Au fil des générations, comme le craignaient les anciens, les rites d'initiation furent progressivement oubliés. Les chamans de la tribu firent remarquer que l'abandon des valeurs traditionnelles allait de pair avec les profondes modifications climatiques que l'on commençaient à constater...Le climat se réchauffant, les anciens notèrent que les plages de leur enfance étaient maintenant recouvertes par la mer, qui semblait avide de grignoter le territoire de la tribu. Selon les croyances, environnement et comportements humains étaient liés.
Dans les siècles qui suivirent, la mer remonta vers le pied du sanctuaire sacré avant de profaner le couloir d'accès bientôt submergé. Tracé au fusain, le bas du panneau des petits chevaux, rattrapé par la mer, commença à s'effacer pendant qu'un petit crabe, régulièrement inondé au fil des saisons par les eaux calcaires de ruissellement, était recouvert de couches de calcite, ainsi condamné à garder le sanctuaire pour l'éternité...
Ce sanctuaire, clé d'un passé insoupçonné, était-il une découverte sans risques ? Cette pénétration quasi incestueuse dans les entrailles de la Terre n'était-elle pas un sacrilège, un blasphème ? A la jubilation première succédèrent quelques inquiétudes, car la superstition, habituellement attachée à des temps plus obscurs, n'avait jamais été totalement évacuée de l'entendement de nos contemporains.
C'était une nouveauté absolue. Personne n'en avait jamais découvert l'équivalent en Provence et son contexte maritime très particulier était sans doute unique au monde... Le coeur encore battant, chacun avait l'impression d'avoir vécu un rêve éveillé dans une histoire fantastique que même Jules Verne n'aurait jamais imaginé.
S'il est difficile de cerner la date d'apparition du feu, il est encore moins évident de saisir le moment où l'on a maîtrisé sa production. Jusqu'à présent, en l'absence de données factuelles, les mythes ont constitué la seule réponse à ces questions.
Contrairement à une croyance universellement répandue, peut-être propagée par les manuels scolaires, tous ceux qui ont vraiment essayé sont convaincus qu'il est impossible d'allumer un feu en frappant deux silex.