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Critiques de J. Patrick Lewis (22)
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La maison

1656 : Issue d’une terre vierge, la Maison prend forme et s’installe entre les arbres de la forêt voisine.





1900 : Les premiers habitants de la Maison ont disparu depuis longtemps. La Maison n’a pas bougé. Seulement décrépie par le temps, elle retrouve une seconde vie : une nouvelle famille la retape grossièrement pour s’installer.





De 1900 à 1999, un siècle s’écoule, et pas n’importe quel siècle. Alors que la Maison avait à peine subi le temps qui passe de 1656 à 1900, son érosion semble précipitée au cours du 20e siècle. Mais la vie n’est jamais loin, qui tente de reprendre ses droits avec une conscience plus ou moins accrue de son rôle de sujet fugitif. L’album est ainsi découpé qu’il souligne avec puissance la tragédie de notre condition mortelle. Chaque scène se joue en deux double-pages. La première nous annonce l’année de narration et nous présente quatre lignes de prose poétique permettant à la Maison de s’exprimer. On reste songeur, en suspens devant un haïku édifiant, imaginant déjà une scène dans laquelle la Maison conserve son rôle principal. La deuxième double-page viendra compléter ou corriger notre imagination en étalant sous nos yeux un panorama au centre duquel la Maison et son environnement sont des constantes immuables. Les illustrations de Roberto Innocenti fourmillent de détails qui ne se révèlent pas forcément au premier aperçu. On revient plusieurs fois sur ces pages merveilleuses. De multiples histoires anodines s’ébauchent et se conjuguent, se répondent et se comprennent dans le silence des mots. Les personnages parlaient et vivaient de toute la force de leur énergie vitale mais le temps a passé et nous sommes témoins silencieux de leur existence.





L’alliance mélancolique des textes de J. Patrick Lewis et des illustrations de Roberto Innocenti parviennent à synthétiser en quelques lignes et en quelques images le sentiment tragique de la vie. Le temps passe, les hommes meublent l’espace d’une vie puissante qui s’évanouit totalement quelques décennies plus tard, d’autres hommes les remplacent, qui disparaissent à leur tour sans jamais sembler conscient de leur fugacité. La Maison observe et paraît d’abord immuable avant de révéler à son tour la précarité de son édifice de pierres. Cet album terriblement mélancolique s’achève sur une vision de la modernité ambivalente, où la renaissance se conjugue à l’inhumanité d’une conscience sans âme. Glaçant.
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La maison

Comment ne pas tomber sous le charme de La Maison ?



De page en page, de saison en saison, cette maison en pierres se raconte. Bâtie en 1656, elle choisit de commencer son récit en 1900, année où une bande d'enfants la découvrent, plantée à flanc de coteau, au milieu des arbres, abandonnée et désolée.

1901 : Ce sera une renaissance. Une famille la choisit pour y vivre. La voilà , débarrassée d'une nature envahissante et toute retapée. Bientôt la famille s'y installe. Autour de la maison, les premiers pieds de vigne s'accrochent fébrilement à leur tuteur promettant de futures belles récoltes ; un peu plus haut les pousses de blé s'offrent au soleil encore timide et une chèvre tire sur sa corde avec énergie, sortant d'un appentis attenant à la maison attendant impatiemment qu'on veuille bien s'occuper d'elle.

C'est le début d'une nouvelle vie pour cette jolie et modeste bâtisse.



Sous nos yeux curieux et émerveillés, La Maison se raconte. En quelques vers plus charmants les uns que les autres mais surtout à travers de magnifiques doubles pages où le lecteur peut suivre la métamorphose du paysage au fil des saisons, les modifications apportées par les habitants à la maison elle-même, au puits, aux chemins, aux plantations... C'est aussi l'histoire de cette famille que nous offre La Maison, une histoire traversée par des moments heureux, des journées de labeur mais aussi des instants douloureux engendrés par les deux guerres successives.





Cet album est magique et regorge de trésors. A chaque page, le même lieu est reproduit à l'identique et pourtant des milliers de détails ont changé. On a beau être toujours au même endroit, chaque page est comme un voyage. Voyage au travers des différentes époques du vingtième siècle, voyage au travers d'un paysage aux multiples visages.



On ne peut se lasser d'un tel album, parcourir les pages des centaines de fois, revenir maintes fois en arrière, détailler minutieusement le moindre recoin, s'étonner à chaque instant : "Tiens, mais je n'avais pas vu ça la dernière fois ! " et de tourner furieusement les pages pour voir en quelle année ce nouveau détail est apparu.

En un mot...fascinant !
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L'Auberge de Nulle Part

Cette histoire est celle de l'imagination de Roberto Innocenti. Difficile à croire, mais cette dernière semble lui avoir fait faux bond. Pour la retrouver, le dessinateur saute dans sa voiture mais, au lieu de suivre les routes les plus fréquentées qui mènent aux villes où l'impersonnel se mèle au banal, Roberto Innocenti emprunte une petite route de campagne qui le conduit jusqu'à l'Auberge de nulle part. L'oeil à l'affût, il traque les résidants de ce lieu perdu. Le doute l'assaille : comment se fait-il que tous ces personnages ne lui semblent pas inconnus ? Serait-ce le lieu qui est magique ? Les personnages vraiment extraordinaires ? Son esprit qui carbure un peu trop ? Peut-être bien les trois à la fois...





Le séjour de Roberto Innocenti à l'Auberge de nulle part prend la tournure d'une enquête policière. C'est en ne cherchant plus son imagination que le dessinateur va finir par la retrouver, après avoir croisé de nombreux personnages de fictions que le lecteur pourra aussi essayer d'identifier. Si les fictions de la Petite Sirène, de Moby Dick ou de Don Quichotte ne semblent pas réceler de mystère, les personnages situés hors de leur contexte, et en interaction avec d'autres figures fictives, ne seront pas forcément identifiables immédiatement.





Roberto Innocenti et J. Patrick Lewis nous plongent dans une allégorie intéressante du travail créateur. Dans une quasi mise en abyme, ils exacerbent l'importance de l'héritage culturel dans une perspective de continuel renouvellement. Dommage toutefois que les résidents de l'Auberge de nulle part semblent n'avoir pas d'autre fonction que celle-ci. La démonstration n'exclut certes pas l'imaginaire mais se montre un peu trop mécanique pour nous laisser le loisir du rêve. Les illustrations de Roberto Innocenti, avec leur profusion de détails, constitueront des havres de repos pour le lecteur qui ne souhaite pas quitter l'imaginaire trop rapidement.


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Fais de la Terre ton amie

Cet album est comme une poésie qui nous rappelle l'importance de la Terre pour que l'on prenne conscience de tout ce qu'elle nous apporte. Chaque page nous invite au voyage, à prendre le temps d'observer et de ressentir tout ce qui nous entoure. La Terre est un cadeau merveilleux dont nous oublions parfois la grande valeur, elle est une amie que nous perdons de vue pour d'autres choses, qui sur l'instant, nous paraissent indispensables mais qui au fond, sont bien moins essentielles.



Les illustrations sont incroyables, elles m'ont subjuguée ! Elles transmettent une douceur forte et émouvante à la fois. À les observer, je me suis sentie touchée et puissante en même temps. C'est un sentiment agréablement déconcertant. Chaque page est un véritable monde fourmillant de détails, qui ne demande qu'à être découvert et apprécié.



« Fais de la Terre ton amie » est un album magnifique, poétique, qui nous rappelle où se trouve l'essentiel. Souvent bien plus près que ce que l'on croit. Une vraie ode à la nature, du ciel à la terre, comme une invitation à se poser un instant.
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L'Auberge de Nulle Part

Un homme, artiste de son état, se retrouve un jour dans une impasse : son imagination a décidé de ne plus fonctionner et il ne peut donc plus exercer son métier. Décidant de ne pas se laisser aller ainsi, l’homme part en voyage pour tenter de retrouver son imagination. Il se laisse porter par sa petite 4L, qui finit sa course devant une étrange auberge. L’homme y descend et va y séjourner quelque temps. Dans cette auberge, tout est étrange et surtout, tout à l’air sorti tout droit de l’imagination de diverses personnes… Tous les personnages présents dans cette auberge sont en quête de quelque chose. D’un avenir, d’une personne, de leur propre personnalité… Tous vont réussir à retrouver ce qu’ils ont perdu. Et notre homme, va-t-il retrouver son imagination grâce à cette Auberge de Nulle Part ?

C’est avec cet album, étudié à la fac, que j’ai découvert le travail de Roberto Innocenti. Entre la bande dessinée moderne, le roman illustré à tendance graphique, les petits encadrés de dessin, les doubles pages pleines… cet ouvrage foisonne de techniques diverses et variées, mélangées ici pour le plus grand plaisir des lecteurs avertis, mais aussi pour la découverte de ceux moins avertis. Les illustrations sont drôles, truffées de détails à relever, comme un jeu. Le texte est incisif et laisse penseur. Le tout se marie harmonieusement, malgré un fouillis apparent dans l’entièreté du livre.



Pour découvrir la suite de cette critique ainsi que deux autres albums de Roberto Innocenti, rendez-vous sur notre site !
Lien : http://lebazarlitteraire.fr/..
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La maison

Magnifiques illustrations, comme des tableaux ......pleins de détails, on se balade au fil de la construction de cette maison à toutes les saisons et l'on contemple la vie communautaire où la campagne était solidaire dans toutes les tâches agricoles ...le temps où les familles se connaissaient !

Le temps où l'on ne parlait pas de suicides dans nos campagnes , le temps ou les produits laitiers étaient "bio de chez bio" ! ..Adieu Jean Pierre Coffe !
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L'Auberge de Nulle Part

Lecture dans le cadre du challenge Albums jeunesse 2017-2018 su babelio et le Pumpkin autumn challenge.

En quittant la route principale, on quitte le monde réel pour l'imaginaire, des panneaux de signalisation nous l'indique clairement. Tous ses petits clins d’œil sont un régal. Et comme l'auteur qui a besoin de quitter le réel pour pouvoir imaginer, le lecteur lui faisant confiance le suit su cette route. Toute cette métaphore filée court dans l'album et nous empruntons ce chemin.

Autoportrait ou autobiographie d'un illustrateur en panne d'inspiration qui va oniriquement partir à la recherche de la fibre créatrice en retrouvant ses références livresques.

A la fin de l'ouvrage, l'illustrateur semble s'adresser à l'auteur pour conclure :



"Écris que j'ai découvert ici ce qui est le plus précieux à mes yeux, ce don que je n'avais plus en arrivant : la capacité à rendre réel ce que l'esprit ne fait qu'imaginer. "



J 'aime le dessin précis et si particulier de Roberto Innocenti, qui se dessine lui-même, sans complaisance.



Cela foisonne de détails. C'est un album qu'il faudra ouvrir encore et encore pour en savourer les détails qui sont passés inaperçus en première lecture. J'adore les albums qui ne révèlent pas tout au premier coup d’œil. Un regard rétrospectif après éclairage de la lecture permet de nouvelles découverte et c'est jouissif pour le lecteur.

L'illustrateur utilise tous les formats de dessins de la pleine page à la miniature.

Il excelle dans le dessin narratif proche de la bande dessinée (comme sur la 1ère de couverture avec son arrivée à l'auberge, le temps qui passe et son départ).

Le choix des plans très subjectifs : contre-plongée sous l'avion de Saint-Exupéry ( un maître, un modèle ? ), une plongée sur la salle de repose où les personnages fictifs se côtoient tous ensemble rassemblés sous le regard englobant, embrassant de l'illustrateur Roberto Innocenti.

On regarde à travers ses yeux d'artiste par moment. Sinon ils s'inclue au milieu d'eux, observant ce qu'ils observent (son regard regardant la mer comme Saint-Exupéry ou encore côte à côte avec le petit vagabond regardant la petite sirène partir ).

C'est un album difficile à aborder avec des jeunes enfants en raison des références... Mais pourquoi pas ? C'est une balade onirique qui peut leur plaire accompagné d'un adulte à l'écoute. Et comme le précise l'auteur :



"ce qu'il y a de merveilleux avec les histoires, c'est qu'elles peuvent être lues de manières aussi différentes qu'il y a de lecteurs. "



D'ailleurs, j'ai cru voir Hercule Poirot dans les clients pourtant il n'est pas mentionné en fin d'ouvrage. Je pense que malicieusement l'auteur à glisser des indices littéraires pour les curieux, comme un jeu complice auteur/lecteur.



Il se retrouve perdu entre mer et terre dans une auberge aux clients personnages sortis tout droit de classiques de la littérature. C'est un retour aux sources de l'inspiration et pour Roberto Innocenti ses racines plongent dans le creuset littéraire mondial.

Personnages fictifs ou auteurs : on retrouve Saint-Exupéry, la petite Sirène, Huckleberry Finn, la baleine Moby Dick et le capitaine Achab, le pirate terrifiant de l'île au trésor : Long John Silver et le mythique Don Quichotte, le baron perché.

En parlant des sources d'inspiration, à savoir les personnages et auteurs, il dit :



"Bref, ils avaient tous semé la curiosité et récolté l'imagination."



Ces souvenirs d'enfance livresques semblent redonner goût à la création à l'auteur.



J'adore ces rêveuses rencontres, qui donnent envie de se plonger dans certains classiques que je ne connais pas encore. C'est inspiré et inspirant. Merci aux auteurs pour ce voyage en littérature. Bel hommage aux classiques et introspection salutaire.



" ...je me couchai avec un bon livre et le ventre plein, puis me lançai à l'assaut de la face nord de la montagne des rêves ..."
Lien : http://chrisbookine.blogspot..
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La maison

Au début du XX° siècle, une vieille maison est retapée et habitée à nouveau. On suit son histoire et ses transformation tout au long du siècle.



Il y a longtemps que je vois cet album, que je le range... Mais je ne l'avais jamais lu. Le challenge habitat était sans doute la bonne occasion.

L'album est bien construit : pour chaque année évoquée, on a un détail de la maison accompagné d'un texte sous forme de poésie puis, sur une double page, on voit l'ensemble de la maison et des terres autour.

Le texte est peu difficile, peu explicite, mais très poétique. Il s'agit d'ailleurs de quatrain, du moins, je crois. Le texte est un peu mélancolique.

De page en page, la maison évolue, elle est restaurée, agrandie, se dégrade à nouveau. Autour les terres sont cultivées, le puits est fermé...

L'album est une belle évocation du XX° siècle, ses deux guerres mondiales, l'abandon des campagnes... On a une impression d'acceleration : De 1666 à 1900 peu d'évolution alors que tout au long du XX° siècle, la maison bouge beaucoup jusqu'à une complète transformation.

Bien sûr, on voit l'évolution des costumes avec une part importante réservé aux uniformes. C'est aussi la technologie que l'on voit arriver : la famille emménage avec une charrette tiré par un cheval puis on voit arriver les voitures, les tanks, les poteaux électriques arrivent dans le paysage...

C'est vraiment les illustrations que j'ai adoré. Je crois qu'on pourrait les regarder pendant des heures et toujours découvrir de nouveaux détails. Chaque double page est un tableau. Magnifique !
Lien : http://bloguiblogas.blogspot..
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L'Auberge de Nulle Part

Un écrivain en quête d'inspiration décide de faire un séjour dans une auberge du bout du monde, au bord d'une falaise qui surplombe une mer déchaînée. Le décor est planté. Dans cette auberge séjournent des personnages étranges dont les mœurs sortent du commun. Pourquoi sont-ils ici? Quelle quête les anime-t-ils? Notre héros réussira-t-il à trouver son inspiration dans ce cadre poétique et inquiétant? Les illustrations d'Innocenti, très inspirées par l'esthétique de la bande-dessinée, sont riches et majestueuses. Des références à des personnages de romans célèbres y sont subtilement cachées, de même que dans un texte poétique qui n'hésite pas à cultiver le mystère. Nous, lecteurs, ressemblons alors à des détectives privés, guettant les indices qui nous permettront de reconnaître les histoires qui y sont cachées. Cet album est d'une lecture difficile, il ne pourra plaire qu'à des enfants très bons lecteurs, ou à des adolescents. Par contre, sa richesse en fait un outil pédagogique puissant pour travailler l'intertextualité en classe ou au CDI.
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Guerriers de l'Enfer

"...

Moi qui brûlais ma vie

Aux quatre coins des nuits

Qui marchais sans but

Au long de l'ennui



Moi qui ne croyais rien

Qu'à ces petits matins

A l'aube on peut croire

Aux rêves de gloire



Moi qui ne croyais rien

Aujourd'hui crois en mon destin

Pour trouver la vérité

Il me suffisait de chanter ...*"

( Nicoletta, " La musique")

Des paroles qui aurait pu correspondre à la situation du livre " Guerriers de l'enfer" mais collaient en réalité à une vie trépidente pleine d'excès d'une jeune noctambule qui finira désabusée, jusqu'à trouver un but en écoutant vraiment la musique, en faisant carrière dans la chanson. La musique coulera dans les veines, sera l'air que l'on respire et que l'on expirera sur le monde, elle apportera un peu de joie, de lumière et de chaleur. Donner de la voix, va guider vers ce bon feu.

Cette idée trouvera sens aussi avec la musique dite " noire", dans ces Gospels pour supporter le dur rythme des journées de travail d'esclaves et la férocité des humiliations sur les plantations du sud de l'Amérique, elle maintiendra l'espoir et la croyance de jours meilleurs qu'on ne peut promettre, aidera à âtiser le peu de joie qui peut être économisée dans les coeurs, la musique va être le bol de soupe populaire qui va être partagé entre les opprimés.

" Guerriers de l'enfer" offira un nouvel exemple du pouvoir de la musique sur des moments historiques improbables, "la lumière naitra de l'obscurité, la musique noire passionnée des temps de crises...".



Nul besoin de changer les mots de l'introduction du livre, ils sont parfaits pour annoncer ce qui va suivre:

".... c'est tradivement que les États Unis ebtrèrent dans la guerre, en avril 1917, après deux ans et demi de neutralité. Un chapitre important de l'engagement américain dans ce conflit a souvent été minimisé: le rôle crucial joué par plus de 350 000 soldats noirs américains.



L'une de ces unités noires américaines, mobilisée sous le nom de 15 ème régiment de la Garde nationake de New York, sera rebaptisée 369ème régiment d'infanterie américaine. Ses soldats deviendront les " Harlem Hellfighters", les guerriers de l'enfer venus de Harlem,appelés ainsi par les allemands pour leur ténacité. Les Harlem Hellfighters, qui se surnommaient aussi les " Men of Bronze", les hommes de bronze, ou les "Black Rattlers", les serpents à sonnettes noirs, resteront dans l'Histoire non seulement pour leur bravoure sur le champ de bataille, mais aussi pour avoir inventé une musique entièrement nouvelle, mélange de jazz primitif, de blues et de ragtime enlevé, jamais entendue jusqu'alors..."



Ce documentaire pour la jeunesse racontera l'effort de guerre de cette incroyable "fanfare" militaire noire américaine qui conjointement remontera le moral des troupes en se produisant sur des unités, en créant et diffusant dans ces paysages tourmentés un jazz ragtime un peu brut mais aussi accomplira son devoir de renfort sur le terrain, l'arme à la main.

On imagine le courage qu'il aura fallu pour garder le petit feu de la passion musicale vivace pour pouvoir le transmettre aux troupes "abimées", tandis qu'il fallait soi-même faire ses rudes tâches quotidiennes et soigner ses blessures.

Le documentaire citera James "Jim" Reese Europe, militaire et chef d'orchestre noir, qui commandera ce 369ème Régiment d'infanterie de musiciens.

C'est très intéréssant, de découvrir ses "héros" du monde libre méconnus, recontextualisés dans l'Amérique d'une époque moins libre au sud pour ces noirs.

Que restera t-il? : le devoir de mémoire, comme celui de ce documentaire pour les ados et la musique, elle nous restera à jamais.

Ce bon vieux feu qui ne s'éteint jamais.

C'est très rassurant.



La grande histoire notera et retiendra ses épisodes utiles pour répondre à des questionnements pas si bêtes, qui balaieront la fausse idée que les deux premières guerres mondiales étaient un affrontement de gens "blancs".

Ceci permettra aux jeunes générations, notamment de couleur, de savoir quelle posture occupaient les gens de couleur à l'époque. D'ailleurs, pour la Seconde Guerre, le monde du cinéma illustrera la participation des " Tirailleurs sénégalais"

( voir Wiki:

"... Entre 1939 et 1944, ils sont près de 140 000 Africains engagés par la France. Près de 24 000 sont faits prisonniers ou sont tués au combat. Les tirailleurs sénégalais participent entre autres à la bataille de France, à la conquête de l'île d'Elbe en juin 1944 et à la prise de Toulon, à la suite du débarquement de Provence, en août 1944...")



On aime bien ces parenthèses illustres qui viendront gommer les idées reçues qui suggéreraient la diversité comme une idée très récente sur le patriotisme, sur les minorités raciales, de genre et d'orientations sexuelles.

Ces patriotes et alliés existaient, ils étaient là, ils ont fait front eux-aussi, hommes de couleur, femmes et gens homosexuels auront d'extraordinaires faits d'armes, parfois tragiques, et qui seront écartés en faveur du tableau général.
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La Princesse Grenouille

"Il y a très longtemps, dans un royaume lointain, vivait un tsar qui avait trois fils. Quand ils eurent l’âge de se marier, le tsar appela les trois princes à ses côtés, et il leur dit : "Armez vos arcs de toutes vos forces et tirez chacun une flèche au loin, jusqu’au coeur de la Russie. Celle qui trouvera votre flèche, vous l’épouserez…"



Ainsi commence l’histoire de la princesse Grenouille. Trois princes obéissants promettent à leur père d’accomplir ce dessein et orientent leur flèche dans des directions opposées.

La fille d’un homme noble découvre la flèche de l’aîné. La fille d’un marchand repère celle du cadet. Quant à la troisième, celle du benjamin, la stupeur est grande ! Lorsque le prince Ivan retrouve la sienne dans un marais, elle est la possession d’une grenouille.

Il sera désolant d’épouser ce quadrupède, mais se parjurer serait déshonorant ! C’est donc sous les moqueries de ses frères qu’Ivan présente à son père sa fiancée, une petite créature qui tient dans sa poche.

Les mariages sont célébrés et le tzar continue à imposer ses vœux… Il aimerait que les nouvelles épousées lui tissent un magnifiquement vêtement.

Comment la petite grenouille va-t-elle s’en sortir ? Elle ne semble pas partager le désespoir de son prince, au contraire, elle le rassure car "demain est un autre jour".



Demain est un autre jour et les désirs du tzar sont toujours aussi impérieux. Après le vêtement, c’est une tarte qu’il voudrait goûter et pour célébrer ce royal gâteau, un bal sera donné.



"Ne crains rien mon prince" dit la grenouille. Confiante, elle rassure son époux. Dans la nuit, un orage annoncera sa venue et fera taire les persifleurs qui se gaussent de cette union. Le serment tenu, la nuit fut féérique pour Ivan et sa grenouille, qui est en réalité une merveilleuse princesse, Vassilissa la Sage.



Mais l’histoire serait bien trop courte si elle s’arrêtait là. Le bonheur dura peu de temps. Sur un geste irréfléchi, Ivan détruisit ce qu’il ne fallait pas, faisant disparaître sa princesse.

Long, de deux années, et loin, au-delà du royaume, sera le chemin pour retrouver son amante. Sur sa route, il trouvera un vieil homme, un ours, un faucon, un brochet et la sorcière Baba Yaga qui le conseillera et lui racontera le triste sortilège qui a emprisonné Vassilissa, princesse sage et fille du cruel Kochtcheï.



Il était une fois…



Cette belle histoire superbement illustrée est un conte populaire dont on ne connaît pas l’origine, repris par Alexandre Afanassiev un auteur du XIXème siècle qui a enrichi le folklore russe de ses récits.

J. Patrick Lewis est Américain. Professeur d’économie, il se consacre pleinement à l’écriture depuis 1998 et écrit essentiellement des livres, des poèmes, pour enfants. Avec ce texte publié en 1994, il reprend la légende de Vassilissa.

Vassilissa a été racontée dans de différentes histoires. On la nomme la Belle dans une, la Sage dans une autre, elle est enfant ou jeune fille, et est aux prises des pouvoirs maléfiques des plus méchantes créatures des légendes slaves, sorcière, ogre, tyran, diable, dragons…

Dans ce conte, elle a été maudite par son père et Baba Yaga, la sorcière ogresse, aidera le valeureux Ivan à la retrouver. On parle alors d’un chemin initiatique (dixit un article sur Wikipédia).

Les illustrations magnifiques sont de Gennadij Spirin, un dessinateur Russe qui vit en Amérique. Il se distingue par la perfection de ses aquarelles qui représentent l’art russe dans toute sa beauté, sa magie, faisant référence aux icônes byzantines. Souvent primé, il a reçu pour cet album la médaille d’or de la Société des Illustrateurs de New York en 1994.



Cet album est à noter et à offrir. L’histoire est fascinante et, bien qu’à consonances orientales, rappelle certains contes, comme celui de Charles Perrault, "Cendrillon", ou "Les trois plumes" des frères Grimm. Pour les dessins, ils sont des joyaux et c’est ce qui motivera l’acquisition ! Le texte est enluminé par des frises qui ajoutent une opulence aux illustrations déjà très étoffées.

A l’approche de Noël, il ne vous reste plus qu’à…
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Guerriers de l'Enfer

Un exceptionnel documentaire tirant de l'ombre un régiment trop peu connu de l'histoire de la Grande Guerre.

L'histoire des Harlem Hellfighters et de leur big band de jazz qui firent l'effet d'un tourbillon culturel dans les régions de France où ils passèrent.



Nous suivons particulièrement l'histoire de James "Big Jim" Reese Europe, fer de lance de ce régiment et de cet orchestre survolté.

L'occasion aussi de découvrir l'histoire d'Henry "Black Death" Johnson, premier militaire américain à recevoir la croix de guerre française. Africain-américain qui plus est, faut-il le préciser !



Les fantômes de l'esclavage ne sont jamais loin, et les infâmes griffes de Jim Crow non plus. L'album ne cache rien, n'occulte nullement le racisme et mord avec une verve enthousiasmante. La plume de J. Patrick Lewis est aussi poétique qu'acérée.



Les dessins de Gary Kelley sont magnifiques, sombres et sobres. Ils sont de plus truffés de références, explicitées en fin d'ouvrage.



Un beau texte au service de magnifiques illustrations sur un sujet nécessaire. Du grand art !
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La maison

Comment faire comprendre le temps qui passe au jeunes enfants ?

Cet album jeunesse de Roberto Innocenti est un merveilleux support !

On suit page à page l'histoire d'une simple et belle maison de pierres qui vit et souffre de l'usure du temps avec ses habitants.

Elle passe ainsi par des périodes heureuses et par d'autres plus... difficiles. A la fin, on se retrouve dans le monde d'aujourd'hui, ce qui permet d'ancrer l'histoire dans le présent.

Un très beau dessin qui plaira à tous. Bravo !
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L'Auberge de Nulle Part

En guise de prologue, un autoportrait de l’illustrateur en artiste en panne d’inspiration. Et nous voilà partis avec lui pour une expédition en 4L à destination de Jen’Saisquelleville … Quand la voiture – ou le destin – en décide autrement et s’arrête devant l’Auberge de Nulle Part. Etrange auberge ! Ses clients s’appellent Peter Pan ou Tom Sawyer, on y croise aussi une jeune fille diaphane mystérieusement attirée par la mer, un Monsieur Gris de Pâlichon dans une chambre en noir et blanc, un aviateur arrivé à bord de l’Intransigeant … Et les environs sont du même acabit : un baron perché dans un arbre, une baleine blanche échouée sur la plage, où un marin unijambiste creuse inlassablement à la recherche d’un trésor …

On aura compris que cette auberge abrite des héros de notre imaginaire ou leurs créateurs. Et au fil du récit, chacun semble trouver à l’auberge ce qu’il était venu y chercher : l’amour, la couleur, l’aventure … Notre héros finit par le comprendre et par trouver ce que lui aussi cherchait : « la capacité à rendre réel ce que l’esprit ne fait qu’imaginer ». D’ailleurs, le perroquet réceptionniste l’avait annoncé dès la première page : « là où les réponses dansent avec les points d’interrogation, vous trouverez le remède ». Et il l’a si bien trouvé que cet album est un merveilleux hommage à l’imaginaire, aux lectures d’enfance, au merveilleux qui berce nos rêves. Et pour ceux qui n’auraient pas repéré tous les clins d’œil, une postface donne les clefs de l’Auberge.

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La maison

L'histoire d'une maison qui traverse les années et accompagne les difficultés et les bonheurs de ceux qui l'habitent ou la visitent.

On peut rester un long moment à observer chaque illustration afin de repérer tel ou tel détail, noter les différences avec l'époque précédente, revenir en arrière...

un petit bonheur en couleur et en grand format !
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La maison

Elle est née en 1656, une année où la peste décimait la population...elle a tenu le coup, traversé les saisons, survécu aux guerres...les années ont passé, puis les siècles. Le début du XXème siècle marqua sa renaissance : des couples s'y installèrent, des familles se créèrent et s'agrandirent entre ses murs. C'est cette maison elle-même qui nous raconte son histoire du siècle passé.

La suite sur mon blog jeunesse :
Lien : http://autraversdumiroir.blo..
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Guerriers de l'Enfer

le livre "guerriers de l'enfer" raconte l'histoire du 369ème régiment d'infanterie qui était constitués entièrement d'homme noirs, ils étaient appellés les "Hellfighters" parmi eux James alias "Big jJim" et quelques autres ont inventés une forme de musique ressemblant au jazz, après la guerre "Big Jim est devenu chanteur et a sorti un album, ce livre raconte donc la vie des Hellfighters et le développement du jazz grâce à ce soldat du 369ème régiment d'infanterie de l'armée américaine. J'ai beaucoup aimé ce livre très intéressant qui parle de la participation des afro-américain dans la guerre.

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Guerriers de l'Enfer

Un magnifique album qui nous fait découvrir une histoire bien peu connue de la première guerre mondiale. J'avais déjà entendu parler de ces soldats afro-américains venus se battre en France mais ce livre nous a apporté autre chose. de la poésie, de la musique, de la compassion... Les couleurs sont sombres et pourtant c'est lumineux. Le texte est prenant et extrêmement bien traduit. Il ressemble à une chronique de André Manoukian...
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La maison

J'ai beaucoup aimé cet album qui retrace la vie d'une maison sur une période d'une petite centaine d'années. On la voit changer au fil des saisons et des habitants, marquée par les grands événements de l'histoire. Les ellipses du texte sont compensées par la richesse des illustrations qui nous font comprendre les événements passés.
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La maison

Ici, il n’est pas question d’histoire de l’art… mais d’histoire. De cette histoire qui s’incarne dans les pierres. La Grande Histoire mélangé à la petite histoire des foyers. Notre vieille maison de pierres du pays en a vu des choses depuis sa fondation en 1656, des bonheurs, des tragédies, des guerres, des naissances et des morts. A demi-mot, les textes dessinent l’histoire et les illustrations (d)écrivent les vies humaines.



Ils savaient la tâche impossible de raconter des siècles d’histoire et très humblement, les auteurs ne s’attachent qu’au seul XXème siècle, mais il y en a déjà des choses à dire sur ce siècle ! Même dans ce coin reculé de la campagne.



Ainsi, les saisons passent, la maison se rempli de vie et se vide dans un ballet incessant, son architecture change au fur à mesure des besoins de son époque, le confort s’installe, la façade change… en même temps que les mœurs.



(Suite sur le site !)
Lien : http://www.oldwishes.net/la-..
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