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Critiques de Honoré de Balzac (3253)
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La Maison du Chat-qui-pelote

Je lis Balzac dans un total désordre, sans fil rouge ni chronologie. Est-ce un tort?

Pas sûre, mais en découvrant ce petit joyau qui ouvre la Comédie humaine, je me suis fait la réflexion que c'était dommage de n'avoir pas commencé par passer le porche de cette Maison du chat-qui-pelote pour se chauffer les papilles, tant on s'y régale (rien que le titre est un petit bonheur savoureux).



Il y a tout ce que, opus après opus, j'ai appris à aimer chez Balzac : d'abord cette langue somptueuse, qui coule comme de l'eau bien que d'une densité et d'une exigence rare; une manière unique de poser un décor (ces fameuses descriptions qui me rebutaient jadis), où le descriptif d'une devanture ou d'un vêtement en dit autant qu'un essai fouillé ou long portrait; des personnages et des situations sociales si universelles que c'est à chaque fois un jeu malicieux que de les transposer dans toutes les époques.

Quant à l'histoire, j'ai adhéré d'emblée, j'adore quand Balzac égratigne la mesquinerie bourgeoise autant que quand il s'émeut de la souillure que la société verse sur les âmes pures.



Ce court roman ou longue nouvelle, au format accessible car bref et à l'intrigue impeccable (et implacable) serait-il la meilleure porte d'entrée sur l'oeuvre de Balzac?



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Le Réquisitionnaire

Le Réquisitionnaire est une petite nouvelle qui a pour cadre la Terreur des années 1793-94 et ses suites.

L'héroïne de cette histoire est une comtesse, madame de Dey, veuve d'un gradé militaire (c'est-à-dire, à l'époque, forcément un noble, or, en ces temps troublés de la révolution, il ne fallait guère faire montre de ses titres et de ses privilèges).

C'est ce que madame de Dey a bien compris en se repliant en ses terres normandes, où elle mène une vie humble et non sujette à convoitise vis-à-vis des personnes importantes du cru, tout en étant généreuse et secourable pour les populations miséreuses qui voisinent son domaine, s'attirant ainsi une sympathie générale et unanime, qui lui laisse le droit de vivre sans trop de craintes cette période difficile pour l'aristocratie française.

Mais madame de Dey, outre le fait d'être une belle veuve de trente-huit ans qui ferait un parti très convenable pour beaucoup de prétendants, est également la mère d'un fils qui représente tout pour elle et qui, lui, a dû s'exiler pour fuir la rage homicide révolutionnaire.

Ce noble chérubin de dix-huit ans a, comme son père, embrassé la carrière des armées, mais bien évidemment, pas au service des autorités françaises.

La vie calme et bien orthométrée de madame de Dey subit soudain un bouleversement lorsqu'elle reçoit un billet souillé qui lui indique que son fils a été fait prisonnier mais qu'il est question de négocier son évasion. Si cette escapade réussit, il sera chez elle dans quatre jours au plus tard, si elle échoue, qu'adviendra-t-il de lui ?...

Honoré de Balzac nous dresse le décor d'une belle petite nouvelle savoureuse mais, je suis au regret de déplorer une chute que je juge particulièrement creuse et artificielle qui nuit à la bonne impression d'ensemble. Je suis donc plus que mesurée dans mon enthousiasme à conseiller cette nouvelle, qui est selon moi, loin d'être la meilleure de l'auteur. Mais tout ceci, bien sûr, n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Sarrasine - Gambara - Massimilla Doni

Quelle est la forme ultime de l'art ?



Honoré de Balzac nous interpelle sur cette question dans Gambara, comme il l'avait fait dans Le Chef-D'Œuvre Inconnu. Si le thème est le même, la facture est différente. Ici, il n'est pas question de peinture mais de musique.



Ce thème, donc, c'est celui de la quête de l'art absolu pour les artistes. Dans le chef d'œuvre inconnu, le vieux maître Frenhofer, cherche à toujours s'approcher de la perfection en peinture, quête perdue d'avance et qui, malgré le talent indéniable du peintre, ne lui permet pas de produire quoi que ce soit de tangible.



Dans cette nouvelle, Paolo Gambara est un musicien italien qui souffre du même trouble. Tellement prodige, tellement en symbiose avec la musique qu'il va au delà de ce qui est compréhensible musicalement par le commun des mortels. Si bien que son opéra Mahomet est tout simplement inaudible.



À telle enseigne que tout le monde croit Gambara être un fort piètre musicien. Le message de Balzac semble être que pour les artistes, il ne convient pas de s'éloigner trop des formes d'art que l'intelligence commune est capable de déchiffrer, sous peine d'immobilisme et d'incompréhension généralisée.



En ce sens, l'auteur se rapprocherait de la définition que Kant donne en substance du beau dans Critique de la Faculté de Juger (citation de mémoire ne respectant pas la lettre) : est beau ce qui plait et ce qui donne une satisfaction sans qu'il soit besoin de posséder au préalable aucun concept.



Ceci nous entraine sur un sentier de réflexion passionnant, à savoir, le fait que l'art doit rester accessible au novice et donc, une affaire de " non-initiés ". Vaste question pouvant susciter de vastes débats... Voilà pourquoi cette nouvelle fut catégorisée par l'auteur comme une étude philosophique dans La Comédie Humaine.



Balzac greffe sur ce message une histoire d'amour, pas franchement nécessaire entre un riche comte milanais, Andrea Marcosini et l'épouse de Gambara, Marianna. Il dédouble le génie incompris de Gambara avec le personnage du cuisinier Giardini, également génial et incompris, qui sert d'entremetteur à Andrea pour la conquête de Marianna.



Mais surtout, cette nouvelle pèche, à mon sens, par le côté indigeste des explications musicales auxquelles se livre Gambara, tout d'abord sur son propre opéra Mahomet, puis, sur l'opéra (qui existe vraiment) Robert le diable de Giacomo Meyerbeer. Sur un texte aussi court, ces descriptions longues et fastidieuses sont préjudiciables.



C'est la raison pour laquelle je considère cette nouvelle comme un peu moins " al dente " que d'autres du si génial et prolifique Honoré de Balzac. Mais vous connaissez la musique, ceci n'est que mon avis cacophonique, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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L'Auberge rouge

J’ai choisi ce petit bouquin en pensant sincèrement qu’il se rapportait au film du même nom, réalisé par Claude Autant-Lara avec Fernandel.

Ben pas du tout en fait. Le film fait référence à une sombre histoire : l'affaire de l'auberge de Peyrebeille. Rien à voir avec la nouvelle de Balzac.



D’autre part je pensais lire un récit policier, le quatrième de couverture annonçant « l’inspecteur Balzac mène l’enquête ».

Ben pas du tout bis. S’il y a bien crime, il n’y a pas recherche du meurtrier.



C’est l’histoire d’un récit dans un récit. Lors d’un repas entre bon bourgeois auquel participe l’auteur, une relation d’affaire allemande raconte une sombre histoire à laquelle il a été mêlé. Après un long voyage, deux jeunes chirurgiens militaires de l’armée de Napoléon parviennent dans une petite ville près de Coblenz. Ils se voient obligés de loger à « L’auberge rouge », déjà bien occupée entre autres par des soldat français. Un riche négociant allemand se joint à eux.

Au matin le négociant est retrouvé décapité (je ne dévoile rien ; c’est dans le résumé du 4eme de couv).



Ce n’est pas un récit policier dans la mesure où la recherche du coupable n’est pas le thème. Tout semble accuser quelqu’un en particulier, y compris lui-même qui se juge coupable au moins en intention. Et le récit s’oriente plus vers une étude sur le sens de la culpabilité.



Chez les bonnes gens du dîner, une autre culpabilité se fait immédiatement jour. Balzac n’émet aucun doute. Et l’histoire dérive vers la relation de l’auteur avec la fille de ce « coupable », sur le compromis entre amour et culpabilité et sur l’importance de la prescription.



La prose de Balzac est très agréable, surtout celle qu’il prête à son narrateur allemand. Les paysages traversés par les deux jeunes chirurgiens sont bien attirants. J’ai trouvé l’auteur plutôt moqueur voire sarcastique lorsqu’il décrit les divers personnages – archétypes ambulants – à qui il demande conseil.

La dernière phrase, en forme de chute, est amusante. Une fin a minima ouverte.

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La vendetta

J'aime lire Balzac et aussi découvrir dans son oeuvre de petits textes rares, moins connus, qui peuvent être aussi de véritables pépites.

On croise même un personnage qui s'appelle Colonna, c'est vous dire..

Ici ce n'est pas forcément un coup de coeur mais j'ai été sous le charme de l'écriture de l'auteur, sa manière de ciseler avec justesse un récit et de nous tenir en haleine par la prouesse de sa narration.

Le titre évoque La vendetta, une coutume corse par laquelle les membres de deux familles ennemies poursuivent une vengeance réciproque jusqu'au crime. On est bien ici dans le sujet.

Le récit débute en octobre 1800, devant les Tuileries, à Paris, avec l'arrivée d'une famille misérable, dont le mari cherche à entrer en contact avec le Premier consul Napoléon Bonaparte. D'abord repoussé par la garde, l'homme — un Corse d'une soixantaine d'années — rencontre, par chance, Lucien Bonaparte, qui l'emmène auprès de son frère à qui l'homme raconte son histoire : en conflit ouvert avec la famille Porta, qui a tué la sienne et détruit ses biens (seules sa femme et leur fille Ginevra en ont réchappé), il s'est cruellement vengé en massacrant tous ses ennemis, sept hommes au total. de ce carnage, seul survivrait le jeune Luigi Porta, que Bartholoméo a pourtant attaché dans son lit avant d'incendier la maison. Les Bonaparte lui étant redevables, Napoléon promet à son compatriote une aide discrète à condition qu'il renonce à toute vendetta, auquel cas le Premier consul lui-même ne pourrait plus rien pour lui.

Quinze ans plus tard, en juillet 1815, nous nous retrouvons dans l'atelier très mondain du célèbre peintre Servin qui accueille de jeunes filles en apprentissage issues du beau monde : l'aristocratie ou bien le milieu bancaire voire industriel...

L'une d'elle semble imposer son caractère fort, elle s'appelle Ginevra di Piombo, c'est la fille de ce Corse que nous avions rencontré quinze ans auparavant aux portes des Tuileries, devenu aujourd'hui le riche et très bonapartiste baron de Piombo. Qui plus est, Ginevra di Piombo a un talent de peintre inouïe.

Un jour, dans l'atelier de Servin, elle découvre fortuitement un proscrit bonapartiste, Luigi Porta, dont elle tombe immédiatement amoureuse. Une idylle se noue entre Luigi, blessé et aux abois, et la jeune fille.

Luigi Porta est le seul rescapé de sa famille, massacrée par les Piombo. A seize ans il s'engage dans l'armée de Napoléon. Blessé à Waterloo, proscrit, il se cache dans l'atelier du peintre Servin, où Ginevra le découvre.

Mais l'amourette finit par être éventée…

J'ai beaucoup aimé ce texte qui m'a tenu en haleine jusqu'au bout. Nous voyons bien sûr au travers de cette intrigue poindre l'idée d'une tragédie qui risque de venir dévaster cette histoire d'amour belle.

Le texte est beau, magnifiquement écrit. Au milieu du récit, il y a cet atelier de peinture et une dizaine de jeunes filles de bonnes familles qui viennent à nous comme une bouffée d'air frais. C'est une pause merveilleuse parmi les intrigues et rebondissements politiques qui vont jalonner le récit...

Ginevra Piombo a la beauté sauvage et indomptable de son père intraitable. Balzac magnifie cette relation possessive entre le père et la fille, en y mettant un côté rageur et presque animal.

Mais jusqu'où peut aller la haine de deux familles ?

En si peu de pages, quatre-vingt-treize pages précisément, Balzac nous emporte dans un récit extrêmement dense, traversant la grande Histoire, l'époque napoléonienne, la fameuse période des Cent-Jours...

C'est un récit touchant au final car une magnifique histoire d'amour tente de venir déchirer l'implacable anathème qui porte cette vendetta.

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La Rabouilleuse (Un ménage de garçon)

Balzac était payé à la ligne, et par moments il a l'air de prendre plaisir à nous le rappeler. On croirait voir jaillir des pages son visage robuste, paré d'une moue ironique, pour s'exclamer : « voyez, il ne s'est encore rien passé, voila cinquante pages que je meuble et vous en êtes conscient, et pourtant vous goutez votre lecture ! » Telle est la magie de sa plume. Disons seulement qu'il faut attendre le tiers de ‘La rabouilleuse' avant qu'apparaisse la dite rabouilleuse…



Une brave mère a deux fils : l'un peintre de métier et du naturel le plus honnête du monde ; l'autre ancien officier de Napoléon mis à la retraite par le retour des Bourbons, qui n'est plus qu'une épave de débauché dénuée des scrupules les plus élémentaires. Devinez lequel elle aime et lequel elle adore plus que sa propre vie… Et devinez les problèmes que cela peut causer, quand on est une veuve sans le sous.



Or d'inquiétantes nouvelles lui parviennent de sa ville de province natale (vous saurez TOUT d'Issoudun). Son frère, resté là-bas, est mené par le bout du nez par sa bonne, une beauté locale ; et pour compléter celle-ci a pris pour amant un ancien soldat beau comme Pâris. Ce petit ménage à trois fait scandale, et bien plus grave, risque fort de faire passer sous le nez de la veuve l'héritage familiale ! Une expédition de secours se monte…



Un excellent Balzac, plein de verve et de traits d'ironie. Son fervent royalisme s'y dispute avec la compassion et l'admiration pour les déchus de l'empire, anciens soldats ayant vu les rois s'incliner devant leurs drapeaux, aujourd'hui épaves ruinées par la débauche, bon à riens faisant les cents coups, ou simples pères de famille confis dans l'ennui. Ils ont en commun de ne pouvoir se réhabituer à la terre après avoir touché le ciel. Parce qu'ils sont peints par Balzac, ou parce qu'ils ont inspiré Balzac ?
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La Cousine Bette

Une véritable oeuvre de génie! Quels personnages! Quel monde machiavélique que nous dresse Balzac dans ce livre! En effet, La cousine Bette est un brassage de moeurs que l'auteur peint avec entrain, manipule avec subterfuge, développe avec subtilité. C'est avec réticence qu'on fait la rencontre de la cousine Bette. Elle est grincheuse, elle est d'une humeur hargneuse qu'on aurait dit pourquoi le titre ne serait pas La baronne Hulot, cette femme en proie de victimisation dans son ménage, plutôt que cette cousine Bette grognonne, ronchonne. Elle est comme couverte d'un voile, et c'est au fur et à mesure que sa vraie nature va se révéler. En fait, une nature qui va se forger, se corser et s'accroitre au fil des circonstances, des machinations auxquelles elle est prise comme un instrument commode, maniable...et quel retournement nous réserve l'auteur!!! On arrive peu à peu à s'attacher à la cousine Bette qui, d'un personnage apparaissant juste comme une lueur va devenir un personnage incontournable!

La cousine Bette, c'est aussi la ville parisienne de la débauche où les courtisanes se disputent les hommes influents. En les enivrant de leur beauté, de leur jeunesse, elles les étripent aussi bien de leur richesse, que de leur honneur, au risque de faire perdre leur âme. Ce qui arrive bien malheureusement au baron Hulot d’Ervy! Surtout, après s'être étripé auprès des comédiennes, qu'il n'a pas pu étancher la soif, il va se prendre au piège dans les saveurs de Valérie, Mme Marneffe...O quelle gourmande, quelle maniaque!

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La Bourse

Ce n’est un secret pour personne, je suis « Balzacolâtre » depuis le début de l’adolescence et j’ai décidé de lire « La comédie humaine » dans l’ordre en relisant, si j’ai envie, certains romans…



Il s’agit de la troisième nouvelle des « Scènes de la vie privée » et l’incipit est splendide, mettant l’eau à la bouche du lecteur :



« Il est pour les âmes faciles à s’épanouir une heure délicieuse qui survient au moment où la nuit n’est pas encore et où le jour n’est déjà plus. »



Balzac nous raconte la manière dont un jeune peintre talentueux, reconnu par ses pairs, décoré, Hippolyte Schinner rencontre, à la suite d’une chute dans son atelier, Adélaïde sa voisine et en tombe amoureux.



« Il reprit bientôt connaissance et put apercevoir, à la lueur d’une de ces vieilles lampes dites à double courant d’air, la plus délicieuse tête de jeune fille qu’il eût jamais vue, une de ces têtes qui souvent passent pour un caprice du pinceau ; mais qui tout à coup réalisa pour lui les théories de ce beau idéal que se crée l’artiste et d’où procède son talent… »



Il la regarde d’abord avec les yeux du peintre, détaillant son visage, la manière dont elle évolue avec sa mère dans leur appartement plutôt miteux, qu’il décrit avec moult détails, comme il le fait toujours.



Puis, il la contemple avec les yeux de l’amour, l’émotion apparaît ainsi que le cortège des doutes : comment expliquer les relations des deux femmes avec un homme d’un certain âge et son acolyte qui est sa pâle copie, qui viennent tous les soirs jouer et perdre aux cartes.



La jalousie, le doute font leur apparition, alimentés par les potins, surtout lorsque Hippolyte perd sa bourse chez les deux femmes : vol, malhonnêteté, vie dissolue ? Il se met alors à réinterpréter tous les faits, gestes et paroles sous l’emprise du doute.



Balzac nous livre une belle étude du sentiment amoureux, avec ses élans et ses doutes, sur fond de vie difficile, la beauté observée par un artiste, mais aussi l’importance de l’imagination, du rêve sur l’amour et sur l’existence et il pose une autre question : l’amour peut-il guérir un être s’il mène une vie un peu dissolue, le racheter en quelque sorte ?



J’éprouve toujours autant de plaisir à lire ses analyses, ses descriptions et la manière dont il manie la langue française.

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Modeste Mignon

Du roman immobile

OU

quelle était la question ?



La bourgeoisie bien-pensante du XIXième siècle. Un père ex officier, devenu marchand de soieries, puis, ruiné, marchand d'opium en Chine. Une paire de bras maternels couverts de ventouses. Une soeur qui a mal tourné. Voilà la pauvre Modeste condamnée à attendre le retour de son illustre paternel enfermée dans une cage dorée. Cage gardée par un ancien lieutenant dudit père qui a divinisé son colonel. Ne lui restent plus que la broderie. Et la lecture. N'oubliez pas la lecture !



Avertissement aux babelionautes : la consommation de littérature à très hautes doses peut avoir des effets secondaires redoutables. L'on échange le réel pour le rêvé... C'est ainsi que notre Belle au bois dormant s'enivre des poèmes de Canalis, et s'en fait une créature de rêve. Ainsi commence une relation épistolaire mêlée de quiproquos, qui est encore compliquée par le retour du père.



Un roman aux personnages construits en arabesques, détaillés au moyen de lettres, de reflexions et de descriptions en mandala, une analyse des sentiments et des motivations d'une complexité byzantine qui rendrait folles les précieuses de Molière. En fait, le lecteur passe presque tout son temps dans la tête des personnages principaux. L'action est réduite au plus strict minimum possible. L'exact opposé d'Alexandre Dumas.



En résumé, si je salue - à nouveau - l'art et la technique de ce très grand écrivain, de ce merveilleux auteur que fut Balzac, je dois dire qu'en tant que lecteur, je me suis ennuyé de façon crevante. On peut ne pas aimer un travail techniquement superbe. Et sur ce, on peut dire Au Revoir à ce cher Honoré. La vie est vraiment trop courte ...
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La Peau de chagrin

La peau de chagrin est l'oeuvre d'un ogre vorace autant que celle d'un peintre aux touches délicates et nuancées. C'est ainsi que j'imagine Balzac, devant sa table de travail, écrivant inlassablement, buvant café sur café pour reculer au plus loin au plus tard le déferlement du sommeil et ses rivages. Ici c'est une oeuvre de jeunesse mais on devine déjà l'appétit insatiable qu'il s'apprête à délivrer de son imagination fertile et gigantesque.

Mon enthousiasme devant cette oeuvre énorme, non pas par sa taille mais par ses méandres insoupçonnés, a failli cependant se réduire en peau de chagrin...

Au bord du vertige et de l'écoeurement, dans cette ivresse foisonnante des mots et des bavardages des personnages, j'ai failli me perdre et renoncer à aller jusqu'au bout du voyage, tant certaines pages me résistaient.

Et puis je me suis remis en selle par je ne sais quel miracle dont seuls nous autres lecteurs avons parfois le secret, faisant le voeu de trouver la porte étroite par où je pourrais de nouveau entrer dans cette oeuvre, me faufiler à travers les pages, entrer dans son histoire et m'enrouler dans ses sortilèges.

Parfois il est dangereux de faire des voeux inconsidérés comme celui que je viens de vous partager, le personnage principal de ce roman l'a découvert à ses dépens. Mais ici il faut croire que pour moi, ce n'en était pas un, que tout ceci en vérité devait s'accomplir : ma rencontre avec ce roman... Et je vous assure n'avoir traité aucun contrat sordide avec quelque mauvais génie.

Second roman De Balzac, la peau de chagrin est le récit de l'amour impossible et du désir inassouvi. Ah ! Comme j'aime ces thèmes dont est friande notre littérature, qu'elle soit classique ou contemporaine !

Dès les premières pages, nous faisons la connaissance de Raphaël de Valentin, jeune étudiant qui vient de se ruiner au jeu en une seule soirée. À présent c'est la nuit. Nous le suivons dans les rues de Paris, sur les bords de la Seine, jusqu'au quai Voltaire. Est-ce pour cette seule raison qu'il veut se suicider ?

Attiré par les lumières d'une boutique d'antiquité, il y entre et c'est bien autre chose qu'il découvre en franchissant la porte, c'est l'antre d' un cabinet de curiosités, un labyrinthe envoûtant peuplé d'objets rares, d'oeuvres qui s'agitent sous ses yeux, vestiges de civilisations passées, disparues peut-être à jamais, ce n'est peut-être pas encore les entrailles de l'Enfer mais presque...

Il découvre alors un morceau de cuir avec un texte en sanscrit : « Si tu me possèdes, tu possèderas tout. Mais ta vie m'appartiendra, Dieu l'a voulu ainsi. - Désire, et tes désirs seront accomplis. Mais règle tes souhaits sur ta vie. Elle est là. A chaque vouloir je décroîtrai comme tes jours. Me veux-tu? Prends. Dieu t'exaucera. »

La magie, - il n'y a pas d'autres mots, s'invite dans ce lieu insolite et c'est sans doute pour moi l'un des plus beaux passages du roman, celui qui m'a emporté, celui qui hameçonne aussi la rencontre étrange du jeune homme avec ce fameux talisman qui va désormais bousculer et bouleverser son existence, décider de son sort. Celui qui scelle son destin à jamais...

J'ai été emporté par cette atmosphère fantastique digne de la rencontre du Faust de Goethe avec Méphistophélès, là où la lumière joue avec les ténèbres, là où ses pas sont aimantés par cette peau de chagrin dont la singularité l'attire, là où ce vieillard marchand s'apprête à lui proposer un pacte diabolique qui va décider de son destin à l'aide de ce talisman censé le préserver du malheur.

« Votre suicide n'est que retardé ». Après tout, quelques instants plus tôt, Raphaël de Valentin n'était-il pas prêt à vouloir mourir... ? Alors, mourir tout de suite, mourir plus tard... Quel risque, au fond ?

Détachée du mur, remise dans les mains de Raphaël de Valentin, la peau de chagrin est déjà de l'autre côté du versant, dans la vie du jeune homme, ou du moins, ce qu'il en reste à cet instant-là.

Le vieillard lui souhaite alors de tomber amoureux d'une jeune danseuse et aussitôt la peau de chagrin s'amenuise. Son sort à venir est déjà écrit...

Jusqu'au bout, le mystérieux talisman sera le symbole de la passion ardente du pouvoir et du désir qui dévore les chairs ; mes rêves éveillés de lecteur m'ont accompagné dans ce dédale de lumières et de ténèbres.

L'intrigue est avant tout fantastique, le surnaturel déborde la réalité, mais j'ai senti que Balzac s'essayait déjà ici dans ce dessein réaliste de peindre la grande fresque sociale qui le fera boire du café jour et nuit, sans répit.

Ici, c'est déjà aussi une manière pour l'écrivain d'esquisser avec cynisme les ambitions, les illusions, les faux-semblants de la société, cette comédie humaine qui lui est déjà si chère.

Le jeune homme décide alors d'arrêter ses études pour entrer dans une vie de débauche.

Le roi Louis-Philippe vient d'arriver au pouvoir. Dans cette société en pleine mutation, c'est un roman historique, forcément, un basculement entre l'ancien et le nouveau monde.

C'est un monde qui s'effondre et de ses gravats surgit une tentative de renaissance. Balzac fait la satire d'un univers qui paradoxalement le fascine en même temps. La débauche décrite tient lieu de la dénonciation de ce monde.

Et les femmes de ce roman, me demanderez-vous ? Hé bien je vais vous répondre....

Les personnages féminins de ce roman sont tantôt des femmes sans coeur, tantôt des femmes légères aux destins tragiques, tantôt des femmes innocentes et un peu sottes. Est-ce là le regard porté par un Balzac encore jeune sur le genre féminin ?

Ainsi la comtesse Foedora incarne à la fois le désir inassouvi de la femme toujours fuyante mais aussi cette société que dénonce Balzac, dominée par l'ambition et l'argent.

Et l'amour ? me demanderez-vous. L'amour ? Vous en avez de ces questions... Il ressemble ici à l'expression d'un souhait irréaliste. C'est peut-être le personnage de Pauline qui sauve ici le sentiment amoureux, malgré sa personnalité un peu simplette à mon goût. Mais sa sincérité est touchante.

C'est peut-être le passage du roman que j'ai trouvé le plus émouvant, lorsque Raphaël émet le voeu d'être aimé d'elle, jetant alors un regard anxieux vers la peau de chagrin, il s'aperçoit que celle-ci ne rétrécit pas : l'amour de Pauline était bien réel...

Jusqu'à quel point cette peau de chagrin exauce-t-elle des voeux qui pourraient par ailleurs pu se réaliser sans y avoir recours ?

Plus tard, la scène qui convie des médecins pour tenter par tous les moyens de freiner le rétrécissement inexorable de la peau de chagrin est digne d'une comédie de Molière.

Balzac apparaît dans ce roman en très fin portraitiste d'une société, de ces personnages et forcément de lui-même aussi se reflétant dans ce miroir vertigineux qui lui renvoie l'image d'un certain Raphaël de Valentin. J'aime Balzac dans ces instants-là, bien plus inspirant selon moi que dans ses bavardages et digressions philosophiques interminables...

Pourtant la portée philosophique de ce texte n'est pas dénuée d'intérêt. La peau de chagrin représenterait le dilemme de la vie humaine, le choix impossible entre la vie et la durée. Ici la dimension fantastique sert doublement le texte, un propos philosophique sur le thème du déterminisme et une satire féroce de la société de l'époque.

Et puis j'ai fini par laisser traîner à mon tour mes pas du côté du quai Voltaire, tenter de redonner souffle à mes dernières illusions perdues. La nuit s'était posée sur la Seine et ses quartiers périphériques. Je suis entré dans la boutique de l'antiquaire. Depuis le fond de la boutique surgit un vieillard éclairé d'une lampe.

« Que cherchez-vous, mon bon monsieur? » fit-il d'un air faussement affable.

- L'imagination.

- L'imagination ? Voyez-vous cela... répondit-il d'un rire un peu moqueur.

- Oui je viens de lire un roman De Balzac, La peau de chagrin et je n'arrive pas écrire un billet sur ce livre pour exprimer parfaitement mon ressenti. Je fais le voeu de trouver l'imagination, les mots qui consentiront à me laisser en paix avec ce roman.

- Un voeu ? Tiens-donc... Vous cherchez quelque chose qui pourrait faciliter votre inspiration, une sorte de talisman en quelque sorte, n'est-ce pas ? Suivez-moi, j'ai peut-être ce qu'il vous faut. »

Il m'invita à le suivre au premier étage...

« J'ai bien connu Balzac. Il fréquentait cette boutique lorsqu'il était jeune. Il n'avait pas besoin de talisman, lui, pour trouver l'imagination, il n'avait pas besoin de pactiser avec le diable... Il était le diable lui-même. »

Il se mit à rire d'un rire démoniaque. J'étais aux portes de l'Enfer. Je m'apprêtais à y entrer en le suivant dans l'escalier et je savais que si j'accédais à l'étage, mon coeur serait happé dans une nasse sans retour. J'ai eu ce vertige insoutenable, celui des pages d'un livre qui imitent brusquement le battement des ailes d'une nuée de corbeaux dans un ciel livide.

Alors je suis revenu sur mes pas, tandis que ceux du vieil antiquaire continuaient inlassablement à gravir les marches vers l'autre côté de la nuit.

Dans la rue éprise par l'effervescence du soir, je me suis souvenu de cette phrase du livre :

« Tout ce qui n'était n'est plu, tout ce qui sera n'est pas encore. »



L'un des multiples plaisirs de cette lecture ne fut-il pas aussi de lire ce roman en compagnie d'amis de Babelio et de croiser avec jubilation nos ressentis parfois disparates mais si complémentaires... ? Un grand merci à eux !

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Le Père Goriot

C'est avec plaisir que je me suis replongée dans la lecture de père Goriot. On a lu et entendu autant sur l'amour maternel, l'amour vital qui ne ferme jamais ses portes. Mais Ici avec le pere Goriot, Balzac nous fait découvrir autrement l'amour paternel, celui qu'on pense qui ne pardonne jamais, celui là qui reste debout comme un I à l'image de l'homme, intransigeant, inflexible, incapable de sacrifice, est un amour aussi profond que le père Goriot est prêt à tout pour acheter l'amour de ses filles. Une grande réussite dans ce livre est l'exploitation des personnages, chacun vivote autour de l'autre pour atteindre ses objectifs, chacun possède un secret et chacun a sa folie et surtout l'heure de sa folie.



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La Maison du Chat-qui-pelote

La Maison du Chat qui Pelote... Comment résister à un titre aussi imaginatif que mystérieux? Que peut bien receler cette maison du Chat qui Pelote. Une seule solution: pousser la porte de l'ami Balzac et le laisser nous conter une petite histoire à sa manière.



Sous cette enseigne si accrocheuse vivent Monsieur Guillaume, maître drapier, son épouse et ses deux filles Augustine et Virginie. Quoique disposant d'un confortable revenu, le besogneux et économe maître Guillaume tient les cordons de l'escarcelle très serrés par peur du gaspillage.

Tout irait le mieux du monde sans l'arrivée dans ce petit monde clos et restreint de la bourgeoisie commerçante du vieux Paris sans la venue du jeune peintre aristocrate Théodore de Sommervieux. Celui-ci, en arrêt devant la belle Augustine à sa croisée, en tombe fou amoureux, ou tout du moins de l'image qu'il se fait d'elle.

Après tribulations et au grand désarroi de ses parents, Augustine, éprise du beau jeune homme aux si belles paroles cassant le carcan étouffant du domicile familial, l'épouse.

Mais la suite du mariage se révèle bien différent pour les deux époux, chacun découvrant l'autre. Sommervieux se détourne bien vite de sa petite femme empreinte du tenace esprit petit-bourgeois parental. Augustine, incapable de se mesurer à l'esprit de l'entourage de son époux et cruellement touchée par sa liaison avec la duchesse de Carigliano, se laisse sombrer dans un chagrin sans fond.



Dans ce court roman, Balzac dépeint les us et coutumes de deux catégories sociales que tout oppose. Plus qu'une distinction de naissance ou de fortune, on contemple ici une différence de culture, de concept de vie. Une phrase résume parfaitement cette opposition: Maître Guillaume estime que les pièces de monnaie sont plates pour pouvoir s'amasser, tandis que son gendre prodigue les estiment rondes pour pouvoir rouler.



Appartenant aux "Scènes de la Vie Privée", cette fable est un régal. J'aime l'ambiance dépeinte dans les romans du XIXème siècle. La verve De Balzac, même si son ton se fait parfois plus tragique, fourmille d'humour.

Mal aimé de l'enseignement secondaire, je n'ai réellement découvert cet immense auteur qu'après la fin du lycée. Mieux vaut tard que jamais.
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La Peau de chagrin

Enfin, je me suis attaquée à La Peau de chagrin, qui a croisé maintes fois ma route en m'envoyant des signaux - et je ne regrette pas.

J'y ai retrouvé le Balzac romantique des premiers romans, pas romantique dans le sens sentimental, mais bien dans le sens littéraire, tant l'auteur sait manier le contraste, la force des passions, aussi bien qu'il évoque la tentation de l'absolu. Mais déjà point le grand auteur, maître de l'analyse psychologique, presque inégalé, sinon par les auteurs russes, comme Tolstoï ou Dostoïevski.



Le personnage dont le roman adopte le point de vue est un jeune marquis, Raphaël de Valentin, prématurément ruiné par la maladresse de son père. Le jeune homme connaît la misère, car il a dû commencer sa vie en remboursant les dettes parentales. De quoi vous dégoûter de la vie, d'autant plus que son père était un homme sec, austère et autoritaire. Raphaël fera contre mauvaise fortune bon coeur, et vivra quelques belles années dans un galetas sordide, embelli par ses études philosophiques, et par la présence de deux belles âmes, la jeune Pauline et sa mère, ses logeuses, aux petits soins pour lui.

Pourquoi faut-il alors qu'il rencontre, par l'entremise du tentateur Rastignac (intéressant personnage que j'ai hâte de retrouver), la troublante Foedora, surnommée "la femme sans coeur", dans la partie centrale du roman ? Foedora qui le mène à sa perte, car pour lui plaire il a besoin d'argent, et pour ce faire, il est prêt à perdre son âme...



Autrefois, j'avais cette vision de Balzac répandue : passons les 40 premières pages avant d'entrer dans l'action, après ça ira mieux... - eh bien non, pas du tout en fait, je me suis sentie vite prise par la main, emmenée dans cette promenade, à travers des tableaux de la société parisienne du début du XIXe siècle, mon siècle préféré. Je me suis passionnée pour cette rencontre ésotérique avec le vieil antiquaire, pour la peau de chagrin, ou d'onagre, âne sauvage quasi mythique en Orient, laquelle peau rétrécit en fonction des voeux émis par son possesseur, processus devenu si connu qu'il a donné une expression courante : "se réduire comme une peau de chagrin". C'est dire la puissance, l'ampleur de ce roman, dont la portée, le symbolisme, débordent sur notre vie, longtemps après sa publication.



Il a eu pour moi une telle importance que, malgré mon expérience dans la vie, j'ai eu l'impression d'en apprendre beaucoup sur l'homme, sur la société des hommes ensemble, sur les choix de vie qui s'offrent à nous, ascétisme ou intempérance, dissipation, concentration ou dispersion, solitude ou sociabilité, et ces sujets cruciaux que constituent la mort, sa place dans la vie, ou plutôt la valeur que sa présence donne à la vie. Balzac nous parle encore de l'amour, de ce que nous sommes prêts à lui sacrifier, sous l'emprise d'une personne aimée à sens unique, alors que lorsqu'il est partagé, il nous enrichit encore, il rayonne sur notre vie.



C'est encore un roman-monde, un roman-système : Balzac y a de nombreux porte-paroles, qui exposent des théories aussi diverses qu'érudites (mais jamais ennuyeuses) sur la médecine, les sciences, l'histoire, l'économie politique... Il se fait aussi, à l'occasion, mais sans lourdeur, avec une profonde originalité, moraliste, nous laissant un précieux bagage pour continuer notre route. Balzac est sensible, atypique, magistral, et j'ai pris toute la mesure de ce qu'est un grand classique : à tout âge on peut le lire, le relire, en faire son miel, y trouver des leçons, des plaisirs divers, à commencer par cette langue magnifique, d'autant plus adorable qu'elle a ses défauts, mais ses défauts bien à elle, qui nous la font aimer encore davantage.



Dois-je préciser que c'est un coup de coeur ? Je ne suis pas prête de faire disparaître les romans de Balzac de mes étagères.
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Le Lys dans la vallée

Du "Lys dans la vallée", je ne gardais que le vague souvenir d'un cours de français ennuyeux au possible et je m'étais promis de redonner un jour une chance non seulement à ce roman, mais à Honoré de Balzac tout simplement. En effet, ce dernier ne compte vraiment pas parmi mes auteurs classiques de prédilection mais il faut croire que la persévérance paie un jour puisque non seulement j'ai tenu ma promesse de lire "Le lys dans la vallée" qui glorifie l'amour romantique dans la pure tradition, mais encore j'y ai pris plaisir.



Bon, soyons honnête, un plaisir qui a nécessité pour éclore une bonne dose de patience car entre les descriptions touffues et surabondantes et les états d'âme étirés à l'envi des deux protagonistes, le lecteur actuel éprouvera peut-être comme moi quelque peine à concentrer son attention et son intérêt. Mais le jeu en vaut la chandelle, comme on a coutume de dire, et c'est un très beau récit que nous livre ici Balzac.



L'amour du jeune et innocent Félix pour la belle Henriette, plus âgée que lui de plusieurs années, mariée et mère de deux enfants souffreteux, est touchant comme peut l'être l'histoire d'un amour pur... qui peine à le rester. Ainsi va le monde.



La relation à trois avec le comte, mari de Henriette, est intéressante d'un point de vue psychologique et sentimental. Enfin, j'avais redouté de davantage souffrir du style De Balzac mais je pense m'en être finalement plutôt bien sortie.



"Le lys dans la vallée" est un roman à découvrir, ne serait-ce que pour son double dénouement que j'applaudis, entre drame et pamphlet féministe !





Challenge MULTI-DÉFIS 2019

Challenge NOTRE-DAME de PARIS

Challenge XIXème siècle 2019
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Le Père Goriot

Rastignac arrive à Paris dans la pension Vauquer pour poursuivre ses études. Il va alors être frappé par le contraste qui réside à Paris : d’un coté la beauté et la richesse de l’autre la laideur et la pauvreté.

Rastignac envieux devant tant de richesse, alors que lui n’a pas un sou en poche, souhaite se faire un nom dans le cercle mondain. Il décide de se jeter à corps perdu dans sa quête. Il n’étudie plus le droit et repousse ses études à plus tard. Pourtant, c’est l’objet même de sa présence à Paris et des nombreux sacrifices consentis par sa famille.

En réalité, le vrai visage de Paris et de ses habitants est loin d’être aussi idyllique.

Le seul personnage lucide sur les vices de cette société est Vautrin.

Paris est corrompue, la vie de ses habitants se résume à paraître ce qu’ils ne sont pas et à dépenser l’argent qu’ils n’ont pas.

Certains ont le cœur pur et ne sont portés que par l’amour. D’autres se servent de « cette faiblesse » par intérêt en dépit du mal causé.

Le père Goriot en est l’exemple parfait. Il aime ses filles d’un amour inconditionnel qui le conduira à sa perte. Ses filles connaissent sa faiblesse et vont le dépouiller sans scrupule.

La naïveté de Rastignac va l’aveugler mais il finira par se rendre compte que les gens qu’il envie ne sont pas plus heureux, bien au contraire. Ils ne vivent que d’illusion, avec un masque perpétuel cachant leurs émotions et leurs sentiments. C’est un jeu de dupe ou tout n’est que faux semblant. La loyauté et l’honnêteté se font rare au profit de l’égoïsme.

Le début de ma lecture a été laborieux mais avec un peu de concentration et grâce à la beauté de l’écriture de Balzac, les descriptions ont pris vie dans ma tête. J’ai aimé voyager dans le Paris de l’époque, assister aux dîners de la pension Vauquer et aux coulisses de la vie mondaine. J’ai aimé le cynisme de Vautrin et le côté caricatural des personnages. En réalité, il n’y a rien que je n’ai pas aimé. C’est mon premier roman de l’œuvre de Balzac et ça ne sera pas le dernier.

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Splendeurs et misères des courtisanes

Splendeurs et misères des courtisanes commencent là où Les illusions perdues se terminent. Lucien de Rubempré, grâce au soutien du mystérieux abbé Carlos Herrera revient triomphalement dans la capitale française. Ce Paris qui l’avait dédaigneusement rejeté l’accepte maintenant les bras (presque) grands ouverts. Eugène de Rastignac, la comtesse de Sérisy et la duchesse de Maufrigneuse en font leur protégé. Il est même question d’un mariage avec la fille de la duchesse de Grandlieu.



Attention, spoiler !



Les magouilles de l’abbé Herrera visant à faire recouvrer sa fortune à Lucien font beaucoup parler et plusieurs commencent à douter. La mort d’Esther fait s’écrouler ce château de cartes. Il apparaît que cette courtisane se prostituait et soutirait des fortunes au baron de Nucingen pour les distribuer à son amoureux Lucien. Le jeune homme, emprisonné, est trop faible et il n’arrive pas à se défendre correctement.



Ce roman de Balzac dépasse grandement l’histoire de Lucien de Rubempré. D’ailleurs, celui-ci, disparaît avant la fin du roman. Ce sont les femmes, des courtisanes, qui, si elles n’occupent pas toujours une place de premier plan, n’en ont pas moins un rôle déterminant. D’abord, le désir de vengeance de Mme de Bargeton et de son cercle d’amies joue pour beaucoup. Toutefois, Esther symbolise la courtisane par excellence : elle réussit à merveille à exploiter la passion du baron de Nucingen. Et ce n’est pas qu’une jolie femme. Elle tente de sa racheter de son ancienne vie de prostituée, hésite à se donner à son soupirant, sa conscience la travaille. Il y a aussi la duchesse de Maufrigneuse qui intervient dans le procès de Lucien et la comtesse de Sérisy qui va jusqu’à obtenir de son mari qu’il use de toute son influence dans l’affaire. D’un autre côté, l’épouse du juge Camesot intrigue pour favoriser l’avancement de son mari. Bref, des femmes avec leur agenda qui tissent le destin des hommes qu’elles croisent…



Ceci dit, Splendeurs et misères des courtisanes est également une histoire de rédemption. Alors que Lucien sombre rapidement dans le désespoir, tout le génie de l’abbé Herrera se met en branle. Il joue de ruse et d’intelligence contre les forces de l’ordre qui le soupçonnent être nul autre que l’ancien bagnard Jacques Collin, alias Vautrin, aussi surnommé Trompe-la-mort. Il porte le roman sur ses épaules dans la dernière partie du roman. Quand son protégé commet l’irréparable, il vit un moment de profonde tristesse et d’abattement mais se reprend vite en main. Mieux, il délaisse le crime pour rejoindre la police.



Balzac a le mérite de dépeindre réalistiquement et extraordinairement bien les Paris du début du XIXe siècle. Oui, oui, les Paris. Celui des pauvres gens, des chaumières, des ruelles sombres, des prisons, etc. Mais aussi celui de l’élite, qu’on retrouve à l’opéra et dans les salons privés. J’en retrouve l’écho dans la Recherche du temps perdu, de Marcel Proust. Malheureusement, soit les lecteurs de l’époque étaient ignares, soit l’auteur aimait s’épandre en descriptions. Parfois, son côté pédagogue m’a agacé, particulièrement quand il se sent obligé d’expliquer en long et en large la justice française, le monde des forçats, etc. Quant à moi, quelques lignes auraient suffi. Cette lourdeur m’a ennuyé plus que tout. Mais bon, les personnages, intéressants, complexes, surprenants, plus grands que nature, ont compensé amplement. Bref, j’ai fixé à mon agenda des rendez-vous avec d’autres tomes de cette fresque qu’est la Comédie Humaine.
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La Peau de chagrin

L’incursion de Balzac dans la littérature fantastique est pour moi une réussite sensationnelle. L’objet magique est ici une peau de chagrin, c’est à dire une cuir d’onagre destinée à décorer un coffret, et dont le pouvoir consiste à exaucer tous les souhaits de son possesseur, mais en contrepartie, cette peau se rétracte ainsi que l’espérance de vie de son utilisateur.

Ce roman est divisé en trois parties, la première, intitulée “Le Talisman” raconte comment Raphael en vient à découvrir cet objet magique, et ne s’étend que sur quelques heures, la seconde, “La femme sans cœur”, revient sur le déroulement de sa vie avant, et la troisième, “L’agonie”, prolonge sur sa vie après.

On reste dans le fantastique romantique, à la manière du Faust de Goethe. L’artefact magique n’est ici qu’un support qui permet à Balzac de déployer toute l’étendue de son talent : l’écriture est riche et belle, un aspect constant chez lui, et les pensées sur la nature humaine, l’orgueil, l’envie, le désir... agrémentent ce roman et le rendent profond et lumineux, ainsi que quelques références éparses dans le récit, parfois subtile, parfois lyrique et même parfois drôle, comme les références à Rabelais et Molière dans la consultation avec les médecins. Le texte est écrit à la première personne, ce qui permet de nous faire savourer, entre autres, un superbe monologue d’anthologie sur la débauche. Balzac ratisse large, il nous fait découvrir quelques réflexions sur les sciences, et bien sûr, il y a toujours de grands moments sur l’amour, parfois un peu emphatiques, avec des dialogues d’amoureux d’un lyrisme parfois trop classique. Je trouve parfois les moments où Balzac décrit la passion amoureuse trop longs, trop ronflants, et c’est sans doute pour ça que j’ai moins aimé “Le lys dans la vallée”, mais ici, à part quelques longueurs dans le seconde partie, tout est bien proportionné, bien mené, avec une intrigue tragique, passionnante, romantique, qui nous interpelle sur des sujet généraux de la “comédie humaine”. C’est à ce jour mon roman de Balzac préféré (du moins si l’on considère que “Le chef d’œuvre inconnu” n’est qu’une nouvelle), c’est un auteur que je continue à redécouvrir avec délectation et émerveillement quarante ans après mes années d’études où il m’avait fait tant souffrir, et je compte bien ne pas en rester là.
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Eugénie Grandet

J'aime Eugénie Grandet. Il y a quelques temps, je vous avais écrit que j'aimais Emma Bovary. Peut-on aimer plusieurs femmes à la fois ? Oui, bien sûr, dès l'instant qu'elles s'appellent Emma Bovary , Eugénie Grandet, Louise de Rênal ou Anna Karénine... Emma Bovary est à Gustave Flaubert ce qu'Eugénie Grandet est à Honoré de Balzac. La comparaison s'arrête là et n'engage que moi. Les deux personnages ont des destins bien différents, bien que tout aussi tragiques, malmenés par les certitudes malveillantes des hommes.

En revanche, à la différence d'Emma Bovary, j'aime Eugénie Grandet, non pas par amour, mais comme si elle fut une sœur, une sœur abandonnée dans la tourmente d'une famille, d'un père tyrannique et avare. Je l'aime comme une amie. Je n'ai pas toujours aimé Eugénie Grandet. Je me souviens des bancs de l'école, d'une lecture obligée de ce livre au collège. Ce roman m'était paru très austère. En ce temps-là, Eugénie Grandet me paraissait comme une femme d'un autre temps, triste et poussiéreuse, qui venait me traumatiser jusque dans mes cahiers d'écolier. Elle n'était pas alors mon amie.

Je me souviens d'une semaine d'été dans les Alpes, il y a quelques années. Dans un camping en pleine vallée du Champsaur il y avait une petite bibliothèque proposée aux estivants et c'est à cette occasion que j'ai relu ce roman. J'en ai été totalement ébloui.

Honoré de Balzac aimait les femmes et son amour était très respectueux de celles-ci. Je pense que Balzac était un romancier féministe. Je m'avance peut-être un peu sur le sujet, mais ayant lu plusieurs livres de cet auteur, j'en suis aujourd'hui profondément convaincu. Et le livre dont je veux vous parler ici témoigne d'une profonde empathie de l'auteur pour son héroïne principale. Balzac a forcément aimé ce personnage humble et sensible, il a voulu lui donner une existence, un corps, une âme, des gestes, un rêve, quelques illusions de vie dans sa trajectoire tragique, au travers de ce roman magnifique.

Au tout début du roman, le personnage principal est le père Grandet. Un homme détestable, effroyablement avare et cruel. Cruel envers sa fille, Eugénie. D'autres personnages viennent à leur tour, cupides, entrent en scène, dans cette famille où le sujet principal tourne autour de l'argent. C'est ainsi qu'elle s'éprend de son cousin...

Le père Grandet est riche, c'est un tonnelier ayant fait sa fortune à Saumur. Sa fille Eugénie devient donc un objet de convoitise, dans le monde desaffaires de cette petite ville de province, où son père, très âgé va vraisemblablement mourir dans peu de temps. Donc, des regards se posent déjà sur le visage d'Eugénie Grandet qui ne sont pas forcément des regards d'amour, des yeux bienveillants.

Tout pourrait passer pour un sujet banal, vu et revu. Balzac construit ici un personnage féminin, sensible, solitaire, romantique, détachée de la fortune dont elle peut hériter, aspirant par-dessus tout au bonheur, le vrai bonheur d'aimer et être aimée, vivre...

Balzac est un fin peintre des sentiments. Il décrit ici la sensibilité généreuse et sans doute candide d'Eugénie Grandet, ses attentes, ses rêves, ses désirs aussi. Oui cette femme que certains pourraient considérer comme austère parce que le roman l'est d'un certain point de vue, a des désirs, des désirs amoureux, sans doute sexuels aussi. Ici c'est l'imaginaire du lecteur que je suis qui l'exprime ainsi, mais Eugénie aimait, voulait aimer et être aimée pour ce qu'elle était...

Plus loin, autour de la vie d'Eugénie Grandet, là-bas à Saumur, des hommes vont et viennent, gravitent dans l'existence de cette jeune femme. Son père est encore là qui régente tout. C'est un environnement d'une médiocrité absolue qui tourne autour d'Eugénie Grandet dans ce drame social, une manière de faire jaillir une forme de lumière dans ce fatras d'ombres et de boues. C'est cette lumière qui saisit le lecteur malgré le sujet austère et le cadre un peu sinistre dans lequel s'inscrit le récit.

C'est sans doute le huis clos dans lequel se déroule la narration, qui rend le sujet austère. Mais au-delà, ne faudrait-il pas faire venir Eugénie Grandet dans un peu plus de lumière, elle le mérite tant ?

C'est à l'issue de la seconde lecture de ce livre que j'ai compris que Balzac est un auteur digne d'un respect énorme. Ce personnage beau et tragique qu'est Eugénie Grandet mérite d'être regardé avec beaucoup d'attention et d'empathie. Pourquoi pas d'amour ?

Eugénie Grandet, c'est un rai de lumière qui pénètre le vitrail d'une chapelle gothique. C'est une page où luisent les mots qui parlent d'elle. C'est le jour qui vient s'accrocher dans les branches d'un arbre. C'est une femme à sa fenêtre...

Je m'aperçois qu'à la fin de ma chronique je ne vous ai rien dit, ou très peu, sur le sujet du livre. Mais qu'importe, je voulais simplement vous parler d'une femme que j'aime comme une sœur, ou comme une amie...

J'aime Eugénie Grandet.
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Eugénie Grandet

J'aime la manière dont Balzac nous amène tout doucement dans la province angevine par la description de maisons calmes et mélancoliques. On pénètre dans l'une d'elles et y rencontre la famille Grandet, le père légèrement tyrannique et très Harpagon qui dirige son foyer et son argent d'une main de fer. La mère, soumise et tristounette, Nanon la bonne, costaude, au service de chaque membre de la famille, forte et dévouée, et enfin, Eugénie, qui dans ce récit de sa vie, va s'éveiller d'un long sommeil pour tenter de vivre sa vie, de s'affirmer, tout en restant fraîche et innocente.



Tout ici balance entre générosité, don de soi et calculs froids et cyniques. le père sait tenir son rôle pour embobiner tout le monde, même ses proches, alors qu'Eugénie résistera ce trait d'hérédité propre aux Grandet.

La province - mais aussi les milieux parisiens - que Balzac décrit ici sont détestables au possible et seuls les plus impitoyables y ont leur part du gâteau, au détriment d'âmes faibles comme la pauvre madame Grandet. Eugénie, quant à elle, en ressort grandie et sans taches contrairement à tous les autres personnages, ce qui en fait une des grandes qualités du roman, en plus des effets stylistiques qui parsèment le roman (par exemple, la lettre de Charles (le neveu orphelin) qu'Eugénie est en train de lire devient celle qu'il est en train d'écrire, par un effet de retour dans le temps, précurseur de ce que le cinéma fera dans ses récits).



Portrait d'une époque et d'un milieu qu'on pourrait superposer à ceux d'aujourd'hui sans trop de problèmes, ce qui rend ce roman intemporel.
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Le Lys dans la vallée

Au menu de l'ogre Balzac: lui-même ou la vie amoureuse de Félix de Vandenesse. Cette histoire est fortement inspirée de ses propres jeunes années apprend-on dans la préface. Enfance et adolescence y sont définies comme essentiellement douloureuses- car le petit être est délaissé par sa mère -et cela ne présage rien de bon pour la suite.



En général je ne suis pas fan des descriptions minutieuses de certains de ses romans mais, oh surprise ici, on est dès le début happé dans le récit. Au passage, cela n'enlève rien à la qualité des phrases. Comme celle-ci:



"Quel poète nous dira les douleurs de l'enfant dont les lèvres sucent un sein amer, et dont les sourires sont réprimés par le feu dévorant d'un œil sévère?"



Phrases poétiques à souhait et lourdes de sens. Quant à l'enfance du petit Félix, comme il nous la rapporte, elle ne sera donc qu'un souvenir douloureux .



Pourtant, alors que la France est agitée par les derniers soubresauts napoléoniens, une rencontre va éclairer sa vie: la rencontre, lors d'un bal, avec Henriette de Mortsauf. Mais elle a trente ans, et lui vingt, et surtout elle est mariée, deux enfants, et n'est pas prête à céder aux élans romantiques de ce jeune homme, bien qu'elle recherche sa compagnie.



Après cette illumination dans la vie de Félix, un jeu d'approche puis de séduction s'installe. Et là je reconnais n'avoir pas bien goûté cette installation, qui dure une bonne centaine de pages, jusqu'à l'arrivée d'une tierce personne qui met un peu plus de piquant dans l'histoire.



Par contre, la fin est intense et somptueuse avec l'agonie d'un des personnages qui résonne comme la fin d'un idéal et une sanction terribles pas seulement pour celles qui ont approché Félix de Vandenesse mais aussi pour lui.





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