La castration, c'est ce qui se produit chaque fois qu'on met des mots sur un vécu.
Comme c'est difficile, n'est-ce pas, de faire confiance? C'est un peu comme un saut dans le vide. Eh bien voilà, vous y êtes, à la lisière du narcissisme. D'un côté le moi, qui sait tout, comprend tout, contrôle tout. Et de l'autre, le vide, l'angoisse, l'inconnu - rien, peut-être. Une question de vie ou de mort, ni plus ni moins. Mais c'est un effet de miroir. La mort n'est peut-être pas du côté que l'on croit.
Ce dont on ne parle pas révèle le sens de ce qu'on dit.
Le moi comprend toujours trop vite.
Tant qu'on pense que c'est interdit, on oublie que c'est indicible : voilà le but de la manoeuvre. Comme ça, si on n'en parle pas, ce n'est plus faute d'en trouver les mots: c'est parce qu'il ne "faut" pas en parler. L'absence des mots s'est transformée, comme par magie, en interdit de dire. Et croyez-moi si vous voulez, c'est beaucoup plus rassurant.