Horace Engdahl -
La cigarette et le néant .
Horace Engdahl vous présente son ouvrage "
La cigarette et le néant" aux éditions
Serge Safran. Traduit du suédois par Ophélie Alegre, Elisabet Brouillard, Johanna Chatellard-Schapira et al. http://www.mollat.com/livres/engdahl-horace-cigarette-neant-9791090175167.html Notes de Musique : Anitek: Blue Suede - Traffic Line
Réponse à la question, Pourquoi les écrivains américains n’ont (presque) jamais le prix Nobel ?
"Il existe bien sûr des auteurs forts dans toutes les grandes cultures, mais on ne peut pas nier le fait que l’Europe est toujours le centre du monde littéraire... pas les Etats-Unis [...]. Les auteurs américains sont trop sensibles à l’évolution de leur propre culture de masse. […] Les Etats-Unis sont trop isolés, trop insulaires. Ils ne traduisent pas assez et ne participent pas réellement au grand dialogue de la littérature. Cette ignorance est restrictive. "
L’œuvre de génie est pareille à un virus à l’état latent. Pour qu’il puisse s’activer le genre humain doit d’abord être affaibli.
L’œuvre de génie est pareille à un virus à l’état latent. Pour qu’il puisse s’activer le genre humain doit d’abord être affaibli.
" le point de départ de l'écrivain doit être celui du tenancier de bar : ne pas chercher à améliorer le genre humain ".
Les inemployables ne pourront jamais se réunir, par définition. Nous ne nous intéressons pas les uns les autres. Nous regardons avec nostalgie ceux qui sont utiles.
A propos de l'obstination : " Il existe des personnes prêtes à dépenser vingt années de leur vie à élaborer une philosophie qui prouverait que la politesse c'est de la barbarie plutôt qu'à reconnaître qu'elles ont commis la faute de n'avoir pas dit bonjour à leur voisin. "
Alors dis-toi : "Je vais bientôt partir ! Pourquoi rester là à me faire emmerder ?" Même si tu sais que tu n'as pas le choix, que tu n'oseras jamais prendre tes cliques et tes claques, cultive cette pensée ! Remémore-toi le naufragé dans le canot de sauvetage, qui déclare au bout de quatre jours sans eau sous un soleil brûlant : "Maintenant ça suffit, je rentre chez moi !", qui passe par-dessus bord et se noie, à la stupéfaction de ses camarades.
La critique littéraire ne procure pas une connaissance infaillible des œuvres, mais quelque chose d'autre, tout aussi précieux : elle éveille son lecteur et lui apprend à penser par lui-même. Elle corrige ses jugements hâtifs et péremptoires. Je peux ne pas être d'accord avec une analyse, mais elle m'oblige à réfléchir, et même lorsque je tire mes propres conclusions, je conserve une part de doute. Plus les analyses paraissent absurdes, plus elles peuvent se révéler efficaces. L'état actuel de la critique n'est peut-être pas aussi mauvais que nous avons tendance à le croire.
Si le porc pouvait dire : "je suis un porc", il ne serait plus un porc, mais un humain.
Etre déprimé et savoir exactement pourquoi, ce n'est pas grave. En fait, ce sentiment doit porter un autre nom : regret, chagrin, anxiété. La vraie déprime, elle, n'a aucun motif discernable. A-t-elle une cause, celle-ci demeure hors de portée de la raison humaine. Autrement dit, elle est sans remède rationnel. Ce qui rend la déprime si lourde à porter, c'est l'impuissance qui l'accompagne, ou plus précisément l'incapacité à accepter cette impuissance.
La déprime est diffuse, sans contour définis. Lorsqu'elle s'empare de l'âme, on dirait qu'elle y régnait déjà à l'origine des temps et y demeurera pour l'éternité.