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Critiques de Ingrid Chabbert (859)
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Soixante printemps en hiver

Alors que la neige recouvre le paysage, devant les yeux ébahis de sa famille, Josy se barre de chez elle, le jour de son anniversaire, refusant de souffler les soixante bougies du gâteau préparé à son intention. Elle déclare « je pars » ! Sa décision prise, sa valise prête, elle prend aussitôt le volant de son vieux van Volkswagen. Elle se pose sur une aire de camping-car où est déjà stationnée une caravane d'où sort une jeune femme, Camélia, un bébé dans les bras. Celle-ci est partie de chez elle « quand j'ai su qu'il allait voir ailleurs j'ai pris mes cliques et mes claques… et mon gamin ».

Pour ce qui est de Josy, on comprend peu à peu, qu'un mal-être l'a envahie, qu'elle a besoin de renouveau, sa vie étant devenue fade. Ce sont son mari certes, pas violent, mais quasi inexistant, l'amour devenu tendresse avec l'usure du temps, après 35 ans de mariage, ses deux enfants qui, devenus adultes ont bien changé, son fils devenu égoïste et sa fille ne se souciant que de ce que pensent les autres, qui l'ont amenée à s'affranchir des contraintes familiales et à ce désir de renaissance avant qu'il ne soit trop tard.

Pour retrouver cette liberté, elle va essayer de se défaire de tous ces liens et ce ne sera pas chose aisée avec les appels incessants et culpabilisants de ses enfants qui l'aiment mais ne font rien pour tenter de la comprendre. de plus, il lui est difficile de discuter car il ne fait pas bon être dans la peau de celle qui part la première.

De quoi donner, peut-être, en lisant ce récit émouvant et moderne, l'envie à certaines de franchir le pas et de partir sur les traces de cette Josy si touchante et attachante…

Sur les conseils de Camélia, elle va assister à une réunion du CVL, Club de Vilaines libérées et va redécouvrir l'amour auprès d'une autre femme, mais difficile de s'extraire du regard des autres.

Outre le tabou du changement de vie, c'est aussi celui du changement d'orientation sexuelle qui sont abordés dans ce magnifique album oneshot et que la scénariste Ingrid Chabbert transcrit si bien, avec pudeur, sensibilité et tendresse, n'hésitant pas à laisser certaines vignettes vides, quand les dessins se suffisent à eux-mêmes.

Ce désir de liberté, d'être soi qui peut toucher tout un chacun à une époque de la vie, Aimée de Jongh l'a particulièrement bien exprimé et mis en valeur avec des dessins très sobres où les traits des personnages sont particulièrement expressifs et révélateurs de leur état mental et de leur ressenti.

Ses dessins sont sublimés par des tons d'aquarelle qui réussissent à créer des ambiances magnifiques et à restituer les émotions dans un univers très intimiste.

Soixante printemps en hiver : superbe collaboration de deux talents !

Je dois dire que, simplement en découvrant la belle couverture de ce roman graphique et en le feuilletant, j'étais déjà en partie conquise. Sa lecture n'a fait que confirmer mon intuition.

Un grand merci à Babelio et à Aire libre !




Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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En attendant Bojangles (BD)

Dans le salon, le vinyle tourne sur la platine à l'instar de Georges et de sa femme. Quelques pas de danse sur Mister Bojangles. Mademoiselle Superfétatoire, ce grand oiseau exotique, elle, a beau taper avec son bec sur la porte de sa chambre, le petit garçon peine à se réveiller. Pourtant, il est bien tard en cette matinée et il va encore être en retard pour l'école. Il faut dire qu'avec la musique, Georges n'a pas entendu le jour se lever. Même si sa femme réclame une autre danse, il faut emmener son fils à l'école. Comme d'habitude, ils se font enguirlander par le directeur qui n'apprécie guère tous ces retards et encore moins la maîtresse qui lui souligne qu'il y a des règles à respecter. Mais, de celles-ci, ses parents s'en soucient peu. Tout comme le courrier qui s'amoncelle dans le couloir. Trop occupés à vivre...



Adapté du roman éponyme d'Olivier Bourdeaut, cet album a su conserver l'âme et la fausse légèreté du roman. En effet, Ingrid Chabbert nous plonge dans une ambiance baignée d'insouciance, d'excentricité, de vie, de rires et de gaieté mais aussi de mélancolie et de tristesse. Cette épouse et mère de famille, prénommée différemment chaque jour par son mari, est bipolaire et schizophrène. Une maladie que son mari, Georges, et son fils tentent de lui faire oublier en voyageant, en dansant, en riant, en mettant de côté les exigences de la vie et, plus que tout, en s'aimant. Un mari à la générosité débordante et aux petits soins pour celle qui partage sa vie et un petit garçon qui, avec ses yeux d'enfant, regarde ses parents s'aimer. Carole Maurel, de par ses planches baignées de couleurs chaudes, nous plonge dans une atmosphère pleine de vie et d'amour.
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Soixante printemps en hiver

Josy, le jour de ses 60 ans, refuse de souffler ses bougies et décide de quitter la routine qui a englué son quotidien. Elle fait sa valise, monte dans son van, dans la perspective d'un changement de vie. Pendant que ses grands enfants la harcèlent sans chercher à comprendre les raisons de son départ, elle trouve d'abord du réconfort auprès de Camélia, maman d'un petit Tom de 18 mois, vivant seuls dans une caravane. Puis il y a les filles du CVL, le Club des Vilaines Libérées. C'est là qu'elle rencontrera Christine...



Je ne connaissais pas Aimée De Jongh, je connaissais en revanche Ingrid Chabbert, grâce à son roman graphique et adaptation de "En attendant Bojangles" (qui est d'ailleurs un très bel album). Elles ont créé à elles deux un très beau livre, tant par les dessins que par les émotions qu'il dégage. "Soixante printemps en hiver" est une jolie réussite.



Les graphismes, d'un réalisme éloquent, use de couleurs pastel, lisses, mélodieuses, reposantes, en adéquation avec les aspirations de Josy. Les autrices maîtrisent avec finesse les différentes expressions des visages. Les fonds et décors sont peu détaillés, mettant en avant systématiquement les protagonistes et leurs ressentis. Certaines planches sont vraiment très belles.



Quant à l'histoire, que dire à part que les personnages sont subtilement bien travaillés, (enfin) libres mais incompris et jugés pour certains, culpabilisateurs et réacs pour d'autres. Josy est extrêmement attachante, Camélia et Christine également. On passe d'une émotion à son opposé en un rien de temps. J'ai eu cette boule coincée dans la gorge autant que j'ai pu sourire. Certains passages sont même très drôles, comme celui de Paulette la poule par exemple.



Un livre tout en sensibilité, délicatesse et finesse, triste et douloureux quelquefois, mais souvent attendrissant et éclatant de sincérité, d'amour et de solidarité, empli de ces petits riens qui nous mettent en joie.



Lu dans le cadre de la masse critique privilégiée, je remercie Babelio et les éditions Dupuis pour la découverte de cette jolie pépite pleine de tendresse et de belles émotions.

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Soixante printemps en hiver

Quelle est cette petite goutte d'eau qui fait déborder le vase de l'ennui ? du ras-le-bol ? Une forme de lassitude venue avec le temps comme si plus rien ne devait arriver, surprendre, cueillir l'étonnement dans le paysage quotidien ?

Ce n'est peut-être pas une goutte d'eau puisque le geste semblait prévu d'avance, prémédité. La valise était prête déjà sur le lit de la chambre conjugale.

C'est l'anniversaire de Josy, toute la famille est réunie pour fêter ses soixante ans, son mari, ses enfants, ses petits-enfants... Ils sont tous là, chouette !

Qu'est-ce qui lui donne envie de prendre la fuite, de démarrer ce vieux combi VW qui sommeillait dans le garage ? La peur de vivre ? La peur de mourir ? Bon sang, est-ce qu'il va démarrer ?

Ce n'est peut-être pas une goutte d'eau, mais au moment de prendre place autour de la table dressée pour fêter l'anniversaire de Josy, son mari surgit la bouche en coeur, sentant la cigarette, il réparait la porte du garage, sa chemise et ses mains sont souillées et il n'a pas pris la peine de se changer, il s'assied ainsi à la table. Ce n'est pas la goutte d'eau peut-être, c'est juste le détail qui tue, l'envie pour Josy de sentir d'autres odeurs, peut-être d'autres gestes et d'autres regards aussi...

Les premières pages nous délivrent une fulgurance vers la fuite murement préparée, dans cette évasion vers la liberté d'une femme qui écoute ses désirs.

Trente-cinq ans de mariage. Un mari aimable, peut-être parfois attentionné, mais peut-être pas assez attentif...

Quelque chose s'est usé...

Les jours ordinaires sont parfois cruels, ils le sont encore peut-être plus pour une femme qui aborde la soixantaine... C'est comme un rivage terrible, terrifiant, morne, sans vie, où le sens n'existe plus. Alors, quitte à aborder un nouveau rivage, ou virage, autant pousser la barque un peu plus loin....

Cette valise qui trônait sur le lit de la chambre conjugale ressemble déjà à un rêve en partance, tandis que le mari répare la porte du garage...

D'ailleurs, au fond, quand elle s'évade de ce jour d'anniversaire, elle ne lui en veut plus d'avoir su réparer cette porte de garage qui enfin s'ouvre vers l'ailleurs...

J'ai aimé cette fuite avec comme bande-son Alain Bashung, on ne peut pas trouver une meilleure étoile pour rebondir dans le ciel.

En avant, route !

J'ai adoré ce portrait de femme au bord d'un des abîmes de sa vie, écrit et dessiné à deux voix. D'une part Ingrid Chabbert porte les mots à la fois ordinaires et émouvants, les entrelacements des personnages et d'autre part Aimée de Jongh qui pose un dessin expressif et délicat sur cette histoire, sur ces voix, sur ces mots. C'est juste pour moi une magnifique harmonie.

Josy n'est pas partie à la meilleure des saisons... Mais on ne choisit pas toujours le moment de partir.

Pour Josy, le déclic est venu à l'âge de soixante ans. Partir ce jour-là, le jour de ses soixante ans, précisément le jour de son anniversaire...

Alors c'est un roadmovie qui commence comme je les aime.

L'incompréhension est là, pour toute la famille bien évidemment, et notamment chez la fille de Josy à laquelle cette dernière dit : « Tout ce qui t'intéresse, ce n'est pas de savoir pourquoi je suis partie mais si et quand je vais rentrer à la maison. »

Partir. On ne part pas toujours pour quelqu'un. En revanche on quitte quelqu'un, un monde, le monde d'avant... Quand on part, on ne sait pas toujours vers quelle destination...

J'ai l'impression d'enfoncer des portes ouvertes, mais les mots et le dessin de ce roman graphique traduisent à merveille la subtilité de ces instants douloureux et emplis de rêves.

Partir, c'est revivre un peu. Comment revivre à soixante-ans. C'est se confronter à la dureté des premiers jours. Passé l'idée du romantisme de la femme qui fuit, il y a la réalité rude et belle qui prend le relais. Mais il y a des rencontres forcément aussi.

Dans les rencontres de Josy, il y a de multiples personnages... Des hommes, des femmes, des territoires de bonheurs insoupçonnés...

Dans les rencontres de Josy se dessinent aussi une belle sororité. Alors elle se sent bien...

Et le reste, ce sont de merveilleuses pages que j'ai eu plaisir à visiter en compagnie de Josy, comme une amie, comme une soeur.

La dernière planche qui clôt ce très beau roman graphique et imagine le début d'une autre histoire est simplement belle.

Je remercie Babelio et les éditions DUPUIS de m'avoir fait découvrir cette magnifique BD dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée.



♬ La nuit je mens

Je prends des trains à travers la plaine

La nuit je mens ♬

Je m'en lave les mains

♬ J'ai dans les bottes des montagnes de questions

Où subsiste encore ton écho

Où subsiste encore ton écho ♬



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Écumes

C'est à nouveau un cauchemar qui réveille cette jeune femme rousse brutalement : des gouttes de sang pleuvent sur elle et elle finit par se noyer dans cette mer rouge. À ses côtés, son amie la console. Il y a quelque temps, en effet, elle venait de tenter une énième fécondation artificielle. Aussi redoute-t-elle aujourd'hui d'appeler pour avoir les résultats. Mais, cette fois-ci, cela a fonctionné : elle est bien enceinte. Quelle joie après tous ces essais infructueux ! La grossesse se passe cahin-caha, des pertes de sang inexpliquées, et l'obligation de rester au repos le plus possible. L'échographie révèle le sexe de l'enfant : ce sera un garçon ! Aussitôt, les deux jeunes femmes commencent à acheter quelques vêtements. Malheureusement, une perte de sang plus importante inquiète fortement les médecins...



Deux femmes s'aiment. Aussi, quoi de plus naturel d'avoir un enfant ensemble. Malheureusement, la vie, parfois, joue des tours et l'espoir d'être maman un jour peut s'envoler. Comment faire le deuil de cet enfant qui aurait dû naître ? Comment surmonter cette épreuve ? Comment se reconstruire ? Ingrid Chabbert s'est inspirée de sa propre expérience tout en gardant une certaine distance. Par exemple, l'on ne connaît pas les prénoms des deux jeunes femmes. Elle laisse la place aux non-dits lourds de sens et aux silences et montre avec justesse et profondeur les émotions et ressentis de cette jeune femme meurtrie. Un témoignage intime et fort. Graphiquement, Carole Maurel s'adapte intelligemment à ce scénario : des planches pleines de couleurs et de vie, l'on passe au noir et blanc dans la période de deuil. Puis, peu à peu, quelques touches de couleurs apparaissent pour, finalement, revenir à la couleur. Un procédé qui illustre parfaitement les phases par lesquelles la jeune femme passe. Le trait est fin, les cadrages variés et la mise en image pudique.
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En attendant Bojangles (BD)

Il m'a fallu un peu de recul après avoir vu le film et lu la BD juste après pour pouvoir en faire une chronique. Le film est tellement époustouflant et chargé en émotions que forcément, j'ai trouvé qu'il manquait des choses dans un format roman graphique (Je n'ai pas encore lu le livre).

Une petite semaine après, je me rends compte que l'essentiel est là, que les dialogues d'Ingrid Chabbert retranscrivent bien l'univers déjanté de l'histoire créée par Olivier Bourdeaut, une histoire de folie et d'amour fou. Les illustrations de Carole Maurel un peu rétros, aux personnages très expressifs, et teintées de couleurs chaudes reflètent bien cette ambiance de gaieté, de folie, de vie et d'amour. Des couleurs plus douces rythment les moments plus tristes.

Ce roman d'une grande poésie, plein d'extravagances mais aussi d'amour, de mélancolie aussi et de tristesse est bouleversant. Et que dire de Mademoiselle Superfétatoire...

Beau et triste, triste et beau, magnifique en tout cas ! Je ne veux pas divulguer car c'est une histoire qui doit se découvrir ! Une belle réussite !
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Écumes

Elles s'aiment et souhaitent avoir un enfant ensemble. Après quelques tentatives infructueuses, celle qui va porter le bébé est enfin enceinte. La grossesse s'avère vite compliquée, le sang coule, souvent, la future maman biologique doit s'aliter et patienter : « Ne plus bouger. Retenir sa respiration. Manger. Regarder des bêtises à la TV... et son ventre pousser... entre deux flots de sang. » Elle trouve refuge dans l'écriture d'histoires pour enfants, et tient bon grâce au réconfort sans failles que lui apporte sa compagne.



Ce récit en partie autobiographique est un superbe témoignage. Le texte d'Ingrid Chabbert et le graphisme de Carole Maurel s'accordent à merveille. L'ensemble est doux et délicat comme un album pour enfants, sur un sujet infiniment triste. Ça sonne très juste, comme ces pensées, par exemple : « Si j'étais croyante, je prierais. » ou ces mots murmurés à son bébé in utero : « Tu t'accroches, d'accord ? On t'aime déjà tellement. »

On s'y retrouve, qu'on ait connu une grossesse difficile, ou qu'on se soit 'seulement' inquiétée comme toute femme enceinte.



Une belle histoire de résilience, de guérison par l'amour et l'écriture.
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Préjudice

Il est clair qu'un viol entraîne un grave préjudice chez la victime. Celle-ci est devenue malgré tout une femme équilibrée et qui n'a pas gardé de la rancœur contrairement à certaines de ses copines au village qui se sont mobilisées pour assurer la vengeance des femmes par rapport aux crétins.



J'ai bien aimé le début mais pas le final qui m'a semblé tellement peu authentique dans son aspect crédibilité. Je ne comprends pas d'ailleurs la longue incarcération de l'une des protagonistes qui va tout prendre sur elle alors que la preuve de la culpabilité n'est pas du tout établie objectivement parlant. Il faut quand même de l'ADN ou des témoignages accablants et sans compter sur les circonstances atténuantes. Bref, l'auteur n'a certainement pas fait du droit pénal.



C'est dommage car c'était assez entraînant avec ces petits détails dissimulés ici et là. Franchement, il y avait du potentiel mais c'est un ratage quand même. Il faudra faire mieux la prochaine fois pour convaincre le lecteur fan de polar. A noter qu'il manque également l'émotion qui ne passe pas vraiment.



Par ailleurs, il est vrai que le dessin a un côté enfantin qui ne correspond guère à ce genre de drame intimiste. Il y a comme une erreur de correspondance. Mais tout est une affaire de goût.



Après, il reste néanmoins la thématique intéressante du harcèlement scolaire ainsi que des femmes. Faut aimer. Cela n’a pas été mon cas.

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En attendant Bojangles (BD)

Lorsqu'un bouquin cartonne, il est de bon ton de surfer sur la vague du succès en multipliant les formats histoire de faire rentrer un peu de sousous dans la popoche de l'heureux élu, Olivier Bourdeaut pour ne pas le nommer. Oups, je viens de le faire, gros bêta va.



Pas lu le livre mais beaucoup apprécié la version imagée.



Raffinée et élégante, elle relate la vie quelque peu atypique d'un couple et de son fier rejeton. Un quotidien rythmé par la désinvolture malicieuse du père et la folie contagieuse de la mère.



L'attrait pour ce récit ne fut pas immédiat, loin s'en faut.

Puis, presque sournoisement, il s'est immiscé à force de dérision troublante et d'intrigue profondément touchante.

Malgré un final par trop expéditif et discutable, le trait délicat et un brin suranné de Carole Maurel aura facilement eu raison d'un vilain apriori de base.



Très joli moment...
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Soixante printemps en hiver

On est dans une époque où l'un des axiomes principaux est de faire de sa vie ce que l'on ressent.



Cela donne dans la vie professionnelle un phénomène comme la grande démission où une jeune ingénieure frustrée chez L’Oréal peut se reconvertir dans l'élevage de vaches dans le Lubéron.



Si on prend l'exemple de cette BD concernant la vie sentimentale, cela donne une mamie de 60 ans qui décide de mettre un terme à son mariage de 35 années et de prendre son van Volkswagen des années 70 et vivre une vie de bohème pour tenter une expérience dans l'autre bord. Après tout, pourquoi pas puisqu'il s'agit de faire ce qui nous plaît et ce que l'on ressent !



J'avoue que moi-même, j'ai un peu de mal à me faire à ce genre de principes bienveillants car on a des responsabilités vis à vis des personnes qui nous entourent et on ne peut pas faire ce qui nous chante dans toutes les hypothèses de la vie. C'est bien beau mais cela ne mène assez souvent nul part.



Certes, notre attachante héroïne Josy sera malmenée par sa famille qui la taxe d'égoïste alors qu'elle s'est gentiment sacrifiée et qu'il y a manifestement un trop plein. Evidemment qu'on ne peut que la soutenir dans cette démarche courageuse où elle reprend enfin sa vie en main pour retrouver un peu de liberté. Mais bon, cela ne sera pas sans conséquences.



Encore une fois, l'auteure De Jongh maîtrise totalement le graphisme pour nous offrir un magnifique album. Son style me plaît beaucoup avec ces grandes cases et ce souci du détail dans les décors. A noter pour une fois une absence de narration. La lecture est aisée et très fluide.



C'est une expérience de vie assez originale et par conséquent intéressant à découvrir. Bref, une belle histoire assez touchante. On passe un excellent moment de lecture.
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Soixante printemps en hiver

Alors que toute sa petite famille s'affaire au rez-de-chaussée pour préparer la table, que son fils met la touche finale à son gâteau, Josy, à l'étage, regarde ses petits-enfants jouer dans la neige puis boucle sa valise, tout en savourant une cigarette. Mais une fois le déjeuner avalé, alors que tout le monde attend qu'elle souffle sur ses bougies, elle demande aux petits d'aller dehors et annonce à son mari et ses enfants, médusés, qu'elle part. Elle prend sa petite valise, déposée dans l'entrée, les laissant sous le choc, grimpe dans le van, et démarre. Au bout de quelques kilomètres, elle se gare sur une aire de camping-car et fait aussitôt la connaissance de Camélia et de son petit Tom, qui semble squatter ici avec sa vieille caravane. Si ses enfants ne manquent pas de l'appeler, lui laissant des messages empreints d'incompréhension et la sommant de rentrer, Josy ne répond pas, certaine de son choix et de ce nouveau départ dans la vie...



Tourner le dos à sa vie et les siens, emprunter un chemin détourné et suivre ses envies, Josy a eu le « courage » de faire tout cela le jour de ses soixante ans. Comme une révélation soudaine, il lui fallait autre chose, après 35 ans de mariage et d'amour devenu tendresse, après une vie consacrée aux autres, une vie de résignation. Mais si elle veut se sentir libre, ses enfants et son mari ne voient pas du tout les choses de la même façon. Bien au contraire puisqu'ils lui mettent la pression, sans jamais chercher véritablement à savoir les raisons de ce revirement. Un revirement ponctué de rencontres inédites et bienveillantes. Avec tendresse et délicatesse, Ingrid Chabbert nous fait partager le nouveau quotidien de Josy, un personnage plutôt attachant qui a osé aller contre les conventions sociales. Si cet album se veut plaisant et original, il manque, cependant, un peu de rythme parfois quand, a contrario, tout semble aller trop vite. Et si l'auteure ne s'intéresse qu'à la vie de Josy, à aucun moment l'on est au fait de la réaction de son mari, quasiment absent. Mais cela est-il sans aucun doute voulu ainsi. Quant au changement d'orientation sexuelle, il n'apporte finalement pas grand-chose à l'histoire. Graphiquement, le travail délicat et tout en finesse d'Aimée de Jongh est, quant à lui, remarquable. Elle a magnifiquement retranscrit les émotions, tout en nous plongeant dans une ambiance à la fois hivernale et chaleureuse.



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Soixante printemps en hiver

C’est l’anniversaire de Josy, soixante ans. Ce jour-là, elle annonce à sa famille (son mari, sa fille, son gendre, ses deux petits-enfants), qu’elle la quitte et part dans son van Volkswagen. Sa famille est abasourdie et ne comprend pas du tout l’envie de liberté de Josy, qui souhaite changer sa vie devenue ennuyeuse et vivre de nouvelles expériences. ● C’est le récit d’une tardive ouverture au monde. Si le scénario est assez linéaire tout en réservant quelques surprises, les dessins sont plutôt réussis. L’ensemble est tendre et plein d’émotion. ● Je n’ai pas eu le coup de cœur pour ce roman graphique qui ne m’a pas vraiment touché, même si je reconnais ses qualités. ● Je remercie Netgalley et les éditions Delcourt de m’en avoir permis la lecture.
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En attendant Bojangles (BD)

La danse, toujours et encore la danse, Mr. Bojangles de Nina Simone, le jour la nuit, tourner, tourner toujours, le temps, quel temps, passe t-il? Ce couple si uni, lui Georges, elle dont le nom change jour après jour, l'enfant qui suit profitant de cette vie déjantée à la place d'une vie d'ennui à apprendre et puis l'oiseau exotique accompagnant la folie.

Respirer, profiter, s'amuser vivre sa vie et ses envies. Laisser ce qui fâche ou risque de fâcher dans ces enveloppes, entassées dans un coin de pièce, oubliées, inutiles. Et pourtant, la vie existe et coule et vous rattrape, forcément, indubitablement...

Alors le monde, son monde s'écroule.

Mais, oui, nous serons toujours ensembles...

Un conte, une fable, un poème, oui tout ça à la fois. Une beauté de lecture, un moment privilégié, beau, joyeux, romantique mais triste aussi.

Je n'ai pas lu le livre de Bourdeaux, je ne crois pas que je le lirai. J'ai eu tout ce que l'on peut souhaiter d'un roman : un texte bien scénarisé et des dessins qui collent impeccablement aux personnages tels que l'on peut se les imaginer.

Dessins attachants, rythmés comme la danse qui définit le roman, couleurs chaudes et aérées. Bref, comme j'aime.

La couverture plus jolie que celle du roman où l'on voit la danseuse lancer un regard énamouré à son cavalier.

Aimer à perdre la raison, aimer à n'en savoir que dire, à n'avoir que toi d'horizon...comme disait le poète.
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Soixante printemps en hiver

Pas été embarquée, j’ai trouvé ça un peu convenu en fait pour ce qui nous est présenté comme un « road movie libéré »; dans sa conception, la BD manque de ce souffle de liberté que son personnage est censée incarner.

Cette crise de la soixantaine aurait mérité plus de finesse et de profondeur. Dès le début, le choix que fait Josy d’annoncer la rupture, son départ, au moment de souffler ses bougies ne m’a pas tellement convaincue. La tête du mari, la posture du fils les mains sur la tête sont assez caricaturales, et ça ne colle pas trop avec le ton du livre. À part la voisine du parking où Josy pose son van, les personnages manquent de charme. Les dessins par contre n’en sont pas dénués, ce qui confère quand même un certain plaisir à la lecture.
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Soixante printemps en hiver

Bon sang que j'ai aimé cette histoire ! Elle a voulu le faire, elle l'a fait. Quoi ? de partir du foyer le jour de ses 60 ans. Et ce malgré le mari, les enfants, petits-enfants et la maison. Tout ça pour vivre dans un van. Enfin elle s'est donné la liberté qu'elle a toujours rêvée. Elle est plus qu'adulte et est un être libre, non ? Eh bien ses enfants, eux, étriqués dans leurs vies de couples, l'infantilisent comme une ado qui aurait fait une fugue. Dessins et couleurs font qu'on s'y arrête dessus, que les expressions de visages et gestes n'ont pas besoin de paroles. Un alliage de sensibilité, d'intelligence et de talent. Et après avoir tourné la dernière page, Josy reste avec nous comme une amie.

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Moi, Albert, détestateur de livres

Encore un livre pour faire aimer les livres !!! En général, ces ouvrages ne manquent pas d’humour, c’est une des raisons pour lesquelles je les aime particulièrement !



Dans cet album, Albert se présente : le plus grand détestateur de livres qui a eu la malchance de naître dans une famille où on lit tout le temps !

Il attrape tous les livres qu’on lui a offerts et court les cacher dans la cabane au fond du jardin. Mais un jour, il découvre un lapin en train de lire ! Comment ???? Il lui fait comprendre que c’est SON livre ! Puis il surprend le lapin à « éclater de rire » , à « verser une larme », » sursauter »… cela l’ interpelle ! Il ouvre un livre pour voir ce que ça fait et… il ne peut plus le refermer, le voilà transformé au point de faire changer le titre du livre.



Un grand et bel album au titre accrocheur, aux dessins épurés et parlants. Belle découverte !
Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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Soixante printemps en hiver

C'est une BD dont la couverture et le titre m'intriguaient depuis sa sortie.

Lorsqu'elle s'est trouvée sur mon passage, j'ai sauté sur l'occasion.

La lecture des aventures de cette femme dont l'âge est inscrit dans le titre m'ont enchantées.

Après 35 ans de vie commune, Josy, l'héroïne décide de tout quitter pour vivre libre. C'est dans son vieux van qu'elle s'en va sur les routes et décide de se poser sur un parking.

Elle va s'ouvrir à de belles rencontres, elles sont inattendues mais chaleureuses, elle rencontre aussi l'amour...

C'est une bande dessinée qui met en exergue les préjugés et les contraintes sociales qui pèsent sur les femmes en général et sur celles qui n'aspirent qu'à la liberté pour pouvoir se retrouver, choisir leur propre voie et décider de leur sentiments.

Dans cette BD les femmes et leurs décisions sont mises en valeur, c'est un livre féministe, une histoire qui sort de l'ordinaire et qui est appréciable.

La fin ainsi que certaines parties du scénario cependant m'ont laissée un peu sur ma faim, trop rapide parfois, j'aurais bien aimé savourer davantage les aventures de Josy.

Le graphisme colle bien au scénario et au thème, le fond est en dégradé de bleus, quelques planches un peu sombres. Les dessins sont assez classiques mais agréables à regarder.

Une bande dessinée que je recommande à tous et toutes.

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Larkia

Certes, la société a implosé mais ce n'est pas une raison de faire dans le n'importe quoi. Nous avons une mère qui tente d'échapper à des poursuivants armés pour le compte de l'armée afin de récupérer un bébé qui serait une arme d'une puissance redoutable. Son sourire peut vous atomiser !



Je n'ai pas aimé les nombreux flash-back avec des personnages peu reconnaissables qui achèvent le lecteur dans les méandres de sa compréhension. On voulait nous présenter une héroïne badass du style Charlize Theron dans le dernier Mad Max mais cela ne le fait pas. On est dans les clichés, dans l'absence de psychologie propre et dans la survitamine des actions à la testostérone.



Par ailleurs, ce graphisme anguleux n'est absolument pas celui que je préfère. A noter des décors assez minimaliste. Ce sont les couleurs qui prennent le pas pour créer une dynamique d'ambiance à toute cette violence.



Bref, une lecture qui ne constitue pas une bonne pioche pour moi. L'auteure fera mieux la prochaine fois. Elle a voulu s'éloigner de ses standards habituels composés d'histoires gentillettes pour la jeunesse. Mais bon, force est de constater que cela ne marche pas à tous les coups.
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Préjudice

Hélène, une jeune femme, revient sur les lieux de son adolescence, là où habite encore son père qui perd la mémoire, pour l’enterrement d’une amie de lycée. Dans sa chambre d’ado, elle retrouve son journal intime sous une lame de parquet. Elle se remémore alors un drame qui lui est arrivé et qui lui a permis de se lier avec trois autres filles. ● Difficile de dire qu’on n’a pas vraiment apprécié cet album pétri de bonnes intentions, surtout en tant qu’homme, puisqu’il dénonce des violences faites par les hommes sur les femmes. ● Pourtant, c’est le cas… Je n’ai pas vraiment aimé les dessins, non qu’ils soient laids, mais ils ne sont pas à mon goût. Les cases sont trop grandes, le dessin a un côté enfantin. ● J’ai trouvé l’intrigue simple, pour ne pas dire simpliste, malgré les nombreuses analepses. L’album se lit en même pas un quart d’heure montre en main. Je pense qu’il manque de substance. ● Je remercie Babelio et les éditions MARAbulles (Marabout) de m’avoir permis de lire cet ouvrage dans le cadre d’une opération Masse critique.
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En attendant Bojangles (BD)

Contrairement au roman dont la lecture avait d’abord été en dent de scie pour finalement m’embarquer totalement, cette adaptation en bande dessinée m’a séduit d’emblée.



Sans doute la finesse des dessins alliée au camaïeu des couleurs, un je ne sais quoi en adéquation avec ses personnages illuminées.



Enfin, cette ambiance si particulière, un peu rétro, entre loufoquerie et folie douce, une façon de tordre le coup au réel mais pour combien de temps encore ?



Laissez-vous bercer par Mr Bojangles…


Lien : https://bouquins-de-poches-e..
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