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Citations de Jacques Boulenger (35)


À côté de la reine, un écuyer portait un petit chien braque, qu'elle aimait tendrement parce que c'était la Dame du Lac qui le lui avait donné. Et les pucelles chantaient des chansons joyeuses comme :

Je sens le doux mal sous ma ceinturette.
Maudit soit de Dieu qui me fit nonette !

Ô Ciel ! qui m'a mise en cette abbaye ?
Qui nonne me fit, Jésus le maudie !
Ah ! j'en sortirai, par sainte Marie !
Je n'y vêtirai cotte ni gonette.

Je sens le doux mal sous ma ceinturette.
Maudit soit de Dieu qui me fit nonette !

Je dis malgré moi vêpres et complies.
J'aimerais bien mieux mener bonne vie
Avec celui-là dont je fus l'amie,
Car il est joli et je suis jeunette !

Je sens le doux mal sous ma ceinturette.
Maudit soit de Dieu qui me fit nonette !

In "Le Château aventureux", p 306.
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Alors le damoisel* descendit de son destrier, car jamais il n'eût consenti à charger à cheval un homme à pied ; jetant son écu sur sa tête, il envahit comme une tempête le chevalier qu'il avait démonté, et il le peina et le travailla si bien, qu'en peut de temps il le força de se rendre à merci : ainsi l'alouette ne peut durer devant l'émerillon.

[*Il s'agit de Lancelot que nul ne connait encore]

in «Les amours de Lancelot», p 146
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- Dame, me dit mon mari quand il [Lancelot] se fut retiré, vous avez beaucoup regardé monseigneur Lancelot ce soir. Qu'en pensez-vous ?
- Sire, si je vous l'apprenais, vous m'en sauriez mauvais gré.
Mais il jura que nul mal ne m'adviendrait quoi que je lui disse, et il insista tant, qu'à la fin je m'écriais, agacée :
- Puisque vous voulez le savoir, il me semble qu'il y a autant de bien en ce seigneur, qu'en vous de mal. En lui, prouesse, hardiesse, hautesse, gentillesse, débonnaireté, courtoisie et largesse. En vous, justement les vices contraires à ces vertus, et vous devriez avoir autant de honte qu'il a d'honneur. Voila pourquoi je le regardais volontiers !
À ces mots mon mari entra dans un courroux tel qu'il failli perdre le sens. Et sachez qu'il ne me fit rien cette nuit-là ; mais sitôt que messire Lancelot s'en fut allé, il me dit qu'il ne me traiterait plus à l'avenir comme sa femme épousée, mais comme une serve et une chambrière.

In "Le château avenureux", p 319.
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Le lai qu'on nomme Chèvrefeuille*
Assez me plaît pour que je veuille
Vous en conter la vérité,
Comment fut fait, par qui chanté :
De Tristan et d'Yseult la reine,
De leur tendresse et de leur peine,
De leur douleur, de leur amour
Dont ils moururent un jour.

In "Les Amours de Lancelot", p 163

*Retranscription, dans le corps du texte, d'un lai de Marie de France intitulé : «Le Chèvrefeuille». Se trouve avec une autre transcription, p 263, des "Lais de Marie de France" dans la collection Lettres Gothiques au Livre de Poche.
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Quand le roi [Arthur] apprit son arrivée, il en fut très réconforté, et ce lui fut avis que Dieu lui envoyait secours. Il vint à la rencontre de Nascien [un ancien chevalier du temps d'Uter Pedragon, cousin de Perceval, devenu ermite et prêtre] ; mais le prud'homme lui dit sans lui rendre son salut :

- Je n'ai cure de ton salut. Tu dois savoir que c'est de Notre Sauveur lui-même que tu tiens sa seigneurie, et il te la bailla pour que tu lui susses bon gré. Pourtant, tu ne laisses pas venir à toi le pauvre et le faible, et le droit des veuves et des orphelins dépérit, tandis que tu honores les riches et les déloyaux.
- Beau doux maître, dit le roi, si j'ai méfait, conseillez-moi.
- Tu dédaignes les bas gentilshommes de ta terre, et pourtant le royaume ne peut être maintenu si les petites gens ne s'y accordent : aussi ceux-là, quand ils viennent à ton aide, c'est par force ; mais ils ne te sont pas plus utiles que s'ils étaient morts, car tu n'as pas le cœur, et corps sans cœur n'a nul pouvoir.

In "Les amours de Lancelot", p 167
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Messire Gauvain, après avoir consulté ses compagnons, parla ainsi :
- De part les chevaliers de la Table Ronde, dit-il, je fais veux que jamais pucelle ou dame ne viendra en cette cour pour chercher secours qui puisse être donné par un seul chevalier, sans le trouver. Et jamais un homme ne viendra nous demander aide contre un chevalier sans l'obtenir. Et s'il arrivait que l'un de nous disparût, tour à tour ses compagnons se mettraient à sa recherche ; et chaque quête durerait un an et un jour.

In «Le roman de Merlin», p 93.
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Le jour se levait, radieux. Dans l'herbe non fauchée, les chevaux entraient jusqu'au ventre ; les oiseaux chantaient matines dans les arbrisseaux et réjouissaient le cœur des amoureux. Les enseignes d'or, d'argent et de soie voletaient à la brise légère et le soleil faisait flamboyer l'acier des heaumes et des lances, et luire les peintures des écus. Merlin allait en tête de l'armée sur un grand cheval de chasse. Lorsqu'il aperçut les Saines qui s'avançaient à l'encontre des Chrétiens, il cria de toutes ses forces :
- Ores paraîtra qui preux sera ! Seigneurs chevaliers, l'heure est venue que l'on verra vos prouesses !
Aussitôt, les barons lâchèrent le frein et brochèrent les éperons ; et ainsi commença la fière et merveilleuse bataille.
Le froissement des lances, le heurt des écus, le martèlement des masses et des épées s'entendirent jusqu'à la mer. Bientôt l'air fut rouge et troublé par la poussière au point que les cieux noircirent et que le soleil perdit de sa clarté.
Quand les chevaliers et les bourgeois qui défendaient la cité de Clarence aperçurent les enseignes blanches à croix vermeille, ils pensèrent que c'était un secours que Notre Sire leur envoyait : aussitôt ils sortirent et commencèrent à faire merveille d'armes.
Sur l'autre front des Saines, à mesure que l'heure de midi approchait, la force de Gauvain augmentait. Il traversait les rangs ennemis, bruyant et fracassant comme le tonnerre, et, quand son épée s'abaissait pour frapper, il semblait que ce fut la foudre. Ses frères l'imitaient ; mais Galessin surtout faisait des merveilles : autour de lui les mécréants tombaient comme les blés mûrs sous la faucille ; vers le soir, il était sanglant comme s'il fût sorti d'une rivière de sang. Les Saines étaient plus hauts et mieux armés, mais les chrétiens plus agiles, si bien qu'à la fin les païens cédèrent. Tous leurs rois étaient tués, sauf Rion, Oriens, Sorbare, Cornican, Murgalan de Trebeham et l'amiral Napin. Poursuivis de près, ils s'enfuirent de toute vitesse la vitesse de leurs chevaux vers la mer prochaine ; et, non sans que plus de la moitié d'entre eux fussent noyés ou occis, ils s'embarquèrent sur leurs nefs, coupèrent les cordes des ancres, hissèrent voiles en hâte, et s'en furent où le vent les mena.

In «Le roman de Merlin», p 78.
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Giflet revint sur ses pas, pendant qu'il noierait le fourreau, mais non la lame. Et ainsi fit-il ; mais, quand il fut à nouveau devant son seigneur [Giflet ou Girflet selon les version est l'écuyer d'Arthur] :
- Qu'as-tu vu ? lui demanda le roi.
- Sire, rien que de naturel.
C'est donc que tu ne l'as pas encore jetée ! Va-t'en, et fais ce que je t'ai commandé : c'est péché que de me tourmenter de la sorte !
Alors le fils de Do, tout honteux, s'en fut au bord du lac pour la troisième fois et se mit à pleurer quand tint la bonne lame dans sa main, brillante comme une escarboucle ; pourtant il la jeta aussi loin qu'il put. Or, au moment qu'elle allait toucher l'eau, il vit surgir une main qui la saisit par le pommeau et qui la brandit par trois fois, puis disparut sous l'onde. Longtemps il attendit, mais il n'aperçut rien que l'eau frissonnante.
- C'est bien, dit le roi quand il connut ce qui s'était passé. Maintenant, beau doux ami, il vous faut partir et me laisser. Et sachez que jamais plus vous ne me verrez.
À ces mots, Giflet eut grand deuil.
- Ha, sire, comment serait-il possible que je vous abandonnasse de la sorte et ne vous visse plus ! Mon coeur ne le pourrait souffrir ! Il me faut vivre ou mourir avec vous.
- Je vous en prie, dit le roi, de par l'amour qui a toujours été entre nous !
Alors, les larmes aux yeux, Giflet fils de Do s'en fut sur son destrier. Et sachez que, lorsqu'il fut à un quart de lieue, il commença de pleuvoir si merveilleusement qu'il dut s'abriter sous un arbre. Mais, l'orage passé, regardant vers la mer, il vit approcher une belle nef, toute pleine de dames avenantes, qui aborda non loin du lieu où il avait laissé le roi, son seigneur ; l'une d'elles, qui était Morgane la fée, appela et le roi se leva, puis, tout armé, suivi de son cheval, il monta dans la nef qui tendit ses voiles au vent et s'enfuit comme un oiseau. Le conte dit qu'elle s'en fut droit à l'île d'Avalon où le roi Arthur vit encore, couché sur un lit d'or : les bretons attendent son retour.
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Et, peu après, le roi [Arthur] sommeillant toujours crut voir une très belle dame qui le prenait par les flancs et l'asseyait sur un siège au sommet d'une roue immense.
- Arthur, lui disait la dame, sache que tu es présentement sur la roue de Fortune. Que vois-tu ?
- Dame, il me semble que je découvre le monde entier.
- Tu le vois, Et tu as été l'un des plus puissants de ce monde. Mais il n'est nul, pour haut placé qu'il soit, qui ne doive un jour tomber.

In "La mort d'Arthur", p 480.
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Très grande fut la colère de l'ennemi quand Jésus notre Sire fut venu en Enfer et en eut fait sortir Eve et Adam, et tous ceux qu'il lui plut.
- Quel est celui-ci, qui nous surpasse tant que notre force ne peut rien contre lui ? se demandaient les démons étonnés.
Rappelez-vous, dit l'un d'eux, que les prophètes avaient annoncé depuis longtemps que le Fils de Dieu descendrait sur la Terre pour sauver les enfants d'Eve et d'Adam.
Et maintenant il est venu et nous a arraché ce que nous avions conquis.
Désormais il suffit que les hommes se lavent en une eau au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit pour que nous n'ayons plus aucun droit sur eux, à moins que leurs oeuvres ne nous les ramènent.
Encore le Fils de Dieu a-t-il laissé des ministres qui ont pouvoir de les sauver de nous, quels que soient leurs péchés, pourvu qu'ils s'en repentent.
De la sorte, nous avons tout perdu.
Alors un des Ennemis dit :
- S'il y avait sur Terre un homme qui nous fût dévoué autant que s'il était des nôtres, et qui fût doué de notre science des choses faites, dites et passées, il nous aiderait beaucoup à tromper les fils d'Eve et d'Adam.....
(extrait de "Merlin l'enchanteur", livre premier du volume paru aux éditions "Plon" en 1941)
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- Sire, dirent-ils, les Gallois sont par nature plus sots que bêtes. C'est muser à la muse et perdre son temps à des folies que d'interroger celui-ci.

[Le gallois en question est, bien entendu, le jeune Perceval]

In "Le château aventureux", p 369
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Tant qu'il vit (mort, on ne sait pas) un artiste a horreur d'être rangé sous une rubrique. Un jeune auteur souvent se réclame d'une école, mais c'est parce qu'il y a quelque camarade; et déjà il hait qu'on lui en assigne une.
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Or, sachez qu’en ce temps-là, c’était une si ignoble chose qu’une charrette, que nul chevalier n’y pouvait entrer sans perdre tout honneur. Et quand on voulait punir un meurtrier larron, on le faisait monter en charrette comme aujourd’hui au pilori, et on le promenait par la ville. Et c’est à cette époque qu’on disait : « Quand charrette rencontreras, fais sur toi le signe de la croix afin que mal ne t’en advienne ! » C’est pourquoi l’étranger répondit au nain qu’il irait bien plus volontiers derrière la charrette que dedans.
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Aussitôt le roi fit rassembler les ouvriers du pays pour creuser la terre, lesquels travaillèrent si bien qu’on mit à jour les deux grandes pierres qu’avait annoncées Merlin. Et dès qu’on en eut soulevé la première, un dragon blanc apparut, si grand, si fier et si hideux, que tout le monde se hâta de reculer. Puis, sous la seconde, on découvrit un dragon rouge, qui sembla encore plus grand et plus sauvage. Et tous deux ne tardèrent pas à s’éveiller et à se jeter l’un contre l’autre, en se déchirant horriblement des dents et des griffes. La bataille dura tout le jour, toute la nuit et le lendemain jusqu’à l’heure de midi. Longtemps le blanc eut le dessous ; mais à la fin, il lui sortit une flamme de la bouche et des narines qui consuma le rouge ; après quoi le vainqueur se coucha et mourut à son tour. Et Merlin dit au roi que maintenant il pouvait faire bâtir sa tour.
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Or si vous demandez comment s’appelait le chevalier inconnu, je peux bien dire que c’était messire Lancelot du Lac. En sortant du Sorelois, il était si dolent de n’avoir pu trouver Galehaut et si chagrin de se croire oublié de la reine, bref, il mangea, dormit si peu, que sa tête se vida et qu’il devint insensé. Tout l’été et jusqu’à la Noël, il erra.
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-Moi, dit messire Gauvain, je voudrais être la plus belle demoiselle du monde pour que le chevalier aux armes noirs m'aimât tout sa vie.
-Et vous, dame, demanda Galehaut à la reine, que donneriez-vous pour qu'un tel chevalier fût toujours à votre service ?
-Par Dieu, Gauvain a offer tout ce qu'une dame peut offrir !
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Il en eut un tel chagrin qu'il se pâma par trois fois.
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Le jour de la Pentecôte, le roi Artus et la reine Guenièvre vêtirent leurs robes royales et posèrent leur couronne d'or sur leur tête ; et certes le roi était très beau ainsi et il avait bien l'air d'un prud'homme.
Comme il sortait de la messe, passée l'heure de tierce, il commanda de mettre les tables, car à son avis il était grand temps de manger.
- Sir, dit Keu le sénéchal, nous avons toujours vu qu'aux grandes fêtes vous ne vous asseyiez point à votre haut manger avant qu'une aventure fût advenue en votre maison : à faire autrement, aujourd'hui, vous enfreindreriez la coutume.
- Vous dites vrai, Keu.....
(extrait de "la venue de Galaad ; le siège périlleux ; passage du Graal ; la haute quête", premier chapitre du tome 3 des romans de la table ronde parus dans la collection "10/18" en 1972)
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En la marche de Gaule et de petite Bretagne, il y avait anciennement deux rois qui étaient frères germains et qui avaient épousé les deux soeurs germaines.
L'un avait nom Ban de Benoïc et l'autre Bohor de Gannes. Le roi Ban était alors un assez vieil homme ; mais la reine Hélène, sa femme épousée, était encore jeune et vaillante dame, bien aimée des bonnes gens.
Ils n'avaient eu qu'un seul enfant, nommé Galaad en baptême, mais qu'on appela toujours Lancelot : le conte dira plus loin pourquoi, car ce n'en est encore le lieu ni le moment......
(extrait de "fuite du roi Ban", premier chapitre du tome 1 des romans de la table ronde parus dans la collection "10/18" en 1972)
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« Mon père m’a mise au monde à Douai, son pays natal, écrivait Mme Desbordes-Valmore à Sainte-Beuve. J’ai été reçue et baptisée en triomphe, à cause de la couleur de mes cheveux, qu’on adorait dans ma mère... » Et sans doute ses parents gâtèrent ils de leur mieux la petite fille qui leur était ainsi née toute rose et dorée, car Marceline garda toujours un souvenir ravissant de ces premières années de l’enfance, « où tout est beau quand même, où l’on accueille le bonheur comme une chose due et le malheur comme s’il se trompait d’adresse ».
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