dévoiler, lui cracher la vérité sur sa bien-aimée. Et la princesse le laisse y aller seul ! Est-elle lasse de tous ses mensonges ou souhaite-t-elle tester son amour ? Et D'Arthez, préférera-t-il la plate vérité à l'amour glorifié tel qu'il se le représente ? À vous de le découvrir.
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L'illustre Gaudissart

Comme il vous plaira, Madame...

Honoré de Balzac avait brossé le portrait type du Vendeur Représentant de Commerce dans L'Illustre Gaudissart. Ici, dans cette mince nouvelle, contrairement à ce que le titre pourrait laisser à penser, il ne fait pas reprendre du service à son personnage de Félix Gaudissart, plus particulièrement spécialiste en vente d'articles de chapellerie, mais s'adresse à nous en nous désignant cette " caste " de vendeurs-beaux parleurs-arnaqueurs-souriants comme étant tous, chacun à sa façon, des Gaudissart.

Ce n'est pas tant le commis qui est le fer de lance de la nouvelle, ni même la femme bourgeoise de Paris, qu'il prend un si malin plaisir à écorner, elle aussi, mais c'est plutôt l'interaction vendeur/acheteuse qui est mise en avant ici, avec délectation.

Du coup, l'auteur nous livre une petite nouvelle assez désincarnée, par rapport à d'habitude, se voulant plus une analyse extérieure à caractère général d'un fait de société, qu'une histoire à proprement parler et dont le ton rappelle beaucoup celui de Petites Misères De La Vie Conjugale.

C'est toujours assez caustique et mordant, tant pour les combines des vendeurs que pour les manières des acheteuses, mais pas plus que d'ordinaire chez cet auteur.

Encore un fameux exemple d'éthologie humaine signé Balzac, cet œil d'observation toujours si aiguisé, pas non plus du MAGIC-BALZAC, mais un bon moment à passer lorsque vous êtes dans les transports en commun ou que vous projetez un achat de châle, du moins c'est mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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La Peau de chagrin

"Si tu me possedes,tu possederas tout.Mais ta vie m'appartiendra.Dieu l'a voulu ainsi.Desir,et tes desirs seront accomplis.Mais regle tes souhaits sur ta vie.Elle est la.A chaque vouloir,je decroiterai comme tes jours.Me veux-tu?"

Voici l'etrange parchemin sur lequel Raphael va tomber chez un antiquaire.Sa vie est desesperee,c'est pourquoi,il veut vse suicider,mais ce parchemin va changer sa vie et,malgre l'etrange et inquietante prophetie va se fourvoyer dans les salons galants,dans les bras de femmes de haut rang.La peau de chagrin nous emmene dans l'incroyable chute de Raphael;

Balzac peut a travers ce livre,s'allier touites les epoques et eveiller encore aujourd'hui cet interet,cette passion.il y a dans ce livre une veine romantique,avec un vrai heros,un jeune homme idealiste,desespere qui voit ses espoirs et ses desirs combles.

Il y a aussi une veine fantastique,la vie du heros est indefectible de la peau et celle-ci retrecit a chaque souhait exauce.

Enfin,Balzac se fait visionnaire et touche a l'humanite en ce qu'elle a d'osciller en permanence entre le desir-le vouloir- et la possibilite de le realiser-le pouvoir-cette oscillation resume et consume notre existence.De plus,il la lie a une histoire d'amour qui voit l'une tenter de se sacrifier pour l'autre,qui acceptera son destin funeste en lui refusant ce sacrifice.C'est en possedant totalement l'etre ailme que le heros realise son ultime desir et rend son dernier souffle.

Ce livre est une lecon de philosophie qui traverse les epoques,a la maniere des grands mythes,pour arriver jusqu'a nous et remue encore nos ames
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Les Chats : À travers 17 textes cultes comm..

Une lecture audio qui a peiné à retenir mon attention, malgré son thème, la narration parfaite de Simon Jeannin et les commentaires intéressants de Sylvain Trias



Ces textes sont présentés chronologiquement et évoquent la manière dont le chat a été représenté dans la littérature au cours des siècles. Sylvain Trias intervient entre chacun d'eux pour les replacer dans leur contexte, commenter l'évolution de la vision du chat dans la littérature, d'un personnage souvent félon, voleur, déloyal ou pire encore maléfique à un animal auquel les auteurs vont s'attacher, qu'ils vont célébrer dans leurs textes, mais un animal qui ne renonce pas à son indépendance.



L'idée m'avait séduite, je connaissais et appréciais certains de ces textes, et pourtant les écouter n'a pas réussi à me passionner. Peut-être parce chaque texte était très court, et ne me laissait pas le temps d'apprécier l'auteur et son style. Peut-être des textes trop variés qui ne m'ont pas permis d'entrer dans l'atmosphère de ce livre audio, et je me suis surprise plusieurs fois à devoir revenir en arrière pour réécouter un extrait.



Une petite déception donc, mais qui saura sans doute séduire d'autres lecteurs-auditeurs.



Merci à NetGalley et aux éditions VOolume pour cet envoi #Leschats #NetGalleyFrance







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Le Curé de Tours - Pierrette

Ce n'est rien de dire que l'abbé Birotteau est aux anges quand il hérite à la mort de son ami l'abbé Chapeloup de ses beaux meubles et de sa chambre dans la pension de la respectable mademoiselle Gamard. Il en avait tant rêvé, et voilà que son rêve devient réalité. Il est même persuadé que la charge de chanoine laissée vacante par son ami ne peut maintenant que lui échoir. Pauvre abbé Birotteau, il est tellement naïf et crédule. Comment pourrait-il imaginer dans quelle taupinière il vient de mettre les pieds?



Alors là, je me réconcilie avec Balzac ! Cette critique des clivages d'une société et de ses luttes de pouvoir est féroce mais que c'est finement observé, analysé, orchestré !



La plume acérée De Balzac ne nous épargne rien des dessous peu ragoutants qui s'enchevêtrent sous la robe rutilante de la bienséance, les rivalités intestines qui grouillent, les enjeux personnels et manoeuvres retorses qui régissent les individus. Médisance, mesquinerie, convoitise, jalousie, vengeance, manipulation, ambition, vanité s'étalent et rivalisent sans complaisance. D'un évènement anodin, c'est toute la société tourangelle qui va être ébranlée.



L'ambition et la vanité tiennent bien évidement une place de choix. le célibat (particulièrement celui des vieilles filles) n'est pas non plus en reste. le tandem mademoiselle Gamard et l'abbé Troubert est délicieusement méprisable, d'un machiavélisme redoutable. La confrontation finale de l'abbé Troubert et madame de Listomère est un grand moment d'hypocrisie et de duplicité. Un dialogue d'une justesse remarquable. Quant à notre pauvre abbé Birotteau, il ne pipe pas grand-chose à ce qui se passe…



Oh que tout cela est bien peu chrétien. C'est féroce, poignant, implacable. Je l'ai lu il y a maintenant plusieurs mois et je saigne encore…

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Le Père Goriot

J'ai dû faire preuve de persévérance durant le premier tiers du livre car ces mots, aussi bien choisis soient-ils, ces phrases aussi bien tournées soient-elles, ces paragraphes aussi longs soient-ils, produisaient dans mon esprit un soporifique ronron.



Par la suite, l'histoire prenant forme, je ne suis pas parvenue à éprouver de l'empathie pour les personnages qui me sont apparus sordides pour certains, inconsistants pour d'autres. À l'exception de Vautrin qui, paradoxalement vu sa condition d'ancien bagnard non repenti, m'a semblé le plus honnête, le plus respectable.

Pas d'avis tranché au sujet de Rastignac dont la personnalité réelle n'est pas encore construite tant il se débat dans des conflits intérieurs entre ce qu'il veut, ce qu'il peut et ce qu'il doit.

Quant à ce Père Goriot, je l'ai trouvé à la fois exalté et pitoyable. Difficile pour moi d'avoir la moindre compassion pour cet homme.



Finalement, c'est en refermant ce roman, que j'en suis arrivée à la conclusion que cette galerie de personnages - à mon sens, insipides - était, contre toute attente, bien intéressante.
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Eugénie Grandet

Un classique de la littérature française.

je suis fan de Balzac , j’ai un très grand souvenir “"des Chouans” lu dans mon adolescence....

Ici il nous raconte la triste destinée de cette pauvre Eugénie, fille de Félix Grandet riche vigneron, père avare au cœur sec.

Huis clos dans la pauvre masure du richissime Grandet, petites scènes de la vie de province, théâtre de la vie domestique, rétrécissement de la cellule familiale et son misérable tas de petits secrets “Eugénie Grandet” est une tragédie bourgeoise sans poison.

Nous saurons tout du triste destin et de la fatalité tragique d’Eugénie, véritable héroïne de la comédie humaine, victime sacrifiée au Dieu Argent.

Quel plume!Quel talent!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La Femme de trente ans

Balzac situe son roman en 1813.

Julie s'éprend de son cousin, Victor d'Aiglemont, un officier , cavalier dans l'armée de Napoléon.

C'est un bellâtre, égoïste mais l'amour est aveugle.

Elle arrache le consentement de son père et se marie.

C'est la grosse déception.

En plus, elle ne trouve aucun plaisir dans l'acte sexuel et se confie à sa tante.

Julie réalisera un amour platonique avec un Anglais , toutefois avec une fin tragique.

Julie s'enferme dans un deuil où elle se complaît dans sa tristesse.

Ensuite, elle rencontrera un homme de trente ans et devient une "femme" consciente de son corps et maître d'elle-même.

Du moins c'est comme cela que je la perçois par ma lecture.

"La femme de trente ans" fait partie des premiers tomes de "La comédie humaine" consacrés aux scènes de la vie privée.

Balzac présente la femme comme un être assez libre finalement.

Je l'ai relu en lecture rapide, un peu en mémoire de ma mère qui appréciait beaucoup ce roman.





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Jésus-Christ en Flandre

Le diable et le bon dieu... tels pourraient être les termes pour désigner les deux pans nets, bien dessinés, clairement tranchés sous lesquels Honoré de Balzac nous donne sa vision de la chose.



De mon point de vue, ce n'est pas du grand Balzac, c'est même tout le contraire, mais Balzac est tellement Balzac que même lorsqu'il est dans un mauvais jour, même lorsque l'amadou est humide, il parvient à faire jaillir des étincelles par cette plume, par ce style qui lui est propre et que personnellement j'adore.



1°) Côté face : Le Diable (Melmoth Réconcilié)

Dans ce court roman, Balzac revisite et se réapproprie à sa façon le thème du pacte avec le diable en réchauffant le mythe du Docteur Faust initié par Marlowe et fraîchement popularisé par Goethe. À la différence près qu'ici, après une entrée en matière tonitruante et corrosive à souhait, il fait récipiendaire de son pacte diabolique un obscur caissier de la banque de Nucingen.



Cet insignifiant caissier, Rodolphe Castanier, plongé dans les dettes jusqu'au cou pour les beaux yeux d'une apprentie prostituée repêchée in extremis sur le pavé de Paris, s'apprête à commettre sa plus savante malversation pour s'assurer le confort d'une nouvelle vie à l'étranger lorsqu'il voit apparaître un sinistre anglais du nom de John Melmoth.



Celui-ci voit tout, devine tout, domine tout et impose son fait. Le caissier éberlué, au bord de l'abîme, déjà aspiré par les affres du gouffre, ne voit d'autre choix que d'accepter le pacte que lui soumet l'Anglais démoniaque.

Doué de ce don nouveau de vue extralucide, Castanier voit tout, les trahisons de sa maîtresse, les intentions fourbes des servantes, les soifs mesquines, les désirs fades, la grande comédie qu'est la vie. Un peu comme pour le Peter Schlemihl de Chamisso, la fortune de Castanier prend un goût très amer sitôt qu'elle s'offre à lui.



À l'étroit dans son omnipotence, rien n'est jamais aussi simple et beau qu'on se l'imagine vu d'en bas et c'est sur cette douloureuse réflexion que l'auteur nous place au travers de ce petit roman qui tient, à juste titre, sa place dans la section " études philosophiques " de la Comédie Humaine.



Le trait fantastique n'est pas ce que je préfère chez Balzac, mais ce petit volume se laisse lire sans aucun déplaisir et nous pose les questions : Que feriez-vous si vous disposiez d'un pouvoir illimité ? Qu'adviendrait-il de vous ? de vos désirs ? de vos espérances ?



2°) Côté pile : Le Bon Dieu (Jésus-Christ en Flandre)

C'est un drôle de machin que ce truc. Un assemblage bancal et ad hoc pour la parution de l'intégrale de la Comédie Humaine en 1845 de deux nouvelles datant du début des années 1830 et déjà assez scabreuses l'une et l'autre, dans un registre où l'on ne connaît guère Honoré de Balzac.



Le première nouvelle portait elle-même le titre Jésus-Christ En Flandre et évoquait une nouvelle apparition du Christ marchant sur l'eau dans la tempête. La seconde témoignait du mystérieux pouvoir de transe et de délire qu'exercent sur un esprit prédisposé tant les détails que l'impression d'ensemble d'un monument tel qu'une cathédrale, en l'espèce, à l'origine la cathédrale Saint-Gatien de Tours. Il reprendra d'ailleurs ce thème spécifique dans les rêveries de l'abbé Birotteau dans Le Curé De Tours.



C'est donc une manière d'exercice de contorsionniste auquel s'astreint l'auteur pour faire tenir ces deux nouvelles isolées en un édifice tant soit peu d'aplomb. Et pour être sincère, il n'y parvient pas, soit par manque de temps pour refondre les deux en un, soit parce que le lien est trop vague et trop artificiel.



Le message qui semble s'en extraire cependant renvoie à Melmoth Réconcilié, à savoir que le luxe, l'argent, l'amour de façade et la luxure, bref, la vie mondaine, est œuvre du diable tandis que l'humilité, la franchise et l'amour vrai sont l'œuvre de Dieu.



Je ne vous le cache pas, ces thèmes sont pour moi sans intérêt. En revanche, l'écriture de Balzac est, reste et demeurera à mes yeux un délice tant j'y éprouve de plaisir. J'arrive à me sentir bien même dans du mauvais Balzac, c'est dire ce qu'il en est lorsqu'il est au sommet de son art...



En outre, ceci n'est bien sûr que mon avis, bien faiblement inspiré — inspiré par qui d'ailleurs ? on se le demande, le diable ? le bon dieu ? ou plus modestement par le simple flux de mes artères ? Allez savoir... mais assurément, ce n'est pas grand-chose.
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Illusions perdues

Lu il y a une quinzaine d’années, j’ai pris un très grand plaisir à retrouver cette histoire certes classique (mais bon Balzac c’est classique non ?) mais au combien intemporelle des papillons de province attirés par les lumières de la capitale et s’y brûlant les ailes. Le papillon ici c’est Lucien de Rubempré qui pour arriver à ses fins (l’amour, la gloire et la fortune pour faire court) mettra en péril financier et plongera dans la désespérance sa sœur, sa mère, son beau-frère et ami. La description de la bourgeoisie de province angoumoise est redoutable et saisissante, mais les artifices de la société parisienne en prennent également largement pour leur grade. On retrouve dans ce livre le portraitiste au vitriol qu’est Balzac (deux exemples parmi tant et tant au fil de ces pages : le portrait du père Séchard, et de son avarice, type « Le père Goriot », et celui de Louise de Bargenton, muse de Lucien tour à tour délaissée et sans états d’âme). On appréciera aussi les descriptions fines et détaillées de divers corps de métier liés à l’écriture: les imprimeurs, les journalistes, les éditeurs.

Une fois l’histoire connue, la relecture de ce livre est un régal, et le titre de l’œuvre de Balzac (La Comédie Humaine) prend tout son sens dans ce roman fleuve aux accents de modernité. Le volume unique constituant « Illusions perdues » est dû au regroupement de trois romans séparés publiés sur une petite dizaine d’années entre 1837 et 1845. Je conseille vivement cette version du livre de poche de 2006, et l’imposant travail d’explication et de notification effectué par P. Berthier, spécialiste de littérature du XIXème siècle. Ces apports au fil du texte sont souvent très érudites mais diablement intéressantes, en particulier sur le passage entre les trois romans initiaux et le roman unique (liens entre les différentes parties, problèmes de chronologie dans l’histoire,…). Le texte de Balzac s’agrémente ainsi de nombreuses notes de bas de page décrivant par le menu les différentes versions publiées dans la très renommée édition Furne, les tournures de style typiques du XIXème siècle et aujourd’hui désuètes, les fautes de style assez nombreuses commises par Balzac. La langue française utilisée dans ce roman est une véritable gourmandise.

La lecture est parfois difficile, le mode « feuilleton » dans lequel ce texte fut initialement publié explique les longueurs du texte (Le feuilletoniste du XIXème siècle était rémunéré au mot), les passages abordant les problèmes d’argent sont assez complexes et parfois rébarbatifs. Mais l’universalité des personnages et des thèmes sociétaux abordés, la complexité des personnages et le regard féroce de Balzac sur ces contemporains et sur la société font pour moi de ce roman, avec sa suite « Splendeurs et misères des courtisanes » un véritable chef d’œuvre de la littérature.
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Jésus-Christ en Flandre

Habitant cet endroit, me voilà sauvé ! :‐)))



D'après son éditeur, Alexandre Houssiaux, Charles Furne (1794-1859) de son vrai nom, Honoré de Balzac a décidé, en 1845, de mettre l'ensemble de ses écrits sous le titre : "La Comédie Humaine".



Lorsque ce géant de la littérature française et mondiale mourut soudainement le 18 août 1950 à Paris, à seulement 51 ans, il restait 3 de ses 91 oeuvres à préparer pour la superbe collection de 20 bandes en cuir magnifique. Et il restait encore une cinquantaine de projets inachevés.



Et parmi ces projets, "Jésus Christ en Flandre". Une nouvelle écrite probablement en 1831 et envoyée en 1846 à la poétesse Marceline Desbordes‐Valmore (1766-1859).



Pour être honnête, lorsque j'ai écrit, le 12 juin 2018, mon billet de la biographie De Balzac par Stefan Zweig "Balzac ; le roman de sa vie", j'ignorais totalement la visite du Christ au plat pays qui est mien que chantait un certain Brel.



Je n'entends pas résumer cette nouvelle de 40 pages bien sûr, mais je suis incapable de ne pas en distraire quelques éléments isolés.



Ainsi, j'apprends que la ville d'Ostende était "peuplée par quelques pêcheurs, par de pauvres négociants et par des corsaires impunis". Qui régnait vraiment la Belgique à cette époque est pour Balzac un mystère.

Maintenant, on a un Roi, une Constitution, 4 gouvernements (Fédéral, Flamand, Wallon et Bruxellois), toutes sortes d'assemblées et où réside le réel pouvoir reste toujours aussi mystérieux.



Ce qui est étrange, ce sont les circonstances dans lesquelles Balzac transforma en un panégyrique de l'Église une rêverie fantastique qui exprimait une conception très désenchantée de la religion, comme cette nouvelle a été parfaitement caractérisée sur le site "Balzac dans l'histoire".



À lire, pas pour la Belgique, mais pour Honoré de Balzac. Évidemment !



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Le Lys dans la vallée

Qu'est-ce qui nous incite à lire un livre et nous accrocher, en abandonner un autre ?

(Petite question vaine et sans importance que je me suis posée après cette lecture, précédée d'une autre, abandonnée)



Tombé il y a deux semaines sur un exemplaire jauni de celui-ci dans une boîte à livres, des effluves de jeunesse se sont paradoxalement éveillées en moi. de bons souvenirs de lecture post-bac, j'aimais de temps en temps me plonger dans la prose balzacienne en compagnie du cousin Pons, du père Goriot, d'Eugénie Grandet et d'autres. Je l'ai de suite commencé, dans une sorte de frénésie teintée de nostalgie. Bon, voilà. de là à dire qu'il m'a passionné nécessiterait d'occulter les efforts de concentration qu'il m'a demandé pour pouvoir suivre les sentiments emberlificotés dans l'amour platonique entre le narrateur Félix, et la comtesse Henriette de Mortsauf. Pour tout dire, j'ai même failli abandonner à la première partie, connaissant à l'avance les grandes lignes de la suite. Mais je me suis accroché, c'est quand même un classique, et j'ai finalement mieux goûté les sentiments comme les émotions, les descriptions de la Touraine, les façons de la cour dans la deuxième partie et la montée à Paris de notre héros, avant la dernière et sa plongée dans le vertige des sens. Sans parler du final – ha ha clap clap Honoré, qui nous sort du romantisme exacerbé par une morsure d'ironie.Tout a déjà été dit, notamment sur les porosités avec la vie amoureuse De Balzac. On pourra néanmoins lire ce roman en s'amusant de la prose d'une époque, dans une narration sourcilleuse de détails lyriques pouvant s'étirer à l'infini dans les circonstances (et les relatives) d'une simple parole. Exemple :

« – Madame a raison, dis-je en prenant la parole d'une voix émue qui vibra dans ces deux coeurs où je jetai mes espérances à jamais perdues et que je calmai par l'expression de la plus haute de toutes les douleurs dont le cri sourd éteignit cette querelle comme, quand le lion rugit, tout se tait. [...] ».

Formidable phrase à quoter (à se demander si Balzac n'a pas fait un pari avec ses potes) : quatre pronoms relatifs simples y sont présents ( qui que où dont... Mais où est donc passé quoi ?), il ne manque qu'un relatif composé à mon goût (par exemple un duquel, ça aurait été la cerise sur le gâteau à la saveur duquel j'eusse défailli)



Mais revenons à ma question sans intérêt. Dernièrement, j'ai abandonné un roman contemporain, très court et à l'opposé de celui-ci sur l'échelle de l'exaltation des sentiments et du style, « L'amour » de François Bégaudeau. Passé plus ou moins à côté, j'ai surtout eu vite marre de ce roman malgré sa brièveté, marre d'une description factuelle de la vie des « amoureux », à travers les objets, l'organisation pragmatique de leur vie de couple. Un mauvais roman ? Je n'en sais rien, mais ses 90 pages m'ont paru ennuyeuses, et surtout peu intéressantes. En mettant Bégaudeau à côté De Balzac, il me semble qu'on n'est pas loin de deux pôles extrêmes sur la manière de raconter l'amour à travers les siècles. L'une sociologique à l'excès (même si paraît-il l'émotion surgit au final), l'autre idéologique à l'extrême. L'une ciselée à l'antre de la modernité, l'autre travaillée à la sueur de la bougie et du café. Sans être réfractaire aux nouveautés (je lis plus de néo-romans que d'anciens), je vote pourtant pour le plus ancien. Quant à savoir pourquoi exactement, il me faudrait pour en être certain pouvoir démêler les aléas de la motivation ou les fluctuations de l'envie dans une période peu propice pour moi aux lectures facilement concentrées, mais mon petit doigt me parle néanmoins de simple plaisir de lecteur, peut-être un brin maso à vouloir déchiffrer une écriture entremêlée dans l'écheveau des âmes et des sens d'un classique du 19ème, quand le sentiment de perdre son temps fait vite son apparition avec le moderne, couru d'avance sur les chemins soporifiques d'une sociologie plate, réduit à peau de chagrin avec son style documentaire.

Bref, vive Balzac et les classiques (de temps en temps).
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Le Cousin Pons

Pons est un vieux musicien de boulevard qui aime plus que tout la bonne chère et chiner dans les bric-à brac. Le logement qu'il partage avec son ami Schmucke, un autre musicien, ressemble à s'y méprendre à un cabinet de curiosité. Les deux "casse-noisettes" célibataires sont chouchoutés par Madame Cibot, leur concierge , une "grosse dondon" qui a poil au menton. Tout pourrait aller dans le meilleur des mondes sauf que Pons n'est plus le bienvenu à la table bien garnie du président Camusot, un riche marchand de soierie dont il est le cousin germain de la première épouse (dans quel bazar s'est il fourré !). La nouvelle femme du bourgeois n'a de cesse de le vexer, elle ne peut plus le voir en peinture et pire lui impute l'échec du mariage de sa fille. C'en est trop pour le pauvre Pons qui tombe gravement malade. Alité, son entourage parle alors de son héritage et là abracadabra sa caverne d'Ali Baba rempli d'œuvres d'art ouvre la porte aux vautours...

D'abord paru en feuilleton dans le quotidien Le Constitutionnel du mois d’octobre 1846 au mois de mars 1847, le cousin Pons appartient à la série des Scènes de la vie parisienne. Il constitue la deuxième partie des Parents pauvres après la Cousine Bette. Le cousin Pons offre un beau tableau de la comédie humaine ! Si j'ai ri le plus souvent "jaune" des personnages rapaces que Balzac prend un malin plaisir à caricaturer (quoique), en revanche, j'ai eu de la peine pour le candide Schmucke dont je n'ai point tout compris son fort accent germanique . Après ce pauvre cousin Pons, je vais lorgner du coté de la cousine Bette en espérant qu'elle ne le soit pas trop...
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