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Critiques de Isabelle Alonso (75)
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Je mourrai une autre fois

L'écriture d'Isabelle Alonso est vive, rythmée, toute en arpèges, inventive et cabotine.



L'auteure d'origine espagnole réussit le pari de narrer un moment historique marquant de la vie espagnole à travers les yeux d'un enfant.

Cet enfant c'est son propre père.

Dans une sorte de conte initiatique où le lecteur traversera l'Espagne à feu et à sang dans les sombres moments de la guerre civile, on suivra son étonnant parcours.



La perte de l'innocence face à l'horreur de la guerre, les élans idéalistes d'un jeune homme courageux et les années de lutte et d'espoir insensé sont racontés avec brio par la dépositaire de cet héritage.



D'une intelligence et d'une grande finesse, la langue d'Isabelle Alonso tisse la mélopée d'une émancipation.

Elle soulève la question de savoir comment l'on peut souffrir d'une tragédie vécue par ses ancêtres et sublime cette mélancolie secrète qui ont parfois les descendants.



Elle raconte également le pouvoir des mots.

La magie de la lecture !

Des mots pour se nourrir, pour tenir, pour réunir et pour partager.

Les mots qui produisent des images qui nous viennent à l'esprit par le simple fait de poser les yeux sur un papier blanc semé de signes noirs.



Des mots qui sauvent et des mots pour ne jamais oublier !





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Je peux me passer de l'aube

J'aime beaucoup les romans d'Isabelle Alonso et celui -ci ne déroge pas à la règle. L'Espagne,c'est un pays voisin,un pays ami,un pays redouté et redoutable dans le domaine sportif,un pays culturellement remarquable,un lieu de vacances prisé, bref,un beau pays.

Et puis,il y a eu cette terrible guerre civile,l'exil pour des milliers de gens,le retour pour certains,retour douloureux dans un monde sans concession pour bon nombre,dictature du Caudillo,bien secondé par les puissances religieuses.Pour ceux qui n'adhérent pas,c'est une vie marginale,angoissante,une vie de privations et d'humiliations,une vie souvent clandestine,une vie menacée. Pour certains,comme Gelin,20 ans ou presque,c'est une vie inenvisageable,une vie de résistance, sincère mais souvent naïve et dangereuse pour les amoureux de la liberté et opposés au régime.

C'est cette vie quotidienne que nous présente Isabelle Alonso et c'est tout simplement prenant.On y voit se mêler angoisse,résignation, espoir.

C'est un très bel hommage à ce pays frontalier,si facile d'accès aujourd'hui,si fermé il n'y a pas si longtemps.Un roman sensible et plein de vérités dérangeantes ,certes,mais sans aucun doute salutaires et indispensables pour mieux comprendre le monde contemporain.

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Filigrane

« Maximilien n'était-il pas ma plus belle, ma plus précieuse tristesse ? Une tristesse jolie, que je préférais à des joies banales. »



Plusieurs femmes ayant aimé le même homme se racontent. Toutes ont vécu une histoire différente, toutes avaient des personnalités bien différentes et malgré tout il semble qu'aucune ne soit en mesure de dire qui était Maximilien. Aucune n'a jamais réussi à être heureuse avec lui, à construire en regardant dans la même direction parce que Maximilien.. il n'a pas de direction. Ce qui ne l'empêche pas de vouloir tout contrôler dans la vie des autres.

Je n'ai pas été envoutée par l'écriture d'Isabelle Alonso. Mais ces portraits de femme sont troublants, ou plus exactement, certaines pensées le sont, car elles rappellent immanquablement des histoires entendues, vécues ou imaginées, à un moment ou à un autre de sa propre vie.
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Fille de rouge

Je poursuis mes lectures "écrivains des médias" puisque après Claude Sérillon et PPDA, je lis mon premier livre d'Isabelle Alonso. Le parallèle est peut-être exagéré, parce que la notoriété d'Isabelle Alonso est sans doute moins envahissante que celle des deux autres et aussi parce que Isabelle Alonso a d'abord été repérée comme auteure (d'un essai certes mais auteure tout de même) avant de devenir médiatique pour son féminisme via Les Grosses Têtes puis Laurent Ruquier.



De féminisme, c'est essentiellement de ça qu'il est question dans ce livre, en tout cas la question de ce qui fait qu'on devient femme, des changements de la puberté. C'est dans ces pages que l'auteure est la plus douée, on sent qu'elle maîtrise son sujet et qu'elle a des angles de vues originaux, notamment les pages sur les règles qui justifient en partie le rouge du titre. L'autre partie du rouge, celui du communisme, de l'anti-franquisme donne lieu à des pages qui m'ont semblé plus cliché, plus attendues et qui atteignent moi à l'émotion.



Le contraste est également assez flagrant entre les scènes de dialogue entre jeunes filles au début du collège, touchantes dans leur simplicité assumée et les pages d'envolée plus lyrique où je ne suis pas parvenue à suivre l'auteure dans certaines envolées stylistiques qui m'ont semblé artificielles.



Une impression contrastée donc, d'autant que les chapitres courts font plus cartes postales remplies d'impressions et pas assez consistantes pour réellement donner corps à des personnages que l'on sent-sait n'être que les alter-ego des membres réels de la famille de l'auteure.



Le moment passé reste agréable... peut-être aussi grâce à la brièveté de l'opus qui permet d'échapper à la lassitude.









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... Même pas mâle !

lorsque on me dit que je dois être féministe j'ai l'impression qu'on m'insulte parce que je pense de suite à isabelle Alonso qui m' énerve... je n'ai pas acheté ce livre on me l'a offert et je suis contente de ne pas l'avoir fait parce que ce livre est une rengaine... alonso n'évolue pas ...
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Je peux me passer de l'aube

Le communiqué signé par Franco, en avril 1939, stipule que la guerre est terminée, pourtant, elle continue, sans répit, sans trêve et sans pitié pendant plus de trente ans. la dernière exécution remonte au 2 avril 1974. Des drapeaux partout, mutilés, avec en moins la bande violette de la République, affublé d'un aigle noir en plein milieu. Des portraits de Franco se retrouvent dans les vitrines des magasins. en avril 1939, les vainqueurs ne se sont pas contentés uniquement de triompher, mais ils se sont acharnés à écraser les vaincus. Ce roman est passionnant, un plaisir de lecture. Une histoire toutefois difficile.........

Après, "Je mourrai une autre fois", avec "je peux me passer de l'aube" Isabelle Alonso continue de rendre un hommage vibrant à son grand-père Gelin et toute sa famille espagnole républicaine, elle rend un hommage marquant à la fraternité d'un peuple et son courage, dans sa bataille pour la liberté.
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Roman à l'eau de bleu

Sur une idée de départ qu'il fallait trouver, un roman violent qui vous rentre dedans.
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Roman à l'eau de bleu

Lecture « presque commune » avec mon fils de 16 ans.

Il s'agit d'une lecture pour le bac français.

J'ai trouvé bien qu'un roman contemporain (parution en 2003) soit proposé (personnellement j'ai du mal à comprendre pourquoi il y a tant De Balzac et autre Rousseau, Voltaire… comme lectures imposées - ou comment dégoûter les jeunes de la lecture…)

Le ressort principal de ce roman est le renversement des rôles hommes-femmes et c'est, je dois dire, assez drôle.



Les femmes sont donc le sexe fort et les hommes des « sous-citoyens ».



Les deux héros, Kim et Loup, ont 18 ans et démarrent un stage : Kim à l'assemblée nationale (90 % de femmes) et Loup dans l'entreprise de lingerie (masculine la lingerie) de l'entreprise dirigée par la mère de Kim.



Voici quelques éléments qui m'ont fait sourire : « Homministe » au lieu de « féministe », « sa marie » au lieu de « son mari », clitocrate au lieu de phallocrate ; la Marseillaise est revisitée en « enfants de la matrie » ; Dieu le père devient Dia la mère ; le champagne s'appele Dame Perignon au lieu de dom Perignon; le journal conservateur s'appelle la Figara ; à la radio on entend la crooneuse Julia Iglesios (julio Iglesias peut aller se rhabiller:-)….



Sur le ton de l'absurde et du rire, l'autrice évoque donc « à l'envers » toutes les inégalités homme-femmes.



Tout n'est pas léger bleu (rose) dans ce roman puisque les thèmes de viol ou de harcèlement sont largement évoqués dans ce roman.



La discrimination « à l'envers » permet donc bien de voir combien est injuste la «  discrimination » actuelle à l'encontre des femmes (en France entendons nous bien parce que dans bien des pays c'est encore pire…).



Sur un peu le même mode, je vous recommande, toujours en littérature pour adolescents la série de Malorie Blackman, Entre chiens et loups, où l'autrice inverse également les discriminations : les blancs sont la classe dominée et réduite en esclavage et les noirs sont la classe dominante.

Rien de tel qu'un « monde à l'envers » pour faire prendre conscience que notre monde n'est pas si « à l'endroit «  que cela….



Je souligne également le premier chapitre très ambigu. Il m’a scotché puisque que l’on ne connait qu’à la fin du chapitre le sexe de Kim (Oui j’étais fan de Kim Wilde et Kim Carnes quand j’étais jeune).

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Je peux me passer de l'aube

Dans Je peux me passer de l’aube nous retrouvons Gélin, que nous avions découvert dans « Je mourrai une autre fois » à 16 ans. C’est la fin de la guerre civile espagnole et il est toujours interné au camp de Saint Cyprien, côté français.

Dans les camps de ce côté des Pyrénées, les espagnols ont le choix entre rester ou repartir au pays. Angel choisi de revenir en Espagne, mais le voyage ne sera ni paisible, ni rapide. A son arrivée en Espagne, il est condamné à faire des travaux, reconstruire ces ponts qu’il avait aidé à détruire dans la résistance. Après plus d’une année, il va enfin rejoindre sa famille. Entre temps, son père est mort, il ne pourra s’expliquer avec lui.

Il découvre le quotidien dans l’Espagne franquiste. La peur de la délation, la misère, le manque de travail, la crainte d’être pris pour ces « Rojos » qui ont tout à craindre du pouvoir en place. Malgré cette situation, Gélin espère des jours meilleurs, découvre la fraternité faite de petite résistance, pour se prouver qu’une démocratie reste un rêve accessible. Il va rejoindre un groupe de clandestins communistes, les seuls un tant soit peu organisés, ces jeunes hommes qui par des actions souvent dérisoires prouvent que la guerre contre Franco n’est pas terminée. Bel espoir porté par ces jeunes hommes qui espèrent en la fin de la seconde guerre mondiale pour voir tomber tous les dictateurs, de Hitler à Mussolini, en passant par Franco.

Le sentiment qui s’impose à la fin de la lecture est celui d’un immense espoir et d’une grande foi en l’homme, en une fraternité dans la lutte pour préparer un avenir meilleur. Si vous aimez l’histoire, l’Espagne et le contexte de la seconde guerre un roman ni trop dur ni trop noir, écrit avec humour et dérision, celui-ci est pour vous. Isabelle Alonso évoque le quotidien des espagnols, trouver à manger, s’habiller, travailler en échange d’un salaire, laissant de côté la partie la plus sombre, celle des arrestations, tortures, exécutions (même si ces thèmes sont également abordés).


Lien : https://domiclire.wordpress...
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Je mourrai une autre fois

J'ai reçu ce livre dans le cadre de l'opération masse critique de Babelio et je dois avouer que je suis vraiment contente. Je ne connaissais pas Isabelle Alonso, l'écrivain et c'était donc l'occasion de la découvrir. J'aime beaucoup cette femme, du coup allais-je aimer l'auteure ?



C'est Angel qui raconte cette histoire. On le surnomme Gelin. C'est également le grand-père de l'auteure. Il nous raconte sa vie avec ses parents et son petit frère. Ils coulent des jours heureux, courrant les rues de Madrid, vivant au rythme d'une Espagne en plein changement. Chez Gelin on est athée et républicain. Alors quand en période d'après 1ère guerre mondiale, la République se bat pour prendre le pouvoir, c'est toute une famille qui se bat et vivre avec elle.



J'ai énormément aimé ce livre ! Au départ, ça ressemble un peu à un livre de Marcel Pagnol. En effet, on accompagne Gelin qui grandit au coeur de Madrid, entouré de son petit frère et de ses parents. La vie coule paisiblement, Gelin est un enfant intelligent, qui se passionne de lectures et de politiques. Mais lorsque son pays entre en guerre contre le fasciste et pour la République, il n'hésite pas un seul instant et s'enrôle alors.



Ce livre est une petite pépite. Personnellement, je ne connaissais pas bien cette partie de l'histoire Espagnole, et j'ai appris beaucoup en le lisant. Ces gens qui se battent corps et âmes défendant contre un gouvernement étriqué, qui étouffe le peuple et surtout les plus démunis. Gelin est élevé dans l'esprit de la République, sa famille est athée, il ne va pas ou très peu à l'école.



C'est très émouvant comme lecture, parce que même si c'est romancé, cela reste un témoignage, magnifiquement mis en valeur par la plume d'Isabelle Alonso. Son écriture est fluide et très agréable. J'ai tourné page après page, me retrouvant parfois en plein coeur de Madrid au côté de Gelin. Je peux donc répondre à ma question du début : oui j'aime aussi Isabelle Alonso, l'auteure.

Je remercié énormément Babelio et les éditions Héloïse d'Ormesson pour cet envoi et cette belle découverte.



Et je vous laisse avec cet extrait, qui pour moi résume bien Gelin.



"Ils se battaient pour leur vie. Pour leur idéal. Pour l'avenir. Je leur dois de n'avoir jamais cédé au découragement. Si eux y avaient cru, s'ils y sont restés, alors je n'avais, moi, pas le droit de perdre espoir."
Lien : http://aubazaardeslivres.blo..
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Je mourrai une autre fois

Nouvelle année, nouvelle auteure. Grâce à Lecteurs.com que je remercie, j'ai eu la chance de découvrir la plume engagée d'Isabelle Alonso dans un de ses derniers romans, Je mourrai une autre fois. Roman politique et social il s'en dégage, en plus d'une force civique, une sphère intime traduit par cette famille républicaine convaincue. Ça commence comme une histoire racontée au coin du feu pour évoquer la chaleur puis instaurer la peur et enfin déclencher la fureur. La guerre c'est moche, mais l'impuissance encore plus.



Angel Alcala Llach, alias Gelin, pose les yeux du haut de ses 90 ans un regard panoramique sur l'histoire familiale et celui de son pays. Des années 20 à l'aube de la Seconde Guerre Mondiale, de Valencia à Madrid en passant par la France, il se raconte pour mieux dépeindre l'Espagne en proie aux changements politiques. Aîné d'une famille de quatre enfants, il vit une existence heureuse et fantasque bercée par les convictions politiques parentales : la création d'une vraie et grande République. Socialiste, communiste ou anarchiste qu'importe, le salut viendra du peuple ou ne viendra pas ! Privé de scolarité il n'en demeure pas moins éduqué, soutenu par des parents curieux et cultivés, aimé d'une fratrie complice. Mais voilà, après le temps de l'insouciance la guerre est au pas de leur porte, balayée par le vent de l'incertitude. A quinze ans, Gelin et sa conscience politique pointue s'engagent côté républicain, de l'autre les fachas avec à leur tête un certain Franco...



Famille solaire et politiquement engagée, Gelin partage dans un premier temps son enfance auprès de celle-ci. De l'histoire familiale paternelle et maternelle, on en retient les fratries, la fierté et bien sûr la rencontre décisive entre ses deux parents. Reviens également la région de Valencia chère à leurs cœurs, l'amour des balcons et la devise du couple : carpe diem. Mais ce qui m'a le plus émerveillé dans ce rappel des souvenirs est l'éducation donnée, dans la continuité des pérégrinations au fil des villes habitées. Dans un désir de laïcité, ses parents lui ont inculqué le goût de la culture comme ceux d'ouverture et d'égalité. 



Avec beaucoup d'humour Isabelle Alonso décrit des situations domestiques drôles, des sentiments contrariés et rend à l'Espagne sa luminosité, à l'image de ses racines et l'amour de son pays.



Oui, mais tout ne se déroule pas comme prévu. Alors que les victoires s'enchaînent, suppression d'une monarchie au profit d'une République et droit de vote des femmes, le pays sombre peu à peu dans le marasme politique pour basculer dans ce qui deviendra une dictature. Des joies de la famille Llorca, l’inquiétude sonne le glas de l’insouciance.



La perte de l'innocence par l'engagement militaire voilà comment le paysage rassurant de Gelin va voler en éclats. Alors qu'il n'a pas l'âge requis et contre avis parental celui-ci, mû par une volonté sans faille, décide d'en passer par les armes. Un récit de guerre, mais surtout un récit de la violence comme témoin de la folie des hommes et des extrêmes. Isabelle Alonso rapporte cette fois-ci non pas le quotidien d'un enfant choyé, mais celui d'un enfant trop jeune pour connaître les affres de la guerre. Dur et sale il y côtoie le sang et la disette, mais aussi et contre toute attente les rencontres et le partage. De cet épisode, j' y retiens le passage de la frontière française et l'humiliation du camp de concentration, des poux, des tiques et d'une faim de loup.



La romancière partage un récit imagé et précis, tantôt sombre et lumineux, le regard doux de celle qui le porte sur l'héritage familial. La sensibilité historique d'un pays a porté de plume. J'ai hâte de savoir si Gelin va enfin rentrer chez lui, hâte de savoir dans quel état il va retrouver sa patrie et surtout quel sera son rôle au sein du parti! Eh oui comme vous pouvez vous en douter, Isabelle Alonso n'a pas fini de nous conter la petite et grande histoire puisque est paru depuis septembre Je peux me passer de l'aube, qui nous laisse aux portes de 1939...   Vous aviez cru que je vous laisserais comme ça, sans gourmandises ? Evidemment que non ! Aujourd'hui sera placé sous le signe du sucre: churros et horchata.
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Je mourrai une autre fois

La plume d'isabelle Alonso pour un récit qui nous plonge dans l'Histoire de l'Espagne du XXe siècle, c'est à la fois réussit et émouvant.

Espagne, 1931. Après des années passées sous un gouvernement de dictature mussolinienne porté par le général Primo de Rivera, puis le général Berenger, le roi Alphonse XII quitte le pouvoir. La seconde république est proclamée par la gauche dans la liesse et sans faire usage des armes. La joie éclate, tant à Madrid que dans tout le pays. Les attentes du peuple sont immenses et les premières réalisations seront nombreuses, liberté d’expression, laïcité, construction d’écoles, tout est à réaliser. Mais c’est sans compter sur l’avènement de Franco, la montée du franquisme et la répression des républicains. Si l’espoir est permis, il sera de courte durée.

Angel Alcalá Llach, ou plutôt Gelín, comme on le nomme affectueusement, est bercé par les idéaux de ses parents. Très tôt, dans cette famille un peu fantasque il s’instruit seul, dévorant à tour de bras les journaux et nombreux livres de la bibliothèque familiale sans contrainte ni interdit. Comme ses parents, et malgré son très jeune âge, il rêve à un monde meilleur. Il a à peine quinze ans lorsqu’ il s’engage dans cette bataille perdue d’avance, au moment où les pays voisins se laissent endormir par la montée du nazisme, tournant le dos à cette guerre civile qu’ils ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre, abandonnant ce peuple trahi par les siens et par l’Europe.

J’avoue, j’ai aimé me retrouver dans les rues de Madrid ou de Catalogne avec Gelín. Rencontrer Nena, sa jeune mère fantasque qui ne veut pas qu’on la nomme autrement que par ce prénom, ses frères et Sol, sa petite sœur, son père, personnage important de sa vie, et tu tio, cet oncle qui l’accompagne dans les joies et dans les galères. On se laisse porter par la vie de cette famille qui, comme tant d’autres, a cru à cette liberté gagnée sans les armes. On les suit dans leurs déménagements successifs. Avec Gelín enfant, j’ai contemplé la vie depuis les balcons, observé son monde, jusqu’à ce qu’il s’écroule et que les années de guerre deviennent son quotidien. Puis viendra le temps des champs de batailles, des heures sombres et sanglantes, où l’amitié, les liens qui relient ces compagnons de misère sont forts malgré tout. Même si parfois la différence de milieu et donc d’éducation montrent qu’il y a un monde entre ces jeunes hommes engagés au front. Puis viennent les camps de concentration en France, sur les bords de cette méditerranée que l’on partage avec nos voisins espagnols, toute une époque souvent oubliée.

C’est un livre très agréable, à la belle écriture, descriptive, humoristique, dans laquelle on ressent beaucoup d’affection pour les personnages et qui se lit comme un roman. Mais il évoque aussi et surtout les souvenirs de ceux qui ne sont plus là pour dire, ou si peu, et qu’il est important d’écouter pour comprendre. Et puis il y a l’amour d’un pays, de son pays, et de la liberté ! Tellement forts et tellement importants. Une belle surprise de cette rentrée, et pour un amoureuse de l’Espagne comme moi, cette évocation d’une période méconnue de l’histoire est passionnante. Car dans le sud de la France, il existe encore quelques-uns de ces camps de concentration, où étaient retenus les parents de nos amis, il est nécessaire de voir et de dire, pour ne pas oublier.

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Fille de rouge

À la lecture, c’est un roman qui amuse parce que l’on suit les pseudos aventures d’une adolescente, fille d’immigrés espagnols, avec sa maitrise approximative du français, ses soucis face à un corps qui change… Le monde léger d’une jeune fille sans problème mais dont le passé et l’ascendance a toute son importance dans la vie quotidienne.



L’écriture est assez crue mais je trouve qu’elle respecte bien le franc parlé des jeunes de cet âge-là.

Il y a aussi des références historiques puisque l’on aborde la guerre d’Espagne et la vie quotidienne de la population pendant la dictature de Franco. Le titre renvoie d’ailleurs directement à cette période, « Les rouges » étant le nom donné aux révolutionnaires espagnols pendant la guerre, dont le père d’Anna a fait partie. Anna elle-même est une jeune fille en révolution. Elle déclare la guerre à son corps qui change, aux conventions et aux inégalités sociales, au rôle réservé à la femme dans la société.



Enfin, le rouge est la couleur du sang et, notamment, du sang féminin. Celui-là même qui relie Anna aux autres femmes de sa famille (sa mère Libertad, sa grand-mère Virtudes) et permet de mettre en perspective la vie de trois générations de femmes fortes et rebelles.



Malheureusement, une fois le livre refermé, le bilan est plutôt maigre. Ce roman ne laissera pas de trace durable dans ma mémoire parce qu’il manque de consistance.
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Les vrais hommes sont féministes

Je n'avais pas lu auparavant d'essais féministes d'Isabelle Alonso, ni écouté ses chroniques journalistiques, pas plus que je ne la connaissais comme Chienne de Garde ; pourtant, j'avais été durablement admiratif de son _Roman à l'eau de bleu_ qui, dans un genre mi-humoristique mi-utopique, renverse la domination des hommes sur les femmes.

Cet ouvrage-ci, qui s'adresse aux hommes « décontenancés » devant l'injustice du sexisme, aux hommes féministes donc, « qui voudraient en être, de cette révolution pacifique, mais ne savent pas comment s'y prendre. Comment aider. Jusqu'où aller sans se faire rembarrer. Sans dépasser les bornes, sans être accusés de récupération. Comment se montrer solidaires mais pas donneurs de leçons ? » (p. 11) – un profil auquel je m'identifie volontiers – apporte non pas une réflexion théorique de grande densité, mais un paysage de grande envergure sur l'étendue des méfaits du patriarcat (que je préfère qualifier de virilisme) dans notre société actuelle. Il se lit très vite, possède le sens de la formule tout en imitant le registre de l'oralité ; l'actualité y prédomine. Certaines perspectives sont fulgurantes, d'autres points de vue sont plus notoires sinon consensuels, d'autres opinions par contre sont, me semble-t-il, contestables : en particulier sur la prostitution, sur la pornographie, sur la GPA et plus généralement sur les « divergences de lutte » entre le féminisme et le mouvement LGBT+ qui me paraît inopportune... Il est heureux que le féminisme ne soit pas un monolithe idéologique dogmatique et figé. Ce que l'on apprend surtout par cette lecture, c'est à relier de nombreuses idées et certaines critiques de la société néolibérale et violente avec une matrice unique – patriarcat ou virilisme – qui en constituent, d'après l'autrice, l'origine : ainsi le féminisme apparaît de toute évidence comme une question politique, et non comme la posture haineuse anti-masculine à laquelle ses opposants veulent le réduire. Les avantages du « female gaze », qui dénonce les rapports de domination, consistent donc d'abord en une manière de repenser et de déconstruire toute la culture de la violence (plus générale que l'imprécise « culture du viol »), et non seulement celle faite aux femmes, premier pas vers l'imagination d'une alternative de coopération, d'entraide et de persévérance. Ce qui reste très largement à faire ; mais on dirait que certaines spécialistes de chaque discipline, en se revendiquant chacune du féminisme en sus de leur spécialité respective, sont en train de s'en charger.





Table :



- Lettre ouverte aux poissons rouges

- États des lieux

- Féminitude

- Culture de la violence

- Être un mec

- Tout le monde a une prostate

- Backlash

- Mexplication

- Male gaze

- Lavage de cerveau

- Intermède RATP

- Porno

- LGBTTQQIAAP+

- Maternitude

- Putards

- Invisibles

- Agressions

- Détester les hommes

- Female gaze

- Postface

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L'exil est mon pays

Je connaissais l'auteure, Isabelle Alonso, de l'émission de télévision de Ruquier autrefois à 19 h. Ce livre lui ressemble, sympathique, drôle, avenante.



Troisième roman, de l'auteure.  La narratrice est une petite fille, née en France dans une famille de républicains espagnols. Angel, le père, communiste, métallo, grand lecteur de journaux, a fait la Guerre Civile et des années de prison. La mère, Libertad, est la parfaite mère au foyer, composé de 4 enfants, deux garçons et deux filles. La petite fille parle espagnol à la maison, français à l'école.  Ils ont obtenu la nationalité française et paradoxalement c'est ce qui leur permet de passer des vacances à Madrid. 



Lecture facile, agréable, un peu convenue, sans surprise. 
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Alice au pays des trop vieilles

Arrêté au milieu
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Roman à l'eau de bleu

Dans ce monde-là, l’homme est relégué au jardin tandis que la femme occupe le devant de la scène. Imaginez, le féminin l’emporte sur le masculin. Même grammaticalement…



Kim et Loup font leurs premiers pas dans la vie active. Les regards pèsent sur eux et les mains les frôlent : des compliments silencieux ? Oui. Non. Définitivement non. Surtout quand les regards se chargent de mépris et que les mains se font plus pressantes. Alors ils oscillent entre honte et silence, ne savent plus à quel sein se vouer. (Facile le jeu de mots ? Pas si facile dans leur histoire…)



La démarche d’Isabelle Alonso a le mérite d’être originale. Certes le scénario n’est pas transcendant et l’ensemble manque parfois de finesse, mais finalement, en renversant, retournant et triturant tout ce qui nous paraît normal, elle met le doigt là où ça fait mal. Le ridicule prend le pas sur le naturel et peut-être est-ce là un moyen plaisant de faire réfléchir celles et ceux qui le voudront bien. Ou même les autres ?
Lien : http://auxlivresdemesruches...
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Roman à l'eau de bleu

Imaginez un monde où ce sont les femmes qui ont le pouvoir. Les hommes, relégués au statut de géniteurs, d'hommes d'extérieur (bons à s'occuper du bricolage et du jardin), voire d'objets sexuels, aimeraient bien un peu plus d'égalité mais que c'est difficile de faire entendre ce point de vue dans une société où même le vocabulaire subit la loi des femmes. Deux jeunes gens fraîchement diplômés vont le comprendre à leurs dépens...



Que d'imagination et d'inventivité dans ce roman ! S'il est assez compliqué au début de se faire à ces trouvailles de grammaire ou de vocabulaire qui favorisent le féminin, une fois plongée dans cette lecture, je n'ai pas réussi à en décrocher. Se mettre dans la peau des hommes dans une société férocement féministe est un exercice qui ne peut laisser indifférent. J'ai souvent souri en retrouvant, inversées, des situations auxquelles les femmes de notre société sont confrontées. Je me suis même dit parfois "Elle exagère" et puis non, pas tant que ça, finalement... C'est un exercice à la fois amusant, stimulant intellectuellement et effrayant parce qu'il permet de prendre conscience de certains aspects peu reluisants de notre condition de femme. J'ai adoré !
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Roman à l'eau de bleu

Roman d’amour sans grand intérêt si ce n’est la transposition d’une civilisation patriarcale vers une civilisation matriarcale.

La femme mène la société, le couple et la danse.

Ceci nous fait prendre conscience de l’inégalité comportementale des deux sexes dans nos civilisations actuelles.

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Maman

J’ai souvent pleuré au cinéma mais jamais encore en lisant un livre, du moins je ne m’en souviens pas. Ce serait donc la première fois? Apparemment et j’en suis la première surprise ! A 9 heures ce matin, en arrivant au chapitre des «Nuages», page 208, au récit de ces journées de décembre 2009, quand s’envole, haut dans le ciel bleu l’avion vers Madrid, qui emporte le précieux fardeau maternel pour être enterré auprès de sa famille d’origine, l’émotion m’a fait verser des larmes. J’ai arrêté ma lecture. Je n’étais pas contente ! J’ai couru rejoindre les autres qui riaient dans la cuisine, lieu de tous les rendez-vous familiers.

Sans doute je viens de vivre un peu la même histoire d’une mère dont la santé décline, qu’on soigne longtemps, en famille puis qu’on confie à une institution, séjour vécu comme une descente aux enfers, qu’on ramène à la maison et qui disparaît alors même qu’on l’a quittée pour quelques jours. La douleur et la culpabilité de n’avoir pas été là au dernier moment sont accablantes. Tel sera mon résumé du livre parce que tel est pour moi l’essentiel. Le reste n’est que l’histoire particulière d’une famille, celle de l’auteur. C’est touchant, intéressant et bien écrit.

Inutile d'en dire plus: ce livre est une réussite!
Lien : http://liratouva2.blogspot.c..
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Quel est le nom de la déesse romaine du printemps et de la fertilité ?

Maia
Libitina
Vesta

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