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3.67/5 (sur 27 notes)

Nationalité : Hongrie
Né(e) à : Sztára , le 10/07/1863
Mort(e) à : Sobrance , le 03/09/1940
Biographie :

La comtesse hongroise Irma Sztáray de Sztára et Nagymihály était dame de compagnie d' Élisabeth d'Autriche, dite Sissi (1837-1898), l'impératrice d'Autriche et reine de Hongrie.

Elle reçut pour mission en 1894 d'accompagner Élisabeth d'Autriche dans ses cures et ses voyages méditerranéens.

Elle s'en acquitta jusqu'au 10 septembre 1898, jour où l'impératrice fut poignardée à Genève par l'anarchiste italien Luigi Lucheni.

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Bibliographie de Irma Sztàray   (1)Voir plus

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Citations et extraits (9) Ajouter une citation
Nous envisagions une grande promenade jusqu’à Notre-Dame-d’Afrique, lieu de pèlerinage, et avions besoin d’un guide. Lorsque ce dernier, qui semblait quelque peu lent et lourd, se présenta, nous lui demandâmes s’il était bon marcheur.
« Voilà qui serait plaisant si je me laissais distancer par des femmes ! » répondit-il, vexé.
Il n’en fallut pas plus pour inciter l’impératrice à lui jouer un tour. À vive allure, nous grimpâmes la colline assez raide située à l’ouest d’Alger. Le paysage était varié et, plus nous montions, plus la vue portait loin sur les terres et la mer. Notre rythme ne convenait pas du tout à notre guide ; il s’y pliait néanmoins. Au bout de deux heures et demie, nous atteignîmes Notre-Dame-d’Afrique, mais nullement le sommet de la colline.
La basilique n’était pas un édifice particulièrement réussi. La vue s’offrait de là-haut à nos regards était donc d’autant plus appréciable. Juste à côté de l’église, il y avait une grande croix blanche sur laquelle on pouvait lire : « Priez pour ceux qui ont péri en mer », et nous priâmes du fond du cœur, recueillies face à la mer souriante, cimetière infini.
Puis nous poursuivîmes l’ascension à une allure vraiment infernale. Notre guide soufflait comme une locomotive et, à son expression, on voyait bien que pour lui la plaisanterie avait assez duré. Et en effet, il y mit un terme ; il s’immobilisa et expliqua qu’il ne connaissait pas le reste du chemin. Nous dûmes donc faire demi-tour pour ne pas être laissées en plan. Durant le trajet du retour, le malheureux trébucha de plus belle. L’amertume et les reproches se lisaient sur son visage couvert de poussière.
Pour lui apporter quelque réconfort, une fois en ville nous entrâmes dans un café maure : le brave homme pourrait s’y rafraîchir un peu. Les clients s’entassaient dans l’établissement, ou plutôt dans la cuisine, enveloppés d’un nuage de fumée. Chaque fois que nous pénétrions dans de tels endroits, j’étais saisie de peur et d’inquiétude. Pourtant, l’impératrice devait sans doute exercer un charme merveilleux, car aussitôt les turbulents se turent, les autres s’écartèrent avec respect et, tant que nous y restâmes, il régna dans le petit café une sorte de solennité.
Cette fois, l’impératrice passa elle-même sa commande. En de tels moments, elle était la grâce et la cordialité personnifiées, et la façon dont elle remercia le serveur poussa notre étrange entourage à lui témoigner une quasi-dévotion.
Malgré tous nos efforts, nous ne réussîmes pas à nous réconcilier avec notre guide, et lorsque, une fois rentrées à l’hôtel, nous voulûmes l’engager pour les jours suivants, il refusa : n’étant pas un marcheur rapide, il était incapable de parcourir trente kilomètres par jour en gravissant et descendant des collines. L’aveu de sa conduite ridicule plut énormément à l’impératrice.
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L’impératrice ne jeta qu’un coup d’œil rapide sur la ville ; le port et la mer, en revanche, captivèrent son attention. Elle se tourna vers moi et, de la main, me montra le château d’If tout en bas.
« Regardez ! Il a inspiré à Dumas son Comte de Monte-Cristo. »
En redescendant, Sa Majesté s’enquit d’un endroit où nous pourrions prendre le petit déjeuner. Après quelque hésitation, le brave guide recommanda avec chaleur un établissement qui s’appelait « Au bifteck saignant ». Il nous prenait bien sûr pour des Anglaises. Une scène plaisante en résulta. Nous entrâmes dans ce restaurant. En regardant autour de moi, je m’aperçus avec inquiétude qu’on n’était pas habitué à y voir des dames de qualité et que les clients nous dévisageaient d’un air étonné. Il s’agissait en effet d’une authentique taverne de marins.
Nous y mangeâmes néanmoins fort bien et l’aventure amusa Sa Majesté, si bien que j’oubliai mes appréhensions. Nous devions encore beaucoup en rire par la suite, et je dois avouer que le comportement des habitués fut très correct, peut-être parce qu’ils étaient surpris, ou parce qu’ils possédaient une certaine délicatesse.
Après ce petit déjeuner pris en toute familiarité, il nous restait à peine le temps de monter à bord et de dire au revoir à l’Europe en espérant gagner l’Afrique sans dommage.
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Sous les arcades se succédaient les magasins les plus splendides, mais c’étaient avant tout les spécialités locales et le travail des indignes qui intéressaient l’impératrice. Nous passions d’une échoppe à l’autre, achetions presque partout quelque chose, nous délections à regarder ces objets merveilleux. Broderies ravissantes, étoffes de soie, tissus chatoyants de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, chefs-d’œuvre d’orfèvrerie, objets divers forgés et façonnés dans l’or, l’argent et surtout le bronze, avec une technique originale et délicate que ce peuple a peut-être apprise des Égyptiens. Les armes plaquées d’or et d’argent, garnies de pierres précieuses, n’échappèrent pas non plus à notre examen.
Acheter n’allait toutefois pas de soi. Chez nous, même le Tsigane ne fait pas valoir autant son cheval que l’Arabe sa marchandise, pour laquelle il réclame un prix exorbitant. Certes, on pouvait discuter, et l’auguste dame me chargea chaque fois de négocier. Alors qu’elle connaissait à peine la valeur de l’argent, elle se montra en l’occurrence d’une circonspection surprenante et, quand nous sortions de chez un boutiquier avec nos emplettes, elle remarquait en souriant :
« Nous nous sommes encore laissé avoir. »
Ensuite, nous mangeâmes une glace. L’impératrice aimait tout particulièrement ce rafraîchissement, étant plutôt excentrique dans le choix de ses aliments. C’était le lait qu’elle appréciait avec le plus de constance. Certains jours, elle ne se nourrissait que de lait, d’autres jours d’oranges. Le plus souvent, elle préférait consommer froide la viande rôtie, et elle évitait les sucreries car elle craignait l’embonpoint.
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Des rumeurs tenaces affirmaient qu’elle était atteinte d’une maladie mentale. On évoquait son cousin le roi Louis II de Bavière, ainsi que le frère de celui-ci, Othon, interné dans une institution. Mais si une prédisposition familiale pesait sur Élisabeth – et sur ses sœurs –, c’était à l’évidence la mélancolie : désespoir, tendance à la solitude, dépression, misanthropie. Elle cherchait à lutter contre ces tourments par l’effort physique, notamment en effectuant tous les jours, par tous les temps, de longues marches forcées à vive allure.

In la Préface de Brigitte Hamann.
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Nous arrivâmes à Marseille à six heures du matin. La veille, Sa Majesté m’avait prévenue de me préparer à faire avec elle une grande promenade en ville. Ce fut l’occasion de mettre pour la première fois à l’épreuve mes compétences touristiques. Un guide nous emmena à Notre-Dame-de-la-Garde, la basilique où les marins vont en pèlerinage. Perchée sur une haute colline, dominant la ville tel un phare, rassurante, elle montre le chemin à ceux qui luttent avec les vagues.
Notre guide nous indiqua le funiculaire prêt à nous y emmener, mais nous gravîmes la colline à pied, seules.
Lorsque nous pénétrâmes dans la basilique, Sa Majesté me fit acheter deux cierges qu’elle alluma et déposa sans un mot devant la représentation de la Vierge : l’un pour l’empereur, l’autre pour Valérie.
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« C’est mon humeur napolitaine, dit-elle. Ici, tout concourt à l’égayer. »
Durant nos six heures de déambulation, elle avait conservé sa fraîcheur et sa réceptivité face aux nouvelles impressions qui nous assaillaient en permanence.
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Ville et alentours, reliefs, tout était blanc ; seule la mer était d’un bleu acier, et les rayons du soleil renvoyés par l’eau scintillaient sur l’hermine de la terre. L’impératrice aimait énormément Naples et s’arrangeait toujours pour y faire escale lorsqu’elle entreprenait un grand voyage.
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Les lazzarones m’intéressaient en tant que spécialité napolitaine. Au coin des rues, mon regard cherchait en vain de charmants petits mendiants vêtus de haillons pittoresques. Les rayons du soleil jouent sur leurs boucles brunes, leurs grands yeux pénétrants gagnent les cœurs, ouvrent les bourses : voilà une peinture que j’avais vue un jour. Je découvris cependant une réalité tout autre. Ce sont des garnements jubilants, bruyants, peu pittoresques mais d’autant plus roués, qui ne respectent personne, et surtout pas les étrangers.
« Il n’est pas conseillé de lier connaissance avec eux car, dès qu’ils se livrent à leurs penchants déréglés, il n’y a plus rien de sacré pour eux », avertit l’impératrice.
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Vers neuf heures elle prenait un petit déjeuner composé en général de thé ou de lait, de beurre, d’œufs et de viande froide ; au dîner, servi à cinq heures ou cinq heures et demie, il y avait du rôti, des légumes et l’inévitable glace.
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