La naissance du romancier en Camus - ou la reconnaissance de sa véritable "vocation" - n'est cependant pas immédiate ; pendant quelques années, il se voudra philosophe, critique, ou poète. Si ces premiers écrits sont loin d'être inintéressants, ils n'ont pas la nécessité, le caractère d'exigence interne de la création véritable. C'est la lente élaboration romanesque qui donnera naissance à une oeuvre véritable ; et c'est à travers elle que l'autorisation d'écrire d'André de Richaud, prendra tout son sens.
Le roman camusien, fondé sur ou par la clairvoyance et la passion, apparaît comme le signe d'une victoire de Camus sur lui-même, et de son langage sur un certain nombre d'obstacles ou de tentations ; et la démarche de Camus est exemplaire dans l'appropriation progressive de son royaume et de ses moyens d'expression.
Par là, s'affirmait une certaine confiance dans le pouvoir des mots, et le texte lui-même devenait participation au combat collectif.