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4.25/5 (sur 4 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , 1964
Biographie :

Jacques Astruc a fait des études de lettres à Pau. Depuis vingt-cinq ans il est bibliothécaire à Paris.
Il a publié trois romans, deux récits et quatre recueils de nouvelles, ainsi que des articles et nouvelles dans des revues littéraires.

Source : http://alexipharmaque.net/
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Citations et extraits (9) Ajouter une citation
Quand la Main tourna la page, il y eut comme un crissement, venu de très loin, du fond des âges.
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Elle rendait fous les hommes qui l'approchaient trop longtemps. Elle le savait. Elle connaissait l'étendue de son pouvoir. Elle les gardait le moins possible, entre ses cuisses redoutables. Jamais plus qu'il n'était nécessaire. J'appartenais à la catégorie des amants maudits. Craignant trop de ne pas ressortir indemne du con terrifiant de Lolita M., je resterais, toute ma vie, à l'entrée, en extase devant l'impossible jouissance, qu'elle aurait pu me donner. J'aime en Belle cet obstacle même, ce paradoxe du Désir qu'elle incarne à la perfection.
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J’ai visité tous les bars homos. J’ai bu des cocktails exotiques sous des spots rose fluo. Je me suis rincé l’œil sur de beaux mecs aux torses sculptés dans des marcels, sur des biceps ornés de tatouages. Les garçons gays ont quelque chose, c’est incontestable. Une beauté androgyne particulière, qui les rend facilement craquants.
Quoi de plus attendrissant pour une femme que cette fragilité dans la virilité ? Ils sont un peu fluets, à mon goût, ou alors carrément obèses. Certains en font trop : ils sont si artificiellement baraqués que leur plastique musculaire semble être devenue une fin en soi. Ils doivent être abonnés à tous ces clubs de gym et autres salles de musculation branchées. Ils font l’amour devant le miroir, comme ils dansent et draguent. Pires que les plus coquettes des femelles.
Je connais tant de filles qui leur ressemblent. Gym, crèmes et régimes, tant on a peur d’entrevoir le vide vertigineux en dessous. Mon mari mérite mieux. Moi aussi.
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Mon mari a toujours les cheveux en bataille, ne se rase qu’un jour sur deux. Comment a-t-il pu plaire à l’un de ces narcisses passés à l’autoclave ? Le romantisme du baroudeur qui pue ? Le fantasme de l’homme des bois ? L’Amant de Lady Chatterley ? Robinson et Vendredi ? Je ne comprendrai jamais l’étrange imaginaire de tous ces mecs qui se croisent, se jaugent, se reniflent avec une sauvagerie animale. Des couples d’un soir se forment sous mes yeux curieux.
J’ai du mal à suivre leurs tactiques de drague, trop subtiles pour la bourgeoise rangée que je suis. Je n’ai pas accès à leurs codes secrets, auxquels mon mari a dû être initié par son amant. Je suis trop normale pour être admise dans la secte. J’aurais tant aimé découvrir la formule magique qui a ouvert par effraction le cœur de mon cher mari.
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Déjà, ils rêvent de m’éliminer, tous les deux. Leur passion a atteint son degré d’incandescence, celle qui brûle tout sur son passage. Ils doivent rire de moi, comme de toutes les femmes, dans leur lit douillet de l’hôtel du jeudi. Ils préparent leur fuite d’amants éperdus de désir. Leurs corps se veulent, du matin au soir, et la nuit surtout. Mon mari a un sommeil agité de spasmes nouveaux. Il bande souvent dans son sommeil. Il pousse de petits grognements animaux. Je l’ai perdu. L’amant de mon mari ne m’a rien laissé.

Je pleure, seule dans mon salon vide, devant ma télé. Je sais que mon mari va rentrer, en retard, qu’il va encore me mentir, de plus en plus mal. Je souffre seule, en silence. L’indifférence s’installe, tout doucement, sans faire de bruit. Bientôt je serai seule.
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Le pire de tout reste cette gentillesse, suspecte. Pire que tous les aveux. Mon mari me fait de menus cadeaux, pour acheter mon silence. J’ai droit à mon bouquet de fleurs, des roses thés, toujours les mêmes, avec le même ruban, tous les dimanches, vers dix-huit heures trente.
Il me les offre avec ce sourire béat, que je connais bien, le même qu’il avait quand nous étions jeunes mariés, après nos premières nuits d’amour, quand il jouissait si fort de mon corps jeune et ferme, pétrissant à pleines mains mes beaux seins de vingt-cinq ans.
Maintenant ma poitrine s’affaisse, et mon mari me quitte. Il m’offre des roses pour avoir un prétexte pour sortir téléphoner à son chéri, en descendant chez le fleuriste de la place.
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La jeunesse est irremplaçable. Je le sais. Je ne me fais aucune illusion. Je suis moins séduisante. Normal. Les cycles hormonaux font leur œuvre de mort. Dès la splendeur de notre jeunesse nous commençons déjà à perdre la partie. Les femmes sont des fleurs. Elles ouvrent leurs pétales colorés au soleil de la vie, puis, tout doucement, elles se fanent, gentiment. La ménopause leur porte le coup de grâce.
Les hommes, eux, vieillissent plus doucement. De jeunes beaux à vieux libertins lubriques, ils se rident, se voûtent, finissent par prendre du Viagra pour prolonger un temps l’illusion de la vigueur enfuie. Dans la sinistre course contre la montre, ils ont un très léger avantage.
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L’amant de mon mari est beau comme un ciel d’été sur la mer bleue. Il a la barbe noire des brais mecs. On dirait le dieu Poséidon sortant des flots, nu, musclé et velu.
L’amant de mon amant est un beau gosse large d’épaules.
L’homme qui baise mon mari tous les jeudis à dix-sept heures me prend tout. Il me vole beaucoup plus qu’une heure d’amour. Il me ravit le sexe de mon mari, qui est à moi. Mon mari rentre à vingt heures, puant un sperme qui n’est pas le sien. Je connais bien le parfum du sperme de mon mari.
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Le premier qui cède perd sa place au soleil.
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