Jacques Borgé

A l'extrémité du village d'Argenteuil, dans une situation pittoresque non loin de la rivière, on voyait à l'ombre de quelques vieux chênes, un groupe de trois ou quatre huttes.
Elles appartenaient à la veuve d'un guerrier tué dans une des escarmouches si fréquentes alors entre les diverses tribus.
Cette veuve se nommait Bodicéa, et elle avait une fille, âgée de dix-huit ans, d'une grande beauté.
Outre les huttes qu'elle occupait avec ses esclaves et ses serviteurs, elle possédait des champs, des pâturages, des troupeaux, qui faisaient de sa fille unique la pluche héritière du canton.
Notons un détail caractéristique.
Sur la porte de chaque hutte étaient clouées une ou plusieurs têtes humaines, décharnées par le temps, et conservant à peine quelques restes de cheveux ; c'étaient celles des ennemis que le mari de Bodicéa avait tués à la guerre ...

Au bas du Calvaire, appuyée contre, la maison « d'où je sors », comme on dit ici, la maison des miens, la plus modeste qui soit : une grange, un hort des plus petits, et l'oustaou, l'habitation, sous le grenier couvert de chaume, une seule pièce, où l'on accède par quelques marches.
C'est là qu'hivernait mon grand-père, buronnier, lorsque le froid oblige les troupeaux à descendre de la montagne. Là, mon père est né, a passé la moitié misérable heureuse - de sa vie ; là se sont écoulées, pour moi, de brèves heures insoucieuses, à l'époque où le hasard uniquement mon père indécis d'émigrer de nouveau ou de se fixer dans la contrée -- m'empêcha de devenir pâtre, pour me condamner plus tard à aligner des phrases...

je tiens à ce que tu reçoives ma lettre le mois prochain. Me voici arrivé depuis quinze jours, toujours en excellente santé. Le matin, je prends mon fusil au petit jour et je vais à la chasse au bout de mon jardin, car j'ai un jardin... J'ai aussi un singe qui s'appelle Boubou, une loutre, une tortue, un cochon, un coq superbe, une dizaine de poules (de vraies cochinchinoises celles-là !) et des oiseaux bleus, verts, rouges... Je ne te parle pas des moustiques cancrelats, lézards dit margouillats, poux des bois, crapauds, petits serpents de deux mètres etc. dont la cagna (lire la maison) est pleine.

En 1936, les chemins de fer américains créent des wagons spécialement réservés aux femmes.
luxe suprême, elles ont le droit de fumer à bord, ce qui leur était jusqu' alors strictement interdit.

Tous les passagers sont dans le salon du dirigeable : c'est une pièce carrée de 25 m², semblable au salon d'un pont d'un grand yacht où la véranda d'un bungalow. Une porte à l'avant donne accès à la cabine de direction, au poste de radio et à la cuisine ; la porte arrière conduit aux cabines des passagers. Le steward nous distribue la liste des passagers. Nous sommes vingt ! Pour la plupart des habitués des voyages aériens en avion. Et pourtant, à bord de cet énorme vaisseau, qui ne ressemble à aucun autre, nous sommes surpris pas le luxe et l'espace dont nous pouvons disposer.

Extraits de " Un drôle de Président" - Portraits sans complaisance de Présidents de Chambre, dressés par René Benjamin au début du siècle

Et il porte agréablement la tête, toujours soucieux d'une attitude qui, surtout au début de l'audience, contraste avec les miséreux qu'on assied sur le banc fatal.
Ce sont les vagabonds qu'on liquide d'abord. Ils sont une dizaine, qu'on dirait enfilés dans une broche, serrés à ne pas pouvoir se tenir de face ; les têtes seules remuent sur des corps immobiles. Ils n'arrivent même plus à se gratter, quoique la vermine les dévore. Ils sont blêmes dans des habits verdâtres, barbe mêlée, figure crasseuse, le col haut, comme si la Justice leur donnait froid. En vérité, elle les laisse impassibles. Abrutis de misère, ils vous fixent de leurs yeux esquintés qui ne peuvent dormir nulle part ; ils ne sentent plus leurs pieds : ce n'est qu'une brûlure ; ils ne sentent plus leur tête : un étourdissement.
[...]
Le suivant : longs cheveux dans le cou ; redingote de philosophe.
- C'est vous Joyeux ? Vous dormez sur les bancs, et vous ne faites rien ?
- Oh ! si ! ...
- Quoi donc ?
- J'bricole... J'donne des renseignements.
- A qui ?
- Ceussent qui m'en demandent... Puis j'ouvre les portières.
- Sans que personne ne vous le demande. Tout cela n'est pas sérieux. Vous devez travailler régulièrement.
- J'ai des rhumatisses.
- Tout le monde a des rhumatismes ! Deux mois de prison.
Deux mois, ce n'est rien. M. le Président se souvent d'avoir eu deux mois la même maîtresse : que c'est vite passé !

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La bicyclette donné à la femme le courage qui lui manque.
L'histoire du vélo roule à pas de géant à partir de 1891. Quatre ans plus tard, les femmes ont presque conquis le droit de pédaler et les premières études sur ce phénomène social commencent à fleurir.

Un prêtre italien rend visite en 1665 aux religieuses de l'ordre de Saint Pierre. Il découvre une communauté idyllique où règne le culte de la beauté, des arts et une vie quotidienne extrêmement raffinée.