Citations de Jack Ketchum (88)
La douleur ne se limite pas à la souffrance physique, à son propre corps – surpris – qui proteste contre une atteinte à sa chair.
La douleur peut venir de l'extérieur.
Quelquefois, ce que vous voyez peut faire mal. La forme de douleur la plus cruelle et la plus pure. Sans médicament ni sommeil pour l'atténuer, sans état de choc ni coma pour la fuir.
Vous la voyez et vous l'engrangez. Et ensuite elle vous possède.
On ne se rencontre jamais soi-même, à moins de surprendre son propre reflet dans l'oeil d'un autre être humain.
Loren Eisley
La vie vous joue de ces tours, parfois. Il a déjà eu l'occasion de le remarquer. Elle vous emmène très haut, puis vous fait retomber d'autant plus durement, et revient pour vous pisser sur les pompes, en plus.
Ne comptez pas sur moi pour vous raconter.
Je m’y refuse.
Plutôt mourir que de décrire certaines choses. En avoir été le témoin peut vous amener à regretter de ne pas être mort avant.
J’ai regardé et j’ai vu.
- Tu en as vraiment déjà vu ?
- Vu quoi ?
- Un nichon.
- Pour de vrai ?
- Ouais. (Donny rit.) Ceux de la soeur d'Eddie.
Il provoqua un nouvel éclat de rire collectif, parce que tout le monde les avait vus.
- Non, je veux dire sur une femme.
- Nan.
- Et vous autres ?
Il regarda autour de lui.
- Ma mère, dit Tony, visiblement mal à l'aise. Une fois. Je l'ai surprise dans la salle de bains pendant qu'elle enfilait son soutien-gorge. J'ai tout vu, l'espace d'une minute.
- Toute une minute ?
Kenny prenait vraiment ça très à coeur.
- Non, une seconde.
- Mince ! C'était comment ?
- Qu'est-ce que c'est que cette question ? « C'était comment ? » Je te parle de ma mère, bon sang ! Sainte Vierge ! Espèce de pervers !
- Hé ! Je n'avais pas l'intention de te vexer !
- C'est bon, il n'y a pas de mal.
Mais, à présent, nous pensions tous à Mme Morino, une Sicilienne courte sur pattes, à la taille épaisse et avec bien plus de moustache que Tony – mais elle avait de gros seins. Essayer de se la représenter ainsi constituait un exercice à la fois difficile et intéressant – et un rien répugnant.
(p. 93-94)
La douleur ne se limite pas à la souffrance physique,...
La douleur peut venir de l'extérieur.
Après son départ, elle reste, assise, nue, sur le bord de son lit, pendant un temps qui lui paraît long. Puis, sous l'impulsion d'une sorte d'horloge interne, elle se lève et procède à des ablutions de péripatéticienne dans le bidet. L'entrejambe et les dessous de bras savonnés, rincés, séchés, elle enfile sa nuisette et retourne au lit s'allonger. Peu après, la voiture arrive, des portières claquent et le vide qui en résulte est le résumé de sa vie.
Les manèges provenaient d'une troupe ambulante de forains professionnels. A nos yeux, les forains représentaient le comble de l'exotisme. Des hommes d'allure peu commode et des femmes qui travaillaient, une Camel coincée entre les dents, plissant les yeux contre la fumée qui s'élevait, arborant des tatouages, des cals et des cicatrices, sentant la graisse et la sueur. Ils juraient et buvaient de la Schlitz en travaillant. Comme nous, ils ne rechignaient pas à cracher de gros mollards dans la poussière.
Nous adorions la fête foraine et les forains. Comment aurait-il pu en être autrement ? En l'espace d'un après-midi d'été, ils transformaient notre cour de récréation - ses deux terrains de base-ball et celui de foot, ainsi que sa surface goudronnée - en une ville de toile et un tourbillon d'acier. Ils allaient si vite que nous pouvions à peine en croire nos yeux. C'était magique, et ces magiciens affichaient des sourires où brillaient des dents en or et ils arboraient des tatouages "J'aime Velma" sur leurs biceps. Irrésistible.
(p. 55-56)
Les enfants étaient impuissants. Presque par définition. On attendait d'eux qu'ils endurent les humiliations ou se sauvent en courant. Protester n'était envisageable qu'en louvoyant : se réfugier dans sa chambre en claquant la porte, crier et hurler, broyer du noir pendant le dîner, jouer la comédie, casser volontairement quelques chose "par accident". Ou encore adopter une attitude renfrognée, sombrer dans le silence, merder à l'école. Et c'était à peu près tout. Toutes les armes que contenait votre arsenal. Mais tenir tête à un adulte et carrément l'envoyer paître n'en faisait pas partie. Dire simplement "non" à un adulte était inacceptable. Nous étions trop jeunes pour ça. (p. 161)
Après chaque marche, je marquais une pause pour écouter. Je variais le délais entre chaque marche afin de ne pas suivre un rythme identifiable.
Mais chaque marche avait son mot à dire.
C'est un scénario de cauchemar, un croisement entre "Happy Days" et "Orange Mécanique". (Stephen King)
''Vous serez effrayés de tourner ces pages, mais ne pourrez pas vous en empêcher. Les ambitions thématiques de Ketchum, si grandes soient-elles, savent se faire discrètes; elles n'entravent en rien la tâche première de tout romancier, c'est-à-dire envoûter le lecteur - capter sa totale attention, par tous les moyens. Et Ketchum recule devant rien, mais bon sang, quelle efficacité''.
INTRODUCTION À UNE FILLE COMME LES AUTRES
PAR STEPHEN KING...
Il nous arrivait d'y jouer, mais pas souvent. C'était un endroit effrayant. Comme s'il avait construit une cellule - pas un abri pour maintenir quelque chose à l'extérieur, mais un profond trou noir pour garder quelque chose à l'intérieur.
Et d'une certaine façon, sa position centrale imprégnait toute la cave. Même en train de boire un Coca en bavardant avec Ruth pendant qu'elle fait sa lessive, vous ne pouviez vous empêcher de regarder par-dessus votre épaule en direction de cette espèce à bunker à l'allure malveillante, ce mut de béton massif, à la surface craquelée, constamment suintante.
Il n’éprouvait pas de haine particulière à l’égard des ivrognes. Après tout, les alcooliques étaient des gens comme les autres. Des gens vulnérables. Voilà ce qu’il détestait. La vulnérabilité insouciante, presque désinvolte, de certaines personnes, capables de se fourrer dans les situations les plus invraisemblables avec de parfaits inconnus et de s’étonner après si les choses tournaient mal. A croire qu’ils pensaient que leur innocence suffirait à les protéger, comme si l’innocence et la vertu pouvaient protéger de quoi que ce soit en ce bas monde. Il était bien placé pour savoir qu’il n’en était rien. Il se savait né pour accomplir bon nombre de choses, mais une de ses missions consistait à leur faire prendre conscience de la vérité. A leur apprendre que le monde était un endroit sombre. Où il fallait échapper aux conséquences de ses actes. Tout le monde agissait ainsi toujours. Celui qui l’oubliait le faisait à ses risques et périls. Et devenait une victime.
Nous étions mineurs, pas des criminels, mais des délinquants. Aux yeux de la loi, nous étions innocents par définition. Nous ne pouvions pas être tenus responsables de nos actes, comme si tout individu de moins de dix-huit ans souffrait légalement de démence et d'incapacité à distinguer le bien du mal.
Je commençais à apprendre que la colère, la haine, la peur et la solitude sont autant de boutons qui n’attendent que la pression d’un doigt pour semer la destruction.
Face à n'importe quel danger réel provenant du monde des adultes, nous étions condamnés. Ne nous restaient que le désespoir, l'humiliation et la colère.
Je commençais à apprendre que la colère, la haine, la peur et la solitude sont autant de boutons qui n'attendent que la pression d'un doigt pour semer la destruction.
« Merde, ils pouvaient nous balancer dans une rivière s’ils le voulaient. Nous n’étions que des enfants. Nous étions la propriété de nos parents. Nous leur appartenions, corps et âme. Face à n’importe quel danger réel provenant du monde des adultes, nous étions condamnés. Ne nous restaient que le désespoir, l’humiliation et la colère »
Elle sait que la douleur ne se limite pas à la souffrance physique, à son propre corps – surpris – qui proteste contre une atteinte à sa chair.
La douleur peut venir de l'extérieur.