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Critiques de Irène Frain (641)
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Un crime sans importance

Un récit autobiographique poignant et éloquent. Un crime passé sous silence, dont a été victime la sœur aînée de l’auteure, Denise, une discrète septuagénaire, une «invisible ». Sa mémoire est désormais prisonnière du grippage de la machine judiciaire elle-même embourbée dans une société aux multiples dysfonctionnements. Enquête négligée, gelée, oubliée.

Les faits: en cette fin d’été 2018 dans une banlieue pavillonnaire parisienne ceinturée par les grandes enseignes, située non loin d’une « zone sensible » alors qu’elle confectionne chez elle des sachets de lavande Denise est victime d’une infraction pour vol avec agression. « Massacrée » de coups elle décède quelques semaines plus tard. Irène Frain apprend le décès de sa sœur avec qui la communication est rompue sans avoir eu connaissance de l’agression. En rupture avec sa famille elle ne se heurte pas seulement au silence de la justice mais aussi au mutisme familial. Blessée par cette indifférence « quelle que soit son origine, le silence est une agression » elle tente de mener sa propre enquête et de faire avancer le dossier car les informations parcellaires et les imprécisions n’auront jamais permis d’éclaircir le déroulement et le moment précis de l’agression encore moins de retrouver l’agresseur. L’enquête est au point mort. Sans le rapport du policier qui dirige l’enquête préliminaire pas de juge d’instruction et sans juge d’instruction pas d’accès au dossier dans cette « Kafkaïenne embrouille » comment faire avancer l’enquête? Quelle marge de manœuvre pour la partie civile ? Elle décide d’agir mais aussi d’écrire car « cette mort ne peut pas rester sans voix ». Elle réalise rapidement les limites de la justice de masse et que le temps judiciaire n’est pas le nôtre et puis « un meurtre de vieille dame faut-il vraiment qu’on s’y arrête ? ».  Irène Frain mêle dans un style fluide, sincère et prenant un fin portrait à la fois social et intime.

Lorsque « la vie bascule, le passé resurgit » aussi elle redonne vie à sa sœur et se souvient de sa fée-marraine, cette jeune fille précoce, cultivée, réservée, artiste, qui incarnait l’enfant et la femme idéale. Elle était sa lumière, son modèle. Denise, l’enfant prodige, chouchou de sa mère (alors qu’Irene se sent rejetée), au pouvoir « quasi divin » qui illuminait leur vie et a fait entrer la culture au sein de la famille. Jusqu’à ce qu’elle sombre dans la dépression et s’éloigne des siens. Hymne au pouvoir de la littérature « je dois aux livres ma victoire contre le silence » beaucoup de passages font mouche, mention spéciale pour celui pages 237 à 241 si tristement juste et bouleversant. ✨Denise✨toujours inexistante pour le « mastodonte » judiciaire mais bien vivante dans la mémoire des siens et des lecteurs.









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Un crime sans importance

Ce récit est froid car dénué d’empathie, d’amour et de chaleur humaine.



Il faudra attendre plus de soixante pages pour apprendre qui est cette femme âgée qu’on a violemment agressée un jour de septembre. Il s’agit de la sœur aînée de l’auteure. Soixante pages où le récit s’articule comme un fait divers sordide dans l’indifférence la plus totale. On ne sait qui est qui. Une femme au manteau bleu-noir, on n’en saura pas plus. Le ton est tellement étrange dans cette absence de chaleur humaine que c’en est déroutant.



J’ai davantage apprécié la seconde partie où Irène Frain va doucement expliquer le lien qui l’unissait à sa sœur. Même si toute cette partie m’a beaucoup interpelée voire choquée. L’auteure parle avec douceur et admiration de sa sœur, sa marraine-fée. Pourtant voilà douze ans que les deux sœurs ne se sont plus vues. On veut comprendre. Au-delà de ce meurtre, de ce crime sans importance, c’est ce lien qui m’intéressait le plus. Et je vais aller d’étonnement en étonnement.



Tout est assez invraisemblable dans ce récit. La réaction d’un médecin, l’attitude de l’auteure, ça m’a fait froid dans le dos. Certainement que cette histoire est beaucoup plus complexe que les 260 pages que laisse entrevoir ce récit.



Ce ton tellement froid pour accentuer ce crime sans importance traité avec un laxisme déroutant ne m’aura pas convenu.



Vu les liens entre l’auteure et la victime, quelque chose ne sonne pas juste ici. Les années dans le silence, l’indifférence manifeste, ce récit m’a gênée et embarrassée.



Je lui accorde 2,5 ⭐️ ne fut-ce que pour l’écriture soignée de l’auteure et quelques passages qui m’ont touchée.



Décidément, je pense que les récits et les autobiographies ne font pas bon ménage chez moi. Les auteurs veulent certainement s’aider via l’écriture, éviter l’apitoiement et les sentiments dégoulinants, mais souvent tous ces récits me semblent bien froids et vides d’intérêt.
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Les Hommes etc...

"Je me laisse, je fais facile

Des nuits, ça me hante

Quand de haut en bas, ça tangue

Moi, les yeux fermés, j'avance

Toute en inconscience, quand j'y pense." Facile, de Camélia Jordana.





Judith Niels est en manque... Elle a envie d'un homme! Mais, pour son héroïne, Irène Frain n'a aucun frein, ...





Lors d'une réception, l'astronome lui parle d'étoiles dans le ciel, pendant que Judith rêve de Big Bang, de fusées pénétrant des trous... noirs et de queues de comètes.





"Des yeux transparents et gris; et une bouche charnue qui promet."

"Il vient de découvrir les orteils rutilants de vernis, de Judith". Un vrai cornichon, alors qu'elle rêvait de plan cul... Et plutôt "2 fois qu'1", un cornichon qui regarde ses pieds au lieu d'admirer ses seins.





Parce que l'astronome va sauter sa voisine, Judith se met en chasse d'un mâle, ébranlée par ces 2 corps "forniquant au petit matin, à l'appui d'une vieille table bien solide."





"Alors, un petit jeune? le livreur de pizza, la fesse pétant autant le feu que son moteur... Le "Roi-des-tuyaux", un ex-plombier...?

Ou Vassili Caussard et son Polaroid ?





Judith va mesurer les hommes, à l'aune de ses envies et... C'est long, euh, je parle du livre!

"Voyeurs, voyeuses, ne ratez pas ce témoignage des horreurs de l'amour !" J.P Amette, le Point.
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Un crime sans importance

Le crime sans importance est celui d'une femme de 78 ans, solitaire, sauvagement assassinée chez elle, vraisemblablement lors d'un cambriolage. On l'apprend plus loin dans ce roman autobiographique, la victime est la soeur de la narratrice. le récit de ce meurtre a été écrit 14 mois après les faits.

De ce crime elle n'a que des fantasmes , les siens, ceux des autres qui ne disposent comme elle que de très peu de données sur les faits ou des informations déformées par les médias et réseaux sociaux ; Irène se perd alors en conjectures douloureuses sur les circonstances du crime et ressasse sans cesse les questions auxquelles elle n'a pas de réponse ; l'enquête n'ayant pas été transmise à la justice, elle ne sait presque rien de ce crime passé sous silence, « sans importance » et auquel personne d'autre qu'elle ne semble s'intéresser. La narratrice en a été informée plusieurs semaines après le meurtre, tout cela la mine. Elle est confrontée au silence de la famille aux liens distendus mais aussi aux dysfonctionnements de la justice et de la police qui se renvoient la balle dans cette affaire. Irène va se battre contre ce qu'elle appelle « le Mastodonte », cette machine lourde, lente et inerte que représente vraisemblablement le système judiciaire, elle reconnait que les individus exerçant au sein du système manquent de moyens pour le faire fonctionner comme il le devrait. Contre la police et à défaut de juge d'instruction, elle va se fabriquer un alter ego avec lequel elle va débattre dans un monologue intérieur qui va l'aider à affronter sa douleur.

Ce crime lui est insupportable, Denise n'a pas pu être assassiné « comme ça », la violence perpétrée à l'encontre de sa soeur lui évoque celle d'Orange Mécanique. Hantée par le fantôme de la victime, Les souvenirs de jeunesse affluent, la narratrice fait tout le long de la narration un portrait précis de cette soeur, c'est une manière de la faire exister, cette ainée tant aimée, qui était sa marraine, son modèle, la favorite de ses parents, mais si fragile qu'elle a dû rompre toute relation avec sa famille depuis son mariage et sa maladie. Irène ne l'a plus revue, pas plus qu'elle n'a revu ses enfants et son mari. Elle développe un fort sentiment de culpabilité.

Pour survivre, sur le conseil d'un ami, elle va écrire cette autobiographie, son combat contre les silences de sa famille et de la justice mais aussi, selon elle, contre la société de consommation qui permet que de telles violences aient lieu.

Elle se bat aussi pour que le crime de sa soeur Denise soit reconnu en tant que tel, pour qu'il ne soit pas classé sans suite, en dernier recours pour ne pas sombrer.

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Un crime sans importance

Véritable « J’accuse », ce pamphlet dénonce les failles de l’appareil judiciaire lors de l’assassinat de la sœur ainée d’Irène Frain.

Agressée à domicile, cette retraitée est laissée pour morte par son agresseur et décède des semaines plus tard à l’hôpital. La police, s’appuyant sur un rapport du médecin légiste, n’enregistre pas ce décès comme homicide afin de ne pas alourdir les statistiques sur l’insécurité.

Le crime étant considéré comme sans importance, n’est pas confié à un juge d’instruction et reste l’apanage de la police. La famille est donc privée de toute information puisqu’il n’y a pas d’instruction.

La police ne fait pas le lien avec sept autres agressions comparables survenues dans le même lotissement et ne prend aucune mesure de protection … une huitième catastrophe en découle.

Scandalisée par le laxisme et l’indifférence de la justice, Irène Frain dénonce la déliquescence induite par cette situation kafkaïenne et par l’indifférence des élus et des médias.

Ce constat est factuel, glacial, instructif et couvre un tiers de l’ouvrage.

Révoltée par cette faillite, ravagée par la mort de sa sœur, Irène Frain hurle sa peine et se lamente au fil des chapitres. Ses larmes couvrent un second tiers de l’ouvrage que j’ai trouvé bavard, infantile et parfois indécent, même si sa souffrance est évidemment respectable.

Pire, le troisième tiers, dévoile les mystères et les secrets de famille en révélant les failles psychologiques de la victime, en accusant leur mère et en dénonçant l’emprise d’une église évangélique sur sa sœur et ses enfants. N’apportant strictement rien à l’analyse de ce « crime sans importance » ces remugles nauséabondes fragilisent l’ouvrage et salissent la victime.

Quel dommage de ne pas s’être limité à un « J’accuse » de soixante pages et d’avoir sombré dans un règlement de compte familial insipide !
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Un crime sans importance

Une dame âgée de 79 ans est sauvagement assassinée avec un marteau dans son pavillon de banlieue entouré d'une zone commerciale et industrielle.

Elle confectionnait des sachets de lavande ce jour-là. Elle se promenait souvent autour de sa maison dans la seule zone verte qui restait et parlait à peine à ses voisins, juste ce qu'il fallait.

Par contre ses fils et ses petits-enfants étaient très proches d'elle. Ils faisaient tous partie de l'église évangélique et s'y rendaient chaque dimanche.

C'est d'ailleurs ainsi que son fils a été intrigué de son absence.

Selon la police, elle a été littéralement massacrée.

L'enterrement a lieu plusieurs semaines plus tard quand le corps a été restitué à la famille. Dans l'église, une dame au manteau bleu noir. C'est la soeur de la victime : Irène Frain.

La victime, c'est Denise, sa soeur aînée et sa marraine.

Quand on a lu ses précédents romans, on connaît Denise et ici, on apprend plus d'éléments sur elle.

Elle était surdouée, avait fait des études à la fac mais malheureusement faisait des crises maniaco-dépressives depuis la fac. Elle s'était mariée et avait eu deux garçons. Ses crises avaient cessé vers l'âge de 40 ans quand elle avait commencé à fréquenter l'église évangélique;

Irène ne l'avait plus revu depuis ses crises mais elle avait beaucoup compté dans son enfance. Denise avait constitué un exemple pour elle. Elle était sa marraine. On la voit sur la photo de couverture en train de serrer le bras de Denise.

Irène est soudain prise de colère devant ce silence.

Silence des enfants.

Silence de la police, de la justice. Les deux sont appelés le mastodonte par l'auteur.

Elle craint" les males morts" comme elle les nomme, la hantise de morts brutales, violentes revenant tourmenter les vivants. J'ai moins aimé ce passage sortant des limites pour moi.

Elle va voir un avocat pour faire avancer les recherches. Tout ce qu'on apprendra, c'est qu'il y a eu plusieurs agressions de ce genre dans le bourg mais l'attaquant ne sera pas identifié.

Le récit est très bien décortiqué et analysé. Irène n'hésite pas à s'impliquer. Quand elle prend de la distance, elle redevient la dame au manteau bleu noir.

J'ai apprécié la façon qu'elle a de nommer les agresseurs par "ils" et les témoins ou les curieux par "on".

Un récit de qualité, tout à fait digne d'intérêt, insécurisant parfois.





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Je te suivrai en Sibérie

Irène Frain se lance sur les traces de Pauline Geuble, née en 1800 en Lorraine.

Après avoir subi l'emprise autoritaire de sa mère, Pauline arrive à Paris avec une formation de couturière. Elle entre dans une maison de confection comme vendeuse sous le nom de Pauline Paul , plus sympa comme nom.

De caractère bien trempé , avec une passion pour l'escalade dans son enfance, attirée par la Russie depuis les passages de troupes de soldats russes dans sa ville de Saint Mihiel, Pauline décide de se faire engager dans une boutique de mode à Moscou.

À cette époque, en1820, les sympathies entre la France et la Russie étaient nombreuses ainsi que les échanges de cultures, de modes. Les Russes nantis adoraient la France.

La Pauline , très romantique va vivre un amour fou et partagé avec un aristocrate russe Ivan Annenkov.

Ivan appartient au groupe des décembristes, des complotistes contre le nouveau tsar Nicolas Ier.

Celui-ci sera condamné avec d'autres amis et devra rejoindre une prison en Sibérie, près de la Chine.

Leurs femmes iront les rejoindre, ce qui leur permettra de survivre moralement.

Pauline, cette grande amoureuse va avoir plusieurs enfants et reviendra dans la capitale.

Durant son séjour en Russie et avant de partir, elle croisera Chateaubriand, Alexandre Dumas, Dostoïevski...

Je ne connaissais pas du tout Pauline Geuble qui représente un personnage du romantisme du début 19ème siècle, qui fait connaître les habitudes russes de cette époque à travers son journal.

Irène Frain interprète le journal de Pauline un peu à la manière de Max Gallo dont on qualifiait certains de ses ouvrages de romans- histoires. Elle déclare elle-même ajouter des faits plausibles quand Pauline est restée trop évasive sur certains évènements de sa vie.

Une belle découverte.

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Les naufragés de l'île Tromelin

Au 18e siècle, en pleine nuit, l’Utile, une goélette française fait naufrage sur le plateau de corail qui borde une île minuscule et désolée au large de Madagascar : à son bord 160 esclaves noirs embarqués secrètement par un capitaine sans scrupule et à qui le naufrage à fait perdre la raison. Ce qui reste de l’équipage et des esclaves va se réfugier sur cet îlot inhospitalier et construire en quelques mois un bateau à partir des restes de l’Utile. Matelots et esclaves participent à l a construction mais la « prame » est trop petite pour pouvoir embarquer tout le monde…

Irène Frain livre ici un document historique passionnant, sobrement raconté à la façon d’un roman : dès le début le lecteur est tenu en haleine par le naufrage de l’Utile, brisé par les déferlantes qui entourent l’îlot corallien. Et malgré la maigreur des témoignages de l’époque, elle arrive à restituer une figure véritablement lumineuse en la personne du premier lieutenant Castellan qui prend le commandement de l’île, de l’équipage et des opérations.

C’est à partir des seuls témoignages de l’écrivain et du chirurgien de bord, ainsi que des recherches archéologiques menées en 2006 par Max Guerout , spécialiste en archéologie navale, qu’Irène Frain a pu mener son enquête et reconstituer cet épisode captivant et tragique de notre passé négrier ; une époque trouble et ahurissante pour nous, humains du 21e siècle, où l’homme blanc n’avait pas encore identifié l’esclave noir comme un homme, au même titre que lui.

Voici une histoire poignante qui aura au moins eu le mérite de servir la cause abolitionniste, grâce en particulier à Condorcet qui s’empara à l’époque de l’épisode pour faire avancer son combat.

Vous refermerez ce livre révolté et bouleversé.

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Un crime sans importance

Je découvre l'auteure. Simplement parce qu'elle est « Goncourable » et que chaque année je sacrifie au rituel de chercher mon lauréat personnel. Ici, c'est une autobiographie lacunaire. S'inscrivant dans la grande mode de se raconter, il y a ici une originalité : il n'y a pas de matière romanesque et c'est cette absence qui forme l'ossature de ce roman.

C'est donc bizarre, et j'ai failli abandonner au bout d'une cinquantaine de pages. Demander au lecteur d'imaginer ce qui s'est passé sans jamais le savoir soi-même est certainement original, mais pas très affriolant. J'ai poursuivi néanmoins car c'est comme parcourir la moitié du gué, on se dit que c'est bête de faire demi-tour. Heureusement d'une certaine manière car cela se décante un peu dans la deuxième partie du livre. Il y a un petit côté Annie Ernaux dans cette description d'une ascension sociale telle qu'elle a existé dans les « trente glorieuses » et la fin du vingtième siècle en général. Mais on peut regretter un manque de substance tout de même et de clarté dans ses dénonciations. Le gendarme : est-il la grosse feignasse suggérée ? La justice est-elle cette institution boursoufflée et inefficace ? La banlieue ?

Balancez sans retenue madame Frain ! (L'inverse marche aussi)

Dommage à l'heure où l'on vénère la liberté d'expression et qu'on l'érige en parangon de notre société idéale qu'elle ne se mette pas de manière plus évidente, plus affirmée, au service du peuple, des opprimés c'est à dire ici de Denise, la soeur de l'auteure. Si ce crime est ordinaire, alors il ne faut pas hésiter à hurler, à aiguiser sa plume !

A croire que plus on en parle, moins elle existe réellement !

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Un crime sans importance

J'ai entrepris d'écrire ce livre quatorze mois après le meurtre, quand le silence m'est devenu insupportable".



Le meurtre en question, c'est celui de Denise, la soeur ainée de la romancière Irène Frain, sauvagement agressée chez elle dans sa résidence d'une banlieue parisienne quelconque et qui succomba de ses blessures après plusieurs semaines passées dans le coma.



Apprenant cette agression tardivement, au moment de la mort de sa soeur, Irène Frain, jadis très proche de sa soeur, mais qui s'éloigna d'elle au fil de leurs vies respectives, décide de livrer sa propre enquête sur ce crime barbare, vu que ni la police, ni la justice, ni la presse ( à part un journaliste de la presse locale) ni la famille- notamment les deux fils de Denis, tous deux comme leur mère, membres de l'église évangeliste- ne semblent particulièrement motivés pour mettre la lumière sur cette sordide histoire.



Et la romancière reconnue du "Nabab" ou de "Secret de famille", qui a souvent utilisé un tissu autobiographique pour écrire ses récits, va évidemment utiliser l'arme écrite pour rendre compte de son enquête et de son combat contre le silence médiatique et judiciaire.



Mélangeant présent- ses rendez vous avec l'avocat qu'elle a embauché pour la partie judiciaire, ses relations très distantes avec les fils de Denise- et passé- les relations d'abord passionnelles puis distendues avec cette soeur ainée qui était à part et qui a initié Irène, de famille modeste à l'art et à la beauté mais qui est tombé dans la maladie-les troubles bipolaires- à la vingtaine, Irène Frain raconte cette histoire sans se ménager et surtout pour que sa soeur ne tombe pas dans l' oubli, horizon que l'opinion publique semble envisager pour le tragique destin de Denise ."Je dois aux livres ma victoire contre le silence. Ce sont des passeports. Ils abattent les murs, les remparts, les frontières, toutes les barrières que les humains ont inventé pour s'ignorer, se déchirer."



Le récit, d'une grande force littéraire, déroule dans un double mouvement le silence de la justice, qui traite ces gens-là comme des invisibles, et le silence familial auquel elle s'est confrontée et qui l'a poussée à devenir l'écrivain qu'elle est aujourd'hui.



En posant ses mots , vibrants d'émotion et de colère sur l'indicible, Irène Frain livre avec "Un crime sans importance" un roman qui secoue certes mais qui a également la vertu de consoler et de réparer les âmes meurtries...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La fille à histoires

Irène Frain nous raconte sa relation avec sa mère.

Elle est la troisième fille du couple arrivée à un moment où sa mère réalise que son mari ne l'a pas mariée par amour.

Il a aimé une autre femme avant elle et ignore qu'elle est au courant.

Elle connaît même son prénom.

Cette troisième fille qui naît n'est pas la bienvenue pour elle. Lorsque son mari demande quel prénom on va donner à cet enfant qui, croit-elle ne survivra pas, elle lance par défi et jalousie : "Irène" , le prénom de l'ancienne amoureuse du père.

La mère essaiera de cacher son non amour pour sa fille et essaiera d'aimer Irène mais lui témoignera toujours une grande froideur.

Elle donnera le change en cousant de jolies robes à ses filles, en assurant le quotidien de la famille qui s'agrandira jusqu'à compter cinq enfants élevés dans deux pièces avec un jardin quand même.

Les filles sont de bonnes élèves, la directrice encourage les parents afin qu'elles poursuivent des études. Des livres de la bibliothèque rentrent à la maison.

La mère est une grande créatrice d'histoires inventées à partir de petits détails de la vie quotidienne.

L'auteure nous en livre deux truculentes : celle du coq gréviste et celle du bébé à tête de grenouille.

Les pages des créations d'histoires de la mère sont mes préférées.

Irène va puiser dans ce talent maternel, son désir d'écrire, un peu pour défier sa mère qui ne lui donne pas voix au chapitre.

C'est un livre merveilleusement bien écrit, avec beaucoup de scènes colorées, dans le décor breton de Lorient.

"Une fille à histoires", signifie aussi bien une enfant difficile qui complique les choses que la fille qui écrit des histoires.

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Écrire est un roman

À l'instar de tant de ses pairs, Irène Frain s'est souvent vue interrogée à propos de supposés secrets d'écriture : en effet, tous les auteurs auraient des recettes magiques. Mythe ou réalité ? L'animation d'ateliers d'écriture, qu'elle a acceptée malgré sa réserve, l'a finalement menée à une longue réflexion sur le processus en question… et avec le recul, à l'envie de nous la faire partager. Les nombreux échanges avec ses lecteurs y ont également contribué.



Elle évoque ses souvenirs, la découverte des mots et l'évasion qu'ils permettent, et de fil en aiguille, ou plutôt d'encre en stylo, sa passion pour son métier d'écrivaine. Elle s'appuie en parallèle sur une riche bibliographie, et cite nombre d'écrivains qui, comme elles, tordent le cou à certaines idées reçues… Elle tente de préciser l'intention d'auteur : s'agit-il de laisser une trace, ou d'inventer une autre vie ? de mentir, transgresser ou révéler ? de transcender la réalité ? de changer d'espace-temps ? …



Elle nous invite dans sa "Maison-écrire"… loin des diktats… Allez-y, visitez-la, faites un crochet par la "chambre des peurs", montez jusqu'au "grenier des souvenirs-songes"… et laissez infuser vos impressions… peut-être que l'envie d'écrire vous prendra, vous aussi ! Elle s'impose parfois au détour d'un évènement, d'une rencontre, d'une parole, d'un souvenir, d'un burn-out, d'un décès, etc. Besoin de dire ou de se dire… les choix sont multiples.



Elle a également promené sa curiosité sur Internet. Les modes d'emploi et fiches techniques y pullulent, gratuits puis payants, avec la promesse d'une inspiration garantie et renouvelable à l'envi, et de personnages plus crédibles qu'en réalité… Elle en a testé quelques-uns, et vous lirez qu'elle n'est pas la seule à les remettre en cause, même si bien sûr, certaines règles de rédaction sont à connaître.



J'ai aimé son analyse fine, elle qui aborde tous les styles de récits, de l'autobiographie à l'uchronie, en passant par le récit historique et tant d'autres. J'ai apprécié ses anecdotes, sa pudeur et son honnêteté, ainsi que l'humour qui accompagne souvent ses pages. Mais écrire est une histoire si personnelle que chacun doit trouver son propre secret, non ?



De l'incipit à l'insipide, elle passe tout au crible, alors méfiez-vous de l'intelligence artificielle, et si Écrire est un roman, la lire est étonnant !



Merci à NetGalley pour l'accès à ce livre !

#Ecrireestunroman #NetGalleyFrance !



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Un crime sans importance

« Ce samedi-là, il a fait beau » et c’est ce samedi-là qu’un inconnu entre dans le pavillon et la vie tranquille d’une septuagénaire qu’il roue de coups et laisse pour morte. Sur la table, des fleurs de lavande éparses pour les sachets que la vieille dame était en train de confectionner lorsque surgit la violence. Découverte par son fils et transportée à l’hôpital, elle décèdera de ses blessures six semaines plus tard.

Irène Frain s’empare de ce fait divers sordide parce qu’il la concerne de très près : la victime, Denise, était sa sœur aînée adorée quand elle était petite, sa sœur qui a rompu les liens, a pris ses distances avec sa famille.

Irène Frain « rumine et remâche », elle « fantasme sur le meurtre », s’interroge sur les raisons et sur l’identité du meurtrier. Elle décide de se renseigner sur les avancées de l’enquête mais elle apprend que le policier en charge de l’enquête n’a pas remis son rapport au tribunal, donc aucun juge n’a été saisi de l’affaire. Elle décide de prendre un avocat et de se constituer partie civile pour connaitre les avancées de l’enquête. Mais rien ne bouge. Elle doit aussi faire face au mutisme de sa famille.

C’est lorsqu’un ami lui dit « cette mort ne peut pas rester sans voix » qu’elle décide d’écrire sur Denise, symbole de tous ces invisibles qui n’intéressent pas grand monde. Pourtant, dans cette banlieue pavillonnaire proche d’une cité sensible et coincée entre zones commerciales et rocade, d’autres personnes âgées, isolées, ont été agressées et blessées. Irène Frain pose de vraies questions sur « la justice qui réduit les gens à pas grand-chose ».

Et voilà que, sous la plume sensible et alerte d’Irène Frain, revit la Denise d’antan, cette jeune fille gaie et intelligente qui deviendra professeur. Denise, admirée de tous et qui sera aussi la marraine de cette petite sœur à l’arrivée imprévue et qui dérange la mère.

Irène Frain se livre avec pudeur au décryptage des relations familiales jusqu’à la dépression de Denise et son éloignement. Puis viendra la rupture, douloureuse, avec la sœur tant aimée.



Dans ce récit autobiographique émouvant et prenant, on suit une enquête policière où on assiste, impuissant, à la lenteur de la justice, ce « mastodonte ». Mais les plus belles pages, à mon avis, sont celles qui font revivre cette sœur perdue de vue, la fée-marraine qui a enchanté l’existence de la fillette qu’était lors Irène Frain. Des pages sur les relations familiales avec une mise à nu bouleversante et pleine de retenue.

Un récit poignant qui garde vivant le souvenir de Denise l’invisible et qui m’a profondément touchée.





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Le sel de la Bretagne

Le sel de la Bretagne est une invitation à voyager dans le temps et dans les souvenirs d’auteurs du terroir.

Quand un collectif partage ses souvenirs, ses anecdotes, ses histoires. Tout vit, s’empreint de nostalgie, d’humour, de beauté.

Jusque là, la Bretagne c’était une terre de légendes, Brocéliande, l’ankou, les druides, le Triskel. Mais aussi l’océan, ses tempêtes, ses marées ( quel mystère pour une méditerranéenne). Et ensuite, Pêcheurs d’Islande, Bécassine, la musique.

Mais le temps de cette lecture, j’ai découvert une autre bretagne, grâce à ce collectif, ce pays s’est matérialisé avec ses peintres au printemps, son millefeuille du Faou,… je ne cite pas tout. Et le fou-rire que m’a fait prendre Yann Queffélec avec Météo.

J’en ressors avec l’envie de visiter tout ces lieux, qui m’ont séduite, à travers les récits de ces auteurs

Merci Les Presses de la Cité pour ce dépaysement.

#Le sel de la Bretagne#NetGalleyFrance

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La fille à histoires

"Les mots de ma mère étaient puissants. Les uns m'ont émerveillée, ont réussi à réenchanter ma vie. D'autres furent meurtriers. Ils ne m'ont pas tuée-J'ai toujours préféré les premiers. A-t-elle mesuré ce que je lui dois ? S'est-elle un jour aperçue qu'elle était la mère de mes histoires. "(p. 249)



Un texte bouleversant, touchant où l'auteur du "Nabab" nous conte son enfance, son milieu familial, où l'écriture était taboue, où le métier d'écrivain n'était pas considéré comme réel ni sérieux !





"L'écrivain, lui, est seul. Sa parentèle, au mieux, voit en lui un être à part. Excentrique, un peu baroque, "spécial", dit-on parfois. Le plus souvent, il dérange les siens, les inquiète. C'est compréhensible. Il passe son temps à interroger des énigmes et tenter de les déchiffrer. (...)

Entre la fidélité au groupe et la liberté, l'écrivain choisira toujours la liberté. "(p.11-12)





Irène Frain nous relate le chagrin provoqué par le désamour maternel à son égard , dans une fratrie de cinq enfants... désamour qu'elle ne parvenait pas à expliquer, un père aimant, mais solitaire ...



Ses demandes enfantines pour comprendre le pourquoi des non-dits familiaux, et son besoin irrépressible d'inventer et de raconter des histoires ...pour "survivre"...

Une mère qui rejette, se ferme, et un père qui protège et défend un maximum ce "petit vilain canard", portant de plus, le prénom d'une femme que son père a passionnément aimée !



Un texte des plus intimes, absorbant, riche d' émotions qui exprime en profondeur la valeur ainsi que le pouvoir des mots, qui aident à comprendre, à grandir, à se construire...



Un écrit autobiographique puissant, à la fois quête filiale, bataille d'un enfant pour se faire aimer d'une mère "rejetante"...souvenirs d'enfance, construction d'une petite fille pleine de vie, et d'imagination, qui va s'aider des mots et des histoires , pour faire face à l'adversité et aux non-dits,

aux drames souterrains, familiaux...



"C'est ce jour-là, je pense, à l'instant où je me suis ouvertement dressée contre elle, qu'a commencé à s'écrire en moi le livre interdit.

Et sans doute ce livre-ci. A chaque mot, pourtant, comme ne ces temps lointains, je me cogne et me recogne au mur du silence.

Pas seulement celui de mes parents. Le mien, d'abord le mien, ce que j'ai peur de dire. Puis de phrase en phrase, je les apprivoise, ce silence et cette peur. Je m'aperçois que ma caméra intérieure ne fut pas aussi neutre que je l'ai cru. Et qu'il était écrit que j'écrive. "(p. 208)



Les MOTS, outil puissant de RESILIENCE !



Dans la prolongation de cette lecture troublante , si personnelle, j'éprouve la curiosité de lire deux écrits antérieurs, l'un en hommage et mémoire de son père "Sorti de rien", et le fameux livre interdit , qui dérangea la famille, "La maison de la Source". Irène Frain explique fort bien deux versants de son oeuvre: celle, fort longue où elle a été faire ces fameuses "fouilles d'urgence" afin de comprendre les racines de son besoin d'écriture, et cette opacité familiale, ce désamour maternel incompréhensible qui l'étouffèrent , la rendirent malheureuse...et l'autre versant de ses écrits, qui sont " autres " ... libéré de son histoire familiale, enfin apaisée ou du moins acceptée !!



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Les naufragés de l'île Tromelin

L'île Tromelin se situe dans l'océan indien entre Madagascar et l'île Maurice.

C'est une petite île plane qui fait à peine 1km carré et sur laquelle une station météorologique a été construite en 1954.

A l'écart de toutes les routes de navigation, elle n'est découverte qu'en 1722 par un navire de la Compagnie des Indes et baptisée "l'île des sables".

Elle est alors une île coralienne sans mémoire, battue par les vents, noyée par la mer lors des cyclones auxquels elle est particulièrement exposée.

Les maîtres de l'île sont les oiseaux, les bernard-l'ermite et les tortues qui viennent y pondre leurs oeufs.

Aucun bateau ne se risque à ses parages bien trop dangereux.

En 1761, cependant, une frégate de la Compagnie française des Indes orientales, L'Ultime, se fracasse sur ses récifs.

Partie de Bayonne avec cent-quarante-deux membres d'équipage, elle avait fait escale à l'île de France (île Maurice) pour y embarquer cent-soixante malgaches, hommes, femmes et enfants, destinés à l'esclavage..et ce, malgré l'interdiction de la traite décrétée par le gouverneur.

Les rescapés, blancs et noirs, qui ne sont pas morts noyés parviennent à rejoindre l'île et, sous les ordres du second lieutenant, Castellan, organisent leur survie en deux camps.

Dans un même temps, ils construisent un nouvelle embarcation en utilisant les matériaux récupérés de l'épave de L'Ultime.

Une embarcation qui, il le savent bien, ne pourra pas contenir tout le monde..



Je ne connaissais pas cet épisode de l'Histoire qu'Irène Frain nous relate en se basant sur des documents de l'époque et les découvertes de l'archéologue Max Guérout, spécialisé dans les naufrages.

L'auteure s'attache essentiellement à ce qui s'appuie sur les documents officiels et ne peut donc nous renseigner que sur l'attitude des autorités françaises face à l'abandon des malgaches et à l'insistance de Castellan à vouloir honorer sa promesse, celle d'aller les rechercher.

Il faudra attendre quinze ans pour que quelqu'un se décide enfin à agir.

Il n'est nulle part question de la manière dont ces pauvres gens ont organisé leur survie, ni de ce qui a provoqué le décès de la plupart d'entre eux.

Ces oubliés de l'île Tromelin hantent chaque page du livre comme il ont hanté l'esprit de Castellan.



Quelques longueurs mais un récit impressionnant.
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Écrire est un roman

Régulièrement interpellée par ses lecteurs, Irène Frain réfléchit dans ce livre sur sa pratique d'écrivaine. Face aux questions sur sa méthode de travail, ses trucs et astuces, ses rituels d'écriture ou ses sources d'inspiration, elle a rapidement réalisé qu'elle n'avait pas de conseils infaillibles ou de « secrets d'écriture » à partager, sauf peut-être celui de se reconnecter à l'imagination de notre enfance.

Pas de recette universelle donc, alors l'auteure nous raconte sa propre expérience et remonte à l'origine de son désir d'écrire, en complétant son récit de multiples anecdotes et références littéraires, et en brocardant au passage les manuels et autres blogs de « trucs et ficelles » qui, moyennant parfois l'achat de « fiches personnages », vous garantissent des héros « irrésistibles » ou « attachants ».



Voilà quelques jours à peine que j'ai terminé ce livre et, à part ce que je viens de résumer et quelques citations, il ne m'en reste presque rien. Je ne sais pas trop ce que j'en attendais, en tout cas pas une « recette » ou une révélation, je sais que ça n'existe pas. Mais, moi qui ressens souvent, confusément, le besoin ou l'envie d'écrire mais sans savoir (sur) quoi écrire, j'espérais y lire des bribes d'expérience qui m'auraient parlé, mais non. Je reste avec mon manque d'imagination sur les bras, et un manque d'inspiration qui fait que je ne saurais dire grand-chose de plus de ce livre.



En partenariat avec les Editions du Seuil via Netgalley.

#Ecrireestunroman #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Les naufragés de l'île Tromelin

Voici un livre que j’ai lu il y a quelques années et j’en ai toujours gardé un souvenir très fort.

En 1761 un navire Français s’échoue sur une île perdue dans l’océan indien. Or, outre l’équipage, il était chargé d’esclaves transportés clandestinement.

Les blancs de l’équipage vont cohabiter avec les esclaves et les convaincre de construire un radeau afin que tout le monde puisse partir.

Mais les blancs partiront seuls abandonnant les noirs à leur sort. Ceux-ci seront forcés de s’adapter à la nature terriblement hostile de ce bout de terrain aride et soumis aux vents.

Quinze années plus tard, lors d’une expédition de sauvetage menée par un des seuls rescapés ayant eu des remords, on ne retrouvera qu’une poignée d’entre-eux, en particulier des femmes.



Irène Frain après de très sérieuses recherches aussi bien dans les archives que sur le terrain, a romancé cette histoire vraie de façon très agréable et on se passionne pour l’aventure et le sort de ces personnes.

C’est un livre que je n’avais pas critiqué à l’époque, mais qui reste en bonne place dans ma bibliothèque.

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La forêt des 29

Ce que j’ai ressenti…Une sérénité spirituelle….



Si tu n’imagines rien, ta vie reste comme elle est, immobile. p197



Ce livre a été pour moi, une grande découverte, autant qu’une formidable expérience de conscience de la Nature. Déjà, ultra sensible à l’environnement, et essayant de respecter autant que possible toutes directives qui ne nuirait pas à la planète, je pense que l’Enseignement des 29 a de quoi nous faire culpabiliser. Leurs 29 principes des Bishnois sont si limpides, si logiques et tellement spirituels, que s’y confronter nous éveille à un état de conscience accrue, voire même de méditation active.



Recommençons, comme avant, à nous mettre à l’écoute du ciel, des animaux, des nuages, des arbres, des insectes, des serpents, des fleurs, des plantes. Et puisque la vie et l’eau sont les seules vérités qui tiennent, occupons nous de la vie et de l’eau. p294.



Quand on y pense, ce n’est pas si dur, de vivre en harmonie avec la Nature, ce n’est pas si dur de choisir la Vie, sauf que pour cela, il faut se battre, défendre les Arbres au péril de sa vie. C’est ce qui m’a le plus fait mal physiquement autant qu’émotionnellement: le massacre des KheJarli. Le monde d’aujourd’hui court à sa perte, s’autodétruit à l’échelle grand V, toujours plus avide d’argent, n’ayant pas saisi que la seule vraie valeur de la Terre c’est : l’EAU. Je pleure aujourd’hui pour tous ses morts, ses sacrifiés, ses innocents défenseurs de l’évidence d’une vie. J’ai pleuré certes à ma lecture mais, je pleure encore aujourd’hui, car malheureusement le combat n’est jamais fini. Djambo, c’était il y a cinq siècles, mais à l’heure actuelle, un autre homme se bat pour les arbres d’Amazonie: Raoni. Son combat est loin d’être gagné , je vous laisse aller voir son site.



Ici l’auteure met en l’eau toute la richesse évidente, mais aussi, en parallèle, une valeur plus métaphorique. C’est donc abreuvé de cette source qu’on suit le destin d’un homme hors du commun. Notre âme s’éveille, notre esprit est régénéré, nos sens s’accélèrent. Bref, notre corps est sensible à cet enseignement et en la beauté d’une telle Vérité.



Si l’on a pas bu l’Eau du Passé, si l’on n’est pas allé se désaltérer aux récits des Vieilles époques, on ne sait rien des hommes ni de la vie. p17



Vous l’aurez compris, ce livre a été une révélation. Non seulement il était intéressant de par son Histoire, mais il y avait dedans une grande poésie, une puissance narrative qui touche au cœur, un enjeu qu’il nous faudrait saisir avant le point de non retour.



Un coup de cœur, passez voir sur on blog encore 2/3 petites choses....;)
Lien : https://fairystelphique.word..
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L'allégresse de la femme solitaire

Ce roman historique se passe à Santa Barbara en 1853, quand le capitaine Nidever chasseur de loutres, et son second Charles Brown ramènent au port une Indienne portée disparue depuis plus de deux décennies, —— elle a passé près de dix- huit ans , seule sur l'île de San Nicolas, au large de Santa Barbara——-



Personne ne la comprend , dite aussi : «  la femme qu'on a perdue » en fait elle fut abandonnée là, cette femme des plus mystérieuses ne pense qu'à danser, ne comprend pas la langue, rit, une «  robinsonne » qui s'exprime par signes, nous envoûte, nous étonne : «  Ses vêtements de plumes , ses mimes, ses chants , ses danses » sa joie constante attisent la curiosité de tous, elle était l'ultime représentante d'un peuple immémorial.



Chaque jour, une foule se presse pour l'examiner, entre phénomène de foire, attraction , curiosité morbide et fascination.

Qui est - elle?



Qu'à t- elle vécu dans l'île ? .



Lorsqu'elle débarque sur la plage de Santa Barbara le 31 août 1853, elle était déjà un mythe .



La presse américaine avait fait état de son existence dès 1847 …..



Aux lendemains de son arrivée, les premiers journalistes qui rendent compte de l'événement enrichissent encore sa légende ….



Et les rumeurs abondent , des directeurs de cirques ambulants tentent de l'embaucher.

Car Irène . F nous rend compte d'une histoire vraie .



Comment l'a - t- elle découverte ?

Parce que sa fille, styliste, vit à Barbara .



À travers les notes du bon docteur Shaw, ( il prend fait et cause pour elle ) ,il a été médecin et élève maintenant des moutons ….





On suit sa nouvelle vie , il passe beaucoup de temps auprès d'elle , afin d'interpréter ses chants , ses attitudes et ses mimes .

Même les religieux se questionnent .



Par qui est - elle envoyée? .



Est - ce qu'elle mérite le baptême ? .

J'ai apprécié les hésitations du Docteur Shaw, ses recherches et sa bienveillance . …



Tous ces faits dans un contexte historique très fort, traversé par la conquête de l'Ouest, une Amérique ensanglantée, la ruée vers l'or, sans oublier le massacre des indiens , un monde en mutation,

Après avoir lu «  Un-crime sans importance » l'auteure nous offre un roman choral, parfaitement documenté, teinté de joie, de mélancolie, notamment pour les «  déracinés » tel le docteur Shaw, qui tentaient de s'inventer un destin sur ces terres de l'Ouest.



Fragile et énigmatique , pendant quelques semaines cette femme mystérieuse, à la fin d'un été les as révélés à eux- mêmes: incapables et impuissants à partager son secret et sa culture—— la voix de sa Joie ….



On reconnaît bien là cette auteure très sensible «  aux minorités culturelles », aux langues menacées, aux opprimés de tout poil, à l'océan et aux aux horizons lointains .



Un récit remarquable, travail de tressage de mémoire, grâce à une écriture vive, fluide, limpide, sobre, où l'ambiance et les mentalités de l'époque sont parfaitement retranscrites.

J'ai eu pourtant beaucoup de difficultés à entrer dans cet ouvrage .



Une histoire ,au fond , hors du temps .



À la mémoire du «  Peuple des coquillages » .



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