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Critiques de Horace McCoy (130)
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Adieu la vie, adieu l'amour...

Le rêve américain, Horace McCoy, il lui rentre dans le lard, il le pulvérise, il le piétine. Il le foule si bien au pied qu’il a moins de succès avec ses personnages de romans noirs qu’un auteur qui mettrait en scène un privé ou un flic dur à cuire navigant en eaux troubles mais en bonne compagnie (féminine).

Prenons pour exemple Adieu la vie, adieu l'amour... (Kiss Tomorrow Goodbye) . Un héros viril, intelligent, qui a étudié à l’université, souffre d’un complexe de supériorité: Il vaut mieux que ses compagnons d’infortune qui purgent leur peine dans une sinistre ferme prison. Cotter se fait la malle, grâce à sa maitresse et à quelques complices, puis prend l’argent où il se trouve, en braquant.

Cotter est violent. Tout ce qu’il convoite, il s’en empare et s’acoquine avec des acolytes aussi dénués de moralité que lui. Il peut le faire, il est malin, ambitieux, et ne se fait pas pincer, c’est vrai, quoi, il vit en Amérique. C’est son droit.

Mais Cotter a des failles, de violentes crises de panique et d’angoisse qui le poussent à tuer. Rien ne semble pouvoir mettre un terme à sa violence, pas même une femme.



Au cinéma c’est James Cagney qui l’incarne dans Le Fauve en liberté, Cagney, la teigne la plus méchante de Hollywood, l’acteur qui écrase un demi pamplemousse sur le visage de la pauvre Mae Clarke  dans L’Ennemi public ou qui a l’air bon pour l’asile tant il est excellent en psychopathe dans L’Enfer est à lui.



Horace McCoy, archétype du héros américain, récipiendaire de la Croix de Guerre en août 1918, octroyée par le gouvernement français, ne nous sert pas des figures héroïques. Adieu la vie, adieu l’amour… est le récit d’une chute infernale, narrée avec beaucoup de maitrise et de réalisme. Il introduit une dimension psychiatrique dans la description de son personnage principal, et poursuit son exploration sans concession d’un pays rongé par une soif inextinguible de richesse, malgré les ravages de la Grande Dépression, une nation qui ne laisse ni place, ni espoir aux plus pauvres de ses citoyens.
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On achève bien les chevaux

Une chronique de Seb, à retrouver sur Aire(s) Libre(s).

« Il marmonna quelque chose à part lui et s’en alla. Je restais couché là, songeant au coucher du soleil, essayant de me rappeler les couleurs. Je ne parle pas du rouge, je veux dire les autres teintes. À une ou deux reprises, je crus bien me les rappeler. C’était comme un nom qu’on aurait su, mais qu’on aurait oublié, dont on se rappellerait la longueur, les lettres et le rythme, sans pouvoir assembler le tout dans l’ordre exact. »



L’histoire. Avant la seconde guerre mondiale. Deux jeunes, Gloria et Robert, triment à Hollywood de figuration en figuration. Désespérés, ils décident de participer dans un des nombreux marathons de danse qui festonnent les comtés de Californie. Le couple gagnant, celui qui restera à la fin, empochera mille dollars, une sacrée somme pour l’époque. Lorsque le roman débute, l’épreuve a débuté depuis 216 heures et il reste 83 couples en course.

Ce roman est le plus connu d’Horace McCoy, à cause de la puissance de la trame qui nécessite de l’endurance et dont le fonctionnement génère un grand suspense. Sans doute aussi que le film qu’en a tiré Sidney Pollack n’y est pas pour rien.

Horace McCoy est l’archétype de l’écrivain maudit des années de la grande dépression. Indépendant, rebelle et caustique, il a toujours moqué le discours officiel du « rêve américain » et a levé dans ses romans, le voile sur l’envers du décor, sale et glauque, corrompu et puritain. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant qu’il ait été mis au ban.



Dans ce roman noir épuré (peut-être que la traduction de monsieur Duhamel ne rend pas entièrement justice au texte d’origine, on sait qu’à l’époque, à la Série Noire, on n’hésitait pas à couper dans le vif pour des questions de format et de délais), je disais donc que dans ce roman épuré, d’aucuns diraient « à l’os », on y retrouve condensées toutes les obsessions de l’auteur.

La suite :


Lien : https://aireslibres.net/2024..
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On achève bien les chevaux

Un vrai livre coup de poing, on est vraiment sonné quand on referme ce livre. Désespoir, cynisme, des humains qui n'ont plus rien d'humain, qui poussent à l'extrême leurs limites pour s'en sortir (avoir à manger, rencontrer des sponsors ou même des gens du spectacle ). Un univers sans espoir, triste, lugubre, sans lumière (voir le soleil !) Mais qui tient en haleine tout le long de ces 210 pages.
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On achève bien les chevaux

Ce roman parle d'un concours de danse, qui était organisé dans les années 30. Il s'agit de danser le plus longtemps possible en cours sur une piste de danse. Ça peut être drôle au premier abord, mais il s'agit en réalité d'un véritable cauchemar en réalité.



Ces concours ont vraiment eu lieu et étaient prisés après la crise de 1929. Beaucoup de personnes y participaient pour gagner la timbale, le premier prix, qui dans le roman est de 1 000 petits dollars.



Donc, ce marathon consiste donc à danser, donc à bouger pendant des heures et des heures, des jours et des jours aussi. La nourriture ou la sieste est possible mais sur des temps très courts. Dormir, les participants en rêvent mais ce n'est pas possible sous peine de disqualification. Un véritable cauchemar, car certaines personnes sont mortes de fatigue, du simple fait d'avoir participé à ce concours, tout ça sous les yeux de spectateurs avides de voir ces gens-là s'effondrer un à un.



L'auteur nous amène donc dans ce concours avec 2 personnages un peu pommés, qui rêvent de se faire une place dans le monde du cinéma. Ils ne se connaissent pas au départ et vont finir par se connaître en échangeant l'un avec l'autre. On s'attache donc à eux et le marathon prend une toute autre tournure, on a envie qu'ils gagnent.



L'auteur arrive tellement à nous prendre au jeu qu'on subit nous aussi en tant que lecteur, la souffrance, et la longueur de ce marathon. On souffre donc, avec tous les détails qui ne nous sont pas épargnés. le roman est court mais malgré tout, la lecture est une épreuve, car on participe par procuration à ces souffrances.



Ce fut donc une excellente découverte car je ne connaissais pas ces marathons. Comment des gens ont pu organiser de type d'évènements, tout en sachant les drames qu'il y a eu ? C'est ignoble.


Lien : https://letempsdelalecture.w..
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On achève bien les chevaux

Je connaissais le titre, sans connaître le sujet.

Et je n'ai jamais vu le film éponyme.

Je me suis lancé avec plaisir dans cette lecture.

Ces marathons sont des fruits surprenants de la crise économique de l'époque.

Une exploitation de la misère, offerte en pâture au public, avec force justifications bienveillantes (on peut tous trouver des similitudes avec notre époque)

J'apprécie aussi le rythme, rapide, c'est le premier livre que je lis de cet auteur, je vais approfondir

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Un linceul n'a pas de poches

je ne savais pas ,en achetant le livre qu'il s'agissait d'un livre culte, témoin d'une époque ( écrit en 1939/1940 je crois) avec son contexte mondial ( nazisme ) mais surtout local américain ( relations aux noirs, aux juifs et magouilles en tous genres) ....le héros est juste parfait! le chevalier blanc voulant redresser tous les torts, naif à souhait mais tellement plein d'énergie que tout lui réussit ( ou presque) .....Interessant de voir que dans le livre ( du à l'époque) ,les noirs ne sont pas appelés noirs mais négres....et oui,.... à lire en tous cas!
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On achève bien les chevaux

Ce livre m'a déçue, j'avais surtout entendu parler du film (que je n'ai pas vu).

La construction du livre ne m'a pas plu, on comprend dès le début que le "héros" va être condamné, il n'y a aucune surprise.

Reste à comprendre le chemin qui l'a poussé à agir ainsi. On découvre ainsi la déception, le malaise des jeunes qui rêvent de faire carrière à Hollywood, le marathon de danse et son absurdité.

C'est sociologiquement intéressant, mais le style de l'auteur, les dialogues, le caractère des personnages ne m'ont pas accroché ; je n'ai ressenti aucune sympathie pour les personnages.

J'ai parcouru avec beaucoup d'intérêt plusieurs critiques qui ont su mettre en valeur ce livre.
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Un linceul n'a pas de poches

Un épatant chef d'œuvre qui mérite bien sa place dans le peloton de tête de toutes les anthologies de la littérature noire. Le combat du justicier solitaire contre la corruption et la mafia est évidemment perdu d'avance mais, comme dit Cyrano, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile! J'ai adoré ce personnage à la fois révolté, intègre, frimeur et séducteur invétéré, qui se bat avec élégance et sans répit contre les moulins à vent, au fil d'un récit mené à un train d'enfer. Quel dommage que le Belmondo d'à bout de souffle n'ait pas eu ce rôle au cinéma…
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On achève bien les chevaux

« Rien de nouveau sous le soleil », c’est à cette expression de l’Ecclésiaste que m’a fait songer le roman d’Horace McCoy paru en 1935 et porté à l’écran en 1969 par Sidney Pollack. « On achève bien les chevaux » frappe en effet par une forme de modernité étonnante, tant les thèmes abordés sont encore et toujours d’actualité : dénonciation de l’avidité sans limites d’un capitalisme dénué de scrupules, mise à nu de l’hypocrisie d’une société protestante qui défend des valeurs morales qu’elle n’a de cesse de bafouer.



Si les thèmes abordés n’ont pas pris une ride, la structure romanesque est également résolument moderne. Le roman commence en effet par la fin, c’est-à-dire le jugement pour homicide volontaire de Robert Syberten, accusé d’avoir assassiné Gloria Bettie. Le narrateur, qui est également l’accusé, nous conte dans un récit en forme de long « flash-back » les événements qui ont conduit au dénouement tragique dévoilé dès la première page. Horace McCoy insère habilement entre chaque chapitre quelques phrases révélant progressivement le verdict que la cour est en train de prononcer à l’encontre du narrateur.



Hollywood avant la seconde guerre mondiale. Robert Syberten rencontre Gloria Bettie. Tous deux sont figurants au cinéma et ont vu leurs rêves de grandeur se fracasser contre le réel. Désoeuvrés et à court de billets verts, ils s’inscrivent à un « marathon de danse » qui promet mille dollars de récompense au duo vainqueur et offre l’occasion de se faire remarquer par un producteur présent dans le public des soirées orchestrées pour l’occasion.



Cent quarante-quatre couples sont inscrits au marathon de danse qui consiste à danser pendant une heure cinquante avant de profiter d’une pause de dix minutes puis de recommencer, sous la supervision d’un maître de cérémonie, de plusieurs arbitres et d’un médecin. Pour pimenter l’affaire, les organisateurs ont choisi d’ajouter les fameux « derbys », où les couples doivent courir de concert sur une piste, tels des chevaux réincarnés dans des corps humains. L’objet de cette épreuve à la cruauté indicible est d’éliminer, soir après soir, le dernier couple arrivé.



Écrit après la grande dépression de 1929, « On achève bien les chevaux » est une fable cruelle qui met à nu l’envers du rêve américain. Noir comme l’ébène, ce classique de la littérature américaine suinte le désespoir de ses protagonistes prêts à vendre leur âme dans l’espoir de remporter les mille dollars promis au couple vainqueur. Les pauvres bougres signent ainsi un pacte faustien d’un nouveau genre, qui les conduit à échanger leur dignité contre le mince espoir d’une improbable victoire.



« - Le deuxième couple à être patronné, dit Rocky, c’est le n° 34, Pedro Ortega et Lilian Bacon. Ils sont patronnés par le Garage Speedway. Et maintenant, un petit bravo pour le garage Speedway, qui est situé au n° 1134 du boulevard Santa Monica. »



Les organisateurs ont pensé à tout et ont notamment organisé un système de sponsoring à la modernité étonnante, qui permet à un garage ou à un institut de beauté local de « patronner » un couple en lice, s’offrant ainsi, à moindre coût, une publicité percutante.



« - C’est en général ce qui se passe avec les filles des gens qui veulent réformer les autres, poursuivit Gloria. Tôt ou tard elles y passent toutes et elles ne sont pas assez dessalées pour éviter de se faire coller un gosse. Vous les chassez de chez vous avec vos maudits sermons sur la vertu et la pureté, et vous êtes trop occupées à fouiner dans les affaires des autres pour leur apprendre les choses qu’elles devraient connaître. »



C’est ainsi que Gloria, qui n’a pas sa langue dans sa poche, tance les représentantes de La Ligue des mères pour le relèvement de la moralité publique, qui se font fort de tenter d’interdire la poursuite du marathon de danse. À travers cette saillie haute en couleur, c’est toute l’hypocrisie d’une société qui prêche sans relâche une vertu sans cesse dévoyée, que dénonce Horace McCoy avec une vigueur étonnante.



« On achève bien les chevaux » est un petit bijou intemporel, qui prend la forme d’une fable aussi noire que désespérée. Horace McCoy ne se contente pas de dénoncer la soif inextinguible de profit et l’hypocrisie effrontée d’un « rêve » américain aux allures de cauchemar. Le caractère inexplicable du meurtre absurde de Gloria Bettie préfigure en effet le désespoir qui hante « L’Étranger », le chef-d’oeuvre existentialiste d’Albert Camus, qui paraîtra sept ans plus tard.



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Les rangers du ciel

On connait bien sûr Horace McCoy pour son premier roman paru en 1935 et traduit ici en 1946, « On achève bien les chevaux ». Comme beaucoup d'auteurs américains de cette époque pionnière du roman noir et du polar, il a également publié un certain nombre de fictions courtes, notamment dans la revue « Black Mask ». Dont celles qui nous intéressent dans ce beau volume.

Ce que l'on sait moins, c'est que McCoy a été dans l'aviation de chasse durant la Première Guerre mondiale. Cette période de sa vie est une partie du matériau de départ de ces pages.



Le premier texte, paru en 1929, est l'occasion de rencontrer Jerry Frost, capitaine des Air Rangers texans, ex-aviateur dans le ciel français de la première guerre au sein de l'escadrille La Fayette, puis présent sur d'autres ciels de guerre. Il se retrouve sur un aérodrome à enquêter au sujet de deux affaires de braquages spectaculaires. À cette enquête se mêlent ses souvenirs : une brusque possibilité de vengeance poind au même moment. D'intuitions en rebondissements, de cascades en rafales de mitrailleuse, les criminels se retrouvent menottes au poignet, dans le meilleur des cas, le tout en une quarantaine de pages.

Dès la deuxième, s'ajoutent Les Fils de l'Enfer, quatre pilotes (américains, anglais et allemand) vétérans eux aussi, cascadeurs pour Hollywood. Ils s'engagent dans la Patrouille du Sud des Air Rangers de Jerry Frost afin de surveiller la frontière avec le Mexique et pour combattre le puissant et tentaculaire gang des avions noirs qui sévit de chaque côté du Rio Grande.

Dans ces histoires, pas de poursuites en bagnoles en plein Chicago ou de duels de cowboys dans une ville désertée, mais plutôt des loopings, des descentes en piquées, de véritables chasses dans le grand ciel texan. McCoy sait y faire pour rendre vivants, concrets, ces combats aériens, jusqu'à nous donner le vertige ou nous effrayer quand la toile des ailes se déchire, quand les mitrailleuses crépitent de tous côtés. Quelques incontournables de l'Ouest américain ne manquent pas à l'appel : attaque de train, braquage de poste, trafic de bétail, etc.



Plus on avance, plus l'ambiance générale s'assombrit, comme dans cette quatrième histoire, « Le petit carnet noir », dans laquelle Frost et sa troupe font le coup de poing et de flingue avec la pègre de Jamestown et des flics locaux bien corrompus. Histoire qui démarre par une bagarre dans un boîte de nuit pour se terminer par un atterrissage forcé en hydravions.



La cinquième histoire, « Frost chevauche seul », marque un pas dans l'évolution du livre. D'une part Frost est mis à mal et se retrouve dans une posture fâcheuse, et d'autre part apparaissent les premières femmes des « Rangers du ciel ». Dont une certaine Helen Stevens, journaliste, qui disparaît alors qu'elle se trouve avec Frost dans un bistrot mexicain. Cette aventure fait basculer dans le polar ces histoires qui pour le moment relataient surtout les exploits des Fils de l'Enfer et de Jerry Frost. Les héros au grand coeur descendent subitement de leur piédestal et le récit prend une épaisseur jusqu'alors inédite, au plus grand bonheur de ma lecture.



Le style d'écriture de Horace McCoy est offensif, comme ses confrères de l'époque il laisse la psychologie des personnages au vestiaire. De l'action à fond en permanence, rythmée par des dialogues dynamiques, dans un décor planté en deux phrases et pourtant d'une précision horlogère, voilà ce qu'on lit dans cette suite de quatorze histoires d'une cinquantaine de pages, pas vraiment des nouvelles ni un roman, plutôt des feuilletons relativement longs qui s'inscrivent dans la tradition de la littérature populaire américaine publiée dans les pulps magazines.

Contrairement à ses contemporains, je pense à W.R. Burnett par exemple, H. McCoy conçoit ses personnages de façon très manichéenne. Jerry Frost et ses Fils de l'Enfer sont des héros sympathiques, très positifs, presque exemplaires, du genre qui s'arrêtent au passage clouté ou montent aux arbres pour redescendre le petit chat de mamie ; alors qu'il n'y a vraiment rien à récupérer des membres du gang des avions noirs.

On peut aussi trouver quelques incongruités à ces personnages et grincer un peu des dents. La quasi absence des femmes bien que les clichés soient bien présents, l'inexistence des Afro-américains et le mépris avec lequel sont traités les Mexicains sont typiques de l'époque. Il faut bien garder en tête que ces textes ont été publiés il y a 90 ans et qu'on y trouve toute la matière nécessaire pour construire de bonnes aventures : crime organisé et fausse monnaie, contrebande et corruption, et bien sûr assassinats, avec enquêtes, indices, arrestations et condamnations.



« Les Rangers du ciel » n'est pas un chef-d'oeuvre, et telle n'était probablement pas l'ambition de l'auteur, par contre ce volumineux recueil se révèle être une lecture bien plus que plaisante, les histoires sont solides et on s'attache rapidement à certains personnages. C'est déjà beaucoup, et comme le dit la devise The Rangers always get their man !

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On achève bien les chevaux

Je sort extrêmement mitigée de cette lecture. Texte très court, agréable à lire mais où fondamentalement il ne se passe rien. Dès le début du livre, on sait qu'un jeune femme a été assassinée par un jeune homme et l'on va suivre le déroulement des évènements du point de vue de celui-ci.

Nous sommes dans les années 30, en pleine dépression, et ce jeune couple participe à un concours de danse (il s'agit en réalité d'une course en dansant avec élimination à chaque round du dernier). Ce concours est l'occasion pour l'auteur de dénoncer la société de spectacle qu'est l'Amérique avec une surenchère de scènes choquantes (les candidats s'effondrent de fatigue, un meurtrier est arrêté parmi les candidats...) et d'évènements (organisation de mariage publique). En réponse à cela, va intervenir la société des familles bien pensantes et moralisatrice qui veut interdire ce lieu de perdition.

On est dans une allégorie de l'exploitation de la misère humaine, en mode "marche ou crève". Chacun est libre de sortir quand il le veut du système mais l'appat du gain et la misère dans laquelle ils sont plongés ne le leur permet pas. A bout de souffle, épuisés, détruit, ils vont tous s'accrocher à ce jeu sans intérêt mais qui leur laisse une petite illusion de s'en sortir.

Sur le principe c'est intéressant mais sur la forme c'est un peu plat. Heureusement que c'est court parce que je ne pense pas que je l'aurais fini sinon.



Peut-être que ce texte est plus profond qu'il n'y parait et mérite une explication de texte mais ma première impression me laisse un peu perplexe.
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Romans noirs

Nouvelle édition Gallimard de l'oeuvre de Horace McCoy sous le titre ROMANS NOIRS, collection Quarto à paraître courant avril 2023.







Horace McCoy, américain pur jus, né pauvre dans le Tennessee, à la jonction des 2 siècles qui va faire des petits boulots qui lui volent sa jeunesse. L'armée s'empare de lui plus qu'il ne s'engage. Et l'occasion fait le larron, ai-je envie de dire là !



A la faveur de la guerre, il devient un héros bien malgré lui, non là c'est la plume qui m'égare vers ce poncif, c'est bidon, c'est lui qui décide plus que le sens du vent ! Il obtient à ce titre la croix de guerre en 1918 pour fait d'armes (de l'air).



Et la suite, j'ai envie de dire qu'elle lui ressemble, commes si à un moment donné un destin classique américain venait se chevaucher à son envol personnel :

Journalisme (sportif). Il touche sa bille ! Il écrit des nouvelles ! Hémingway, ça lui parle !.. Et il va se heurter de plein fouet à le grande Dépression de 1929 ! Et là, de nouveau des petits boulots : il faut bien vivre ! Il caresse la queue du cinéma à Hollywwood en interprétant des petits rôles, comme si il n'avait pas encore fait ça ! Il devient scénariste, j'ai encore envie de dire : encore un classique pour un américain dans la plus pure orthodoxie !..



Eh puis là en 1935, en lettres d'or, il signe ON ACHEVE BIEN LES CHEVAUX, son heure de gloire est arrivée, elle sera planétaire !



Mais attention, Horace McCoy auteur de romans noirs -on se demande d'ailleurs comment pourrait-il en être autrement thématiquement ? - est un écrivain sulfureux : le rêve américain, il l'a vu aux premières loges. C'est un artiste, un vrai, un pur qui n'a pas pour habitude de mettre de l'eau dans son vin. Alors, il se fait des amis, mais il se fait des ennemis, et en Amérique si c'est moins la fête à la maison, on ne viendra pas vous chercher ! La fin, je la laisse deviner ou à instruire pour le lecteur, sinon @Arciel va encore me dire que je ne traite ici que des passions tristes en finalité !



Vous pensez bien que ce lyrisme et ce symbolisme qui s'affichent chez Horace McCoy, ai-je besoin de dire que c'est ma tasse de thé !



Notre apprenti libraire (babeliote) me fait remarquer qu'il a vu le livre Romans noirs circuler en SP, qui aurait pu imaginer cela en début de carrière de l'écrivain qui a bu un bol de crapauds plus d'une fois au petit matin ? Mais voilà bien notre différence avec l'Amérique, sauf en politique où les has been sont recuits pour toujours. N'est-ce-pas Douglas Kennedy rompu aux moeurs américaines et européennes qui dit que tous ses romans ont pour thème le gouffre qui existe entre la mentalité américaine et européenne!



Je suis en train de lire le chainon qui me manquait au triptyque de la Vipère au poing : Cri de la chouette de Bazin. Il a attendu ses 37 ans pour écrire avec force et sûreté ce titre premier cité qui s'est vendu à 1 million 1/2 d'exemplaires. Il déclare par la même occasion qu'en France on ne pardonne pas des débuts balbutiants en littérature, les trois romans faibles inédits qu'il avait écrits précèdemment sont passés au feu par ses soins, il ajoute que probablement il se serait brûlé les ailes à les publier et que sa carrière d'écrivain en fût changée. L'Amérique n'a cure de ce genre français, si la soupe est bonne, on se moque de ce qui l'a précédé. C'est plutôt le succès qu'on achève bien en France !..
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Un linceul n'a pas de poches

Si ce linceul n'a pas de poche, Horace McCoy , lui, a rempli les siennes avec des fioles de vitriol. Faute d'éditeur aux Etats-Unis, il est publié en Angleterre en 1937 puis en France après la guerre, portant le dossard n°4 dans la mythique Série Noire.

Violente critique de la presse américaine hypocritement célébrée comme libre et indépendante, ce très bon roman noir met en scène Mike Dolan, un journaliste qualifié par son rédacteur en chef de « Don Quichotte », qui, las de voir ses articles passer à la trappe, claque la porte de la salle de rédaction pour fonder un hebdomadaire, le Cosmopolite, qui ne sera pas soumis aux diktats des annonceurs. Enfin libre, il décide de rendre publique son enquête sur des sportifs professionnels corrompus, qui avait été censurée par son précédent employeur. le succès aidant, Dolan s'attaque à un médecin qui pratique des avortements clandestins et cause la mort de ses patientes, puis aux « Croisés », un groupuscule d'extrême-droite mené par des notables qui appliquent à la ville de Colton les méthodes du KKK. Mais le journal dérange et les milieux corrompus où s'exerce le pouvoir vont le lui faire savoir.



Portrait sans concession d'une société américaine des années 30 où la liberté de penser et de dire est illusoire, Un linceul n'a pas de poches est un roman lucide dans lequel McCoy dit toute son amertume. le très entier Mike Dolan a la révolte chevillée au corps. Il nous rappelle Johnny Hill, le personnage secondaire marquant de son roman J'aurais dû rester chez nous, scénariste à Hollywood, viré de son emploi sous la pression d'un consul allemand pour avoir montré dans l'un de ses scénarios les visées d'Hitler. Décidément, McCoy, comme Hammett, aimait dénoncer les ratés du rêve américain.



Extrait:  

« Il y avait un Carlisle dans chaque ville, mais que des millions et des millions de de gens étaient trop crétins pour s'en soucier, et que c'était pareil dans le monde entier: des millions et des millions de gens prenaient Hitler pour un grand bonhomme, sans savoir (ou sans s'en inquiéter) que c'était un fou qui battait de la grosse caisse, pauvre malade délirant, conduisant un immense troupeau (ces mêmes millions de crétins) à l'abattoir, et qu'il finirait sûrement par nous y conduire tous (Hemingway avait raison de dire que dans la prochaine guerre, la T.S.F. servirait à propager une hystérie collective); songeant qu'il serait grand temps de les liquider, tous ces Carlisle et ces Hitler; oui, bien sûr, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, dans ce superbe, ce merveilleux paradis que sont les Etats-Unis d'Amérique, seul pays où la radio est libre et ne connait pas la censure, où la parole, la presse, sont libres et ne connaissent pas de censure - parfaitement, un homme a le droit de dire tout ce qui lui passe par la tête, quand ça lui chante- tu parles- essaie seulement et on te rafle ton journal.

L'espèce

de saloperie

d'enfant de putain

se dit-il, en songeant à Carlisle (mais songeant en même temps à Hitler). »
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On achève bien les chevaux

Un livre dont on ne sort guère indemne tellement d'actualité une piste de danse éclectique qui entraîne dans un ballet endiablé car fatal

aux deux protagonistes

Que leur reste-t-il en définitive que de sombrer au bout de leurs acharnements pathétiques un voyage " au bout de la nuit" qui les absorbe au point de se faire oublier

Une description livresque féroce des compromissions de la société complaisamment ici exposée avec ses travers ses excès, caractéristiques hélas de toutes les époques sans doute plus particulièrement brossée avec finesse et grande clairvoyance Ici même dans ce livre édifiant.

Un tracé littéraire enlevé avec dextérité d'une plume visionnaire.

Non sans rappeler certaines de nos actualités

Il faudrait peut-être s'attacher à penser aux finalités en résultant de l'archet du violoniste qui orchestre le bal qui est retombé à la fin de la partition .

Une oeuvre belle en ombres et lumières, étincelantes et en danger
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On achève bien les chevaux

Danser...

Danser jusqu'à l'épuisement...

Danser jusqu'au bout... Jusqu'à la mort.

Voilà l'histoire de Gloria et Robert, deux acteurs de complément, deux "figurants atmosphériques", bien en peine de décrocher un petit contrat, parce que tant qu'on est pas engagé par "Central", la boîte qui fournit les figurants...

Alors, à défaut de contrat, ils participent au marathon de danse. Un "danse avec les stars" bien avant l'heure, prémices de la future télé réalité.

L'écriture de Horace Mac Coy est concise, précise, ciselée comme Hemingway auquel il a souvent été comparé.

Quand on pense à des auteurs ayant écrit la grande dépression aux USA de 1929, le premier qui me vient est Steinbeck évidemment avec "Les raisins de la colère" mais Horace Mac Coy mérite tout autant de figurer parmi les auteurs remarquables ayant décrit cette période, chacuns à leur façon.



Que ce roman est noir, magnifiquement noir.
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On achève bien les chevaux

Livre lu sur la vive recommandation de la Booktubeuse Lemon June qui en fait une critique édifiante.

Dans cette lecture je découvre qu’il a existé des marathons de danse aux USA dans les années 30, qui s’apparentent à des jeux de télé réalité de notre époque, dans lesquels les candidats s’exhibent, s’humilient et s’infligent des tortures dans le but d’empocher quelques centaines de dollars. C’est affligeant!

Roman sombre et rythmé sur les pas de danse des participants, entourés de leurs sponsors et d’un public voyeur, avide de sensations malaisantes, sans recul devant un tel spectacle à la limite du scandaleux.

Lecture courte. A découvrir malgré sa traduction approximative.
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On achève bien les chevaux

Tout commence par l'accusation de Robert Syberten pour le meurtre de Gloria tuée avec un révolver et, c'est l'accusé qui raconte les faits.

En effet, Gloria et lui sont des figurants paumés qui pour gagner la prime de 1000 dollars se sont engagés dans un marathon de danse. Robert veut devenir metteur en scène et Gloria faire éventuellement du cinéma, mais Hollywood avant la seconde guerre n'offre pas d'avenir aux jeunes et, ils sont prêts à toutes les humiliations, à tous les compromis pour survivre....

Ce marathon est dirigé par Rocky Gravo, organisé par Socks et arbitré par Rollo Peters : il faut danser de façon continue pendant des heures en couple avec seulement une pause de 10 minutes toutes les 2 heures, pendant laquelle ils devront rapidement se nourrir de sandwichs , se laver, changer de vêtements et éventuellement se faire masser et soigner par une équipe médicale. Ils vont être régulièrement sélectionnés par des éliminatoires très stricts. Le but des organisateurs est d'attirer des sponsors, des visiteurs en proposant des boissons, des victuailles et, en même temps de faire venir des personnalités et, pour ce faire : ils organisent aussi des mariages " bidons". C'est le règne d'une sorte de téléréalité avec des couples qui sont obligés de donner le maximum de leurs forces jusqu'à épuisement total !

Il y a 2 dames de La Ligue des Mères qui viennent pour faire arrêter ce " cirque "qu'elles trouvent "dégradant et vil ", et empêcher Ruby qui est enceinte de poursuivre ces derbys épuisants ! Mais, le conseil municipal y trouve son intérêt financier comme les organisateurs, et Gloria, épuisée va finir par demander à son partenaire Robert " de l'aider à descendre de ce manège " en la tuant !

Un roman noir, porté à l'écran en 1969 par Sydney Pollack avec Jane Fonda dans le rôle de Gloria. Horace McCoy y fait le procès de l'envers du décor du Rêve Américain avec le mercantilisme, la cupidité, le voyeurisme et les conditions de travail inhumaines de ces danseurs qui, dans une cadence infernale virevoltent jusqu'à la mort ! C'est une fresque sociale des années 1930 et pas du tout un roman policier !

L.C thématique d'octobre 2022 : un VERBE dans le titre.
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Un linceul n'a pas de poches

Après avoir lu pas mal d'autobiographie, je reviens à mes seconds amours, les romans noirs. Et quel roman. Quand dire la vérité devient plus important que tout pour le journaliste Mike Dolan, il plaque tout pour imprimer son propre journal. Mais dire la vérité, et seulement la vérité, n'est il pas dangereux. La fin en était inéluctable.
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Les rangers du ciel

En avant pour l'aventure dans le plus pur style hollywoodien avec ce recueil d'histoires à dévorer en une fois ou à picorer selon votre humeur. Le héros a la mâchoire carrée, le regard franc. Il est droit dans ses bottes. Un pur et dur prêt à en découdre avec tous les brigands qui oseront passer la frontière du Mexique pour venir faire leurs sales affaires dans son Texas adoré.

Une lecture légère pour un été sans prise de tête.



#LesRangersDuCiel #HoraceMcCoy #SérieNoire #Gallimard #lecture #livres #chroniques #Aventure #Avions #Texas



Le quatrième de couverture :



Des as de l'aviation entrés au service de contrebandiers, voilà ce que paraît être la Patrouille Noire. Jerry Frost, capitaine des rangers chargés de surveiller le ciel au-dessus de la frontière entre le Mexique et les États-Unis, a déjà une dent contre ces renégats quand il découvre le cadet de son escadrille mitraillé et le pilote parti à sa recherche tué d'une balle dans la tempe.



La Patrouille Noire veut la bagarre ? Elle l'aura, avec des adversaires à sa taille, car Frost recrute les Filleuls du diable, ses camarades pilotes de chasse du temps de la guerre...
Lien : http://lesbouquinsdesylvie.fr
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Les rangers du ciel

L'auteur d'« On achève bien les chevaux » a écrit, entre 1929 et 1934, un étonnant feuilleton aérien, aujourd'hui traduit en intégralité.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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"Sous le Pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu'il m'en souvienne La joie venait toujours après la peine..." Qui a écrit ce poème?

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